De sur il Giornale :
La déception italienne. Le favori Parolin s'est retrouvé sans voix en Afrique et en Asie. Les décisions pré-conclave et la « direction » de Dolan
Le secrétaire d’État est arrivé avec un paquet de 40 à 50 voix, mais la moitié du monde regardait ailleurs. Le cardinal conservateur américain, le véritable faiseur de rois
Et ce mot, « trouble », avait été compris comme un présage. Ça ne s'est pas passé comme ça. Parolin est le grand perdant, même s’il est difficile de dire comment s’est produit le tournant que peu attendaient. Certains émettent l'hypothèse que Prévost était déjà apparu lors des congrégations générales, les réunions entre les cardinaux qui occupaient le sacré collège après les funérailles de François. Il y a probablement une part de vérité dans cette analyse. Après tout, le pré-conclave a toujours une grande importance. C’est d’autant plus vrai cette fois-ci, que de nombreux cardinaux connaissent à peine le nom de leurs collègues.
Nuances décisives. Comme l'activisme de l'archevêque de New York Timothy Dolan qui a joué le faiseur de rois, en se concentrant d'emblée sur cette figure atypique, au carrefour de différentes cultures : un père d'origine française et italienne, une mère espagnole. Et puis la dimension missionnaire, mais sans perdre ses racines aux USA.
Dolan, selon de nombreux observateurs, a réussi à attirer des électeurs d'Amérique du Nord et du Sud, en particulier des électeurs anglophones, ou plutôt liés au Commonwealth, bref à l'ancien Empire britannique, de l'Afrique du Sud à l'Inde et aux îles Tonga.
Parolin avait un certain nombre de voix, dit-on entre quarante et cinquante, mais pas encore suffisant pour atteindre le quorum. Le problème est que lors du premier vote, on a découvert qu’un autre candidat, Prévost lui-même, avait capté de nombreux votes dans l’ombre. Les bergogliens se sont présentés divisés en différents groupes et n'ont pas su proposer d'alternative : par exemple, le très estimé Français Jean-Marc Aveline ou le Maltais Mario Grech.
Pierbattista Pizzaballa, originaire de Jérusalem, l'une des régions les plus chaudes de la planète, était également hors-jeu et a donc été jugé inévitablement trop politique.
Il est impossible de savoir ce qui s’est passé dans la chapelle Sixtine. Après le premier vote, quelque chose a dû se produire parmi les cardinaux, notamment africains et asiatiques.
Ils ont dû voir en Prévost, qui était lui aussi très estimé à Rome, non pas le principal représentant de la première puissance mondiale, mais la meilleure expression d'un Occident qui ne se prélasse pas dans le miroir mais est capable de se lancer au-delà de ses propres limites.
Il se peut aussi, comme l'a noté l'agence Ansa, que Parolin ait été plombé par l'accord secret et controversé conclu avec le gouvernement de Pékin.
Quelque chose s'est mal passé, le candidat le plus probable a quitté le conclave, selon la tradition, exactement comme il était entré.
Des rumeurs courent selon lesquelles le cardinal de Vicence aurait conclu un accord, une sorte de ticket, avec le Philippin Luis Tagle. Un autre presque favori de la veille.
Mais au moment crucial, l’accord n’a pas tenu. Et Robert Prévost devient le pape du Premier Monde élu par les cardinaux du Tiers Monde.
Un chef-d’œuvre politique, mais aussi un signe de l’extraordinaire imprévisibilité de l’Esprit qui souffle où il veut. Jetant toutes les prédictions à l’eau de rose.