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Réforme du conclave : de forts risques de manipulation sur les candidats ?

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Du Messaggero (Franca Giansoldati) :

Vatican, l'hypothèse d'une réforme du conclave et ceux qui entrevoient de forts risques de manipulation sur les candidats : voici pourquoi

27 février 2024

Le pape François va-t-il réformer le conclave ? La rumeur d'une possible modification substantielle des règles d'élection du nouveau pape revient dans l'actualité, mais cette fois-ci, elle n'est pas avancée par des sites et des blogs (bien informés) à tendance conservatrice. En l'occurrence, l'hypothèse est abordée par l'élève préféré d'Alberigo, Alberto Melloni, historien du christianisme et auteur de nombreux ouvrages sur les papes, qui met surtout l'accent sur les risques considérables encourus par le collège électoral à l'heure de l'IA et des algorithmes comme base de détermination des comportements, malgré l'attention croissante des puissances néo-impérialistes pour orienter, manipuler et influencer l'Église catholique du futur, qui, note Melloni, "constitue un antagoniste naturel et un obstacle objectif" aux desseins de puissance de tant de souverainismes, dans une géopolitique de plus en plus traversée par des conflits généralisés et par le déclin rapide du multilatéralisme.

"L'Église de Rome représente une réalité par nature désarmée mais globale, avec une emprise qui, même réduite par les processus de sécularisation et pas encore adaptée à la société post-séculaire, reste en termes quantitatifs et qualitatifs incomparable à d'autres univers, comme l'univers sunnite, dans lequel se sont enracinées des pulsions terroristes qui nécessitent des temps d'éradication très longs et des élaborations théologiques de cohésion encore embryonnaires aujourd'hui", note Melloni dans la revue Il Mulino.

Aujourd'hui, en effet, il est possible d'influencer l'élection d'un candidat ou d'un autre par des opérations d'information basées sur le scandale des abus sexuels. De cette manière, même d'excellents candidats peuvent être décrédibilisés. Selon l'historien, des précautions doivent donc être prises pour assurer l'élection de cardinaux qui ne puissent pas faire l'objet de chantage. Il est regrettable que le système électoral actuel contenu dans la constitution Universi Dominici Gregis conduise à la formation de majorités autour du cardinal qui apparaît comme le favori lors des deux premiers tours de scrutin. Les élections papales de 2005 et 2013 en sont la preuve : elles ont duré à peine un jour et demi. Une durée aussi courte introduit cependant une marge de risque élevée avec ces risques de base. Melloni a donc suggéré de changer les règles électorales en introduisant toujours une journée entière de réflexion et de discussion entre les candidats après les scrutins, afin d'alléger la pression médiatique sur le conclave et de "décompresser la tendance des médias à dépeindre le conclave avec les teintes d'une primaire américaine, faite d'astuces, de négations et de constructions idéologiques".

"Enfin, un allongement du temps permettrait de scinder "l'acceptasne" en deux : lorsqu'un scrutin se termine et qu'un cardinal a obtenu plus des deux tiers des voix, on lui demande publiquement s'il accepte l'élection faite canoniquement ("acceptasne electionem de te canonice factam in Summum Pontificem ??", précisément) et ensuite le nom ; dans un conclave lent, l'élu pourrait disposer d'un temps plus long, même d'une nuit, pour décider et, le cas échéant, se concerter. En outre, la personne finalement élue à la majorité des deux tiers devrait disposer d'une journée entière pour réfléchir et délibérer afin de prendre une décision réfléchie quant à l'acceptation de l'élection", peut-on lire dans le document.

Au cours des derniers mois, on a appris que le pape avait mis la main sur la constitution Universi Dominici Gregis pour modifier les congrégations générales, les réunions qui précèdent le conclave, et qu'elles pourraient se dérouler non pas avec de nombreuses interventions comme par le passé, mais à la manière de petits groupes de travail, comme cela s'est produit lors du dernier synode, de manière à contenir les voix dissidentes. En outre, le bruit a couru que les cardinaux âgés de plus de 80 ans seraient exclus des congrégations générales et que d'autres figures de référence pour l'Église (par exemple des religieuses ou des laïcs de grande renommée) seraient introduites. L'hypothèse a toutefois été démentie par le plus haut juriste du Vatican, le cardinal Ghirlanda, qui a coupé court en déclarant qu'il n'avait jamais entendu parler d'une telle chose. Le pape François, quant à lui, avait également démenti les informations faisant état d'une éventuelle nouvelle en cours. "Le pape est choisi par les évêques parce qu'il est évêque d'un diocèse, il est évêque de Rome", avait-il expliqué dans le livre-entretien avec les journalistes Francesca Ambrogetti et Sergio Rubin : "L'important est donc que les électeurs soient des évêques, pas des cardinaux. En fait, je pourrais promulguer un décret modifiant les conditions d'accès au conclave et permettre à un évêque qui n'est pas cardinal d'y participer. D'un point de vue dogmatique, il n'y aurait aucun problème. Mais il est clair que si une femme ne peut pas accéder à la prêtrise, elle ne peut pas non plus accéder à l'épiscopat".

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