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  • Nouveau cardinal, Matteo Zuppi est un ”fervent défenseur des droits LGBT+”

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    Du site TETU, site LGBT :

    Matteo Zuppi, un nouveau cardinal pro-LGBT+ à Rome

    Matteo Zuppi, un archevêque italien pro-LGBT+, a été promu cardinal de l’Église catholique romaine. Une première au sein du Vatican.

    Il semblerait que l’Eglise se modernise un peu plus. Dimanche 1er septembre, le pape François a annoncé que 10 nouveaux cardinaux  allaient promus, le 5 octobre prochain. Ce rang religieux confère une grande influence dans l’Eglise et, pour les moins de 80 ans, le pouvoir de voter pour le prochain pape si l’actuel venait à se retirer ou mourir. Parmi les 10 membres du Haut Clergé, plusieurs sont portés sur les questions LGBT+ dont Mgr Matteo Zuppi.

    Un cardinal supporter de la communauté LGBT+

    En tant qu’archevêque de Bologne, Matteo Zuppi était connu pour ses nombreux plaidoyers en faveur de la question migratoire et s’est maintes fois confronté à la politique de Matteo Salvini. L’homme d’église s’est également toujours positionné comme un fervent défenseur des droits LGBT+. En 2017, il avait écrit l’avant-propos dans l’édition italienne du livre du Révérend américain, James Martin : “Building a Bridge: How the Catholic Church and the LGBT Community Can Enter Into a Relationship of Respect, Compassion, and Sensitivity” (Construire un Pont : Comment l’Eglise Catholique et la communauté LGBT peuvent entrer dans une relation de Respect, Compassion et Sensibilité).

    “L’intention de ce livre est d’aider les pasteurs à développer une attitude de compréhension, ainsi qu’une capacité d’accompagnement, envers leurs frères et soeurs homosexuels”, a t-il écrit en avant-propos. « Et aussi l’inverse, parce qu’il y a aussi la tentation miroir de se fermer ou d’adopter des positions idéologiques. … L’ouvrage du père Martin, l’une des premières tentatives à cet égard, est utile pour encourager le dialogue, ainsi que la connaissance et la compréhension réciproques, dans la perspective d’une nouvelle attitude pastorale que nous devons rechercher avec nos frères et sœurs L.G.B.T. » Le cardinal n’hésite pas à approuver le “gradualisme” lorsqu’il s’agit d’appréhender les questions LGBT+

    « Un beau signe de paix«

    Sa nomination prochaine au poste de cardinal a été accueillie avec joie et fierté par de nombreuses personnalités religieuses et politiques. Monica Cirinna, sénatrice du Parti démocrate italien, annonce « un besoin pastoral pour les catholiques homosexuels […] cela concerne beaucoup de personnes qui ont besoin d’être vues dans diverses situations » et un « beau signe de paix » à venir. Il s’agit de l’une des premières signataires en faveurs de la loi autorisant l’union entre deux personnes du même sexe en Italie.

    James Martin, l’auteur de “Building a Bridge: How the Catholic Church and the LGBT Community Can Enter Into a Relationship of Respect, Compassion, and Sensitivity” s’est également réjoui de la nouvelle sur Twitter assurant que Matteo Zuppi était un « grand supporter des catholiques LGBT« . 

    New Ways Ministry, une association américaine de défense pour les catholiques LGBT+ a également célébré la nouvelle de la promotion de Zuppi mais également de trois autres archévêques, portés également sur la question LGBT+ : l’archevêque Jean-Claude Hollerich de Luxembourg, qui avait insisté auprès de l’Eglise à ne pas faire de rapport entre « homosexualité » et « pédophilie » ; le révérend Michael Czerny, un prêtre canadien qui a rencontré des groupes LGBT+ pour discuter de la dépénalisation de l’homosexualité dans le monde et a créé une association pour les personnes atteintes du sida en Afrique ; et l’archevêque José Tolentino Medonca, archiviste et bibliothécaire du Vatican, qui « a positivement parlé des associations LGBT+ dès 2010« , selon New Ways.

    L’Eglise catholique de droite flagelle Matteo Zuppi

    D’un autre côté, on n’accepte pas la nouvelle aussi bien. Le site internet américain, The Church Militant, n’hésite pas à traiter  Zuppi « d’homosexualiste » qui aurait contribué à faire de l’archidiocèse bolognais « un foyer de politique de gauche et d’activisme LGBT« . Crisis Magazine, quant à lui, accuse Matteo Zuppi de s’être allié avec « l’infâme » James Martin. Le magazine considère également que la nomination de Zuppi se base bien plus sur la loyauté qu’il doit au Pape plutôt qu’à son mérite.

    Il s’agit bien d’une première que d’avoir un membre du Haut-clergé publiquement engagé en faveur de la communauté LGBT. Mais reste à voir si Matteo Zuppi saura défendre ses convictions avec la même ferveur une fois qu’il portera la calotte rouge, à partir du 5 octobre prochain.

  • Tagle, Zuppi, Parolin... : l'échiquier du prochain conclave se précise

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    Du vaticaniste Sandro Magister (Settimo Cielo) en traduction française sur le site diakonos.be :

    Répétition en vue du conclave. Le prochain Pape prendra le nom de Sant’Egidio

    Deux décisions récentes du pape François ont attiré l’attention sur le prochain conclave qui élira son successeur. Et sur le nom des candidats en lice.

    La première, communiquée le 25 novembre par le directeur de la salle de presse du Vatican, c’est le congé accordé par le Pape a son secrétaire personnel, l’argentin Fabián Pedacchio Leániz, 55 ans, nommé depuis 2007 à la Congrégation pour les évêques.

    Mgr Pedacchio, qui était le secrétaire personnel de François depuis 2013, retournera travailler à temps plein à la Congrégation, où il avait par ailleurs continué à jouer un rôle important de par sa proximité avec le Pape, et où il est prévisible qu’il montera prochainement en grade, avec probablement une ordination épiscopale à la clé.

    Qu’un pape mette à l’abri son secrétaire personnel en prévision des contrecoups de la succession, c’est un grand classique au Vatican, et Jorge Mario Bergoglio a jugé bon d’y procéder sans plus tarder.

    La seconde décision, rendue publique dimanche 8 décembre, c’est le rappel à Rome du cardinal philippin Luis Antonio Gokim Tagle, comme nouveau préfet de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples. Âgé de 62 ans, le cardinal est archevêque de Manille depuis 2011 et président de Caritas International depuis 2015.

    Pour lui faire de la place à la tête de « Propaganda Fide », François a éjecté son prédécesseur, le cardinal Fernando Filoni, malgré que ce dernier, à 73 ans, n’était ni atteint par la limite d’âge ni en fin de mandat, ce dernier étant censé courir jusqu’en 2021.

    Quant à Mgr Filoni, le pape lui a conféré la charge plus honorifique qu’autre chose de Grand Maître de l’Ordre Équestre du Saint-Sépulcre de Jérusalem. Le peu d’estime qu’à François à son égard tient à la proximité du cardinal avec Chemin néocatéchuménal, un mouvement auquel le Pape est visiblement allergique, et surtout aux réserves exprimées par Filoni, dans deux interviews à « L’Osservatore Romano » et à Vatican News, sur l’accord secret signé le 22 septembre 2018 entre le Saint-Siège et la Chine, fortement souhaité par le Pape.

    *

    À ces deux décisions viennent également s’ajouter, toujours en perspective d’un futur conclave, la lassitude de François face à la résistance opposée par l’actuel président de la Conférence épiscopale italienne, le cardinal Gualtiero Bassetti, à l’idée – pourtant très chère au Pape – de de convoquer un synode de l’Église italienne.

    On trouvera un dernier signe de cette lassitude dans le discours improvisé par François le 6 décembre aux jésuites de la revue « Aggiornamenti Sociali ». En remerciant plus particulièrement le vieux père Bartolomeo Sorge, le Pape a déclaré avoir « lu il y a peu de temps quelque chose d’une clarté à faire trembler, peut-être pas la politique italienne, mais certainement l’Église italienne ».

    À quoi le pape faisait-il allusion ? Ce n’était alors pas très clair. Mais quelques minutes plus tard, un tweet du Père Antonio Spadaro, le directeur de « La Civiltà Cattolica » et intime du pape Bergoglio, a levé un le voile sur ce mystère en renvoyant à l’article d’ouverture du cahier du 21 septembre 2019 de sa revue, rédigé par Sorge et intitulé : « Un ‘probable’ Synode de l’Église italienne ? Du 1er rassemblement ecclésial de 1976 à aujourd’hui ».

    Cet article rappelait précisément l’urgence de reprendre en Italie le « chemin interrompu » il y a bien longtemps en 1976 en convoquant finalement ce synode national que le Pape François veut à tout prix – contrairement à ses prédécesseurs – mais auquel la Conférence épiscopale italienne persiste à faire la sourde oreille.

    Avec pour conséquence que la présidence – décidée par le Pape – du cardinal Bassetti est de plus en plus menacée. Son quinquennat viendrait à échéance en 2022. Mais le cardinal approche également des 78 ans, soit trois ans de plus que la limite des 75 ans après lequel un n’évêque ne reste en fonction que si le Pape ne l’autorise.

    Et qui François nommera-t-il à la tête de la CEI, une fois qu’il aura renvoyé Bassetti ? Il est facile à prévoir qu’il s’agira de l’actuel archevêque de Bologne, le cardinal Matteo Zuppi.

    Et on se remet à penser à un futur conclave. À l’heure actuelle, au moins six candidats seraient en lice, mais un seul d’entre eux semble avoir une chance d’être élu.

    Marc Ouellet, Christoph Schönborn

    Deux des six candidats sont des habitués et étaient déjà en lice lors des conclaves précédents.

    Marc Ouellet, 75 ans, canadien, Préfet de la Congrégation pour les évêques, a été parmi les plus plébiscités au cours des deux scrutins du conclave de 2013, avant d’être dépassé par Bergoglio, et il jouit aujourd’hui d’une réputation de fidélité au Pape régnant mais aussi de défenseur de l’orthodoxie.

    Christoph Schönborn, 75 ans, autrichien, a quant a lui été davantage plébiscité par les médias qu’à l’intérieur de la Chapelle Sixtine, mais il s’est également bâti au cours de ce pontificat un profil de faiseur d’accords entre modérés et progressistes, particulièrement pendant les deux turbulents synodes sur la famille.

    Tous deux pourraient donc attirer à eux les votes d’une frange assez large de cardinaux électeurs.

    Toutefois, l’un comme l’autre semblent bien loin de pouvoir recueillir le consensus élevé – les deux tiers des votes – nécessaire pour l’élection. Ils appartiennent tous deux à une aristocratie de cardinaux qui se retrouve aujourd’hui noyés dans une masse, désormais majoritaire, de ceux qui ont été créés cardinaux par le Pape François, en grande partie des hommes de périphérie, qui ne se connaissent pas entre eux, d’instruction modeste et dotés de peu d’expérience dans des diocèses de second ordre, donc davantage influençables par de petits lobbys aguerris que par les discours érudits de cardinaux d’une génération passée, quand bien même seraient-ils les élèves peu fidèles, comme le jeune Schönborn, de Joseph Ratzinger, quand il était professeur de théologie.

    Robert Sarah

    Le profil du cardinal Robert Sarah est quant à lui plus tranché. À 74 ans, le cardinal guinéen est Préfet de la Congrégation pour le culte divin depuis 2014. Avec lui, on a le premier véritable candidat à la papauté provenant d’Afrique noire de toute l’histoire de l’Église.

    Sa biographie est plus que respectable. Témoin irréductible de la foi catholique sous le régime marxiste sanguinaire de Sékou Touré, il n’a échappé à l’exécution que grâce à la mort inopinée du tyran en 1984. Il a grandi dans la savane mais a suivi des études prestigieuses en France et à Jérusalem, a été créé évêque à 33 ans seulement par Paul VI, a été appelé à Rome par Jean-Paul II où il a été maintenu par Benoît XVI avec lequel il est encore totalement en accord.

    Ce qui a fait connaître le cardinal Sarah au monde, ce sont trois livres traduits en plusieurs langues : « Dieu ou rien » de 2015, « La force du silence » de 2017 et « Le soir approche et déjà le jour baisse » de 2019. Il y a un gouffre entre sa vision de la mission de l’Église et celle du pape jésuite, aussi bien sur le fond que sur la forme. Pour le cardinal Sarah, comme déjà pour Ratzinger, la priorité absolue est d’apporter Dieu au cœur de la civilisation, surtout là où sa présence s’est estompée.

