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Avortement et communion, les évêques américains votent oui à un document destiné aux politiciens catholiques

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De Salvatore Cernuzio sur Vatican News (it) :

18 juin 2021

Avortement et communion, les évêques américains votent oui à un document destiné aux politiciens catholiques

Annoncé lors de la session plénière de la Conférence des évêques catholiques des États-Unis (USCCB) le vote favorable de 168 évêques pour la rédaction d'un texte sur l'Eucharistie, avec une section sur l'importance d'être digne de la recevoir. Plusieurs évêques ont demandé d'établir des principes pour décider de donner ou non l'accès au sacrement à des croyants occupant des fonctions publiques qui soutiennent des lois en faveur de l'avortement et de l'euthanasie. 55 contre, 6 abstentions. Discours d'ouverture du Nonce Christophe Pierre : "L'objectif est l'unité".

Cent soixante-huit évêques des États-Unis ont voté en faveur de la rédaction d'une "déclaration formelle sur la signification de l'Eucharistie dans la vie de l'Église". Ce document devrait inclure une section sur la "cohérence eucharistique" pour les politiciens catholiques, puis la "dignité" pour accéder à la communion en référence à tous ces croyants, comme le président Joe Biden, qui occupent une fonction publique mais soutiennent une législation favorable à l'avortement, à l'euthanasie, aux unions entre personnes de même sexe,.... La décision a été annoncée il y a quelques minutes au cours de l'Assemblée plénière - qui a débuté le 16 juin en mode en ligne en raison des restrictions liées à la pandémie - diffusée en direct sur le site Internet de la Conférence des évêques catholiques des États-Unis.

Approbation du document en novembre

Cinquante-cinq voix contre, six abstentions. Une victoire, donc, d'environ 75% des voix. Le Comité épiscopal de doctrine, actuellement présidé par l'évêque Kevin Rhoades de Fort Wayne-South Bend (Indiana), va maintenant commencer à travailler sur le document en vue de l'assemblée générale des évêques américains en novembre, au cours de laquelle le texte doit être approuvé avec une majorité d'au moins 2/3. Le quorum est largement dépassé avec le vote d'aujourd'hui. Mgr Rhoades a précisé que les évêques qui ne font pas partie du comité auront la possibilité d'apporter leur contribution et que le projet final fera l'objet d'amendements avant d'être soumis au vote. En outre, a expliqué l'évêque, le document ne mentionnera pas le nom de Biden ou d'autres personnes et se contentera de fournir des lignes directrices plutôt que d'imposer une politique nationale obligatoire.

Le projet "Réveil eucharistique".

Immédiatement après l'annonce, l'évêque Andrew Cozzens de l'archidiocèse de St.Paul a pris la parole et a présenté le projet de "Réveil eucharistique". L'initiative, prévue pour un an, s'inspire d'une étude du Pew Research Center qui a montré la mauvaise compréhension du sacrement par de nombreux catholiques, ainsi que l'impact de la pandémie sur la pratique religieuse. "Nous avons besoin d'un renouvellement spirituel de la foi eucharistique dans nos cœurs en tant qu'évêques", a déclaré M. Cozzens. "Si nous voulons que notre peuple et nos prêtres savourent le don de l'Eucharistie, nous devons renouveler l'amour de ce don." 

La confrontation entre les évêques

Les deux jours précédents de la session plénière ont été marqués par une vive confrontation entre les prélats de l'USCCB, les discussions se prolongeant au-delà du temps prévu. Lors de l'examen préliminaire de l'ordre du jour, Mgr Mitchell Rozanski, archevêque de Saint-Louis, a proposé que le vote sur le point relatif à la communion soit précédé d'une discussion ouverte afin que chaque évêque puisse faire entendre sa voix. La motion a également reçu l'avis contraire de plusieurs évêques.

