De Niwa Limbu sur le Catholic Herald :
30 novembre 2025
Que penser de la déclaration commune du pape Léon XIV et du patriarche Bartholomée ?
Le pape Léon XIV et le patriarche œcuménique Bartholomée ont publié aujourd'hui une déclaration commune historique du Phanar, appelant à la pleine communion entre « nos Églises sœurs ».
Dans une déclaration qui rassemble les 300 millions d'orthodoxes et les 1,4 milliard de catholiques du monde entier, les deux prélats ont exprimé l'espoir que les deux Églises puissent un jour partager la prière d'unité prononcée par Jésus dans Jean 17:20 lorsqu'il demande : « Que tous soient un, comme toi en moi et comme je suis en toi. »
Ils se sont également engagés dans un dialogue théologique soutenu visant à surmonter les « obstacles qui empêchent le rétablissement de la pleine communion », et ont appelé à des « mesures nouvelles et courageuses » dans cette direction.
Surtout, ils ont également abordé la question de longue date de la date de Pâques, affirmant leur « désir commun de poursuivre le processus de recherche d'une solution possible pour célébrer ensemble chaque année la Fête des Fêtes », signalant ainsi leur intention de réexaminer les calendriers distincts qui ont historiquement maintenu l'Orient et l'Occident séparés.
Ce n'est pas la première fois que de telles aspirations se manifestent. L'utilisation de différentes dates de Pâques, le calendrier grégorien occidental et le calendrier orthodoxe julien, explique depuis longtemps pourquoi Pâques est célébrée sur des dimanches différents. Les érudits soulignent que le recours persistant des orthodoxes à l'équinoxe de printemps julien, astronomiquement inexact, demeure un obstacle majeur.
Le moment choisi pour cette déclaration est significatif. Les deux Églises ont invoqué le 1700e anniversaire du concile de Nicée et le 60e anniversaire de la levée des anathèmes de 1054, utilisant ces dates marquantes pour souligner ce qui les unissait autrefois : la clarté doctrinale, une confession de foi commune et une identité chrétienne partagée.
Le problème de fond de cette déclaration ne réside ni dans la date de Pâques, ni dans l’invocation diplomatique des « Églises sœurs ». Il s’agit de savoir si l’Église catholique peut rechercher l’unité sans diluer les vérités qui lui donnent tout son sens, principes déjà clairement énoncés dans des articles précédents.
La réconciliation ecclésiale ne saurait se fonder sur l’ambiguïté. L’Église existe pour enseigner la vérité révélée, non pour la modérer ou la négocier. L’unité véritable ne peut être atteinte en s’adaptant à l’esprit du temps ; elle doit naître de la fidélité au dépôt de la foi.
Leur déclaration affirmait la continuité avec des décennies d'œcuménisme diplomatique, certes plein d'espoir mais souvent vague. Bartholomée et Léon XIV ont réitéré leur désir de poursuivre « le rétablissement de la pleine communion », invitant les fidèles à méditer sur la prière du Seigneur « afin que tous soient un », et notant que, par coïncidence, l'Orient et l'Occident partagent la même date de Pâques en 2025.
Ils ont invoqué la nécessité de relever ensemble « les défis de notre époque ». Et pourtant, des tensions de longue date persistent : le rejet orthodoxe de la primauté papale telle que définie par Vatican I, les divergences dans la discipline sacramentelle et l'utilisation continue par les orthodoxes du paschalion julien, qui rend mathématiquement impossible une date commune permanente pour Pâques.
Ces obstacles sont réels. Ils sont doctrinaux et ne constituent pas de simples griefs historiques qui peuvent être résolus par la politesse ou la bonne volonté.
Les catholiques doivent y répondre avec gratitude et vigilance. Gratitude, car la charité envers nos frères séparés est toujours bonne ; vigilance, car la chaleur peut obscurcir la clarté théologique. Le pape est le gardien de la doctrine, et non son compilateur, et l'unité doit suivre la conversion, et non la concession.
L'unité est souhaitable, mais l'unité fondée sur la vérité est la seule unité réelle. Lorsque la doctrine est oubliée, le Christ lui-même est oublié. La chrétienté ne sera pas sauvée par la diplomatie, mais par la vérité révélée à laquelle seule l'Église reste attachée.