    Pour ceux qui s’opposent au Pape François au nom de la grande tradition de l’Église, c’est donc lui le candidat idéal. Mais dans un collège cardinalice dont plus de la moitié des membres ont été nommés par le pape Bergoglio, il est inimaginable qu’il atteigne les deux tiers des votes nécessaires pour être élu. Tout au plus en obtiendra-t-il quelques dizaines au premier tour, pour la forme.

    Pietro Parolin

    La candidature du cardinal Pietro Parolin quant à elle n’est pas seulement symbolique, elle est bien réelle. À 64 ans, le cardinal italien issu de diocèse de Vicenza est depuis 2013 le Secrétaire d’État.

    Il faut remonter au conclave de 1963 et à l’élection papale de Paul VI pour trouver un ecclésiastique issu du sérail de la Curie vaticane et doté compétences de gouvernement reconnues, après un pontificat tel que celui de Jean XXIII qui avait lancé un concile qui était cependant dans la tourmente qui n’avait encore produit aucun document. Paul VI a réussi dans cette entreprise, avant de finir de injustement dans le livre noir de ceux qui ont été accusés de trahir la révolution.

    Aujourd’hui, un certain nombre de cardinaux verraient bien confier à Parolin la tâche de remettre sur la bonne voie le paquebot de l’Église après la tempête créée par le Pape François et de corriger les dérives sans trahir son esprit. Certains voient culminer en lui la trempe d’un diplomate et l’étoffe d’un pasteur, un profil qu’il se plaît à cultiver en alternant les tâches propres d’un secrétaire d’État à celles du soin des âmes, dans un agenda déjà archi-rempli de messes, d’homélies, de conférences, de voyages, de visites et de rencontres.

    Il faut cependant bien noter que depuis au moins un an, le consensus autour de la candidature de Parolin n’est pas en croissance mais plutôt en déclin. Au pied du mur, ses capacités à endiguer et à équilibrer l’état de confusion induit dans l’Église par le pontificat de François ont été jugées trop modestes. Et même comme diplomate, on lui reconnaît plus d’insuccès de que de succès. La Chine joue désormais contre lui comme un pari perdu.

    Luis Antonio Gokim Tagle

    Les chances du cardinal Luis Antonio Gokim Tagle sont quant à elle en croissance. Philippin né d’une mère chinoise, il a poursuivi des études de théologie et d’histoire de l’Église aux États-Unis.

    Tagle est le dauphin du pape François, le successeur qu’il porte « dans son cœur ». En le nommant président de « Propaganda Fide », il lui a confié le gouvernement d’une partie de l’Amérique latine, de quasi toute l’Afrique, de presque toute l’Asie sauf les Philippines et de l’Océanie à l’exception de l’Australie, c’est-à-dire précisément cette immense périphérie de l’Église si chère au pape Bergoglio.

    Mais le pape François avait déjà œuvré par le passé pour renforcer la stature internationale de sa pupille. Il l’a appelé à présider le synode sur la famille. Et en avril 2016, dès la sortie de l’exhortation « Amoris laetitia » dans laquelle le Pape ouvrait la communion aux divorcés-remariés, Tagle fut le premier des évêques du monde entier à en donner l’interprétation la plus extensive.

    À tous ceux qui objectaient que le magistère liquide du Pape François suscitait plus de doutes que de certitudes, il répondait que « c’était bien d’être confus de temps en temps, parce que si les choses étaient toujours claires, alors ce ne serait plus la vraie vie ».

    Le cardinal Tagle a une idée très précise du parcours de l’Église à l’époque actuelle : avec le Concile Vatican II, l’Église a rompu avec le passé et a marqué un nouveau départ. C’est la thèse historiographique de ce qu’on appelle « l’école de Bologne », fondée par don Giuseppe Dossetti, aujourd’hui dirigée par le professeur Alberto Melloni, et à laquelle Tagle appartient. C’est lui qui a signé l’un des chapitres-clés de l’histoire du Concile la plus lue au monde – celle qui a été produite par « l’école de Bologne » – le chapitre sur la « semaine noire » de l’automne 1964. Aux antipodes de l’interprétation du Concile donnée par Benoit XVI qui, magnanime, a tout de même créé Tagle cardinal en 2012.

    À l’issue du synode des jeunes de 2018, Tagle a été le premier élu pour l’Asie au conseil préparatoire du synode suivant. Signe du large consensus qu’il recueillait déjà. François lui a ensuite confié un rapport introductif au sommet sur les abus sexuels de janvier 2019 au Vatican, un autre événement à portée mondiale.

    Par contre, de là à ce que Tagle soit également élu Pape demain, il y a de la marge. Il est trop proche du pape Bergoglio pour ne pas faire les frais des multiples rancœurs contre le pontificat actuel qui feront inévitablement surface lors d’un futur conclave. Et puis il y a l’obstacle de l’âge. Tagle a 62 ans et il pourrait donc régner longtemps, trop longtemps pour qu’on ose miser sur lui.

    Matteo Zuppi

    Matteo Zuppi a lui aussi été élu au conseil post-synodale de 2018. Signe d’une carrure internationale déjà reconnue, malgré le fait qu’il ne soit archevêque de Bologne que depuis trois ans et qu’il n’était pas encore cardinal, ce à quoi François a remédié le 5 octobre 2018.

    Il doit depuis un certain temps sa notoriété et son prestige à un élément important de sa biographie. Pas tellement le fait qu’il soit le petit-neveu d’un cardinal, Carlo Confalonieri (1893-1986) qui a notamment été secrétaire du pape Pie XI, mais plutôt le fait qu’il soit le cofondateur de la Communauté de Sant’Egidio, indiscutablement le lobby catholique le plus puissant et le plus influent de ces dernières décennies au niveau mondial.

    En tant qu’assistant ecclésiastique général de la Communauté de Sant’Egidio et curé jusqu’en 2010 de la basilique romaine de Sainte-Marie-du-Trastevere, en plus d’être évêque auxiliaire de Rome depuis la même année, Mgr Zuppi s’est retrouvé au centre d’un réseau sans égal de personnes et d’événements à une échelle planétaire, aussi bien religieuse que géopolitique, allant des accords de paix au Mozambique des années 1990-92 aux rencontres interreligieuses d’Assise en passant par les « corridors humanitaires » pour les immigrés d’Afrique et d’Asie vers l’Europe.

    Avec une très grande habileté, la Communauté de Sant-Egidio a également parfaitement su s’adapter aux lignes de gouvernement de chacun des derniers pontificats, celui de Jean-Paul II, de Benoît XVI et de François. Mais c’est surtout avec ce dernier qu’elle a atteint son apogée, avec Vincenzo Paglia à la tête des instituts du Vatican pour la vie et la famille, avec Matteo Bruni à la tête de la salle de presse et surtout avec le cardinal Zuppi comme archevêque de Bologne et en passe de devenir le président de la Conférence épiscopale italienne.

    De là à son élection comme Pape – pas trop vite, dans quelques années – rien n’est certain mais ce serait sérieusement dans l’ordre des choses. Surtout avec un collège de cardinaux électeurs désordonné et indécis et donc facilement influençable par un lobby cette fois non pas composé de cardinaux – comme la légendaire « mafia » de Saint-Gall qui a favorisé l’élection du pape Bergoglio – mais un lobby autrement plus influent et déterminant qui a pour nom Communauté de Sant’Egidio.

    Un documentaire télévisé sur lui est déjà prêt, il s’intitule : « L’Évangile selon Matteo Z. ». En voici la bande-annonce, sur celui qui sera peut-être le prochain pape :

    > Zuppi, l’évêque des rues

    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso.

  • Doute et perplexité autour de la mission de paix du cardinal Zuppi

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    De Luke Coppen sur The Pillar :

    Le cardinal Zuppi est un homme en mission. Mais quelle est cette mission ?

    8 juin 2023

    Le doute et la perplexité ont entouré la mission de paix du Vatican en Ukraine depuis que le pape François l'a annoncée de manière voilée lors d'une conférence de presse en vol.


    Le cardinal Matteo Zuppi, archevêque de Bologne et président de la conférence épiscopale italienne. Capture d'écran de la chaîne YouTube 12Porte.

    S'exprimant lors d'un vol retour entre Rome et la Hongrie le 30 avril, le pape a répété qu'il était "prêt à faire tout ce qui doit être fait" pour mettre fin à l'effusion de sang. "En ce moment même, une mission est en cours, mais elle n'est pas encore publique, nous verrons... Une fois qu'elle sera rendue publique, j'en parlerai", a-t-il déclaré.

    Depuis ce moment-là, bien sûr, la mission a été rendue publique. Les journalistes se sont précipités pour découvrir les détails, tandis que les responsables ukrainiens et russes se sont creusé la tête. Le cardinal Pietro Parolin, haut diplomate du Vatican, s'est retrouvé dans l'étrange position d'insister sur l'existence de la mission sans être en mesure d'expliquer ce qu'elle était.

    Près de trois semaines se sont écoulées, au cours desquelles le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy a rendu visite au pape François au Vatican et a déclaré à la télévision publique italienne que seul son plan en dix points constituait une base viable pour la paix.

    Les médias catholiques italiens ont alors semblé faire une percée : Le pape François nommait deux émissaires, le président de la conférence épiscopale italienne, le cardinal Matteo Zuppi, et l'archevêque du Vatican, Claudio Gugerotti.  

    Mgr Zuppi, un vétéran de la construction de la paix étroitement associé à la Communauté de Sant'Egidio, serait envoyé à Kiev, tandis que Mgr Gugerotti, qui a précédemment occupé le poste de nonce apostolique en Biélorussie et en Ukraine, serait dépêché à Moscou.

    Mgr Gugerotti, préfet du dicastère pour les Églises orientales, a rapidement pris ses distances par rapport à ces informations.

    Alors que les commentateurs se demandaient si la mission de paix n'était pas un mirage, le bureau de presse du Saint-Siège a annoncé que le pape avait choisi un seul envoyé de paix. Il s'agit du cardinal Zuppi.

    Profil d'un artisan de la paix

    Il n'est pas difficile de comprendre pourquoi François a choisi Zuppi. Âgé de 67 ans, l'archevêque de Bologne possède une expérience impressionnante en matière de rétablissement de la paix. Il a été l'un des médiateurs de l'accord général de paix pour le Mozambique, signé à Rome en 1992. Cet accord a mis fin à la guerre civile mozambicaine, qui faisait rage dans ce pays d'Afrique australe depuis 1977 et qui a coûté la vie à environ un million de personnes. 

    L'accord, qui a obtenu un score de mise en œuvre élevé au cours de la décennie qui a suivi, a été obtenu de haute lutte. Dans une interview accordée en 2021, Mgr Zuppi a rappelé que les médiateurs ont d'abord eu du mal à "comprendre qui étaient les interlocuteurs des différentes parties". Ils se sont ensuite engagés dans un processus de négociation délicat, qui a duré deux ans et demi et s'est achevé par l'accord.

    Mgr Zuppi a également participé aux pourparlers qui ont mis fin à la guerre civile de 36 ans au Guatemala et a pris part aux négociations de paix au Burundi, qui a connu un conflit de 12 ans.

    La position du cardinal Zuppi sur le conflit ukrainien a probablement été une autre raison de sa sélection. Depuis l'invasion massive de février 2022, le cardinal a critiqué l'agression russe et reconnu le droit de l'Ukraine à l'autodéfense, tout en insistant sur la nécessité d'un dialogue pour parvenir à la paix. 

    Nico Spuntoni a écrit sur le site catholique italien La Nuova Bussola qu'il s'agissait d'une "ligne que Kiev, sans être d'accord, ne peut pas contester et qui, d'autre part, n'est pas indigeste pour Moscou". 

    Peut-être François a-t-il également estimé qu'en optant pour un envoyé en dehors de l'appareil diplomatique du Vatican - en écartant le candidat évident, le cardinal Parolin - la mission pourrait bénéficier d'une certaine distance par rapport à Rome. Cela pourrait s'avérer utile pour convaincre les parties qui ont des doutes sur la diplomatie du Saint-Siège et isoler le Vatican, dans une certaine mesure, en cas d'échec.

    Une double mission

    Mais quelle mission a été confiée à Mgr Zuppi ? 

    Le bref communiqué annonçant sa nomination précisait qu'il avait "la tâche de diriger une mission, en accord avec la Secrétairerie d'État, pour contribuer à l'apaisement des tensions dans le conflit en Ukraine, dans l'espoir, jamais abandonné par le Saint-Père, que cela puisse initier des chemins de paix".

