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Colonies: pas d'excuses, de la fierté plutôt!

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   C'est peu dire que la montagne a accouché d'une souris. Mise en place en juillet 2020 pour "examiner l'Etat indépendant du Congo et le passé colonial de la Belgique au Congo, au Rwanda et au Burundi, ses conséquences et les suites qu’il convient d'y réserver", la commission spéciale de la Chambre s'est réunie une dernière fois, le 19 décembre, sans s'accorder sur le projet de rapport, assorti de 128 recommandations, rédigé par son président, l'écologiste flamand (Groen) Wouter De Vriendt. Tout ceci, pour rappel, à l'issue de réunions étalées sur deux ans et demi, de 144 auditions et d'un voyage d'une dizaine de jours dans les anciennes colonies belges à la fin de l'été, la base du travail étant fournie par un document de 689 pages commandé à un collège d'experts… [Les références détaillées des documents et ouvrages cités se trouvent en fin d'article]

   Pareil non-épilogue ne fait évidemment pas l'affaire des gauches et de l'extrême gauche. Le processus parlementaire étant enrayé, elles ont d'abord décidé de renvoyer la balle aux partis politiques, aux cabinets ministériels et au Palais royal. Les verts, de leur côté, ont déposé à la Chambre l'ensemble des recommandations de la commission en proposant un vote distinct sur la question qui fâche le plus, à savoir celle des excuses qui seraient à présenter aux ex-colonisés par nos pouvoirs législatif (la Chambre) et exécutif (le gouvernement et le Roi). Des excuses pourquoi ? "Pour la domination et l'exploitation coloniales, les violences et les atrocités, les violations individuelles et collectives des droits humains durant cette période, ainsi que le racisme et la discrimination qui les ont accompagnées". Mais pas folle la guêpe: la démarche "n'implique toutefois aucune responsabilité juridique et ne peut dès lors donner lieu à une réparation financière" [Recommandations de la commission spéciale, pt 70].

   Outre ce volet contritionnel, le rapport non adopté (pour l'heure) de la commission nous invite à renier un de nos plus grands rois en rebaptisant l'Ordre de Léopold II. Déjà vilipendé par les nains en son temps, le voici livré aux nains d'aujourd'hui! Villes et communes seraient en outre conviées à modifier les "références coloniales dans l'espace public". L'enseignement de ce chapitre de notre histoire à l'école devrait être révisé. Le dossier des œuvres d'art à restituer serait appelé à s'épaissir. Il y aurait même lieu de s'attaquer aux représentations… du Père Fouettard, alors que même le Centre pour l'égalité des chances – Unia aujourd'hui – a estimé qu'il n'y avait pas d'intention raciste dans cette coutume ["Saint-Nicolas: une fête pour tous les enfants", 23 nov. 2021].

   Au palais de la Nation, le projet de recommandations et l'expertise qui le sous-tend n'ont rencontré que de molles oppositions, touchant à la forme plutôt qu'au fond. Pour les libéraux, par exemple, il faut "nous tourner vers l'avenir plutôt que sans cesse ressasser le passé" [Benoît Piedboeuf, chef de groupe MR]. A leur instar, le CD&V (chrétiens flamands) ne souhaite pas qu'on s'engage sur la voie d'excuses générales. Le meilleur moyen de laisser fermée la boîte de pandore des réparations serait d'en rester aux "profonds regrets" exprimés à Kinshasa en juin dernier par le roi Philippe.

   A l'opposé, les socialistes entendent aller plus loin: il faut pour eux que les Eglises se joignent au chœur des repentants et que soit créée une fondation, "nourrie financièrement par les institutions et les entreprises qui se sont enrichies grâce au système colonial", avec pour objectifs de soutenir la recherche et l'éducation permanente en la matière ainsi que la "décolonisation" des monuments [Christophe Lacroix]. Le discours de la N-VA (nationalistes flamands), avec des accents qui lui sont propres, ne tranche guère sur celui de la gauche. A l'entendre, c'est "une élite belge" et non la population wallonne et flamande qui est "coupable des humiliations et de l'oppression subies par les peuples colonisés"… alors qu'il suffit de parcourir les neuf volumes de la Biographie coloniale belge / Biographie belge d'outre-mer avec leur suite en numérique, le tout disponible sur le site de l'Académie royale des sciences d'outre-mer, pour y découvrir le rôle que jouèrent en Afrique des milliers de Belges, évidemment Flamands, Wallons, Bruxellois ou des Cantons de l'Est, issus par surcroît de toutes les strates de notre société.

 

Un rapport "dépourvu de l'indispensable légitimité"

 

   Le plat de résistance est ici, bien sûr, le rapport-fleuve sur lequel s'appuient les députés qui ne voient dans "le temps des oncles", selon l'appellation congolaise populaire, qu'un gigantesque péché collectif de nos décideurs à tous les niveaux. Faut-il que le contenu soit explosif pour que d'aucuns estiment qu'il n'y a même plus  matière à examen et débats en soupesant le positif et le négatif, mais seulement à battre notre coulpe pour "la domination", "l'exploitation", les "violences", les "atrocités" et on en passe!

   Or, à côté des faits avérés et amplement mis en lumière par les études de pointe qui se sont accumulées depuis un bon demi-siècle, la présente expertise regorge d'affirmations, d'hypothèses ou d'interprétations qui sont loin d'être au-dessus de toute critique, voire de tout soupçon.

