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L'appel du muezzin retentira dans le ciel de Cologne

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De Delphine Nerbollier sur le site du journal la Croix :

La ville de Cologne autorise l’appel à la prière musulmane

La cité rhénane lance un projet pilote de deux ans et suscite une vaste polémique.

13/10/2021

Les muezzins peuvent désormais appeler les fidèles à la prière du vendredi, la plus importante de la semaine pour les musulmans, dans un créneau prévu entre 12 heures et 15 heures, et sans dépasser la durée de cinq minutes.DORIS.H/

L’appel à la prière pour les musulmans est officiellement autorisé à Cologne. Les autorités de la cité rhénane ont annoncé, le 6 octobre, la mise en place d’un projet pilote, en concertation avec les représentants des 35 mosquées de la ville. Les muezzins peuvent désormais appeler les fidèles à la prière du vendredi, la plus importante de la semaine pour les musulmans, dans un créneau prévu entre 12 heures et 15 heures, et sans dépasser la durée de cinq minutes.

Chaque mosquée devra en faire la demande auprès des autorités, adapter le niveau sonore et informer au préalable les habitants du quartier. Autre condition : chaque communauté devra designer une personne chargée de répondre aux possibles plaintes. Dans deux ans, le projet devra être évalué pour être éventuellement prolongé.

Valoriser la diversité religieuse

Pour la maire de Cologne, Henriette Reker, sans étiquette politique, ce projet est un « signe d’acceptation mutuelle des religions ». « Nous prenons en compte les intérêts religieux légitimes des nombreux musulmans de notre ville cosmopolite », a déclaré cette élue, victime en 2015 d’une attaque au couteau de la part d’un extrémiste de droite. « Lorsque nous entendons l’appel du muezzin en plus des cloches des églises de notre ville, cela montre que la diversité est valorisée et vécue de manière concrète à Cologne », a-t-elle ajouté dans un communiqué. Connue pour son imposante cathédrale et comme le siège du plus grand évêché catholique d’Allemagne, la cité rhénane compte 120 000 musulmans, soit 12 % de sa population.

Cette annonce a suscité la satisfaction des principales associations musulmanes, à commencer par l’Union des affaires turco-islamiques (Ditib) qui a financé la plus grande mosquée de la ville. « Cette mesure est l’expression de l’implantation des musulmans qui vivent depuis des générations en Allemagne », estime cette institution, bras droit en Allemagne du ministère turc des affaires religieuses. Bülent Ucar, directeur de l’institut de théologie islamique à l’université d’Osnabrück, juge cette décision « tardive » mais conseille de ne pas utiliser de haut-parleurs « afin de ne pas trop déranger le voisinage ».

Un « acte symbolique naïf » pour des opposants

Car le projet divise la société. Serap Güler, ministre régionale de l’intégration en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, membre du parti conservateur CDU et d’origine turque, estime ne « pas avoir besoin de l’appel à la prière pour exercer son droit à la religion ». Sa collègue Lale Akgün, du parti social démocrate, y voit une manière pour l’association Ditib d’imposer ses vues sur les opposants au régime turc. « C’est un coup de poing dans le visage de tous les dissidents d’Erdogan », écrit-elle sur le réseau social Twitter. Quant au psychologue Ahmad Mansour, il estime que cet « acte symbolique naïf »«ne renforce pas l’acceptation envers les musulmans mais mène à plus de divisions au sein de la société ».« Dans une société laïque, il ne doit pas être question de présence de la religion dans la sphère publique mais de liberté de croyance » ajoute-t-il.

L’extrême droite vent debout

Sans surprise, le parti d’extrême droite, Alternative pour l’Allemagne (AfD) est vent debout. L’appel à la prière « est l’expression d’une revendication politique de pouvoir, de soumission et d’islamisation. L’AfD rejette cela », résume la députée Beatrix von Storch.

Polémique, ce projet n'est toutefois pas une première outre Rhin. La région de la Hesse et d'autres villes de Rhénanie-du-Nord-Westphalie comme Munster autorisent déjà l'appel à la prière. Du ressort des autorités locales, aucune réglementation fédérale n’est à attendre sur ce sujet.

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