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"Ad theologiam promovendam" : un nouveau motu proprio consacre les bases de la néo-théologie du néo-catholicisme

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Les bases de la néo-théologie du néo-catholicisme "Ad theologiam promovendam"

par Luc Perrin

2 novembre 2023

Le Pontife régnant a promulgué une réorganisation de l'Académie pontificale de théologie, après avoir radicalement transformé les institutions pour la promotion de la vie créées par saint Jean Paul II, qui n'est pas une affaire technique.

Le texte de ce Motu Prorio qui marque la mort de la théologie catholique telle que chacun l'entend, hors des néo-modernistes, et en dépit d'une référence vide de sens à l'Aquinate, s'inscrit entièrement sous les auspices de ce nouveau Père de la néo-Église, Alfred Loisy.

Le texte est court et je choisis trois numéros (sur 10) frappants qui montreront l'esprit de cette néo-théologie où la connaissance de Dieu, de la Sainte Trinité, du salut ... passe à l'arrière-plan voire aux oubliettes.

"1. Promouvoir la théologie dans l’avenir ne peut se limiter à reproposer abstraitement des formules et des schémas du passé. Appelée à interpréter prophétiquement le présent et à discerner de nouveaux itinéraires pour l’avenir, à la lumière de la Révélation, la théologie devra affronter de profondes transformations culturelles, consciente que « « ce que nous vivons n’est pas simplement une époque de changement, mais un changement d’époque» (Discours à l’Assemblée générale des Nations Unies) : « Ce que nous vivons n’est pas seulement un temps de changement, mais un changement d’époque» (Discours à la Curie romaine, 21 décembre 2013)."
(...)

3. (...) Une Église synodale, missionnaire et « sortante » ne peut correspondre qu’à une théologie « sortante ». Comme je l’ai écrit dans ma Lettre au Grand Chancelier de l’Université catholique d’Argentine, adressée aux professeurs et aux étudiants en théologie : « Ne vous contentez pas d’une théologie à table. Que votre lieu de réflexion soit les frontières. (…) Même les bons théologiens, comme les bons pasteurs, sentent le peuple et la rue et, par leur réflexion, versent de l’huile et du vin sur les blessures des hommes». Toutefois, l’ouverture au monde, à l’homme dans le concret de sa situation existentielle, avec ses problèmes, ses blessures, ses défis et ses potentialités, ne peut se réduire à une attitude « tactique », adaptant de manière extrinsèque des contenus désormais cristallisés à de nouvelles situations, mais doit pousser la théologie à une refonte épistémologique et méthodologique, comme l’indique le Proemio de la Constitution apostolique Veritatis gaudium.

4. La réflexion théologique est donc appelée à un tournant, à un changement de paradigme, à une « courageuse révolution culturelle» (Lettre encyclique Laudato si’, 114) qui l’engage avant tout à être une théologie fondamentalement contextuelle, capable de lire et d’interpréter l’Évangile dans les conditions de vie quotidienne des hommes et des femmes, dans les différents milieux géographiques, sociaux et culturels, et ayant pour archétype l’Incarnation du Logos éternel, en entrant dans la culture, la vision du monde et la tradition religieuse d’un peuple. À partir de là, la théologie ne peut que se développer en une culture de dialogue et de rencontre entre les différentes traditions et les différents savoirs, entre les différentes confessions chrétiennes et les différentes religions, se confrontant ouvertement à tous, croyants et non-croyants. Le besoin de dialogue est en effet intrinsèque à l’être humain et à toute la création, et c’est la tâche particulière de la théologie de découvrir « l’empreinte trinitaire qui fait du cosmos dans lequel nous vivons « un tissu de relations» dans lequel « il est propre à tout être vivant de tendre vers une autre chose » » (Constitution apostolique Veritatis gaudium, Proemio, 4a). "

Nous sommes immergés dans le loisysme (tout devient "contextuel" donc modifiable à volonté) et l'idée d'un mondialisme qui serait animé par une sorte de Grand architecte "une autre chose" à saveur teilhardienne* qui remplace le Dieu biblique et trinitaire et le Christ incarné.

L'article 8 impose une "méthode inductive" qui est presque l'opposé de la forme théologique des Pères de l'Église et de saint Thomas (rappelés par Vatican II comme guides de la théologie catholique au passage) et il ajoute cette phrase que le bon Alfred aurait faite sienne sans hésitation : "afin que la foi devienne culture, c’est-à-dire l’éthique sage du peuple de Dieu, une proposition de beauté humaine et humanisante pour tous." La via crucis est certainement, dans sa rudesse, révélatrice de "beauté humaine et humanisante pour tous" mais je ne pense pas que ce soit d'elle dont parle le Pontife romain. La via crucis n'a jamais été une "éthique sage" mais une folie divine, la folie qui seule ouvre la voie du Salut.

