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La publication de Laudato Si bis : une nouvelle intéressante qui dit quelque chose de ce pontificat

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D'Andrea Gagliarducci sur Monday Vatican :

Le Pape François et la deuxième partie de Laudato Si

28 août 2023

La semaine dernière, le pape François a annoncé à la surprise générale qu'il rédigeait une deuxième partie de Laudato Si' afin de l'actualiser. Par la suite, le Bureau de presse du Saint-Siège a précisé qu'il s'agissait d'une nouvelle mise à jour environnementale sur les problèmes. C'est une nouvelle intéressante parce qu'elle dit quelque chose de ce pontificat.

Tout d'abord, elle témoigne du pragmatisme du pape François. Il est bien connu que le pape a écrit Laudato Si pour répondre à un besoin et à une demande qui ont surgi surtout dans la sphère politique, et il l'a fait rapidement pour que cette encyclique soit prête pour la COP 25 à Paris. Il ne s'agissait pas seulement d'une question d'attention aux questions environnementales. Si l'on se souvient, Benoît XVI a été appelé "le pape vert" précisément en raison de sa conscience écologique. La Saison de la création, qui débute le 1er septembre, est née d'une idée du patriarche de Constantinople, Bartholomée Ier, et a été rapidement acceptée dans le monde catholique avec Jean-Paul II.

Il suffit de parcourir la Doctrine sociale de l'Église, le recueil publié au milieu des années 1990, pour se rendre compte que l'attention portée par l'Église catholique à la création et à la protection de la création n'est pas nouvelle. En effet, elle a toujours fait partie de la doctrine sociale dans le contexte de ce que Paul VI a défini comme le "développement humain intégral".

Cependant, la question actuelle est différente. Une encyclique peut-elle être définie uniquement sur une situation contingente ou un thème spécifique ? L'environnement peut-il faire l'objet d'un document papal qui ne considère pas le développement humain intégral ? Non, il ne le peut pas. Laudato Si n'est pas une encyclique écologique mais une encyclique qui cherche à considérer la Doctrine sociale dans son ensemble. C'est l'approche de l'écologie humaine intégrale. Ce n'est pas une approche nouvelle puisqu'elle a été menée pour la première fois sous les pontificats précédents.

Alors, une encyclique centrée sur le sujet était-elle nécessaire ? Elle était utile car elle permettait au Saint-Siège d'entrer dans le débat, à tel point que l'encyclique a circulé parmi les fonctionnaires de l'ONU avant la visite du pape François en 2015. En bref, il s'agissait d'une nécessité pratique, d'un désir de répondre à un défi sous les projecteurs de l'opinion publique.

Ce pragmatisme du pape François a cependant ses limites. Répondant à un défi contingent, l'encyclique est d'emblée apparue comme présentant des limites structurelles. Si l'on met de côté les questions de doctrine sociale de l'Église, les données utilisées sont en effet des données qui ne seront plus valables dans quelques années. Le récit des objectifs de développement durable des Nations unies est entré dans l'Église.

Cependant, les Nations unies modifient les objectifs de développement durable tous les ans, car ils reposent précisément sur des décisions politiques et des données relatives à la situation actuelle. De plus, ils sont parfois influencés par l'idéologie. C'est ce que le pape François dénonce comme une colonisation idéologique. Il y a donc le paradoxe d'un pape qui s'attaque à la colonisation idéologique mais qui utilise en même temps certains récits de colonisation idéologique comme authentiques et valides.

Un pragmatisme presque cynique permet à l'Église d'être au centre du débat, mais l'empêche d'être vraiment "différente" dans la discussion. Après Laudato Si, les diocèses et les structures ecclésiastiques, entre autres, se sont empressés de manifester leur attention à la création. La démonstration est pratique : on ne cesse de parler de diocèses ou d'églises locales qui ne lancent aucun projet sans impact sur l'environnement, installent des panneaux solaires et se consacrent aux énergies renouvelables, soulignant la nécessité de cesser d'utiliser les combustibles fossiles. S'agit-il de l'écologie intégrale dont parle la doctrine sociale, ou seulement d'une petite partie pratique, à évaluer avec les critères du discernement ?

Nous arrivons ici au deuxième fait : le pape François est pragmatique et utilise son magistère pour répondre aux défis de l'ici et du maintenant. L'Église sortante, après tout, est une Église hôpital de campagne, c'est-à-dire une Église qui répond aux problèmes quand ils se posent et comme ils se posent. C'est une Église en état d'urgence. Cependant, la crise ne permet pas de planifier l'avenir.