   Comment, du reste, en irait-il autrement alors que la composition même du collège des spécialistes auxquels il a été fait appel justifiait déjà de nettes réserves ? Car à la lecture de certains noms – pas tous, certes –, il saute aux yeux que la compétence n'a pas été l'unique critère de sélection. La première partie de l'ouvrage, qui en comporte trois, a été confiée aux historiens Gillian Mathys (Universiteit Gent), Sarah Van Beurden (Ohio State University), Pierre-Luc Plasman (Université catholique de Louvain – mais il a quitté le groupe en octobre 2020), Mathieu Zana Etambala (Universiteit Gent et musée royal de l'Afrique centrale) et Elikia M'Bokolo (Université de Kinshasa, Ecole des hautes études en sciences sociales à Paris). La deuxième partie, consacrée au travail de mémoire et aux réparations, a été rédigée par Valérie Rosoux (Université catholique de Louvain), Martien Schotsmans (Institut fédéral pour la protection et la promotion des droits humains) et de nouveau Sarah Van Beurden. La troisième partie, censée traiter de l'influence de la colonisation sur le racisme aujourd'hui, est due à l'avocate Laure Uwase et l'historienne de l'art Anne Wetsi Mpoma.

   Je me garderai de traduire cette liste en rapports de forces politiques et philosophiques dûment quantifiés. Qu'il suffise d'observer que les deux dernières personnes citées sont l'une et l'autre issues du milieu militant "décolonial". S'agit-il encore ici d'éclairer notre passé africain ? Tant qu'à embarquer des gens qui sont les avocats d'une cause bien plus que des références scientifiques, pourquoi ne pas avoir fait aussi appel aux représentants de l'Union royale belgo-africaine (ex-Union royale belge pour les pays d'outre-mer) ou à d'autres instances attachées à défendre la mémoire des anciens colons ? On a manifestement voulu n'entendre qu'une parole.

   Le malaise s'est d'ailleurs exprimé dès que la commission leva le voile sur son aréopage hétéroclite. Dans une carte blanche publiée en août 2020, 60 historiens belges et congolais d'orientations et d'opinions diverses s'étonnèrent de la façon dont on avait amalgamé "des historiens de la question coloniale à des avocats, des représentants d'associations de la diaspora congolaise ou d'institutions chargées de questions sociales contemporaines". Et les signataires d'asséner ainsi le coup de grâce: "Le travail présenté aux députés sera dépourvu de l'indispensable légitimité permettant au monde politique de déterminer les suites à prendre en pleine connaissance de cause".

   C'est pourtant sur la base de ce pensum "dépourvu de l'indispensable légitimité" qu'on voudrait voir nos dirigeants se rendre chez  Félix Tshisekedi vêtus d'un sac et répandant des cendres sur leur tête…

   La condamnation prononcée par le comité historico-citoyen est en effet sans appel autant que sans surprise. "La violence physique directe, la brutalité et l'impunité ont fait partie intégrante – à des degrés divers – du colonialisme belge, y compris pendant la période du Congo belge", estiment les experts, ajoutant que de toute manière, "le colonialisme constitue déjà en soi une forme de violence et il n’y a pas de colonialisme (possible) sans violence" [Rapport des experts, p. 29]. Ainsi peut être écartée d'emblée toute démarche visant à peser le pour et le contre: les auteurs se prémunissent contre ce qu'ils appellent "les pièges de l'approche bilantaire", dans laquelle "les "bienfaits" présumés que le colonialisme aurait apportés sont mis en balance avec ses conséquences considérées comme négatives", l'accent étant mis, pour le positif, "sur des concepts tels que le "progrès" et le "développement", sans que l'on se rende compte de l'eurocentrisme (du sens donné) à ces notions" [Rapport des experts, p. 21]. Et certes, ouvrir des dispensaires, construire des voies de chemin de fer, combattre la maladie du sommeil, chercher à mettre fin à la polygamie, à la sorcellerie ou à l'anthropophagie… ne pouvaient relever que d'un "eurocentrisme" exacerbé.

   Comme s'il allait de soi, le lien est constamment établi dans le rapport entre la dénonciation du colonialisme et celle du racisme [cfr notamment Introduction et constats des experts, pp. 110-112]. Il en va de même dans les propositions de recommandations [part. 3, pts 116-125], alors que les réalités visées par les deux démarches sont largement distinctes et que le racisme existe sous toutes les latitudes, en ce compris dans des pays qui n'ont jamais été colonisateurs. Voici comment Anne Wetsi Mpoma jette la passerelle: "Les brutalités policières sont la version actuelle des brutalités exercées par le pouvoir colonial à l’époque. Celle où il existait une justice pour les nègres et une autre pour leurs maîtres blancs. Celle où un homme congolais pouvait se retrouver condamné à regarder le soleil pendant une journée complète et donc à perdre définitivement la vue pour avoir osé regarder un homme blanc droit dans les yeux". Où, quand, dans combien de cas pareil fait criminel a-t-il été commis ? Nous n'en savons rien. Quelles sources ? En note ne figure que la mention laconique: "Mémoire familiale" [Rapport des experts, p. 663 et n.1805]. Ce n'est évidemment pas comme cela qu'on écrit l'histoire en toute rigueur.