Ce petit texte, comme la lettre de mission du préfet "Tucho", condense la vision d'une "révolution culturelle" au sens de Mao Ze Dong et Lin Biao appliquée au catholicisme profondément miné de l'intérieur comme une solide poutre de chêne qui garde son apparence extérieure mais qui est dévorée par les charançons à l'intérieur.

Nous voyons déjà en Occident mais désormais en Amérique latine, en Asie et en Afrique de manière discrète les petits tas de poussière indicateurs de l'activité des vers qui rongent inlassablement. La stérilité des vocations, la déliquescence du clergé en Occident étaient des signes plus que clairs.


* Pierre Teilhard de Chardin était un fameux jésuite français.

Commentaires

  • Voilà un document supplémentaire de la déconstruction de l'Eglise par l'actuel pape.
    Depuis le décès de Benoit XVI, les coups de boutoirs s'accumulent. Le temps presse..
    La situation fait la théologie qui va bientôt disparaitre par son insignifiance car sans fondement solide. Elle commencerait aujourd'hui et du passé des Docteurs de l'Eglise et autres grands théologiens faisons table rase.
    Un théologien ligérien diplômé.

  • Je ne pense pas du tout que c'est une promotion d'Alfred Loisy que veut faire le pape ici.

    Ce n'est pas non plus une sorte d'institution d'"une théologie mouvante, où les dogmes évoluent".

    Il l'a dit dès le commencement de son pontificat :

    La théologie a deux pieds :

    1° Un pied droit stable et traditionnel (la doctrine universelle du salut), selon la méthode développée par saint Thomas d'Aquin.

    2° Un pied gauche qui, à la lumière de la doctrine, est capable de prendre des décisions adaptées au concret et de conduire l'homme à s'améliorer peu à peu. C'est la "théologie pastorale".

    Les DEUX doivent être gardées selon cette parole de Jésus :

    Jean 8, 10 Alors, se redressant, Jésus lui dit : "Femme, où sont-ils ? Personne ne t'a condamnée ?"
    Jean 8, 11 Elle dit : "Personne, Seigneur." Alors Jésus dit : "Moi non plus, je ne te condamne pas (AMOUR). Va, désormais ne pèche plus (VÉRITÉ)."

    Comme disait un théologien : "La vérité sans amour est comme un glaive. Elle peut tuer en transperçant ; L'amour sans vérité est comme une mare fongeuse. Il peut tuer car on s'y noie".

  • "Il l'a dit dès le commencement de son pontificat"
    Le problème de notre pape jésuite, c'est qu'il dit tout, mais aussi son contraire.
    Le Dicastère pour la doctrine de la foi n'étant plus là pour dire la Vérité, nous avons donc perdu le pied droit stable.
    L'Eglise, comme vous le dites, est entrée dans "une mare fongeuse" et est en passe de s'y noyer.

  • En effet, et , sur ce site notre Pape est transperçé de tous les côtés mais " l' Amour vaincra " ( frère Adrien dont je recommande les you tube)

  • L'actuel pontificat semble confirmer ce dicton : une fois qu'on a franchi les bornes, il n'y a plus de limites. Plus de limites pour déconstruire, morceau après morceau ce que l'Eglise a construit au cours des siècles et qui fut protégé par les papes successifs moyennant des ajustements mais pas une démolition systématique semblable à celle à laquelle on assiste actuellement.

  • Par le reniement de Pierre, le Christ est transpercé.

  • Il faut comprendre que Laudato Si' a pris en compte, par l'universitalité du "tout est lié", la généralisation de l'Etre de l'humain, créé (homme et femme) à l'image de Dieu. Cette généralisation dont la preuve de concept est son artificialisation naturellement banalisable en est la "tri-stance". Ce que j'exprime sous la forme d'un théorème simple : 1+1=3. C'est à dire la trisapiencité du "je" et du "tu", étendue au "nous". Scientifiquement et philosophiquement nous l'avons abordée comme le "holisme", socialement comme la "démocratie". Mais nous avons à le placer dans le contexte du Trinitaire et de Celui qui est "la Voie, la Vérité et la Vie". Ceci appelle un bougre de travail ! Engagé dans l'Eglise sous le nom de "synodalité", face à l'énorme risque ici évoqué, qui est celui des infox (le faux) dont il faut se préserver. En recherche scientifique cela correspond à l'appel à l'aide de la "recherche hors murs" évaluée par les Académies des Sciences du G7 comme le quatrième mode de recherche avec l'universitaire, l'institutionnel, et l'industriel : celui des "citoyens", des gens, et donc du Peuple de Dieu. Il ne s'agit pas de "dérive", mais que tous puissent au contraire participer à la réfutation des erreurs, de soi, d'autrui et communes, et contribuer par son travail intellectuel à l'introduction du comment prendre en compte l'"interdépendance" du matériel et de l'immatériel introduite depuis 2003 dans l'internationalité de nos droits (UNESCO).

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