Tous ensemble pour l’immigration
Les questions sensibles arrivent très vite sur la table. Après trois questions personnelles, sur la famille, le salaire et le téléphone de François, Victor, jeune athée, demande : « Là où je vis, les gens ne vont plus à l’église. Je trouve cela anachronique, vieux jeu, alors je voulais vous demander votre point de vue. » À cela, le Saint-Père répond que l’Église a besoin de témoignage et de plus de crédibilité, qu’elle a besoin d’être au contact des injustices sociales. « Pour voir ce qu’est l’injustice sociale, allez en banlieue », déclare-t-il.
Et ce passage est immédiatement suivi des questions sur le racisme et l’immigration et la part de responsabilité de l’Église sur ces thèmes. Pas de surprise, le Saint-Père a toujours eu une position assez claire sur l’immigration et la manière dont l’Europe gère les questions migratoires : « Les migrants devraient être accueillis, accompagnés, encouragés, et intégrés. » « Ces hommes et ces femmes sont exploitées. […] C’est un état d’esprit exploiteur. On discerne l’ombre de l’esclavage. Le migrant est vu comme un esclave. Le colonialisme est tapi derrière une politique migratoire immature. »
Sexe et foulard pro-avortement
Après l’immigration, Maligros, jeune fille catholique et féministe, introduit le débat de l’avortement : « Pourquoi l’Église veut se mettre entre une femme et ses droits ? Je pense que Jésus la soutiendrait. Il ne la jugerait pas comme on la juge à la messe. » Cette question s’accompagne d’une séquence assez particulière où la jeune fille offre au Saint-Père un foulard pro-avortement avec un arc-en-ciel.
« On doit l’accompagner, lui répond le pape François mais on doit être clair, L’accompagner est une chose, justifier son acte en est une autre. » À partir de ce moment-là, le groupe sera généralement en désaccord tout du long avec le Saint-Père. Juste après les questions sur l’IVG, Juan, jeune homme ayant subi des abus sexuels dans son école catholique, explique qu’il y a beaucoup d’hypocrisie dans l’Église, qu’elle protège le droit à la vie, mais qu’elle ne propose aucune aide concernant les victimes de pédocriminalité. « Tolérance zéro », lui rétorque le Saint-Père.
Pornographie et non-binarité
A mesure que le documentaire avance, François se montre de plus en plus mal à l’aise, et ne va plus oser parler franchement de la vie personnelle des jeunes présents devant lui. À Célia, qui se dit catholique et « non-binaire », François explique que « l’Église ne ferme la porte au nez de personne ». De même face à Alejandra, une jeune femme qui travaille dans l’industrie du porno : le pape François condamne l’industrie et regrette que cette dernière donne une vision déformée de la sexualité. Les jeunes s’engouffrent dans la brèche et s’accordent à dire que la pornographie, ce n’est pas si grave, que la masturbation, ce n’est pas si grave...
Pour certaines questions, François réussit un peu à s’extraire du piège tendu par le documentaire. Il s’en sort remarquablement bien notamment sur la question des femmes prêtres où il donne une réponse très bien argumentée sur le dogme et sur le ministère de l’Église. Mais également à la question : « serais-je une meilleure chrétienne si je n’étais pas féministe ? ». « Féministe est un adjectif, estime-t-il. Ce sont les noms qui m’importent. […] Les adjectifs ne sont pas baptisés, les noms le sont. Les gens le sont. Et je crois en les gens. »
Le coup de grâce
Le moment le plus choquant reste la fin du documentaire. Alors que plus d’une heure de cet interrogatoire est déjà passée, Maria, jeune fille croyante qui s’est retrouvée seule contre le groupe sur l’avortement et sur la pornographie, aborde enfin la question de la foi. Elle offre ainsi une belle discussion de trois minutes sur la foi avec le pape. Et alors que ces petites minutes laissent penser à une fin heureuse dans ce documentaire malaisant, le répit est de courte durée. Lucia, une ancienne religieuse, ayant subi des abus psychologiques durant sa formation, explique avoir tout renié, être devenue lesbienne, et être bien plus heureuse maintenant qu’elle ne se pose plus la question de savoir si Dieu existe ou pas. Dieu merci, le pape recadre un peu la chose, parlant des problèmes dans les formations mais lui rappelant quand même : « ne sois pas esclave d’une idéologie ». Inutile, donc, de visionner ce documentaire dans l’espoir d’une édification spirituelle en cette Semaine sainte.
Commentaires
Le compte-rendu de ce "traquenard" a quand même été publié sur Vatican News !
Traquenard pour qui ?
Certainement pas pour Bergoglio mais certainement pour ceux qui le suivent comme on suivait le joueur de flute de Hamelin. Il faut prendre garde de ne pas se tromper de cible ni de personnage. C’est une question de vie ou de mort éternelle. Ça vaut la peine d’y réfléchir.
https://www.benoit-et-moi.fr/2020/2023/04/08/francisco-risponde-qui-est-lintervieweur-du-pape/
”A lire ses réponses (et on n’a aucune raison de ne pas le croire, d’autant plus que l’article est repris par Il Sismografo) il est totalement exclu que François se soit fait piéger, il savait parfaitement à qui il avait affaire, le « journaliste » l’avait déjà interviewé en 2019.”