   Rien d'étonnant, dans ces conditions, si les travaux qui mettent davantage l'accent sur les apports civilisateurs des Européens dans le continent noir sont balayés d'un revers de la main. Sans examen sérieux de ses arguments, Jean-Pierre Nzeza Kabu Zex-Kongo, docteur en géographie et pratique du développement dans le tiers-monde (Paris I), enseignant à l'Université de Kinshasa, auteur de Léopold II. Le plus grand chef d'Etat de l'histoire du Congo, est liquidé en quatre lignes le rangeant parmi ces Congolais qui "espèrent secrètement se voir décerner l'Ordre de la Couronne" (!) et "se ridiculisent, dans leurs publications, en exprimant une vénération exagérée pour Léopold II" [Rapport des experts, p. 112]. Une telle attaque ad personam ne relève plus de l'expertise mais du pamphlet pur et simple ou du défoulement sur réseaux sociaux, alors que l'auteur ainsi dézingué n'a nullement fait l'impasse sur les zones d'ombre du premier colonialisme (c'est encore bien peu par rapport à la réaction indignée, que j'ai lue sur Twitter, d'une dame qui, tout en avouant ne connaître de cet ouvrage que son titre, s'indignait de ce que sa vente soit autorisée). A l'inverse, Les fantômes du roi Léopold, le livre très rentable du polygraphe américain Adam Hochschild, qui est à la recherche scientifique ce qu'un bruit de pelleteuse est à une cantate de Bach, est cité à plusieurs reprises comme une contribution qui a stimulé les débats [Rapport des experts, pp. 26, 327, 337, 445, 470].

 

Le dérangeant esclavagisme intra-africain

 

   Rien d'étonnant non plus si on ne trouvera ici aucun examen approfondi de la page nullement blanche – sans mauvais jeu de mot – sur laquelle s'est écrit notre projet colonial. Il est vrai que pour approcher les conditions de vie, les modes de production et d'échanges ou les rapports de domination entre hommes et entre tribus avant la fin du XIXe siècle, les sources écrites font largement défaut. L'historiographie africaine, basée sur l'archéologie et d'autres sciences auxiliaires, n'en a pas moins accompli de grandes avancées ces dernières décennies. Si quelques références y sont faites par nos sommités, le leitmotiv du paradis perdu se laisse aisément deviner dans leur propos. Il est ainsi proclamé qu'"avant l'arrivée des Européens, le continent abritait déjà des cultures florissantes, il était quadrillé par des routes commerciales, et abritait de multiples systèmes d'organisation sociopolitiques complexes". Il est certes admis que "le colonialisme n'a pas introduit la violence en Afrique", mais le commerce d'esclaves et la marchandisation par des dirigeants africains de leur propre peuple, par exemple, sont présentés comme liés au développement "des réseaux commerciaux mondiaux", alors qu'"il n'y a guère de "violence innée" dans la politique ou la société africaines" [Rapport des experts, pp. 33-34]. Le "bon sauvage" cher à Jean-Jacques Rousseau n'est pas loin…

   Ceux qu'on nommait alors les Barbaresques n'ont pourtant pas attendu le développement "des réseaux commerciaux mondiaux" pour vendre les Européens qu'ils avaient réduits en esclavage sur les marchés d'Alger, de Tunis, de Tripoli, de Salé (Maroc)... Selon Robert C. Davis, qui a fait carrière dans la même université que Sarah Van Beurden – ce qui n'implique pas qu'elle l'a lu –,  ce trafic fit plus d'un million de victimes du XVIe au XVIIIe siècle. Au Congo, la traite se trouva en grande partie aux mains de métis africains un peu arabisés, parlant le swahili, établis d'abord dans la région de Zanzibar d'où ils ont étendu progressivement, au cours du XIXe siècle, leur rayon d'action vers l'intérieur du continent.

   Contre cet esclavagisme intra-africain, le cardinal français Lavigerie, à la tête des Pères Blancs et des Sœurs missionnaires de Notre-Dame d'Afrique, mena à la fin des années 1880 une vigoureuse campagne qui joua un rôle dans la détermination de Léopold II. Cette cause humanitaire n'excluait pas, bien sûr, d'autres visées plus intéressées – avec pour perspective l'élévation de la Belgique mais non un quelconque enrichissement personnel. En 1890, dans une Grande-Bretagne que n'avait pas encore atteint le virus de la jalousie, le Morning Post rendit hommage au fondateur de l'Etat indépendant du Congo (EIC) en ces termes: "Au-dessus de tous les autres, le nom d'un souverain européen sera associé dans l'histoire du plus grand mouvement qui ait, jusqu'ici, été tenté pour la suppression de la traite des esclaves" [Cité in José CLÉMENT, "L'Etat indépendant du Congo", p. 163]. Et pourtant, dans les presque 700 pages censées nourrir la réflexion de nos élus, il n'y a pas un mot sur Lavigerie. L'offensive des Belges commandés notamment par le capitaine Dhanis contre les sultans trafiquants, dans les années 1891 à 1897, coûta la vie aux Blancs massacrés dans la  région de Kasongo ainsi qu'à Henri de Bruyne et Joseph Lippens, fonctionnaires de l'EIC pris comme otages et assassinés. La commission parlementaire n'entendra jamais citer leurs noms. Au contraire, Elikia M'Bokolo minimise le rôle de "ceux que la propagande coloniale et l'historiographie colonialiste s'ingénieront longtemps à appeler, sans précision et sans nuance aucune, les "Arabes", voire les "Arabisés" (sic), mécaniquement identifiés comme les sectateurs d'un islam forcément resté esclavagiste, rétrograde, porteur de violences inouïes" [Rapport des experts, pp. 46-47].