Objections et perplexités

Certains membres de l'USCCB, comme le cardinal de Chicago, Blase Cupich, se sont prononcés contre la proposition d'élaborer un document sur l'Eucharistie, affirmant que l'insistance de certains évêques à le produire immédiatement pourrait se transformer en "piège" : "Ils veulent que nous fassions des déclarations pour agir contre les politiciens qui ont des positions contraires à notre enseignement". Le cardinal Joseph Tobin, de Newark (New Jersey), avait lui aussi exprimé sa perplexité, arguant que : "La proposition qui nous est présentée nous place devant un choix difficile et historique. Voter dans l'affirmative produira un document, pas l'unité. Voter contre nous permettra de travailler ensemble dans le dialogue pour forger un large accord sur la série de questions inhérentes à la question de la dignité eucharistique." En outre, Mgr Tobin a averti que tout effort visant à soutenir "l'exclusion catégorique des dirigeants politiques catholiques de l'Eucharistie sur la base de leurs positions de politique publique" pourrait conduire la conférence épiscopale "au cœur de la lutte partisane toxique qui a déformé notre culture politique même".

Pas de mouvements politiques

Pour sa part, l'évêque Kevin Rhoades, président du comité doctrinal de la Conférence des évêques catholiques des États-Unis, avait insisté à plusieurs reprises, dans les jours précédant la réunion, sur le fait que le document proposé n'était pas une démarche politique et qu'il ne visait pas les politiciens catholiques favorables à l'avortement. Lors de la conférence de presse qui a suivi, M. Rhoades a également déclaré que l'ensemble de la discussion ne portait pas sur la question de savoir si le président Biden serait autorisé ou non à recevoir la communion : de tels jugements ne sont pas l'objet du document, a-t-il dit.  

Discours du Nonce Pierre : travailler pour l'unité

Les travaux ont été ouverts le 16 juin par le nonce apostolique aux Etats-Unis, Monseigneur Christophe Pierre, qui a adressé un long discours aux prélats - auxquels il a apporté les salutations et "le soutien fraternel" du Pape François - entièrement centré sur un mot clé : "Unité". Un terme répété plus de vingt fois au cours du discours. A l'USCCB, le prélat a donné une orientation précise pour guider le travail : " Repartir de Jésus-Christ. " "L'Église américaine n'a pas besoin d'inventer un nouveau programme car il existe déjà et c'est celui de l'Évangile", a-t-il déclaré. Et "lorsque le christianisme est réduit à des coutumes, à des normes morales, à des rituels sociaux, il perd sa vitalité et son intérêt existentiel pour les hommes et les femmes de notre temps", en particulier pour "ceux qui cherchent l'espoir après la pandémie ; pour ceux qui cherchent une justice authentique après les luttes raciales ; et pour ceux qui sont venus aux États-Unis à la recherche d'un avenir meilleur et plus sûr".

Le dialogue pour accompagner les personne

Une fois de plus, Monseigneur Pierre a rappelé que le christianisme "n'est pas une simple tradition culturelle" et qu'il doit être distingué des "autres propositions politiques et idéologiques", car "il offre plus qu'une ONG ou une organisation de services sociaux : il offre le salut en la personne de Jésus-Christ", notamment à travers "les sacrements de la réconciliation et de l'eucharistie." Précisément, l'Eucharistie, a répété le prélat, "n'est pas simplement une "chose" à recevoir, mais le Christ lui-même, une Personne à rencontrer" et cette rencontre doit être mise en pratique selon un dialogue "respectueux" et "réfléchi" qui "accompagne" les personnes, en particulier celles en difficulté "économique, affective et spirituelle", dans "l'espoir d'une conversion plus profonde". L'objectif "en tant qu'Église et en tant qu'évêques" doit être "l'unité", a répété Pierre, tant au niveau local qu'en "communion avec le Siège de Pierre".

Lettre du Cardinal Ladaria

Des mots qui rappellent ceux écrits par le cardinal Luis Francisco Ladaria, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, dans sa lettre du 11 mai dernier en réponse à une lettre du président de l'épiscopat américain, José Horacio Gomez. En mars, l'archevêque de Los Angeles avait écrit à la Congrégation pour l'informer de l'intention de certains évêques de procéder à la formulation d'une politique nationale sur la question de la communion aux politiciens catholiques dits "pro-choix", suite aux controverses concernant le nouveau président des États-Unis, Joe Biden, et son soutien à des politiques contraires au Magistère de l'Église. Dans sa réponse, Mgr Ladaria a prévenu que l'organisation d'une discussion sur des questions aussi controversées pourrait devenir "une source de discorde plutôt que d'unité au sein de l'épiscopat et de la grande Église des États-Unis".

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