    Bien que la formulation soit vague, il était déjà évident que la mission comportait deux volets : Apaiser les tensions" et "ouvrir des chemins de paix". Ce que cela signifiait dans la pratique, tout le monde pouvait le deviner. 

    Mais la visite de deux jours de Mgr Zuppi en Ukraine cette semaine nous permet d'en avoir une idée plus claire. À l'issue de ce voyage - qui a comporté un programme frénétique de réunions avec des dirigeants civils et religieux, ainsi qu'un voyage sur le site du massacre de Bucha - le Vatican a déclaré que la visite serait "sans aucun doute utile pour évaluer les prochaines étapes à suivre tant sur le plan humanitaire que dans la recherche des voies d'une paix juste et durable".

    Le Vatican a souligné que la mission avait deux objectifs : "soutenir les gestes d'humanité qui contribueront à apaiser les tensions" et "parvenir à une paix juste".  En d'autres termes, la mission avait un objectif concret à court terme et un objectif à long terme moins clairement défini.

    L'objectif à court terme est d'aider à garantir le retour des quelque 19 500 enfants qui, selon le gouvernement ukrainien, ont été emmenés en Russie ou en Crimée occupée par la Russie depuis l'invasion totale du 24 février 2022. 

    Les déportés semblaient être le sujet principal de la rencontre de M. Zelenskyy avec le pape François le 13 mai. M. Zelenskyy considère probablement le pape comme la personne la mieux placée pour assurer leur retour, car François a permis avec succès des échanges de prisonniers entre l'Ukraine et la Russie. 

    Le pape a évoqué son rôle dans ces échanges lors de son voyage au Kazakhstan en septembre. Il a rappelé qu'il avait reçu un chef militaire ukrainien, ainsi que le "conseiller religieux" de M. Zelenskyy.  "Cette fois, ils m'ont apporté une liste de plus de 300 prisonniers. Ils m'ont demandé de faire quelque chose pour procéder à un échange. J'ai immédiatement appelé l'ambassadeur russe [auprès du Saint-Siège] pour voir si quelque chose pouvait être fait, si un échange de prisonniers pouvait être accéléré", a-t-il déclaré. Aleksandr Avdeyev, alors ambassadeur de Russie auprès du Saint-Siège, a reconnu en novembre que François avait aidé "des centaines de personnes à retrouver leur famille".

    Mais il sera probablement plus difficile d'assurer le retour des enfants, étant donné que les déportations ont incité la Cour pénale internationale de La Haye à lancer un mandat d'arrêt à l'encontre du président russe Vladimir Poutine en mars de cette année. Le Kremlin a furieusement rejeté ce mandat, ce qui laisse penser que M. Poutine pourrait craindre que la libération des enfants soit considérée comme un aveu de défaite et une victoire pour la Cour.

    L'objectif à long terme du Vatican est une "paix juste et durable" en Ukraine, judicieusement formulée. L'accent mis sur la justice tient compte des craintes des Ukrainiens d'être contraints d'accepter la possession par la Russie des territoires saisis en échange de la fin de la guerre. La référence à une paix durable est un clin d'œil aux prédictions selon lesquelles le conflit se figerait mais reprendrait des années plus tard avec une férocité renouvelée. 

    Il est probable que le Vatican n'ait pas une vision précise de ce que signifierait une paix juste pour l'Ukraine, mais qu'il pense que les parties en conflit pourraient finir par y parvenir avec l'aide de médiateurs compétents.

    S'exprimant à Rome le 7 juin, Mgr Zuppi a déclaré qu'il n'avait pas eu l'occasion d'informer François de sa visite à Kiev avant l'hospitalisation du pape, bien qu'il ait rencontré le cardinal Parolin. Mgr Zuppi a souligné que sa mission n'était "pas une médiation". Comment pourrait-il en être ainsi, après tout, alors que la guerre bat son plein le long de la ligne de front de 600 milles ? Le cardinal a déclaré que sa tâche consistait plutôt à offrir "une manifestation d'intérêt, de proximité et d'écoute afin que le conflit trouve les voies de la paix". "Tout le reste est soit des attentes que nous avons tous, en espérant que la guerre se termine, soit des spéculations", a-t-il déclaré.

    Les arguments en faveur du pessimisme

    Le 6 juin, jour où Mgr Zuppi a rencontré le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy, le barrage de Kakhovka, dans le sud de l'Ukraine, s'est rompu, provoquant sans doute la pire catastrophe écologique du pays depuis Tchernobyl.

    Il s'agit là d'un mauvais présage. 

    Et si Mgr Zuppi espérait capter l'imagination des Ukrainiens au cours de sa visite, il aurait été déçu. La mission du Vatican ne suscite guère d'enthousiasme parmi la population ukrainienne assiégée. Fait troublant, environ un Ukrainien sur dix pense que le pape agit dans l'intérêt du Kremlin, tandis qu'une fraction similaire soutient sa position en faveur de la paix.

    Résumant le sentiment qui règne dans le pays, Anatolii Babynskyi, de The Pillar, a écrit cette semaine que les Ukrainiens "ont peu d'espoir dans les initiatives de paix du Saint-Siège - et beaucoup disent que leur scepticisme est dû au fait qu'ils croient que le Vatican ne comprend pas les causes de la guerre et les objectifs de la Russie".

    Matteo Matzuzzi, un vaticaniste travaillant pour le journal italien Il Foglio, a rapporté dans une chronique du 8 juin qu'il y avait également un mécontentement dans les hautes sphères du Vatican. Même dans les cercles diplomatiques du Saint-Siège, écrit-il, on se demandait pourquoi le Vatican devait "chercher à jouer un rôle dans un jeu beaucoup plus grand que lui, où les parties impliquées (toutes deux) ont clairement indiqué depuis un an et demi que l'opinion du pape est légitime mais tout à fait négligeable". Ces fonctionnaires craignaient que le Saint-Siège ne se dirige vers "un cul-de-sac" qui entraînerait "une atteinte non négligeable à la réputation", a-t-il ajouté.  Cette méfiance au plus haut niveau, conclut M. Matzuzzi, montre à quel point la mission de paix était délicate. 

    Selon cette lecture, la mission semble vouée à l'échec. Peu soutenue à Kiev et à Moscou, voire dans l'arrière-cour du Vatican, elle s'effondrera inévitablement, laissant le pape François dans une position similaire à celle de Benoît XV à la fin de la Première Guerre mondiale : une figure poignante dont les efforts frustrés pour mettre fin au carnage n'ont guère dépassé le stade d'une note de bas de page historique.

    Les arguments en faveur de l'optimisme

    Mais il est possible d'envisager la mission sous un angle différent. De ce point de vue, il est remarquable qu'elle progresse le moindrement - et c'est une raison d'espérer prudemment.

    Alors que Mgr Zuppi attend que le pape se remette suffisamment de son opération pour l'informer de sa visite à Kiev, il a déjà une idée précise de la prochaine étape : Un voyage à Moscou.

    Les médias d'État russes ont déclaré cette semaine que M. Poutine n'avait "aucun projet pour l'instant" de rencontrer Mgr Zuppi. Le "pour l'instant" fera naître au Vatican l'espoir que sa mission progresse malgré les sombres perspectives de paix actuelles.

    L'archevêque catholique de Moscou, Paolo Pezzi, a déclaré cette semaine au journal italien Corriere della Sera que l'ouverture apparente du Kremlin à une visite de Mgr Zuppi était "très importante" car elle n'était "en aucun cas acquise". "Bien sûr, aujourd'hui (...) tout semble tourner au pire", a-t-il déclaré. "Cependant, j'ai appris à voir d'un œil positif les moindres signes de désespoir." "J'ai lu des déclarations très négatives de Zelenskyy et du Kremlin au sujet d'une éventuelle médiation. Dans une situation aussi stagnante, le fait que l'envoyé du pape se soit rendu en Ukraine et ait obtenu le feu vert du Kremlin pour venir à Moscou est un signe qui, en soi, ne doit pas être sous-estimé. C'est une contre-tendance, un signe d'ouverture".

    Si Mgr Zuppi parvient à enfoncer un orteil dans les portes ouvertes, il pourrait alors être en mesure de nouer des relations qui pourraient, à un moment donné, devenir suffisamment solides pour progresser vers l'objectif à long terme d'instaurer une paix juste et durable. Mais même s'il réussit à franchir ces premières étapes critiques, personne ne doit s'attendre à des percées de grande envergure dans un avenir proche. Comme le cardinal l'a appris au Burundi, au Guatemala et au Mozambique, le chemin de la paix est long, difficile et semé d'embûches. La plupart du temps, les artisans de la paix échouent. Mais s'ils refusent d'abandonner, ils ont une chance de réussir un jour - et de transformer la vie de millions de personnes pour le meilleur.

  • Le cardinal Zuppi est le nouveau président de la Conférence épiscopale italienne

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    Comme on pouvait s'y attendre, c'est un cardinal très "bergoglien" dont l'ascension fulgurante peut étonner qui a été désigné pour succéder au cardinal Bassetti à la présidence de la Conférence épiscopale italienne. Nous reproduisons cette présentation de l'archevêque de Bologne par Sandro Magister qui le voit très bien figurer parmi les "papabili" du prochain conclave :

    Matteo Zuppi

    Matteo Zuppi a lui aussi été élu au conseil post-synodale de 2018. Signe d’une carrure internationale déjà reconnue, malgré le fait qu’il ne soit archevêque de Bologne que depuis trois ans et qu’il n’était pas encore cardinal, ce à quoi François a remédié le 5 octobre 2018.

    Il doit depuis un certain temps sa notoriété et son prestige à un élément important de sa biographie. Pas tellement le fait qu’il soit le petit-neveu d’un cardinal, Carlo Confalonieri (1893-1986) qui a notamment été secrétaire du pape Pie XI, mais plutôt le fait qu’il soit le cofondateur de la Communauté de Sant’Egidio, indiscutablement le lobby catholique le plus puissant et le plus influent de ces dernières décennies au niveau mondial.

    En tant qu’assistant ecclésiastique général de la Communauté de Sant’Egidio et curé jusqu’en 2010 de la basilique romaine de Sainte-Marie-du-Trastevere, en plus d’être évêque auxiliaire de Rome depuis la même année, Mgr Zuppi s’est retrouvé au centre d’un réseau sans égal de personnes et d’événements à une échelle planétaire, aussi bien religieuse que géopolitique, allant des accords de paix au Mozambique des années 1990-92 aux rencontres interreligieuses d’Assise en passant par les « corridors humanitaires » pour les immigrés d’Afrique et d’Asie vers l’Europe.

    Avec une très grande habileté, la Communauté de Sant-Egidio a également parfaitement su s’adapter aux lignes de gouvernement de chacun des derniers pontificats, celui de Jean-Paul II, de Benoît XVI et de François. Mais c’est surtout avec ce dernier qu’elle a atteint son apogée, avec Vincenzo Paglia à la tête des instituts du Vatican pour la vie et la famille, avec Matteo Bruni à la tête de la salle de presse et surtout avec le cardinal Zuppi comme archevêque de Bologne et en passe de devenir le président de la Conférence épiscopale italienne.

    De là à son élection comme Pape – pas trop vite, dans quelques années – rien n’est certain mais ce serait sérieusement dans l’ordre des choses. Surtout avec un collège de cardinaux électeurs désordonné et indécis et donc facilement influençable par un lobby cette fois non pas composé de cardinaux – comme la légendaire « mafia » de Saint-Gall qui a favorisé l’élection du pape Bergoglio – mais un lobby autrement plus influent et déterminant qui a pour nom Communauté de Sant’Egidio.