   Mais dans ce cas, comment expliquer qu'au XIXe siècle, l'esclavage est pratiqué par ceux qu'on ne peut pas appeler les "Arabes" ou les "Arabisés" (mais comment, alors ?) et combattu par les Européens ? La réponse, pour les rédacteurs de cette partie du rapport, n'est pas à chercher dans les valeurs qui ont mûri au sein de notre continent. Non, tout tient au développement du système capitaliste mondial: "Le système des plantations, au cœur de la formation du système économique mondial du monde atlantique et moteur du commerce d'esclaves transatlantique, a connu un déclin au XVIIIe siècle, avec l'avènement de l'ère industrielle. A la suite du déclin du commerce d'esclaves (mais pas de ses idéologies racistes et raciales concomitantes), l'exploitation de l'Afrique par l'Europe s'est orientée vers l'extraction de matières premières nécessaires au développement d'une vie industrielle et d'une société de consommation de masse en Europe" [Rapport des experts, p. 34]. On ne saurait mieux avouer que seuls nos pays doivent se trouver au banc des accusés. Et certes, ils ont leur part dans cette histoire tragique. Mais si des cas d'esclavagisme sont encore dénoncés de nos jours, c'est dans la sphère islamiste. Et comme d'autres que moi l'ont fait observer, toutes les civilisations ont pratiqué l'esclavage, mais une seule l'a aboli: l'Occident chrétien.

 

"Le travail en Afrique, l'or à Bruxelles"

 

   Au réquisitoire que constitue la présente somme, je n'entends cependant pas répondre ici par une apologie sans nuances. Les abus dans l'exploitation de la main-d'œuvre noire, à l'époque de l'EIC surtout, ont été abondamment documentés et pas seulement par la Congo Reform Association de Morel et Casement, aux mobiles douteux. Les constats précoces dressés par le père jésuite Arthur Vermeersch, théologien moraliste, notamment dans La question congolaise et Les destinées du Congo belge (1906), sont d'autant plus lourds de sens que son attachement aux missions catholiques ne faisait pas de lui un opposant par principe. "A côté des excès imputables aux erreurs ou aux passions des personnes, notait-il, nous avions signalé le grave défaut qui vicie le système lui-même: une confusion de pouvoirs presque inouïe. Les mêmes mains détiennent non pas seulement l'autorité administrative et l'autorité judiciaire, mais l'administration fiscale et le pouvoir exécutif; et la loi charge de la répression des abus celui qui semble intéressé à les commettre" [Cité in Rapport des experts, p. 74].

   Il faut reconnaître, comme l'ont fait nombre de contemporains, que les apports positifs de la colonisation, que ce soit en matière de niveau de vie, de soins de santé, d'instruction, de sécurité… ont mis du temps à se concrétiser dans nos terres africaines. On connaît la remarque acerbe que fit le prince Albert, futur Albert Ier, quand il se rendit au Congo en 1909: "Tout à la récolte du caoutchouc et de l'ivoire, beaucoup d'argent réclamé en Belgique, rien à dépenser pour le Congo. Le travail en Afrique, l'or à Bruxelles" [Cité in Rapport des experts, p. 94].

   Léopold II lui-même réagit à la campagne internationale de dénonciation de l'Etat indépendant en faisant mettre sur pied une commission d'enquête. Et celle-ci fit preuve d'indépendance en concluant à la réalité d'un grand nombre des exactions signalées. Ces révélations renforcèrent chez nous les oppositions de gauche comme de droite à la politique coloniale. Mais elles ouvrirent aussi, paradoxalement, la voie à l'annexion du Congo par la Belgique.

   Comment expliquer tant de fautes et de méfaits ? L'incidence des formes coutumières de pouvoir sur la gestion des Européens a certainement joué un rôle. Sans doute faut-il aussi et surtout prendre en compte l'histoire moderne des mentalités et des conceptions du monde. Notre pays, comme ses voisins, est devenu colonisateur au moment où une grande partie de ses élites était déjà atteinte par la vague de déchristianisation étendue depuis à tous les échelons des sociétés occidentales. Il n'y a pas eu chez nous cette passion unanime pour la christianisation – synonyme alors de civilisation – qui anima les Espagnols et les Portugais au XVIe siècle. Les constats que contient à cet égard la correspondance de Charles de Foucauld pour l'empire français nous sont largement applicables [cfr Marguerite CASTILLON du PERRON, Charles de Foucauld, notamment pp. 350, 396, 455]. Il est symptomatique que les mémoriaux et monuments coloniaux ainsi que les noms de rues et plaques commémoratives qui mettent en valeur – pour combien de temps encore ? – les officiers et collaborateurs du Roi fondateur d'empire ignorent le plus souvent les missionnaires [Rapport des experts, p. 332]. Nous en avons envoyé de remarquables en Afrique, ainsi que des médecins, des ingénieurs, des enseignants… on ne peut plus désintéressés, dont beaucoup ne revinrent pas, ayant été emportés par des maladies tropicales. Mais ces hommes de qualité côtoyèrent un trop grand contingent de Blancs avides, cupides, rapaces, dénués de tout scrupule. Et l'administration locale, dont les membres étaient presque tous des néophytes, a manqué de moyens pour neutraliser les brebis galeuses.

