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Des extraits du Catéchisme de la Vie Spirituelle du Cardinal Sarah

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(Source)

Premier extrait : UN SACREMENT POUR LA CONVERSION (extrait du CATÉCHISME DE LA VIE SPIRITUELLE Cardinal Robert Sarah, p.147 -148)

Mais comme Jonas encore, dans cette fuite, nous rencontrons providentiellement la tempête ; et le vaisseau dans lequel nous nous sommes embarqués et au fond duquel nous dormons épuisés par la fatigue de cette fuite intérieure, violement secoué par la furie des flots, menace de se briser et de sombrer. La voix de l'Église est comme celle du chef de l'équipage qui nous exhorte avec véhémence : « Qu'as-tu à dormir ? Lève-toi, crie vers ton Dieu ! Peut-être Dieu songera-t-il à nous et nous ne périrons pas » (Jon 1, 6).

Pour alléger le vaisseau de notre vie, la voix du Seigneur nous invite à jeter à la mer la cargaison de nos péchés. Peut- être faudra-t-il jeter par-dessus bord les choses que nous pensions être les plus précieuses de notre existence, mais qui sont devenues trop pesantes et rendent difficile notre marche vers la sainteté : notre orgueil, notre suffisance, une vie malhonnête et corrompue, notre tiédeur et notre indifférence par rapport aux choses de Dieu, notre nonchalance à progresser dans la compréhension des mystères chrétiens. Peut-être faudra-t-il jeter à la mer une amitié ou des mauvaises fréquentations particulièrement nuisibles à nos engagements conjugaux ou religieux ? Peut-être faudra-t-il jeter à Ia mer « tout ce que produit la chair : fornication, impureté, débauche, idolâtrie, magie, haines, discorde, jalousie, emportements, disputes, dissensions, scissions, sentiments d'envie, orgies, ripailles et choses semblables, (Ga 5, 19-21). Nous avons peur de devoir nous arracher à nos esclavages, de changer radicalement notre vie et les orientations de notre existence. Nous avons peur d'être éblouis par la Révélation de cette vérité si simple : les hommes sont faits pour aimer Dieu de tout leur cœur, de toute leur âme, de toute leur pensée et de toute leur force, et s'aimer les uns les autres comme lui nous a aimés (cf. Mc 72, 29-31 ; Dt 6, 5). Il y a une puissance de mensonge et de haine qui travaille la pâte humaine, celle qui, dès l ‘origine, insinua au cœur de l'homme la méfiance envers son Créateur, le désir de faire sa vie sans Lui. « Le Seigneur Dieu appela l'homme et lui dit : Où es-tu ? il répondit : J'ai entendu ta voix dans le jardin, j'ai pris peur parce que je suis nu et je me suis caché » (Gn 3, 9-10). Pourtant, ce n'est qu’après avoir fait ce pas que nous serons prêts à rencontrer, dans la prière et la lecture de la Parole de vie, le Dieu de vérité et d'amour pour l'adorer et le glorifier. Car il est écrit : « C'est devant le Seigneur ton Dieu que tu te prosterneras, et c'est lui seul que tu adoreras » (Mt 4, 10).

Dès les débuts de son ministère public, Jésus appelle à la conversion : « Les temps sont accomplis et le Royaume de Dieu est tout proche. Convertissez-vous, et croyez à l'Évangile !» (Mc 1, 15). Cet appel est un élément essentiel de l’annonce de la Bonne Nouvelle. Il ne s'adresse pas seulement à ceux qui ne connaissent pas le Christ et son Évangile, mais il continue de retentir dans la vie des chrétiens, comme le dit une antique homélie :

Aussi longtemps que nous vivrons sur terre, convertissons-nous. Nous sommes de l'argile dans la main de l'artisan. Le potier, s'il fait un vase qui se déforme ou qui se brise entre ses mains, le modèle de nouveau ; mais s'il l’a déjà mis au four, il ne pourra plus rien pour lui. Nous aussi, tandis que nous sommes en ce monde, convertissons-nous de tout notre cœur, en renonçant au mal que nous avons commis dans cette vie charnelle, afin d'être sauvés par le seigneur, tandis que nous avons encore le temps de nous convertir-. Car lorsque nous serons sortis de ce monde, nous ne pourrons plus, là-bas, confesser nos fautes et nous convertir(3).

Cette conversion toujours à reprendre est l'œuvre incessante de toute l'Église

(3). Homélie du IIe siècle, citée dans la Liturgie des heures, t 4, op. cit. p. 286-287.