    Un documentaire télévisé sur lui est déjà prêt, il s’intitule : « L’Évangile selon Matteo Z. ». En voici la bande-annonce, sur celui qui sera peut-être le prochain pape :

    > Zuppi, l’évêque des rues

    Lire également : http://www.belgicatho.be/archive/2020/09/23/apres-le-pape-francois-le-pape-egidio-6265276.html

    Mgr Zuppi est également perçu comme "gay friendly" : http://www.belgicatho.be/archive/2019/09/11/la-communaute-lgbt-se-rejouit-d-avoir-un-cardinal-6175293.html

    et http://www.belgicatho.be/archive/2020/05/25/quand-la-promotion-de-l-homosexualite-s-invite-dans-les-milieux-ecclesiasti.html

    Et, pour élargir votre recherche : http://www.belgicatho.be/apps/search?s=zuppi&search-submit-box-search-6500=OK

  • L’Université catholique ukrainienne critique sévèrement le pacifisme de Zuppi et du pape

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    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso (traduction de Diakonos.be) :

    Exclusif. L’Université catholique ukrainienne critique sévèrement le pacifisme de Zuppi et du pape

    (s.m.) L’auteur du texte que nous publions est Myroslav Marynovych qui est vice-recteur de l’Université catholique ukrainienne de Lviv, membre fondateur du Groupe d’Helsinki ukrainien et ancien prisonnier politique à l’époque du Goulag. C’est l’homme au centre des trois, dans la photo ci-dessus, prise au Vatican le 8 juin dernier, à l’issue d’une rencontre et d’un débat avec le Pape François dont il a ensuite fourni un compte-rendu.

    Dans sa critique du pacifisme chrétien appliqué à l’agression de la Russie contre l’Ukraine, Marynovych ne fait pas explicitement référence au Pape François ni au cardinal Matteo Maria Zuppi, l’envoyé personnel du pape dans les capitales impliquées dans la guerre. Mais il cite cependant la Communauté de Sant’Egidio, dont Zuppi est un membre très important et dont les positions pacifistes sont partagées par le Pape, comme Settimo Cielo l’a déjà mis en lumière à plusieurs reprises.

    > Et ils appellent ça la paix. Les plans de Sant’Egidio pour faire cesser la guerre en Ukraine, avec les applaudissements de Moscou

    L’université catholique ukrainienne de Lviv est l’un des creusets les plus féconds en matière culturelle et politique. C’est de là qu’est également sorti le « Manifeste » pour une future nouvelle constitution dans une Ukraine à nouveau libre et en paix, auquel Marynovych fait allusion à la fin de son texte.

    Parmi les 14 signataires de ce « Manifeste », on retrouve, en plus de ce dernier, l’archevêque Borys Gudziak, président de l’Université catholique ukrainienne et métropolite de Philadelphie pour l’Église grecque catholique ukrainienne aux États-Unis et Oleksandra Mtviichuk, présidente du Center for Civil Liberties et récompensée en 2022 du prix Nobel pour la paix.

    Cette intervention du professeur Marynovych est sortie avant que n’éclate la polémique autour des déclarations élogieuses sur la Russie impériale prononcées par le Pape François pendant une rencontre à distance avec des jeunes catholiques russes :

    > Documents. Le pape fait l’éloge de la Russie impériale. L’Église ukrainienne lui demande de se rétracter

    L’archevêque majeur de Kiev, Sviatoslav Shevchuk, avait alors réagi à la blessure infligée par ces déclarations du Pape en demandant un rectificatif.

    Mgr Shevshuk est actuellement à Rome, où se déroule le synode de l’Église grecque catholique ukrainienne sur le thème : « L’accompagnement pastoral et le soin des blessures de guerre », et demain mercredi 6 septembre, il rencontrera le Pape François.

    *

    Le piège du pacifisme naïf

    de Myrolsav Marynovych

    Un petit rappel avant tout. Au début des années 80, l’Europe occidentale voyait fleurir les marches pour la paix organisées par des chrétiens. En effet, quoi de plus logique pour les chrétiens que de lutter pour la paix ? Pourtant, ces marches avaient une inspiration néfaste : l’Union Soviétique qui, n’étant plus économiquement en mesure de suivre la course aux armements, cherchait à promouvoir la trêve et la détente.

    Les chrétiens d’Europe ont été nombreux à fermer les yeux sur les calculs politiques derrière tout cela : pour eux, le Kremlin était un champion de la paix et donc un allié de la pacification chrétienne. Le caractère paradoxal de la situation avait d’ailleurs contraint un groupe de prisonniers politique du Goulag (dont l’auteur de ces lignes), qui avaient été jetés en cellule d’isolement simplement pour avoir prié le matin de Pâques, à adresser au Pape Jean-Paul II une mise en garde contre un pacifisme aveugle.

    « Votre Sainteté, il est difficile à ceux qui se sont opposés d’une façon ou d’une autre au mal apocalyptique au cœur de sa forteresse de comprendre le sens de l’humilité chrétienne. Nous ne pouvons et nous ne voulons pas donner à César ce qui appartient de droit à Dieu. La majeure partie d’entre nous trouve le sens de sa propre vie dans la révélation au monde de la véritable nature de la loquace ‘colombe’ soviétique qui brandit la menace atomique. Les participants aux marches de Pâques en Occident, si activement soutenus par la propagande communiste, se rendent-ils compte qu’en ces mêmes jours d’avril dans les camps de concentration soviétiques, les prisonniers qui cherchaient l’Esprit Saint étaient enfermés en isolement par ces mêmes autorités communistes ? Nous vous demandons, Sainteté, de les informer de cela ».

    Depuis lors, quarante années ont passé et le scénario politique a changé, mais les circonstances ont ramené tant d’Européens amoureux de la paix sur leurs anciennes positions. Leur philanthropie et leur désir de paix à tout prix dissimulent un danger, parce que la paix juste ne s’obtient pas au prix de nier la vérité, au prix d’une capitulation éthique. Parce que dans les coulisses d’une promotion de la paix sincère, même si elle est souvent ingénue, c’est le Kremlin qui tire les ficelles, comme par le passé, et aujourd’hui il se positionne en inspirateur rusé d’une « paix sans conditions préalables », sans même prendre la peine de cacher réellement ses intentions génocidaires qui n’ont pas changé.

    Ces pacifistes ne sont pas conscients de ce grand paradoxe : le peuple qui souffre le plus à cause de la guerre et qui a le plus besoin de paix – le peuple Ukrainien – est aussi celui qui, à tort ou à raison, refuse à l’unanimité tout compromis avec la Russie qui entraînerait la perte de territoire et la limitation de leur propre souveraineté.

    Quelle est donc l’erreur de ce pacifisme européen ?

    Je me rends compte qu’une réponse politique n’aurait pas beaucoup de sens : on n’arrête pas d’en parler, mais elle continuera à ne pas convaincre. Nous devons donc chercher d’autres arguments. Le pacifisme se base formellement sur un argumentaire chrétien. A-t-il toujours raison ? Qu’est-ce que les chrétiens ont à dire, et les chrétiens Ukrainiens en particulier, face à cette proposition ?

    L’impératif évangélique de la construction de la paix

    Le fait que Jésus ait formulé un impératif sans équivoque dans son Discours sur la Montagne : « Heureux les ouvriers de paix, parce qu’ils seront appelés fils de Dieu » (Mt 5, 9) est-il tout à fait indiscutable ? Il semble que nous devrions en conclure que la paix est au-dessus de tout. Mais toutes les actions de paix contribuent-elles à établir la paix de Dieu ?

    Donnons la parole à un ancien responsable de l’Église ukrainienne, qui a survécu à deux guerres mondiales, le métropolite de Galicie Andrej Scheptyzkyj (1865-1944) :

    « Tout le monde devrait comprendre qu’une paix qui ne tient pas compte des exigences des peuples et dans laquelle les peuples se sentiraient offensés, et le seraient dans les faits, ne serait nullement une paix, mais plutôt une cause de complications futures encore pires et de haine réciproque, qui conduirait à de nouvelles guerres ». (1)

    Même des théologiens et des penseurs ukrainiens contemporains apportent une réponse convaincante aux pacifistes chrétiens :

    « La paix est une conséquence de l’ordre de Dieu… La paix n’est pas l’absence de guerre, mais un concept positif avec un contenu propre… La paix de Dieu n’est pas compatible avec le mal ! On ne peut pas tolérer le péché et parler de la paix de Dieu. La paix de Dieu est toujours le fruit du renoncement au mal et de l’union avec Dieu. C’est à ce choix clair que Jésus nous appelle avec ses paroles sur la division (Lc 12, 51). Soit nous choisissons le parti de Dieu, soit nous avons choisi le parti du mal ». (2)

    « Les gouvernants qui appartiennent aux ténèbres créent un monde rempli de malice, de mensonge et d’injustice. Dans un monde de ce genre, il ne peut il y avoir de paix véritable et toute tentative d’apaiser de tels gouvernants ne donnera pas les résultats espérés… C’est pour cela que les chrétiens doivent prêcher une paix basée sur la vérité et sur la justice : ‘Voici les paroles que vous mettrez en pratique : chacun dira la vérité à son prochain ; au tribunal vous rendrez des jugements de paix dans la vérité.’ » (Zc 8, 16) (3).

    Voilà pourquoi Jésus ne tolérait pas le péché tapi derrière le sanhédrin de son époque et qu’il le dénonçait publiquement, tout en sachant qu’une telle dénonciation ne lui aurait rien valu de bon. Il ne s’opposait pas au dialogue avec le sanhédrin mais il insistait sur le fait que ce dialogue doit avoir lieu dans la vérité. Telle est l’origine de cette attitude clairement non pacifiste : « Ne pensez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre : je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive. » (Mt 10, 34).

    Ni les démocraties du monde ni l’Église ne peuvent approuver une paix qui ferait de l’agression une méthode efficace pour s’approprier le territoire des autres. La seule paix durable est une paix juste. Comme l’a déclaré Roberta Metsola, présidente du Parlement européen, « sans liberté et sans justice, il ne peut pas il y avoir de paix ».

    Un choix évangélique en faveur des valeurs

    Plus la Russie commet de crimes de guerre en Ukraine, plus les arguments éthiques prennent du poids dans l’analyse des événements. C’est pourquoi les démocraties mondiales doivent résoudre correctement le célèbre dilemme « sécurité contre étique ».

    Je me rends bien compte que ce dilemme n’est pas facile à résoudre, mais il est impossible de ne pas voir que le monde a perdu au moins huit années à essayer d’apaiser l’agresseur. Ce pacifisme apparent cache un piège dangereux : ignorer les valeurs provoque des violations dans la vie du monde susceptibles de mettre en danger précisément ce qu’on essaye de protéger, c’est-à-dire la sécurité. Et nous en trouvons immanquablement la confirmation : nous sommes plus proches de la troisième guerre mondiale aujourd’hui qu’en 2014.

    Plus les politiciens ignorent les valeurs en faisant des concessions injustes à l’agresseur, plus ce dernier devient arrogant et moins nous serons en sécurité. C’est Jésus lui-même qui nous a mis en garde contre cela : « Qui cherchera à conserver sa vie la perdra. Et qui la perdra la sauvegardera. » (Lc 17, 33). Voilà pourquoi il n’a pas renoncé à ses valeurs, pas même au prix de sa propre vie.

    Ma conclusion est donc qu’on ne peut pas bâtir un système de sécurité efficace – c’est-à-dire une paix juste – en distordant ou en ignorant les valeurs.

    Un avertissement évangélique contre le nationalisme ethnique

    En temps de guerre, les gens peuvent instinctivement devenir pacifistes face aux horreurs de ses tragédies. Sur base de ce pacifisme spontané, comme j’y ai déjà fait allusion, l’Ukraine peut sembler être un « parti de la guerre ». Certains pourraient se dire : est-ce que vous ne pouvez pas en finir et céder une partie de votre territoire à la Russie pour mettre un terme aux effusions de sang ? Je voudrais leur répondre, avec une ironie amère, qu’au début, même notre président Volodymyr Zelensky était un pacifiste de ce genre. C’est lui qui a inauguré sa présidence avec cette phrase ambigüe : « Pour mettre fin à la guerre, nous devons arrêter de tirer ». Mais, le 24 février 2022, le jour de l’assaut massif de la Russie, il a endossé sa célèbre tenue militaire verte parce qu’il a compris que Poutine ne lui avait pas laissé d’autre choix : le Kremlin veut détruire l’Ukraine en tant qu’État ainsi que l’identité ukrainienne.

    Cependant, il semble que les pacifistes chrétiens aient justement des réserves conceptuelles sur cette compréhension des choses. Pour eux, cette compréhension pue le nationalisme et conduit donc à l’hostilité. De plus, dans leur imaginaire, les frontières de l’État et l’identité nationale sont changeantes et donc interchangeables.