   Non sans liens avec la sécularisation, la répression violente des rébellions, même dans le cadre du Congo belge, a pour toile de fond la "brutalisation" – comme on la désigne couramment aujourd'hui, à la suite de  George L. Moss  – qui, en Europe et en Asie, culmine pendant les deux guerres mondiales. Ceux qui ont condamné les violences colonialistes (occidentales) en ont commis d'autres, souvent à bien plus grande échelle, parmi leur propre peuple ou ceux qu'ils ont soumis. L'Union soviétique a pu être décrite, en toute rigueur, comme un empire colonial, bâti et maintenu au prix de dizaines de millions de morts. Dans le cas congolais, il est inutile de s'appesantir sur l'absurdité des accusations de "génocide", dont l'invraisemblance démographique a été démontrée tout comme l'absurdité simplement pratique. Exploitation et extermination ne riment pas. Il n'empêche que trop de meurtres sont demeurés impunis. Que leurs auteurs aient été souvent des soldats noirs qui s'étaient mués en tyranneaux terrorisant leurs frères de race constitue une maigre consolation. Que ce soient en particulier, lors des campagnes des années 1890, les troupes commandées par des potentats africains qui sévirent dans une partie du Kasaï et du Katanga, incendiant les villages désertés parce qu'elles étaient furieuses de n'avoir rien trouvé à piller [Oscar Georges LIBOTTE, "L'œuvre des coloniaux belges au Congo", pp. 270-271], tout cela est avéré mais ne peut nous disculper totalement. Les supérieurs ont trop souvent fermé les yeux.

   Le monde d'outre-mer n'est une entité qu'une paroi étanche isolerait du monde occidental développé. Les processus observés de part et d'autre présentent bien souvent des similitudes. "La profonde déstructuration des systèmes politiques, sociaux et religieux jadis en place" [Introduction et constats des experts, p. 43] et le prélèvement des objets culturels ressemblent à s'y méprendre au lot de la Belgique sous le régime de la Révolution française. Le traitement des travailleurs indigènes et les piètres protections sociales évoquent dans bien des aspects la condition ouvrière sous nos latitudes à l'époque du libéralisme triomphant. On n'invalide pas toute comparaison, comme le croit l'historien Guy Vanthemsche, en affirmant que les agriculteurs flamands "n'ont jamais été conduits de force dans les mines wallonnes au bout d’une chaîne" [Introduction et constats des experts, p. 63]. Entre ceux qui pouvaient voir dans les mines le seul moyen d'améliorer leur sort matériel et ceux qui ne pouvaient en avoir aucune idée, il y a de la marge.

 

Approche "bilantaire" (revendiquée)

 

   N'en déplaise aux contempteurs de "l'approche bilantaire", s'en tenir à un catalogue de griefs sans évoquer la contrepartie civilisatrice revient à mener une instruction à charge uniquement. Or, immense a été notre apport à l'Afrique centrale et la partie non dilapidée de notre héritage en témoigne encore aujourd'hui.

   Il ne s'est jamais agi de prédation pure. Pour le Roi-Souverain de l'EIC comme pour ses contemporains, la colonisation relevait du win-win: les transferts matériels et spirituels qui élevaient les Africains, en leur forçant la main le cas échéant, engendreraient des retours qui serviraient à la grandeur de la métropole. Du reste, nul besoin d'attribuer à tous les colons une moralité supérieure à la moyenne pour comprendre qu'ils avaient le souci de la santé des hommes dont dépendait leur prospérité.

   Les évolutions postcoloniales ont achevé de confondre les tenants du réquisitoire courant. Alors que le Congo, qui avait atteint dans les années '50 un niveau de développement comparable à celui des pays de l'Europe méridionale, a plongé dans la paupérisation en même temps que dans la liberté, la Belgique privée de son "pactole" tropical s'est maintenue sur la voie d'une prospérité et d'une croissance économique que seuls les chocs pétroliers des années '70 ont pu enrayer.

   Les progrès que la commission parlementaire n'a pas entrepris de contester, en matière d'alphabétisation, de soins de santé ou d'infrastructures, auraient-ils pu être réalisés, dans le contexte de l'époque, sans établir un rapport d'inégalité ? Même dans nos pays, le rattrapage de régions en retard de développement s'est parfois fait au prix d'une véritable colonisation interne.

   Venons-en aux résultats tangibles. En 1954, le Congo compte 2164 établissements médicaux, avec proportionnellement plus de lits par habitant que dans les colonies voisines [Introduction et constats des experts, p. 62, n. 180]. En octobre 1960, on peut lire dans un rapport d'enquête de l'Organisation internationale du travail que "le développement industriel du Congo occupe la seconde place après l'Union de l'Afrique du Sud. Le revenu national par tête augmente à raison de 4 % l'an. Par la politique "paternaliste", les sociétés privées ont atteint, dans le domaine social, des résultats remarquables qui accusent un niveau plus élevé que celui exigé par la loi. De 1950 à 1959, le chiffre total des salaires a augmenté de 185 %, bien que le nombre total des travailleurs n'ait augmenté que de 15 %" [Cité in José CLÉMENT, "L'économie congolaise", p. 243].