La vraie question est de savoir si nous faisons face à une telle urgence simplement parce qu'il s'agit d'une urgence ou parce que la planification de l'avenir semble trop compliquée à gérer. Le pape François a établi que les réalités sont plus importantes que les idées dans Evangelii Gaudium, et Laudato Si est un exemple pratique de cette hypothèse.

Le problème est cependant qu'une encyclique doit avoir une valeur universelle. Il est vrai que les papes, dans le passé, ont utilisé des encycliques pour répondre à des situations concrètes. Pie XII a écrit trois encycliques sur la persécution des chrétiens en Chine, et deux consacrées au problème du cardinal Mindszenty en Hongrie. Il s'agissait d'encycliques qui contenaient de vives protestations mais qui, relues aujourd'hui, s'inscrivent dans un principe universel de liberté de l'Église. En somme, une vision du monde conférait à ces encycliques, nées en réponse à des situations concrètes, une validité universelle.

Mais écrire une deuxième partie de Laudato Si, c'est admettre que Laudato Si était une encyclique qui ne répondait qu'au temps présent, qui ne donnait pas une vision du monde valable aussi pour l'avenir. Peut-être qu'une fois que l'on aura lu Laudato Si bis, toutes ces craintes seront dissipées. Mais pour l'instant, il reste crucial que le pape ait écrit une encyclique incomplète et que son achèvement ne fasse que la relier à aujourd'hui sans en donner une vision universelle.

Qu'on se le dise sans malentendu : Le pape François a sa vision universelle des choses et probablement un projet précis pour l'Église. Mais ce projet est précisément de regarder la réalité concrète et d'être là où en est le monde aujourd'hui. Le but est d'offrir une perspective, pas d'évangéliser.

D'où les phrases décontextualisées, les expressions imagées qui restent cependant génériques et ne semblent pas avoir d'explication concrète (comme les "purismes angéliques" ou le "totalitarisme du relatif", ou les "éthiques sans bonté", jusqu'au "rétrogradisme" actuel), et une décision générale de ne jamais répondre directement aux questions dans lesquelles une position claire doit être prise, comme en témoignent les nombreuses conférences de presse dans l'avion.

Cependant, le Pape a une vision précise du gouvernement, une façon encore plus grossière de prendre des décisions, et une capacité à entrer dans les situations avec une jambe droite pour que sa perspective soit la seule à être suivie. Le pape François veut un modèle d'Église à son image. Il veut que ce modèle soit compris. Pour cela, il a aussi besoin d'un vote de sympathie. C'est ainsi que ce clin d'œil au monde séculier conduit à des documents comme Laudato Si, ou ce qui pourrait en être la suite. C'est peut-être ainsi que l'Église peut avoir un impact sur le monde. Mais il y a aussi le risque inverse, à savoir que, n'ayant rien de nouveau à dire, l'Église soit condamnée à l'insignifiance.

La publication de Laudato Si bis clarifiera laquelle de ces deux voies sera empruntée.

Commentaires

  • Avec une deuxième version de "Laudato Si", le pape François donne l'impression qu'il est davantage préoccupé par les changements de structures au sein de l'Eglise et les problèmes écologiques que par les âmes qu'il faut sauver. Mais bien sûr, ce n'est qu'une impression...

  • Cette deuxième partie de Laudato Si ne peut être pertinente que si le pape s'attaque à la question de l'écologie de l'être humain. Dénoncera-t-il la théorie du genre, les pseudo-changement de sexe, le transhumanisme, les dérives très probables de l'intelligence artificielle, la fabrication d'enfants dans des éprouvettes et des utérus artificiels etc... ?

  • La théorie du genre a déjà été condamnée d'innombrables fois par le Pape François . Les articles de presse à ce sujet sont innombrables mais j'ai constaté que ceux qui n'aiment pas " Laudato si "n'aiment pas non plus les transports en commun et aiment encore toujours prendre la voiture et, ou , l'avion pour leurs déplacements.

  • Dans les années ' 50 le Pape Pie XII a écrit une encyclique sur le travail de la femme à l'extérieur du foyer. C'est une encyclique que PRATIQUEMENT PERSOONE N' A SUIVI . ( voyez Anne Christine sur ce blog) . Espérons que Laudqto Si et sa suite aient un autre destin.

  • François n'a jamais condamné expressément les interventions chimiques et chirurgicales sur les mineurs, en vue du changement de sexe. S'il l'avait fait, il aurait été férocement attaqué par tous les progressistes, soutenus par les médias. S'il l'avait fait, tout le monde le saurait ! On aurait eu droit à des attaques en justice pour transphobie ! Il est indispensable qu'il dénonce cette atteinte à la création, dans une encyclique. Au lieu de cela, il montre une complaisance suspecte et obsessionnelle envers les trans adultes et ne condamne jamais ceux qui les ont poussés dans cette voie.

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