    Encore une fois, nous trouvons dans l’Écriture un impératif apparemment sans équivoque : « Il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni libre, il n’y a plus ni homme ni femme ; car tous vous êtes un en Jésus Christ. » (Gal 3, 28). Ce n’est un secret pour personne que l’Église orientale a souvent péché par nationalisme ethnique excessif dans son histoire. Et c’est encore le cas aujourd’hui. Alors pourquoi nos pacifistes devraient-ils s’opposer officiellement au nationalisme ethnique de la doctrine du « monde russe », que l’Église russe a faite sienne, qui d’une doctrine excessive s’est muée en doctrine criminelle, étant donné qu’elle sanctifie l’usage des armes pour réunir par la force tous ceux qui parlent russe dans un même État. N’y a-t-il pas une analogie directe avec la criminelle doctrine nazie ?

    Mais non hélas : les pacifistes européens ne voient pas l’hérésie de la doctrine officielle de l’Église orthodoxe russe. Pas plus qu’ils ne voient la malice du Kremlin, en oubliant cet avertissement de Clausewitz : « L’envahisseur est toujours pacifique. Il veut conquérir le plus ‘pacifiquement’ possible ». Ils considèrent en revanche avec suspicion la victime évidente de cette guerre, qui cherche à protéger sa propre identité nationale et son propre État souverain.

    Jésus aurait-il toujours refusé de mettre en évidence la nationalité ? Non. C’est lui-même qui a déclaré : « Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël. » (Mt 15, 24). Toutefois, la parole-clé ici n’est pas « que » mais « perdues ». En effet : « Quel est votre avis ? Si un homme possède cent brebis et que l’une d’entre elles s’égare, ne va-t-il pas laisser les quatre-vingt-dix-neuf autres dans la montagne pour partir à la recherche de la brebis égarée ? » (Mt 18, 12). C’est donc le danger de mort encouru par la victime qui donne aux chrétiens le droit moral de faire un « choix en faveur de la victime ». Et les exemples sont innombrables. Déjà à l’époque moderne, c’est en suivant la même logique que John F. Kennedy s’est rendu à Berlin-Ouest assiégée pour déclarer : « Ich bin ein Berliner ! ». Alors, pourquoi les responsables de la Communauté de Sant’Egidio ne peuvent-ils pas se rendre à Kiev aujourd’hui et déclarer en solidarité : « Je suis un ukrainien ! » ?

    On aborde ici un obstacle supplémentaire à la compréhension de ce conflit. Il est superficiel d’affirmer que les Ukrainiens ne veulent pas la paix parce que ce sont des nationalistes. Les Ukrainiens, y compris ceux de langue russe, se battent dans une guerre non seulement pour leur intégrité territoriale mais aussi pour les valeurs humaines, contre l’autoritarisme et l’imposition de tout un système de vie dont nous sommes péniblement en train d’essayer de nous débarrasser depuis la fin de l’ère soviétique, une guerre pour le droit d’être libres. Taxer tout cela de « nationalisme », cela revient à faire le jeu de celui qui voudrait reconstruire un système impérial et totalitaire. Pour comprendre la vigueur et la franchise du débat interne à la société civile ukrainienne et la tentative de transformer la tragédie de la guerre en l’opportunité d’un nouveau pacte social susceptible de renforcer les bases d’une véritable démocratie, je vous invite à lire « A new Birth for Ukraine : a Constitutionalist Manifesto ».

    La nature morale de la guerre

    Je n’ai pas été le premier à dénoncer un autre problème important, celui de de la symétrie dans la présentation de la guerre russo-ukrainienne. Les règles du politiquement correct incitent de nombreux européens à traiter les deux parties comme politiquement et moralement égales, en ignorant les circonstances réelles et en se condamnant de la sorte à une défaite éthique. Cette défaite a été conditionnée par le fait que la guerre russo-ukrainienne est radicalement différente, par exemple, du conflit militaire au Mozambique, où la Communauté de Sant’Egidio a joué en son temps un rôle important de gardien de la paix. En effet, la guerre actuelle en Europe de l’Est est un conflit d’identités à somme nulle qui ne peut pas être résolu par des grands principes. Il est impossible de concilier d’un côté le désir des Ukrainiens de préserver la liberté et l’indépendance de leur État et de l’autre le désir de la Russie de priver les Ukrainiens de leur État et de faire renaître leur propre empire. Dans une telle situation, il est impossible de rester neutres. Il faut au contraire poser un choix en faveur des valeurs : « Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et Mammon » (Mt 6, 24).

    En bref, il semble que nous soyons en train d’oublier les paroles de l’évêque Desmond Tutu : « Si tu restes neutre face à une injustice, c’est que tu as pris le parti de l’oppresseur ».

    *

    (1) Metropolita Andrej Šeptyc’kyj, “Documenti e materiali 1899-1944”, Lviv, Casa editrice ARTOS, vol. 3. “Lettere pastorali del 1939-1944”, 2010, p. 290.

    (2) P. Yurii Ščurko. “XXV settimana dopo la Pentecoste. Mercoledì. La vera pace (Luca 12,48-59)”.

  • « Oui et non » : Matteo Zuppi, un cardinal à l‘italienne créé par le pape Bergoglio

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    Le cardinal Matteo Zuppi de Bologne a présidé les vêpres solennelles traditionnelles le 28 octobre au Panthéon de Rome ( texte et photos: Edouard Pentin Blogues Edward Pentin / NCRegister)

    Le cardinal Zuppi célèbre les vêpres solennelles traditionnelles au Panthéon de Rome

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    "Bien que le cardinal italien soit plus largement connu pour son activisme social et sa proximité avec la gauche politique italienne, il est également amical avec les adeptes de la liturgie traditionnelle.

    CITÉ DU VATICAN – Malgré les restrictions du Vatican sur l'ancienne liturgie, le chef de la conférence des évêques d'Italie, connu pour son activisme social et sa proximité avec la politique de gauche italienne, a présidé ce soir les vêpres solennelles traditionnelles au Panthéon de Rome.

    Le Cardinal Matteo Zuppi de Bologne, un natif de Rome avec des liens étroits avec la communauté laïque de Sant'Egidio mais qui est également ami des adeptes de l'ancienne liturgie, a dirigé la célébration liturgique et a prononcé une courte homélie.

    Il a ensuite déclaré au Registre qu'il avait décidé de présider la liturgie parce que les organisateurs "m'avaient invité - ils m'ont invité avant que je ne devienne président de la conférence épiscopale italienne, et j'ai pensé que tout allait bien". Le cardinal Zuppi a été élu nouveau président de la conférence épiscopale le 24 mai. 

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    Lorsqu'on lui (ci-contre) a demandé s'il pensait que le motu proprio Traditionis Custodes du Pape François de juillet 2021 ,qui vise à restreindre sévèrement l'ancienne liturgie afin qu'éventuellement la liturgie réformée post-1970 puisse devenir l'« expression unique » du rite romain, était un problème, le cardinal Zuppi a déclaré : "Non, je pense que c'était une directive que le Pape a jugée utile, et elle doit être appliquée avec une grande conscience et avec une grande responsabilité".

    La liturgie de ce soir dans l'ancien temple romain vieux de 1 900 ans, consacré église catholique en 609 après JC et maintenant connue sous le nom de Basilique Sainte-Marie et des Martyrs, a été organisée par l'Institut du Bon Pasteur, une société basée en France. de vie apostolique consacrée à la messe latine.

    Les vêpres solennelles, en la fête des apôtres Sts. Simon et Jude, a également été suivi par des prêtres d'autres instituts traditionnels tels que la Fraternité sacerdotale Saint-Pierre (FSSP) et l'Institut du Christ Roi Souverain Prêtre (ICKSP), ainsi que des prêtres diocésains qui célèbrent la messe traditionnelle en latin. 

    Des centaines de fidèles du monde entier ont également pris part à la liturgie, qui faisait partie d'un pèlerinage de trois jours « Populus Summorum Pontificum » au Siège de Pierre organisé par le Coetus Internationalis Summorum Pontificum, un groupe de 12 associations traditionnelles. 

    Allié improbable

    Considéré par certains comme un candidat de premier plan pour succéder au pape François, le cardinal Zuppi est aussi un allié improbable de l'ancienne liturgie compte tenu de son parcours qui place l'activisme social au-dessus des préoccupations liturgiques. Il s'est également fait connaître ces dernières années pour certaines positions nettement hétérodoxes, notamment en ce qui concerne l'homosexualité. 

    En 2018, il a suscité la controverse lorsqu'il a écrit la préface du livre du père jésuite James Martin Building a Bridge , et en 2020, il a écrit une autre préface à un livre sur le même sujet intitulé L'Église et l'homosexualité de Luciano Moia qui prônait une « nouvelle attitude responsabilité pastorale » sur la question. Plus tôt cette année, il a été accusé d'avoir dissimulé ce que des observateurs ont déclaré être la première bénédiction d'un couple homosexuel dans une église de son diocèse. 

    Mais malgré cela, il a maintenu ouvertes les voies du dialogue avec ceux qui favorisent la tradition de l'Église eta célébré la messe traditionnelle en latin à au moins deux reprises dans le passé. Il a aussi récemment visité le séminaire de l'Institut du Christ Roi Souverain Prêtre à Gricigliano près de Florence et a été impressionné par le nombre de vocations qu'il a attiré. 

    Le cardinal Zuppi était connu depuis de nombreuses années dans sa Rome natale comme un «prêtre de rue» en raison de ses efforts pour aider les défavorisés. Ses activités allaient de l'aide aux enfants marginalisés des bidonvilles romains et aux personnes âgées, aux immigrés, aux sans-abri, aux malades en phase terminale, aux handicapés et aux toxicomanes, aux prisonniers et aux victimes de conflits. Il a également participé à de nombreuses activités de dialogue œcuménique et interreligieux. 

    L'événement annuel a été fondé en 2012 en tant que contribution des partisans de l'ancienne liturgie à la nouvelle évangélisation. Il s'agissait aussi de remercier le pape Benoît XVI qui, en publiant son motu proprio Summorum Pontificum en 2007, a libéré la célébration de la liturgie antique.

    Conférence de pèlerinage

    Se référant au but du pèlerinage de visiter le Siège de Pierre, le Cardinal Zuppi a déclaré au Registre que « se rendre au Siège de Pierre signifie rentrer chez soi, c'est le Siège de celui qui préside à la communion, et je pense que la mission de ce pèlerinage est de aider à vivre en communion avec Pierre et donc en communion avec l'Église.

    Le pèlerinage Populus Summorum Pontificum du 28 au 30 octobre comprenait également une conférence d'une journée « Pax Liturgica » avec des intervenants tels que le Père Claude Barthe, aumônier de Coetus Internationalis, le Père Nicola Bux, ancien consulteur du Dicastère pour la Doctrine de la Foi. , et le journaliste du Vatican Aldo Maria Valli.

    Dans son discours, Valli a témoigné de la façon dont son retour relativement récent à la messe traditionnelle l'avait ému, lui et d'autres. "Cette messe est en effet extraordinaire, dans la fidélité à la doctrine et à la liturgie", a-t-il dit, et a noté comment elle avait été "gardée secrète comme si elle était dangereuse, comme si nous devions en avoir honte". Dans l'ancienne messe, a-t-il observé, "tout est sacré, tout tend de Dieu et retourne à Dieu, et l'on entre dans une dimension supérieure, plus solennelle". 

    Il a ensuite rappelé de nombreux témoignages qu'il avait reçus de lecteurs et a noté que "de plus en plus de gens s'en approchent" et "en retirent de la joie, un sentiment de plénitude et une croissance de la foi". Les témoignages, a-t-il dit, étaient "tous pleins d'admiration et de gratitude mais aussi de profonds regrets pour le temps qui s'est écoulé avant de redécouvrir ce grand trésor".

    Le samedi, les pèlerins participeront à l'Adoration eucharistique puis à une procession à travers Rome jusqu'à la Basilique Saint-Pierre où une messe solennelle traditionnelle en latin sera célébrée à l'Autel de la Chaire. L'événement de trois jours se terminera par une messe traditionnelle lors de la fête de l'ancien rite du Christ-Roi dans l'église de la Sainte Trinité des Pèlerins à Rome."

    Edward Pentin Edward Pentin a commencé à faire des reportages sur le Pape et le Vatican avec Radio Vatican avant de devenir le correspondant à Rome pour le Registre National Catholique d'EWTN. Il a également rendu compte du Saint-Siège et de l'Église catholique pour un certain nombre d'autres publications, notamment Newsweek , Newsmax, Zenit , The Catholic Herald et The Holy Land Review , une publication franciscaine spécialisée dans l'Église et le Moyen-Orient. "

    Edward est l'auteur de The Next Pope: The Leading Cardinal Candidates (Sophia Institute Press, 2020) et The Rigging of a Vatican Synod? Une enquête sur des manipulations présumées lors du synode extraordinaire sur la famille(Ignace Press, 2015). Suivez-le sur Twitter à @edwardpentin.