   Dans les années '80, une enquête sur le souvenir laissé par la période coloniale encore proche a été menée par deux institutions zaïroises – le Congo s'étant appelé Zaïre de 1971 à 1997 –, le Centre de perfectionnement en administration et le Laboratoire d'analyses sociales de Kinshasa. Les jeunes sociologues qui ont réalisé les entretiens ne se sont pas privés de faire évoquer par leurs interlocuteurs les tares du régime de dépendance (travail obligatoire, condescendance, mobilité soumise à des permis, relégations, chicotte…), mais ils ont bien dû constater que les bienfaits dudit régime s'étaient inscrits davantage dans les mémoires, surtout celles des gens simples. Ceux-ci, résumait le grand africaniste Jean Kestergat, "sont unanimes à rappeler qu'en ce temps-là, on pouvait vivre à bon compte, se vêtir, se nourrir, acheter une bicyclette… Les écoles étaient gratuites, et l'enseignement de très bonne qualité. Les soins de santé ne coûtaient presque rien, et on soignait même ceux qui ne pouvaient pas payer. La justice était honnête et il ne fallait pas verser des matabiches aux juges pour avoir une chance de gagner devant le tribunal. Les sentences étaient justes, et les procès de terres étaient équitables, donnant à chaque village le droit de posséder le sol sans devoir le céder à des gens plus riches qui le convoitaient. Les routes étaient entretenues, les magasins étaient nombreux et bien remplis de toutes sortes d'objets utiles. Partout la sécurité était assurée, et on pouvait voyager tant qu'on voulait en bateau ou en train" [La Libre Belgique, 6 janv. 1987]. Les difficultés rencontrées pour accéder au statut d'"évolués" et à l'enseignement supérieur alimentaient certes de réels reproches, mais les missionnaires y échappaient. Certains de leurs élèves occupèrent rapidement des fonctions, d'évêque notamment, qui en faisaient les égaux ou les supérieurs des Blancs.

   Pour étayer le dossier sans tomber dans les travers du plaidoyer pro domo, écoutons quelques voix africaines. Celle du père jésuite Martin Ekwa, par exemple. Entré dans la vie active en 1960, il n'avait pas oublié cinquante ans plus tard que "le Congo avait un taux de scolarisation parmi les plus élevé d'Afrique – 57 % –, ce qui le mettait au niveau du Mexique". Il est vrai que les Belges n'avaient pas formé assez de cadres supérieurs, faute d'avoir cru que l'indépendance pourrait venir aussi rapidement. Alors que sous les Kabila comme sous Mobutu, tout développement économique substantiel s'est trouvé bloqué, "à l'indépendance, nous avions le même niveau de vie que la Corée du Sud ou le Canada. L'Afrique du Sud venait au Congo y voir le développement. Il n'y avait pas de mendiants. Aujourd'hui, nous sommes au bas de l'échelle fixée par l'Onu pour évaluer le développement humain de chaque pays" [La Libre Belgique, 26-27 juin 2010]. Mêmes remarques de la part de Freddy Mulumba Kabuayi Wa Bondo, analyste politique au journal Le Potentiel: "Comparativement à la situation qui prévaut actuellement en République démocratique du Congo, certains Congolais se souviennent du beau temps où le train partait à l'heure, où l'éducation et les soins de santé primaires étaient accessibles à tous. Ce n'était pas un luxe" [La Libre Belgique, 24-25 juillet 2004].

   A ces mises en parallèle implacables se sont opposés, on le sait, les discours qui attribuent la mauvaise santé de la plupart des économies du Sud à la situation de dépendance où les aurait placés le "système capitaliste mondial". Mais ces analyses ont été elles-mêmes critiquées comme constituant en fait une dérive anthropomorphique. Elles attribuent des capacités de ruse ou de prévoyance à des abstractions telles que "le capitalisme", "l'impérialisme international" ou "la mondialisation". La diversité des politiques et des intérêts en présence n'est pas prise en compte, alors que les dirigeants locaux, les investisseurs étrangers, le FMI, la Banque mondiale… sont très loin d'avoir toujours les mêmes approches et orientations [Gauthier de VILLERS, Histoire du politique au Congo-Kinshasa, pp. 84-85].

   Un historien du Burundi, qui fut directeur général au ministère de l'Information à Bujumbura, écrit après s'être étendu sur la brutalité des administrateurs laïcs – qu'il oppose à la pratique empreinte d'amour et de charité des missionnaires – que "les progrès matériels tirés de la colonisation sont éloquents par eux-mêmes et n'ont pas besoin de nos plumes pour être constatés" [Janvier NDIKUMANA, Les trois Burundi, t. II, p. 10]. Jean-Pierre Nzeza Kabu Zex-Kongo, déjà cité ici pour la hargne qu'il s'est attirée de la part de nos experts, sait notamment gré à Léopold II d'avoir doté le Congo de frontières sûres, de lui avoir donné une "leçon de leadership" dont ses élites actuelles gagneraient à s'inspirer [pp. 148 svtes], d'avoir initié le développement des ressources qui en fera en 1960 "un pays émergent, premier de sa classe" [p. 137], ainsi que d'avoir unifié ses ethnies (plus de 500) autour d'une culture, d'une défense, d'une administration et d'une loi communes. Décisifs, pour ce dernier point, ont été la diffusion de l'enseignement, de la langue française et de "la fraternité chrétienne" qui permet "de transcender (dépasser) le cadre tribal ou ethnique traditionnel" [p. 83].