2ème extrait du CATÉCHISME DE LA VIE SPIRITUELLE (p. 110)

Le temple de notre cœur ne s’édifie que par le silence intérieur, la prière et la pénitence, ces trois activités caractéristiques du désert qui sont fondamentales pour notre maturité humaine et spirituelle. La mortification de nos aises n'étant rien d'autre que la prière des sens et l'offrande de nos corps en sacrifice vivant, saint et agréable à Dieu (cf. Rm 12, l), tout se ramène donc fondamentalement à la prière. Les quarante jours et quarante nuits de Jésus au désert ont essentiellement été un moment de prière, de conversation intime et filiale avec le Père. La faim ressentie par le corps est pour ainsi dire l'écho et la traduction concrète de notre désir de Dieu ; le gémissement de l'âme et celui du corps se fondent en une unique supplication de tout l'homme où les paroles deviennent superflues. Saint Augustin avait cette supplication en estime :

La prière ne doit pas comporter beaucoup de paroles, mais beaucoup de supplications, si elle persiste dans une fervente attention. Car beaucoup parler lorsqu'on prie, c'est traiter une affaire indispensable avec des paroles superflues. Beaucoup prier, c'est frapper à la porte de celui que nous prions par l'activité insistante et religieuse du cœur. Le plus souvent, cette affaire avance par les gémissements plus que par les discours, par les larmes plus que par les phrases. Dieu met nos larmes devant Lui et notre gémissement n'échappe pas à Celui qui a tout créé par sa Parole et qui ne recherche pas les paroles humaines(4).

La Parole de Dieu, fondement de notre existence

Les seules paroles que l'Évangile nous rapporte de Jésus au désert sont les citations de l'Écriture qu'il oppose aux tentations du démon. Au désert, loin du bruit de nos vies agitées, la Parole de Dieu résonne avec une force particulière.

(4). Saint Augustin, Lettre à Proba, 130,8,15,17-9,18 ; cf. Liturgie des heures, t.4, Paris, Cerf Desclée de Brouwer-Mame, 1980, p. 200.

3ème extrait du CATÉCHISME DE LA VIE SPIRITUELLE sur le sacrifice et le culte eucharistiques (p. 71)

L'édification de l'Église, présence continuée du Seigneur dans le temps et l'espace, est bien l'effet essentiel et vital de l'Eucharistie. Jésus-Christ prolonge sa présence salvifique dans le monde à travers le sacrifice eucharistique. Accueillir la présence du Seigneur, ce n'est donc pas seulement chanter et danser pour lui dans la louange et l'action de grâces, sur l'arrière-fond d'une vie souvent routinière et médiocre. Si la louange, la manifestation de la joie et de l'action de grâces sont une dimension essentielle de l'Eucharistie, celle-ci n'est pas uniquement un chant de gratitude et de bénédiction. Le Seigneur attend d'être accueilli dans nos vies par un « oui » d'obéissance, une adhésion humble et totale à ce qu'il nous propose, un acquiescement à la Parole de vie faite chair qui vient transfigurer radicalement notre existence.

Le culte eucharistique en dehors de la messe

On comprend dès lors pourquoi l'Église éprouve le besoin de prolonger l'accueil de cette présence sacramentelle du Christ dans la foi et l'amour par le culte rendu à l'Eucharistie en dehors de la Sainte Messe. Il est certes indispensable de participer avec foi à la célébration communautaire de l'Eucharistie ; mais il est aussi indispensable de répondre au désir de Dieu qui veut demeurer avec nous, au-dedans de notre âme, en cultivant devant Jésus-Eucharistie le silence, le recueillement, la prière d'adoration, de louange et d'action de grâces. En effet, si nous vivons bien la messe comme le centre de notre journée, le cœur de toute vie chrétienne, comment ne pas chercher ensuite à prolonger, pendant le reste du temps, notre union à Dieu ? La communion nous entraîne à penser tout au long de la journée au Seigneur qui nous habite, en ayant soin de ne pas nous éloigner de sa présence, afin de travailler comme Il travaillait, d'aimer comme II aimait, de par- donner comme Il pardonnait, et de devenir comme Lui doux et humble de cœur. On ne peut pas vivre en chrétien sans ressentir le besoin vital d'une amitié personnelle et réelle avec Jésus. Cette amitié suppose une fréquentation ; or, si Jésus est en moi, il est également présent dans le tabernacle, d'une présence silencieuse, mais réelle, visible, palpable, vraiment aimante et chaleureuse.

Le tabernacle est comme Béthanie, cet endroit tranquille, paisible et amical où se trouve le Christ Jésus, où nous pouvons le rencontrer, nous laisser accueillir par lui et l'accueillir nous aussi, lui raconter nos préoccupations, nos souffrances, nos espérances et nos joies, avec la simplicité et le naturel avec lesquels Marie, Marthe et Lazare parlaient avec Lui(21). Ne laissons pas Jésus seul dans le tabernacle à longueur de journée. Aimons venir fréquemment devant lui pour un colloque silencieux d'amour. Au long de ces moments d'intimité, notre cœur s'élargit, notre volonté s'affermit, notre intelligence, aidée par la grâce, apprend à imprégner de surnaturel les réalités humaines. Même très actifs et confrontés à des situations angoissantes et pressantes, aimons à demeurer devant la présence du Seigneur dans le tabernacle et développons notre vie contemplative. Sans vie contemplative, sans adoration silencieuse de cette présence divine, il ne sert pas à grand-chose de travailler pour le Christ, car les efforts de ceux qui construisent sont vains si Dieu ne bâtit la maison ; et si le Seigneur ne garde la veille, c'est en vain que la garde veille (cf. Ps 127).

(21) Cf. saint Josémaria Escriva de Balaguer, Quand le Christ passe, op. cit., p.274-275.

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