  • Vers un ”François II” ? Un vaticaniste italien se penche sur le prochain pontificat dans un nouveau livre

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    D'Edward Pentin sur le National Catholic Register :

    Un vaticaniste italien se penche sur le prochain pontificat dans un nouveau livre

    L'ouvrage de Francesco Grana intitulé "What Remains of the Papacy" sera lancé le 18 novembre, en présence du cardinal Matteo Zuppi, l'un des principaux "papabile".

    Cardinal Matteo Zuppi
    Cardinal Matteo Zuppi (photo: Edward Pentin)

    "Il est évident que les factions [sont] déjà en train de s'organiser pour ne pas être prises au dépourvu lorsque la sede vacante commencera", peut-on lire dans la description de l'éditeur d'un nouveau livre italien sur l'avenir de la papauté.

    Intitulé Cosa resta del papato ("Ce qui reste de la papauté", publié par Edizioni Terrasanta) par le vaticaniste italien Francesco Antonio Grana, le livre se penche sur le prochain conclave, examinant "l'avenir de l'Église après Bergoglio" et se demandant si la papauté est "encore une institution valide" ou "perçue comme complètement anachronique". 

    Il sera lancé à Rome le 18 novembre, avec le concours du cardinal Matteo Zuppi, archevêque de Bologne, en tant qu'orateur principal. 

    La présence du cardinal originaire de Rome est significative, car depuis des mois, il est présenté par les vaticanistes, notamment Sandro Magister, comme un papabile de premier plan et le candidat favori que Magister cite comme l'une des factions pré-conclave qui "s'organisent" - celle de la communauté laïque de Sant'Egidio. 

    En tant que cofondateur et ancien curé de la communauté, le cardinal Zuppi, 66 ans, est connu non seulement au sein de l'Église, mais aussi au-delà du monde catholique, en raison du travail humanitaire et de paix international bien connu de l'organisation. 

    L'ascension fulgurante du cardinal Zuppi pour devenir un papabile de premier plan a été soulignée cette semaine par des informations selon lesquelles il est pressenti pour devenir le prochain président de la conférence épiscopale italienne l'année prochaine, un chemin que le cardinal Jorge Bergoglio a emprunté avec la conférence épiscopale argentine sur son chemin vers la papauté.

    Grana, qui est le correspondant au Vatican du quotidien italien Il Fatto Quotidiano, a déclaré au Register le 5 novembre qu'il avait invité le cardinal Zuppi à assister au lancement de son livre parce qu'il pensait que le cardinal et deux autres orateurs de l'événement allaient "illustrer efficacement la signification révolutionnaire de la papauté de François" et qu'ils pourraient également "examiner les pontificats de ses prédécesseurs immédiats". 

    Grana est favorable à une telle vision révolutionnaire de l'Église, la considérant comme nécessaire pour que l'Église puisse "se réajuster aux changements profonds et radicaux de l'époque." Le vaticaniste italien a déclaré avoir été incité à écrire son livre en raison du souhait du pape François, exprimé dans son exhortation apostolique Evangelii Gaudium (La joie de l'Évangile) de 2013, d'une "conversion de la papauté" loin d'une "centralisation excessive [qui] complique la vie de l'Église et son rayonnement missionnaire" - un objectif du concile Vatican II et de son accent sur la "collégialité" qui, selon le pape, n'a pas encore été réalisé.

    Ce n'est donc peut-être pas une coïncidence si le cardinal Zuppi a des aspirations similaires. 

    Dans mon livre The Next Pope (Sophia Institute Press), j'explique comment la "préoccupation de toujours du cardinal Zuppi pour les pauvres et les marginaux, forgée par ses liens étroits avec la communauté de Sant'Egidio" l'a révélé "comme un véritable fils de l'esprit de Vatican II, quelqu'un qui cherche à s'engager constamment dans le monde moderne et à mettre en œuvre le "changement profond" qu'il croit que le Concile voulait pour l'Église".

    Il est pleinement engagé à adhérer à la vision de ce pontificat et à la mener à bien, en commençant par Evangelii Gaudium, et c'est peut-être pour cette raison que le cardinal Zuppi est, selon Marco Mancini écrivant dans ACI Stampa, "l'un des prélats les plus estimés du pape." (Des sources proches du Vatican ont déclaré au Register que la présence du cardinal Zuppi au lancement du livre la semaine prochaine n'aurait pas été possible sans l'approbation explicite du pape).  

    Connu sous le nom de "cardinal de la rue" pour son aide aux pauvres, l'accent mis par le cardinal Zuppi sur la pauvreté matérielle et l'égalité l'a rapproché de la politique italienne de gauche - à tel point que lorsque la nomination du cardinal Zuppi au Collège des cardinaux a été annoncée, les médias italiens ont plaisanté en disant que "l'aumônier" du principal parti socialiste italien allait devenir cardinal. 

    En tant qu'archevêque de Bologne, il a fait l'éloge d'un radical italien d'extrême gauche, favorable à l'avortement, et a même incardiné dans l'archidiocèse de Bologne un prêtre communiste qui a brigué un siège au Parlement européen. On se souvient également de lui pour avoir écrit la préface de Building a Bridge : Comment l'Église catholique et la communauté LGBT peuvent entrer dans une relation de respect, de compassion et de sensibilité, le livre pro-LGBT controversé du père jésuite James Martin publié en 2018. 

    Sant'Egidio

    Pour Magister, les efforts de Sant'Egidio pour propulser le cardinal Zuppi au siège de Pierre sont indiscutables, en partie générés par un mécontentement croissant à l'égard du pontificat de François indiqué dans un livre intitulé La Chiesa brucia - Crisi e future del cristianesimo (L'Église brûle - Crises et avenir du christianisme) écrit par le principal fondateur de Sant'Egidio, Andrea Riccardi. 

    La communauté dispose d'un lobby très influent et de nombreuses relations dans les échelons supérieurs de l'Église. 

    Dans une colonne du 12 octobre intitulée "Conclave en vue, Opération Sant'Egidio", Magister a noté comment Sant'Egidio a stratégiquement pris ses distances par rapport à ce pontificat et augmenté son profil - et celui du cardinal Zuppi - au cours des derniers mois, en accueillant récemment une réunion interreligieuse au Colisée avec une foule de grands noms, dont la chancelière allemande Angela Merkel. 

    Le cardinal Zuppi a été le seul cardinal à participer à cet événement, intervenant sur le thème "Prendre soin de notre maison commune" aux côtés de Jeffrey Sachs, membre de l'Académie pontificale des sciences sociales favorable au contrôle de la population.

    Lors des conclaves de 1978, 2005 et 2013, "les hommes de Sant'Egidio ont essayé d'orienter le résultat", mais "chaque fois sans succès", se souvient M. Magister - peut-être parce qu'en mettant en avant un candidat favori, ils l'ont poussé trop fort et trop vite et les cardinaux électeurs sont devenus méfiants. Comme le dit le célèbre dicton de Rome, "Celui qui entre au conclave en tant que pape, en ressort en tant que cardinal".

  • Après le pape François, le pape Egidio ?

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    De l'abbé Claude Barthe sur Res Novae :

    L’hypothèse Zuppi, ou vers le pape Egidio
     
    Compte tenu de la situation catastrophique de l’Église cinquante ans après Vatican II et de l’impuissance des courants que l’on qualifie de conservateurs à redresser la barre, et même à la prendre en main, fusse seulement en certains secteurs, quelques-uns parmi les anti-conciliaires imaginent d’autres scénarios. Il s’agirait, non plus de rêver à un futur pontificat néo-ratzinguérien, mais de se préparer, pour un avenir à moyen terme, celui du futur changement de pontificat, à des situations d’attente conçues comme des bases de départ. L’état de l’Église ne pouvant que continuer à se dégrader de plus en plus vite, ils estiment que, pour préparer l’avenir, la situation qu’il faut aujourd’hui rechercher serait celle où la critique théorique et pratique (liturgique notamment) du Concile aurait un libre espace de développement.

    De telles prospectives sur le thème : mieux vaut un pontificat de « centre-gauche » qui nous laisse la liberté plutôt qu’un « centre-droit » qui nous stérilise, peuvent paraître particulièrement risquées. On sort en tout cas des chemins balisés de la bien-pensance « restaurationiste ». Mais ces chemins-là ne se sont-ils pas révélés hier des voies de garage, et ne deviennent-ils pas aujourd’hui des chimères ? Nous donnons ici un exemple du type de prélats sur lesquels s’échafaudent de tels scénarios, en posant la question : et si le prochain pape se nommait Egidio, le Pape Egidio ?

    Matteo Zuppi, un « progressiste » ?

    On parle actuellement beaucoup du cardinal Matteo Zuppi. Un « progressiste » ? C’est ainsi que le classe Edward Pentin dans son livre The Next Pope : The Leading Cardinal Candidates (...). En fait, il est très difficile d’étiqueter les cardinaux selon des critères quasi-politiques. Dans Confessions d’un cardinal (JC Lattès, 2007) Olivier Le Gendre rapportait que son cardinal anonyme lui disait : « Il est trompeur de parler de camps aux frontières définies comme ceux qui s’affrontent dans le parlement d’une république ou au sein des partis qui entretiennent des courants rivaux. Nous sommes entre cardinaux dans un monde aux frontières mouvantes ». On s’aperçoit en effet, notamment au moment des conclaves, que les frontières entre groupes sont très fluentes. D’autant que Matteo Maria Zuppi entend être du genre homme libre : s’il est pour l’accueil des immigrés (orientation qui semble confirmée pour Il Giornale du 1er juillet dernier par sa rencontre programmée avec les leaders du Parti démocrate, le PD, en congrès dans sa ville de Bologne), il est aussi pour l’accueil des traditionnels.

    Il aura 65 ans en octobre. Il pourrait succéder au cardinal Bassetti, archevêque de Pérouse, à la présidence de la Conférence épiscopale italienne. Il aura environ 70 ans – mais cela peut advenir avant – lorsque, par la force des choses et la faiblesse de l’âge, l’actuel pontificat devra laisser la place à un suivant. Matteo Zuppi est le petit-neveu du cardinal Carlo Confalonieri, qui fut secrétaire de Pie XI et bien plus tard cardinal-évêque de Palestrina, évêché suburbicaire, donc proche de Rome. En fait Matteo Zuppi est un Romain d’origine comme le pape Pacelli, un Romano di Roma aiment à rappeler ses amis, dont le père a travaillé au Vatican. Plus ou moins dispensé de séminaire (comme jadis Jean-Baptiste Montini), Matteo Zuppi fut d’abord incardiné dans le diocèse de Palestrina.

    Matteo Zuppi est surtout l’homme de la Communauté de Sant’Egidio. Devenu prêtre du diocèse de Rome en 1988, il fut nommé curé de la basilique Sainte-Marie-du-Transtevere en 2000, et il devint assistant ecclésiastique général de la Communauté de Sant’Egidio, créée non loin de cette paroisse en 1973, avec pour siège la petite église Sant'Egidio (saint Gilles, saint ermite du VIIe siècle).

    Cette Communauté fondée principalement par Andrea Riccardi, vouée au service des plus pauvres, est montée en puissance dans les années 1980 en s’engageant dans le dialogue interreligieux et le travail pour la paix, jusqu’à exercer une action diplomatique internationale. Ainsi, don Zuppi, Andrea Riccardi et d’autres personnalités de la Communauté, ont joué un rôle efficace de médiation dans les négociations entre le gouvernement du Mozambique et le parti de la résistance armée qui menait contre le pouvoir une guerre civile, médiation qui a abouti, en 1992, à des accords de paix signés à Rome entre les deux parties en conflit.

    Matteo Zuppi, un pragmatique, a continué à participer à cette « diplomatie parallèle » de la Communauté de Sant'Egidio, à côté et aux côtés de la diplomatie vaticane, et aussi à l’organisation de rencontres interreligieuses en suite d’Assise, à Lyon, Bukavu, Munich, etc., comme à l’aménagement de « corridors humanitaires » pour les immigrés d’Afrique et d’Asie vers l’Europe, etc. Si bien que Matteo Zuppi apparaît comme une sorte de cofondateur de la Communauté en tant qu’elle est devenue le « lobby » catholique le plus influent internationalement. L’importance de Sant'Egidio fait qu’Andrea Riccardi a été ministre de la Coopération internationale dans le « gouvernement de techniciens » européo-mondialiste de Mario Monti en 2011.

