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« Identitaire » : la nouvelle invective facile ?

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D'Elisabeth Geffroy sur le site de La Nef  (décembre 2024):

« Certaines plumes et certaines voix semblent en ce moment trouver un « identitaire » derrière chaque pierre. Les catholiques ne font pas exception, et les « catholiques identitaires » sont de plus en plus pointés du doigt. Or d’une part le recours excessif à cet épithète manifeste une paresse intellectuelle qui fait obstacle à l’exercice normal de la pensée et à la tenue honnête du débat politique. D’autre part, l’urgence devrait être à sauver cet adjectif plutôt qu’à le salir, et à redonner aux « identités » leur lettres de noblesse et leur rôle social.

Il en va des insultes comme des tables basses ou des chapeaux : elles sont sujettes à certains effets de mode, et il est plus ou moins plaisant de les regarder défiler. Nous sommes actuellement les témoins quelque peu désabusés de la percée opérée par un nouveau favori : « identitaire ». L’épithète peut être fier, il est devenu incontournable, et certains esprits peinent désormais à écrire plus de cinq lignes d’éditorial ou de chronique sans recourir à lui pour qualifier l’adversaire identifié. Certains catholiques se sont empressés de transposer cette invective dans leur champ propre, guettant partout les « catholiques identitaires ». Le couperet tombe vite, et chacun mettra le curseur où il le veut – c’est là un privilège des termes mal définis. Plus important, plus révélateur que le sens véritable du mot, est son usage. La magie du terme réside dans son double effet simultané. En reléguant un interlocuteur dans les ténèbres identitaires, vous faites d’une pierre deux coups : d’une part, vous le marquez d’un sceau d’infamie et le sortez du cercle de la raison et de la respectabilité, d’autre part, et c’est tout l’enjeu, vous vous mettez à distance de lui et envoyez un signal très clair, qui manifeste votre propre appartenance à l’honorabilité intellectuelle et politique. En un seul mot, vous compromettez votre adversaire tout en vous mettant à l’abri du soupçon. Notons que ce manège est rarement l’indice d’un esprit libre et courageux.

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