   Dans les années 1970, quand le régime mobutiste prônait "l'authenticité zaïroise", Sakombi Inongo, son théoricien autorisé, souligna qu'au Congo belge, le colonisateur n'avait pas pratiqué une politique d'assimilation, mais "juxtaposé" sa culture à celle du colonisé, ce qui permit à celui-ci de sauvegarder sa spécificité. C'est peut-être, ajouta-t-il, ce qui explique au moins en partie que "le Zaïre s'impose comme un des seuls (pays africains) vraiment indépendants, un des seuls à avoir recouvré son originalité, son identité propre" [Conférence donnée en 1973 à l'Institut royal des relations internationales à Bruxelles, citée in Gauthier de VILLERS, Histoire du politique au Congo-Kinshasa, p. 108].

  Un mot encore s'impose au sujet des métis qui se sont organisés et se font entendre régulièrement, non sans succès. Le 4 avril 2019, le Premier ministre Charles Michel présentait à la Chambre les excuses officielles de la Belgique pour "la ségrégation ciblée" dont ceux-ci "ont été victimes sous l'administration coloniale du Congo belge et du Ruanda-Urundi jusqu'en 1962 et suite à la décolonisation, ainsi que la politique d'enlèvements forcés y afférente". Cette déclaration avait été précédée, en 2017, d'une démarche similaire de l'Eglise catholique belge.

   Or, la réalité est beaucoup plus bigarrée qu'il n'y paraît dans ces propos contrits qui, une fois de plus, font l'impasse sur les responsabilités et les contraintes locales. La souffrance des enfants requiert compréhension et compassion, certes, mais celles-ci ne dispensent pas de replacer dans leur contexte très particulier les décisions qui furent prises de les placer dans des institutions ou de les transférer en métropole. Bien souvent, être né d'un père blanc qui avait disparu et d'une mère noire devenait un terrible drame quand celle-ci, à la suite d'un mariage avec un époux noir, voulait "être délivrée" de ce gosse désormais encombrant. Dans le cas contraire, que serait-il devenu au milieu de frères et sœurs "ethniquement purs", sinon le… mouton noir du foyer, si pas de la tribu ? Si, par ailleurs, l'éducation aux valeurs et au mode de vie occidentaux pouvait être perçue comme un moyen d'assurer de futurs bons sujets à l'administration de la colonie, ce calcul n'excluait pas le sentiment d'agir pour le bien des petits en les préservant de l'ignorance, du paganisme et des us et coutumes les plus oppressants des adultes, voire d'un régime d'esclavage inavoué.

 

Les martyrs oubliés

 

   En conclusion, s'il fallait vraiment nous excuser, il faudrait que ce soit pour avoir, dans la précipitation la plus inconsidérée, abandonné à leur sort des sociétés immatures qui sombrèrent aussitôt dans le chaos. Il faudrait en outre que soit appliquée une juste réciprocité, impliquant que les dirigeants congolais fassent, eux aussi, amende honorable pour nos compatriotes tués, violés, blessés par les nationalistes fanatiques qu'encouragèrent les discours de haine de leur leader Patrice Lumumba.

   Qu'il suffise d'évoquer ici ceux que l'historien Dries Vanysacker (KULeuven) a appelé "les martyrs oubliés": 216 hommes et femmes, dont 156 prêtres, religieuses et religieux, sauvagement torturés, fusillés et achevés par des membres de l'Armée nationale congolaise (ANC) ou lors de l'insurrection dite des Simba. Un épisode parmi des dizaines de même teneur: le 21 août 1964 à Bondo, "les croisiers et les frères de Saint-Gabriel sont confrontés aux tribunaux populaires institués selon le modèle chinois, où deux condamnés à mort atrocement torturés étaient étendus face au drapeau de Lumumba. Le moindre faux pas est un prétexte de condamnation à mort, comme si la vie humaine semblait ne plus avoir de valeur" [Dries Vanysacker, p. 60]. Une chapelle-mémorial est consacrée à ces martyrs à Gentinnes (Chastre), dans le Brabant wallon, mais ils n'ont pas eu droit, à la différence de Lumumba, à ce que leur nom soit donné collectivement à un square bruxellois.

   Le Premier ministre assassiné n'avait pourtant pas déchaîné contre les seuls Européens les masses assurées de l'impunité par les extrémistes au pouvoir. Une partie du Sud-Kasaï oscillant entre autonomie provinciale et indépendance, le grand humaniste y envoya dès l'été 1960 la soldatesque de l'ANC, avec pour résultat des dizaines de milliers de morts, un rapport de l'Onu parlant même d'un "génocide". On chercherait en vain un épisode aussi sanglant en 75 ans de présence belge au Congo. Et ce sont les Belges et nuls autres qu'il faudrait stigmatiser ? Les Belges et nuls autres qui devraient s'autoflageller ? Non!

   Nous n'avons pas à nous excuser. En reconnaissant les erreurs et les fautes inhérentes à toute œuvre humaine, à l'heure où des Congolais eux-mêmes, et non des moindres, nous disent que nos coloniaux furent largement à la hauteur de la tâche, nous avons au contraire à nourrir, en nous et en ceux qui nous suivront, la fierté d'appartenir à une patrie qui sut prendre une part, une très grande part, du fardeau de l'homme blanc. Les meilleurs de nos humanitaires, de nos coopérants et de nos (quelques) missionnaires d'aujourd'hui relèvent de la même généalogie, cherchant eux aussi à pacifier là où la guerre fait rage, à nourrir là où règne la misère, à témoigner là où rôdent les vieux démons.