    En 2012, Mgr Zuppi fut nommé évêque auxiliaire de Rome par Benoît XVI, dont il considère, dit-on, que le pontificat a été saboté par son Secrétaire d’État, le cardinal Bertone. La Communauté de Sant-Egidio s’est conformée aux gouvernements successifs de Jean-Paul II et de Benoît XVI. Mais, avec le Pape François, elle a donné l’impression d’avoir trouvé le pontifie selon son cœur. Il semble que la Communauté a mis son influence au service de l’accession au trône de Pierre de Jorge Bergoglio, après la démission de Benoît XVI. Zuppi et Riccardi feraient ainsi partie des « faiseurs » du Pape Bergoglio, avec un certain nombre d’autres.

    Le 27 octobre 2015, le pape François nomma Matteo Zuppi archevêque de Bologne, après la renonciation du cardinal Carlo Caffarra, l’un des signataires des dubia contestant l’orthodoxie d’Amoris lætitia. Et le 5 octobre 2019, il fut créé cardinal par le Pape François qui, pour lui et pour Sant'Egidio, créa un nouveau titre cardinalice, celui de l’église Sant-Egidio au Transtevere, et le lui attribua. Avec d’autres membres de la Communauté, comme Matteo Bruni, directeur de la Salle de Presse vaticane depuis 2019, il se trouve désormais dans les avenues du pouvoir.

    S’il est un évêque qui sait être populaire (lors de sa réception de la pourpre, un train avait été spécialement affrété pour conduire avec lui les Bolonais à Rome), il est loin de faire l’unanimité dans le peuple catholique. Son livre sur le thème de la question des migrants, écrit avec Lorenzo Fazzini, journaliste à Avvenire, le quotidien de l’épiscopat, n’a pas eu un succès considérable : Odierai il prossimo. Perché abbiamo dimenticato la fraternità. Riflessioni sulle paure del tempo presente (Piemme, 2019) – Tu haïras ton prochain. Pourquoi nous avons oublié la Fraternité. Réflexion sur la peur dans le temps présent. Le chapitre le plus « franciscain » du livre est peut-être celui intitulé « Anche nella Chiesa ci si odia » – Même dans l’Église on se hait – : au lieu d’une vraie ferveur évangélique, on trouve « le plaisir fallacieux d'une complaisance égocentrique », dans une Église « impitoyable, qui condamne les autres mais absout ses propres comportements ».

    L’archevêque de Bologne a aussi préfacé l’édition italienne du livre du Père James Martin, sj, rédacteur en chef de la revue jésuite America, Un ponte da costruire. Una relazione nuova tra Chiesa e persone LGBT (Marcianum Press, 2018) [1], – Un pont à construire. Une nouvelle relation entre l’Église et les personnes LGBT –, livre louangé par le cardinal Farrell, Préfet du Dicastère pour les Laïcs, la Famille et la Vie. Très fâcheux, du point de vue anthropologique et social, est le fait que le livre du Père Martin consacre ainsi du point de vue catholique l’existence d’une « communauté LGBT » au sein de la société. Mais le problème principal de ce type de littérature est qu’elle ne dit jamais clairement que celui qui demande les sacrements ne doit plus être installé dans une situation de péché, tel celui qui continue de vivre en « couple » homosexuel. Ainsi, la préface propose-t-elle, à la lumière d’Amoris lætitia, un « accompagnement » des personnes homosexuelles qui viennent vers l’Église, avec « une savante pédagogie de la gradualité ».

    On remarque cependant que l’édition italienne, celle préfacée par Mgr Zuppi, sous-titre sur les personnes LGTB, alors que l’édition américaine parle de LGBT Community. Par ailleurs, Mgr Zuppi parle de « l’ensemble varié et complexe des personnes homosexuelles ».
     
    Un homme pas tout d’une pièce
     
    Le cardinal Zuppi est assurément au cœur de multiples réseaux religieux et politiques. Il est par exemple très lié au Bolonais Romano Prodi, catholique pratiquant, ancien président du Conseil de Centre gauche, ancien président de la Commission européenne.

    Un DVD, signé Emilio Marrese, est désormais consacré à Matteo Zuppi, Il Vangelo secondo Matteo Z. Professione Vescovo, – L’Évangile selon Matthieu Z. Profession évêque. La Repubblica en fait la promotion et qualifie Zuppi « d’évêque de la rue », pour expliquer que son « activité profondément réformatrice et innovante » suit le sillon tracé par le Pape François (1er décembre 2019). Voire…

    En fait, Matteo Zuppi a bien des raisons de ne pas s’identifier et à ne pas être identifié à un pur et simple « progressiste ».

    D’abord, parce qu’après un pontificat bergoglien que, même ses laudateurs, estiment brouillon au maximum, intellectuellement faible dans la qualité de son enseignement, déstabilisant et sans attrait charismatique au sein du catholicisme, le conclave – quelle que soit la tendance générale qui sera la sienne – portera son choix vers un « homme nouveau ». On prétend que l’archevêque de Bologne ne se gêne pas pour dire que la maison a un besoin urgent de remise en ordre.

    À quoi il faut ajouter que le « progressisme » prend davantage de rides chaque jour dans l’Église. Ses intellectuels sont âgés. Ses troupes fondent, car elles ne se reproduisent pas : les fils, petits-fils ou petits-neveux de ceux qui ont fait Vatican II ne vont plus à l’église et ne se sentent plus catholiques depuis longtemps. En Occident, du point de vue du nombre des fidèles et des prêtres – sans parler des finances –, partout ailleurs du point de vue de l’orthodoxie la plus élémentaire et souvent de la morale chez les prêtres, on peut parler de faillite.

    Si donc Matteo Zuppi marque déjà discrètement et pragmatiquement sa différence, tout porte à croire que le phénomène ira s’accentuant.

    Ainsi sur un point très sensible : à l’occasion d’une visite pastorale comme évêque auxiliaire de Rome, il a célébré pontificalement une messe tridentine, le 30 mars 2014, à la Trinité-des-Pèlerin, tenue par la Fraternité Saint-Pierre, église de la paroisse personnelle vouée à la célébration de la messe traditionnelle. Puis, le 8 juin de la même année, pour la fête de la Pentecôte, il fit de même dans l'église Gesù et Maria, pour l'Institut du Christ Roi. Le 8 décembre 2014, pour la fête de l’Immaculée Conception, il a présidé une procession dans la rue avec ce même Institut (au récent chapitre duquel, le 26 août dernier, il est venu faire une conférence et présider les vêpres pontificales). En toutes ces occasions il semblait comme un poisson dans l’eau. Et lorsqu’il est arrivé à Bologne, il a immédiatement confirmé ses bonnes intentions à cet égard dans le Corriere di Bologna du 28 octobre 2015 : « Si on me le demande, je célébrerai en latin. Pour les groupes romains qui m’ont fait cette demande, j’ai considéré qu’il était juste d’accomplir un geste de communion et de proximité. Je suis favorable au fait de sortir de tout enfermement ».

    2020 est le 1300ème anniversaire de la mort de saint Gilles, survenue, selon une tradition, en 720, près du delta du Rhône, et dont un monastère portait le nom, devenu depuis l’époque carolingienne un lieu de pèlerinage depuis toute l'Europe. Le 1er septembre, jour de la saint Gilles, la Communauté a célébré cet événement par une messe présidée par le cardinal Matteo Zuppi et retransmise en continu par les sites de la Communauté.

    Abbé Claude Barthe
     
    1. Building a Bridge: How the Catholic Church and the LGBT Community Can Enter Into a Relationship of Respect, Compassion, and Sensitivity (Hardcover, 2017), Construire un pont : Comment l’Église catholique et la communauté LGBT peuvent entrer dans une relation de respect, compassion et sensibilité.
  • Quand la promotion de l'homosexualité s'invite dans les milieux ecclésiastiques

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    On a pu voir récemment, lors de la journée contre l'homophobie, l'un ou l'autre ecclésiastique de notre pays s'afficher sur facebook ou ailleurs, nimbé des couleurs arc-en-ciel, pour y affirmer sa militance contre les discriminations dont sont victimes les différentes catégories LGBT, avec un message comme celui-ci : "Lutter contre l'homophobie, la transphobie, l'interphobie, la queerphobie, etc., c'est lutter contre la haine. "Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés." "Ne jugez pas." Dieu nous appelle à aimer, pas à haïr; il nous appelle à accueillir l'autre, pas à le rejeter. Soyons signes de l'amour de Dieu pour chaque personne de notre monde!" Mais le contexte invite à s'interroger s'il s'agit vraiment de promouvoir l'amour et la tolérance à l'égard du prochain ou bien de rejoindre très ouvertement la militance homosexuelle dont on arbore ostensiblement les symboles. Ainsi sont bannis les distinctions et le discernement auxquels invite la morale catholique : de cette façon on ne distinguera plus la personne (objet d'amour inconditionnel) et ses actes (éventuellement répréhensibles). L'article paru aujourd'hui (25 mai) sur le site de la Nuova Bussola Quotidiana sous la plume de Riccardo Cascioli pose, nous semble-t-il, les bonnes questions.

    Catho-Gay Connection, comment je te fais la promotion de l'homosexualité

    Avvenire, le cardinal Zuppi, l'éditeur San-Paolo : tous ensemble pour lancer une nouvelle offensive pour la légitimation de l'homosexualité dans l'Église. Un livre, avec la bénédiction de l'archevêque de Bologne, qui rassemble les voix des théologiens, des psychologues, qui poussent tout le monde du même côté. Sous prétexte d'accueillir les gens, on efface la différence entre l'orientation sexuelle et les actes homosexuels, allant jusqu'à s'ouvrir à une certaine reconnaissance des unions homosexuelles. Ratzinger avait déjà mis en garde il y a 34 ans : dans l'Eglise, un lobby gay veut subvertir l'enseignement sur la sexualité.

    Elle mène la croisade catholique-gay. A présent, ce n'est même plus un scoop. Mais lorsqu'on ouvre une page du journal de la Conférence épiscopale italienne et que l'on y trouve le titre "Zuppi : les homosexuels ? La diversité est une richesse", cela fait toujours un certain effet, aussi parce que c'est une affirmation qui implique presque la nécessité de l'homosexualité, étant donné que sans elle nous serions plus pauvres. Ce qui contraste assez nettement avec le Catéchisme de l'Eglise catholique et toute la tradition. Il suffit de rappeler que le Catéchisme fait figurer la sodomie parmi les quatre "péchés qui crient au ciel", une langue modernisée par rapport aux "péchés qui crient à la vengeance devant Dieu", en usage auparavant.

    Mais pour bien voir la page en question, il y a plus : les déclarations de l'archevêque de Bologne, le cardinal Matteo Zuppi, font partie de la préface-interview du livre du journaliste de l'Avvenire Luciano Moia (qui s'est fait de la croisade catholique-gay une raison de vivre) intitulé "Eglise et homosexualité. Une enquête à la lumière du Magistère du Pape François". Dans le livre, explique-t-on, il y a place pour une série d'interviews réalisées par l'équipe d'Avvenire "Nous, famille et vie" au tournant de 2018 et 2019, qui vont évidemment tous dans la même direction. Et pour y apposer le sceau de l'autorité, il y a aussi la préface du directeur de l'Avvenire, Marco Tarquinio. Il ne s'agit donc pas d'un travail d'intérêt personnel d'un journaliste, mais d'une véritable opération qui catalyse autour de l'organe officiel de la CEI : des théologiens, des psychologues, un cardinal considéré comme dans la manche du Pape et donné pour le prochain président de la CEI, et l'éditeur San Paolo, pilier de l'édition catholique.

    En tout cas, l'interview du cardinal Zuppi suffit à mettre en évidence les mensonges et les ambiguïtés qu'un certain cléricalisme utilise pour promouvoir les modes de vie homosexuels. Pour le reste, on se souvient que le cardinal Zuppi avait déjà signé la préface du livre du père James Martin "Un pont à construire - Une nouvelle relation entre l'Église et les personnes LGBT", véritable manifeste de l'homosexualisme (autoproclamé) catholique.

    Première question : elle donne l'idée que jusqu'à Amoris Laetitia, la seule attitude de l'Eglise envers les personnes à tendance homosexuelle était celle de la condamnation et de la marginalisation. Puis, finalement, l'avènement de l'Église de François a tout changé, en regardant les gens et non des règles abstraites. Il s'agit d'un mensonge évident, qui s'inscrit dans le cadre du programme que l'on veut poursuivre. Dans le Catéchisme de l'Église catholique, par exemple, une distinction claire est faite entre la personne qui présente certaines tendances et les actes homosexuels. Mais c'est précisément cette distinction que l'on veut faire disparaître, afin que l'acceptation de la personne devienne d'abord tolérance et ensuite acceptation aussi des actes.

