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Plusieurs évêques français demandent au pape de reformuler la doctrine catholique sur l'homosexualité

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De Solène Tadié sur le National Catholic Register

Plusieurs évêques français demandent au pape de reformuler la doctrine catholique sur l'homosexualité

À la demande d'une association de parents d'homosexuels, ces évêques ont exprimé leur souhait de rendre "plus audible" le message de l'Église sur l'homosexualité.

13 mars 2023

Certains évêques français réécrivent "discrètement" la doctrine de l'Église catholique sur l'homosexualité, selon un récent article du quotidien La Croix, qui évoque un mouvement interne à l'Église locale souhaitant rendre "plus audible" la manière dont ce sujet est abordé. 

L'article de La Croix du 3 mars précise que cette initiative découle de la visite ad limina des évêques français à Rome en septembre 2021, au cours de laquelle certains d'entre eux ont interpellé le cardinal Luis Ladaria, alors président du Dicastère pour la doctrine de la foi, puis le pape François lui-même, sur des paragraphes du Catéchisme de l'Église jugés offensants par des groupes de défense de l'homosexualité dans l'Église. 

Ces révélations ont été faites au journal catholique par Mgr Hervé Giraud, archevêque de Sens-Auxerre, à l'issue d'une rencontre le 28 février avec des membres de Reconnaissance, une association de parents catholiques d'homosexuels. 

En mars 2021, quelques mois avant la visite ad limina, les membres de Reconnaissance avaient interpellé les évêques de France sur la "prise en compte de la dignité de leurs enfants" par la doctrine de l'Eglise catholique. Ils s'insurgent notamment contre le paragraphe du Catéchisme qui qualifie les actes homosexuels de "intrinsèquement désordonnés" (2357).

Selon eux, le Catéchisme, "publié il y a près de 30 ans", traite de cette question "en quelques lignes laconiques et confuses, d'une grande violence pour les personnes qui les lisent pour elles-mêmes ou pour leurs proches". 

"C'est pourquoi une demande de réécriture du paragraphe traitant de cette question, adressée aux autorités compétentes, nous semble nécessaire et urgente, notamment en raison des apports nombreux et inédits des sciences humaines [au cours des trois dernières décennies]", écrivent-ils. 

"Sur le plan doctrinal, poursuit la lettre, nous avons besoin d'un langage adapté à la réalité de ce que nous et nos enfants vivons... qui ouvre des chemins de vie au lieu de les fermer en poussant les jeunes au désespoir et les parents au rejet de ce que sont leurs enfants. 

La lettre affirme également que les références au livre du Lévitique dans l'Ancien Testament, ou à saint Paul dans le Nouveau Testament, sont "inappropriées" en raison de la prétendue méconnaissance de l'époque sur l'homosexualité, qui n'a été définie "comme une orientation sexuelle imposée à la personne" qu'au 19e siècle.

Sur la page d'accueil de leur site, les membres de l'association affirment que leur lettre a trouvé une oreille attentive auprès de plusieurs évêques, qui leur ont répondu par écrit.

Mise à jour du site des évêques de France

Si cela est vrai, cela expliquerait la demande ultérieure faite au pape en 2021, qui, selon La Croix, a invité les évêques à proposer une nouvelle formulation des paragraphes du CEC traitant de l'homosexualité (2357-2359). Cependant, selon des sources vaticanes citées dans l'article, leur proposition a peu de chance d'aboutir, car cette question concerne la morale sexuelle de l'Église dans son ensemble.

En attendant, la Conférence des évêques de France, par l'intermédiaire de son Conseil Famille et Société, a mandaté des théologiens pour mettre à jour les rubriques de leur site Internet qui traitent de ces questions, afin de les rendre cohérentes avec les "questions d'aujourd'hui". 

Ces théologiens sont aidés dans leur rédaction par des personnes homosexuelles et des associations de défense, dont Reconnaissance. "Un véritable dialogue s'est désormais instauré et la synodalité se met progressivement en place", notent les membres de l'association sur leur site.

Lutter contre l'homophobie

De son côté, Mgr Giraud a publié une tribune avant sa rencontre avec l'association en février, appelant à un changement de regard sur l'homosexualité. Se référant aux différents écrits du pape François, le prélat invite à "abandonner toute tentation de jugement, pour la remplacer par une attitude d'écoute des personnes telles qu'elles sont, sans les réduire à ce qu'elles font".