   Selon les mots de Rudyard Kipling dans son White Man's Burden (1899), "Par ce que vous laissez ou ce que vous faites, / Les peuples silencieux, rétifs / Jugeront de vos dieux et de vous".
("By all ye leave or do, / The silent, sullen peoples⁠ / Shall weigh your Gods and you").

 

PAUL VAUTE
Historien, journaliste honoraire
Ni colonial, ni fils de colonial!
Auteur notamment de Plaidoyer pour le vrai (éd. L'Harmattan),
de La voie royale. Essai sur le modèle belge de la monarchie (éd. Mols)
et du blog Le passé belge (https://lepassebelge.blog), consacré à notre histoire (243 articles actuellement).

 

Documents parlementaires

- Commission spéciale chargée d'examiner l'Etat indépendant du Congo et le passé colonial de la Belgique au Congo, au Rwanda et au Burundi, ses conséquences et les suites qu'il convient d'y réserver. Rapport des experts, Chambre des représentants, DOC 55 1462/002, 26 oct. 2021, 689 pp.

- Introduction et constats des experts, commission spéciale Passé colonial, pdf, déc. 2022, 112 pp.

- Recommandations de la commission spéciale Passé colonial, projet, pdf, déc. 2022, 24 pp.

- "Déclaration solennelle et mémorielle du gouvernement fédéral", lue à la Chambre le 4 avril 2019 par le Premier ministre Charles Michel, pdf

Ouvrages cités

- CASTILLON du PERRON, Marguerite, Charles de Foucauld, Paris, Bernard Grasset & Fasquelle, 1982

- CLÉMENT, José, "L'Etat indépendant du Congo" et "L'économie congolaise", dans La colonisation belge. Une grande aventure, éd. compl., Union royale belge pour les pays d'Outre-Mer, s.l., Gérard Blanchart & Cie, 2004, pp. 157-165, 243-250

- DAVIS, Robert C., Esclaves chrétiens, maîtres musulmans. L'esclavage blanc en Méditerranée (1500-1800) (2003), trad. de l'américain, (Paris), Actes Sud – Jacqueline Chambon, 2006 (On peut aussi sur le même sujet se reporter à Giles Milton, Captifs en Barbarie. L'histoire extraordinaire des esclaves européens en terre d'islam (2004), trad. de l'anglais, Lausanne, Noir sur blanc, 2006)

- de VILLERS, Gauthier, Histoire du politique au Congo-Kinshasa. Les concepts à l'épreuve, Louvain-la-Neuve, Academia – L'Harmattan, 2016

- HOCHSCHILD, Adam, Les fantômes du roi Léopold, trad. de l'américain, Paris, Belfond, 1998, rééd. Paris, Tallandier (coll. "Texto"), 2007

- LIBOTTE, Oscar Georges, "L'œuvre des coloniaux belges au Congo", dans La colonisation belge…, op. cit., pp. 259-271

- MOSS, George L., De la Grande Guerre au totalitarisme. La brutalisation des sociétés européennes, trad. de l'américain, Paris, Hachette littératures (coll. "Histoires"), 1999

- NDIKUMANA, Janvier, Les trois Burundi, t. II: La période coloniale. L'Urundi de Digidigi ou le Burundi des Blancs, Paris, L'Harmattan (coll. "Etudes africaines", série "Histoire"), 2021

- NZEZA KABU ZEX-KONGO, Jean-Pierre, Léopold II. Le plus grand chef d'Etat de l'histoire du Congo, Paris, L'Harmattan (coll. "Etudes africaines", série "Histoire"), 2018

- VANYSACKER, Dries, "Les martyrs oubliés ?" Les missionnaires dans la tourmente de l'insurrection simba au Congo 1964-1966, trad. du néerlandais, Turnhout – Louvain-la-Neuve – Leuven, Brepols – Collège Erasme – Maurits Sabbebibliotheek (coll. "Bibliothèque de la Revue d'histoire ecclésiastique", 100), 2016

Presse et médias

- Sur la carte blanche des historiens relative à la composition et aux amalgames de la commission Congo: 20 août 2020

- Sur le débat parlementaire: 22-23 nov., 5-6 déc. 2022

 

Commentaires

  • Ce rapport est en effet un pur produit du décolonialisme, véritable "imposture intellectuelle" (P.-A. Taguieff), rédigé par de pseudo-experts, qui ont "oublié" les règles élémentaires du métier ; ou la démonstration "de ce que le militantisme fait à la recherche" (N. Heinich). Merci à Paul Vaute pour cette remarquable synthèse !

  • Merci Monsieur Boitquin. Merci aussi aux lecteurs et lectrices qui ont fait (ou feront) savoir qu'ils ont aimé cet article. Je leur demande une petite chose seulement: s'ils comptent des députés ou des sénateurs parmi leurs connaissances, c'est de leur transférer cet article. L'ignorance de l'histoire chez nos parlementaires est confondante. Et on ne peut malheureusement pas compter sur les médias mainstream pour les instruire...

  • Je suis heureuse de prendre connaissance d’un texte aussi nuancé et de lire un travail de recherche sérieux, documenté avec qualité et rédigé avec un esprit critique de bon aloi. .J’ai appris beaucoup en le lisant. Dernièrement, j’ai assisté à une pièce « Tervueren » présentée au festival de Liège qui m’a profondément choquée tant le travail textuel et théâtral était une attaque caricaturale, sans aucune nuance et à charge contre la Belgique. C’est la première fois de ma vie que je n’applaudis pas un spectacle, ne souhaitant pas cautionner une telle démarche.

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