Le terme "homophobie" est également mentionné à quatre reprises dans l'article. Inventé par le psychologue américain George Weinberg dans les années 1960 pour décrire l'aversion psychologique à l'égard de l'homosexualité, ce concept a été élargi et popularisé par les militants gays et lesbiens dans les années 1970 et 1980.

"À l'heure où certains pays durcissent leur législation [sur l'homosexualité] [...] avant toute autre considération, il est nécessaire de lutter contre l'homophobie. Comme toutes les formes de haine, elle détruit et sème le mal", écrit-il. "Il est urgent d'en parler simplement... comme [le pape] François."

En 2021, Mgr Giraud a déclaré au quotidien Le Monde qu'il avait reçu un très grand nombre de courriels virulents de la part de catholiques pour ne pas avoir sanctionné un célèbre prêtre de son diocèse de Sens-Auxerre, le père Matthieu Jasseron, qui affirmait dans une vidéo sur sa chaîne TikTok (qui a rapidement dépassé le million de vues) que les actes homosexuels n'étaient pas un péché.

"Il n'est marqué nulle part, ni dans la Bible, ni dans le Catéchisme de l'Église catholique, c'est-à-dire l'ensemble de la tradition, qu'être homosexuel ou pratiquer l'homosexualité est un péché", avait déclaré le père Jasseron. 

Dans un communiqué en réponse au tollé provoqué par ces propos en rupture ouverte avec la doctrine de l'Eglise catholique, Mgr Giraud s'est borné à rappeler que le Père Jasseron s'est exprimé sur TikTok "à titre personnel", et "sans avoir reçu cette mission particulière". 

"Il est important que ses interventions puissent bénéficier d'une expertise plus large pour pouvoir engager l'Église", écrit l'archevêque.

Lors de l'émission Quelle Époque ! en septembre 2022, le père Jasseron a affirmé n'avoir reçu aucune demande de correction de la part de ses supérieurs à la suite de sa vidéo.

Solène Tadié Solène Tadié est la correspondante Europe du National Catholic Register. Elle est franco-suisse et a grandi à Paris. Après avoir obtenu un diplôme de journalisme à l'université Roma III, elle a commencé à faire des reportages sur Rome et le Vatican pour Aleteia. Elle rejoint L'Osservatore Romano en 2015, où elle travaille successivement pour la section française et les pages culturelles du quotidien italien. Elle a également collaboré avec plusieurs médias catholiques francophones. Solène est titulaire d'une licence en philosophie de l'Université pontificale Saint-Thomas d'Aquin et a récemment traduit en français (pour les Editions Salvator) Defending the Free Market : The Moral Case for a Free Economy du père Robert Sirico de l'Acton Institute.

Commentaires

  • Le Saint-Père n'a pas le pouvoir de modifier un iota de la doctrine du Christ. L'Esprit Saint l'en préserve. Si cela ne plait pas, la porte est grande ouverte (aussi bien pour faire entrer les âmes humbles que pour laisser sorties les ogueilleux).

    Large est la voie qui mène la perdition, étroite celle qui mène à la Vie ! Beaucoup feraient bien de méditer sur cette phrase du Christ.

    Philippe
    pierre-et-les-loups.net

  • "La lettre affirme également que les références au livre du Lévitique dans l'Ancien Testament, ou à saint Paul dans le Nouveau Testament, sont "inappropriées" en raison de la prétendue méconnaissance de l'époque sur l'homosexualité, qui n'a été définie "comme une orientation sexuelle imposée à la personne" qu'au 19e siècle."

    Il faudrait sans doute aussi réécrire le livre de la Genèse où il est dit que Dieu créa l'homme et la femme pour qu'ils ne forment qu'une seule chair et que leur union ne soit pas stérile mais soit ouverte sur la vie. Mais peut-être que Dieu lui-même est moins qualifié que la science moderne pour traiter de ces sujets ?

  • Serait-ce trop de vous demander d'êtres honnêtes, Messieurs les évêques? Plutôt que de vilipender le catéchisme de votre Eglise (ce qui est déjà un comble quand on est chargé de le respecter), votre place ne serait-elle pas au sein d'une Eglise parallèle ou du protestantisme le plus libéral? Avec vos collègues allemands et belges, ne conviendrait-il pas que vous quittiez une Eglise qui ne vous convient plus? De grâce, soyez cohérents. Arrêtez de troubler l'humble petit troupeau qui ne se reconnait en rien dans vos propos!

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