    À cet égard, il faut rappeler le document précis et détaillé de la Congrégation pour la doctrine de la foi (signé par le cardinal Joseph Ratzinger, alors préfet) "sur la pastorale des personnes homosexuelles", daté du 1er octobre 1986. Ce n'est pas pour rien que Gionata, le principal portail Internet des groupes LGBT catholiques, le définit comme "infâme", précisément parce que la compréhension des gens n'inclut pas l'acceptation des actes homosexuels.

    Et ce n'est pas pour rien qu'Avvenire ne mentionne jamais ce document, peut-être aussi parce qu'il y a une dénonciation explicite d'un lobby gay au sein de l'Église qui vise à subvertir l'enseignement de l'Église en matière de morale sexuelle. Une photographie précise de quel côté se situe le journal de la CEI.

    Ainsi, l'attention pastorale aux personnes ayant des tendances homosexuelles était là bien avant le pontificat actuel. Ce qui change avec Amoris Laetitia, c'est plutôt le jugement porté sur les actes homosexuels, dans le sens où une possibilité s'ouvre en vue de leur acceptation, comme le démontre l'activisme de Moia et Avvenire pour promouvoir l'homosexualité.

    Deuxième question : dans la conception exprimée par Zuppi et Moia, il n'y a pas de vérité objective, tout dépend du contexte et de l'histoire personnelle. Et la volonté de Dieu devient ad personam. "Celle de Dieu, en effet, est une volonté incarnée dans l'histoire de la personne, c'est sa volonté qui accomplit la nôtre", dit l'archevêque de Bologne, et ajoute : "La plénitude de la volonté de Dieu pour une personne n'est pas la même pour les autres. La conséquence pratique d'une telle approche est que la consommation d'actes homosexuels peut être un péché pour l'un mais peut être une vocation pour l'autre." L'important est "d'entrer dans une relation avec Dieu", dit Zuppi. Mais la question évidente qui se pose est la suivante : pourquoi ce critère subjectiviste devrait-il s'appliquer uniquement à l'homosexualité ? Pour rester dans le domaine de l'orientation sexuelle, pourquoi ne s'appliquerait-elle pas également à la pédophilie, ou à la zoophilie, etc.

    Troisième question : ce soi-disant grand sens de l'accueil et de la miséricorde qui se manifeste lorsque nous parlons des homosexuels, ignore en fait la réalité des personnes qui vivent cette condition, avec leur inconfort, leur fragilité et leurs besoins. Et très souvent le désir de retrouver une sexualité conforme à la nature. Au lieu de cela, les arguments du mouvement Lgbt qui revendique l'homosexualité et la transsexualité comme des variantes naturelles de la sexualité et donc leur pleine légitimité sont repris, attribuant à l'homophobie du milieu environnant le malaise éventuel des individus. Il n'y a absolument aucune attention portée aux personnes dans cette campagne menée dans l'Église, on n'écoute que les revendications "syndicales" de groupes idéologiquement organisés.

    Quatrième question : il est évident que la conséquence logique de cette approche conduit à la légitimation des unions homosexuelles. Rien de nouveau, dans différentes parties de l'Europe - et aussi en Italie - nous avons vu des prêtres et des évêques soutenir la nécessité d'une liturgie pour les couples homosexuels. Sur cette question spécifique, le cardinal Zuppi s'est montré prudent, arguant qu'elle peut être acceptée même sans "justifier", mais plus que la réponse enfumée du cardinal, la façon dont Moia introduit l'argument est importante. D'ailleurs, c'est le directeur de l'Avvenire lui-même, à l'époque de la loi Cirinnà, qui soutenait que des unions homosexuelles stables sont bonnes pour la société.

    Que personne ne soit donc surpris par l'étape suivante.

    (Traduit avec www.DeepL.com/Translator (version gratuite)

  • Une opération de Sant'Egidio en vue du prochain conclave

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    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso, traduit sur Diakonos.be :

    11 octobre 2021

    Conclave en vue, opération Sant’Egidio

    Loin d’être un tabou, penser au futur conclave est quelque chose de typique de la physionomie de toutes les fins de pontificat. Cela a été le cas en 2002, lors du déclin physique de Jean-Paul II, quand ce blog avait découvert un « papabile » en bonne position, en celui qui était alors l’archevêque de Buenos Aires Jorge Mario Bergoglio, et qui a effectivement fini par monter sur la chaire de Pierre. C’est à nouveau le cas aujourd’hui, alors que les journaux démasquent chaque jour des prétendants à la succession d’un François toujours plus aux abois.

    Jeudi dernier, le 7 octobre, les médias du Vatican ont atteint un sommet des plus scénographiques à Rome, avec le Colisée en arrière-plan, dans un appel collectif pour la paix entre les peuples et les religions lancé par le Pape François et par les plus grands leaders religieux du monde, avec au premier rang le patriarche œcuménique de Constantinople Bartholomée Ier et le grand imam d’Al-Azhar Ahmed Al-Tayyeb, tous bras dessus, bras dessous, précisément le jour de l’anniversaire de la bataille de Lépante.

    On a pu assister à deux clous de la cérémonie : de la part d’Andrea Riccardi (photo), fondateur et monarque absolu de la communauté Sant-Egidio et, dans les faits, organisateur de l’événement, qui était comme chez lui, et de la chancelière allemande Angela Merkel en tant qu’invité d’honneur. Le 20 octobre 2020 déjà, lors de l’édition précédente des rencontres interreligieuses que la communauté organise chaque année dans la foulée de la première qui avait été convoquée en 1986 à Assise par Jean-Paul II, l’agenda avait assigné à Riccardi l’honneur de prononcer le discours d’ouverture, avec dans un second temps celui du Pape François.

    Mais en plus, cette année, le programme fourni de la journée – dans un forum qui s’est tenu dans le nouveau et futuriste palais des Congrès de Rome appelé « La Nuvola » où défileront des intervenants célèbres tels que le grand rabbin Juif David Rosen et le Conseiller spécial des Nations Unies Jeffrey Sachs, un économiste malthusien qui fait désormais partie des meubles au Vatican -, il y avait également un cardinal, le seul cardinal avoir été invité à prendre la parole au cours de l’événement, l’archevêque de Bologne Matteo Zuppi (photo), celui-là même que Settimo Cielo pointait, dans une analyse du  le 13 juillet dernier, comme étant la tête de liste des prétendants actuels à la papauté.

    Le jeu d’équipe est aussi raffiné que découvert. Le cardinal Zuppi est en en effet lui aussi, à l’ombre de Riccardi, l’un des fondateurs de la Communauté de Saint’Egidio, qui est indiscutablement le lobby catholique le plus puissant de ces dernières décennies au niveau mondial. Il sera d’autant plus influent, dans un futur conclave, que le collège des cardinaux électeurs – après les mauvais traitements subis de la part du Pape François aussi bien dans les nominations que dans l’absence de convocations des consistoires – est en désordre, que les sentiments sont incertains et qu’il sera donc d’autant plus sensible aux influences des pressions aussi bien internes qu’externes.

    Zuppi est l’un des rares cardinaux à être connu non seulement de ses confrères à travers le monde – c’est le seul italien élu au Conseil intercontinental du synode des évêques – mais également au-delà des frontières de l’Église. Et ceci parce que, déjà à l’époque où il était assistant ecclésiastique général de la communauté de Sant’Egidio et curé jusqu’en 2010 de la basilique romaine de Santa Marie in Trastevere, en plus d’être depuis cette année évêque auxiliaire de Rome, il a toujours été tiré les fils d’un réseau de personnes et d’événements, aussi bien religieux que géopolitiques, à l’échelle planétaire. Des accords de paix au Mozambique au début des années quatre-vingt-dix au soutien actuel de l’accord secret entre le Saint-Siège et la Chine, en passant par les rencontres interreligieuses dans le sillage d’Assise et les « couloirs humanitaires » en Europe pour les migrants en provenance d’Afrique et d’Asie.

    Aux conclaves de 1978, de 2005 et de 2013 déjà, les hommes de Sant’Egidio avaient tenté de téléguider les résultats. À chaque fois sans succès mais toujours avec ensuite la capacité caméléonesque de s’adapter parfaitement à chaque nouveau Pape, jusqu’à atteindre leur apogée sous le pontificat de François, qui a non seulement promu Zuppi archevêque de Bologne et cardinal mais qui a placé Vincenzo Paglia à la tête des instituts du Vatican pour la vie et la famille, qui a parachuté Matteo Bruni à la tête de la salle de presse et qui a dernièrement nommé vice-présidents de l’Institut pontifical théologique Jean-Paul II pour les sciences du mariage et de la famille, tout juste refondé, les époux Agostino Giovagnoli et Milena Santerini, le premier des deux étant également un défenseur acharné de la désastreuse politique pontificale actuelle envers la Chine.

    L’inclination de François pour la Communauté de Sant’Egidio est d’autant plus flagrant que son aversion d’un autre temps pour les autres mouvements et associations catholiques. Et pourtant, le passif de cette communauté ne semblerait pas aussi innocent au Pape s’il le connaissait un tant soit peu.

    > Sant’Egidio story. Il grande bluff

    En effet, l’histoire de Sant’Egidio contraste beaucoup avec la doctrine catholique de la vie et de la famille, que le Pape François a justement confiée à des personnalités issues de cette communauté. D’abord voués à une vie « célibataire pour le Royaume des Cieux », Riccardi et ses ouailles ont vite découvert, lors d’une retraite collecte en 1978, qu’au sein de la communauté, l’activité sexuelle était plutôt exubérante et multiforme. Et c’est à partir de là qu’ils ont donné le feu vert aux mariages entre eux, tout en les considérant que comme des « remèdes à la concupiscence », il s’agit de mariages plus souvent arrangés par les responsables que spontanés, comme cela est apparu au grand jour lors d’un procès en nullité auprès du tribunal diocésain de Rome documenté par Settimo Cielo :

    > Venticinque anni nella comunità di Sant’Egidio. Un memoriale

    La tactique des membres de Sant’Egidio, c’est de ne pas s’exposer publiquement sur des thèmes plus réellement controversés dans l’Église, surtout s’ils concernent des points fondamentaux de la doctrine, mais de naviguer en eaux tranquilles là où le bénéfice médiatique est assuré, comme dans les symposiums pour la paix et la mère terre ainsi que les activités caritatives pour les pauvres.

    Quand en revanche, du fait de leur position, ils ne peuvent pas éviter de prendre position, ils ont pour règle de s’en tenir au terrain « pastoral », celui qui est si cher au Pape Bergoglio, qui leur permet de prêcher et d’essayer les solutions les plus diverses, surtout si elles se conforment à l’esprit du temps, tout en prétendant dans leurs discours que la doctrine reste toujours inchangée. Les déclarations confuses de Paglia sur l’euthanasie ne sont qu’un exemple parmi bien d’autres, tout comme la préface sibylline du cardinal Zuppi à l’édition italienne du livre « Building a bridge » du jésuite James Martin, très apprécié de François, en soutien à une nouvelle pastorale des homosexuels.

    Ce n’est donc plus un mystère pour personne que Zuppi est bien ce « cardinal de la rue » – comme dans le documentaire sur lui qui circule déjà – que la Communauté de Sant’Egidio voudrait mener à la victoire dans le conclave à venir.

    Mais il faut être conscient que s’il était élu, ce ne serait pas lui qui gouvernerait l’Église mais bien Andrea Riccardi, le tout-puissant fondateur et chef de cette communauté dans laquelle pas la moindre feuille ne tombe d’un arbre sans qu’il ne l’ait décidé.

    Riccardi sait également que pour gagner la course à la succession de François, il doit prendre une certaine distance tactique avec le pape actuel, comme le requiert la physiologie de tout changement de pontificat. Et c’est ce qu’il a dék) fait dans son dernier livre d’analyse sur l’état actuel de l’Église, très critique déjà dans son titre, « La Chiesa brucia », comme pour appeler à un changement de trajectoire, tout en restant très vague sur la nouvelle route à suivre, comme pour ne contrarier personne.

    Quant à présager du succès de l’opération, tout reste à voir. En fait, il y a peu de chances que cela fonctionne, une fois que les masques tomberont.

  • Le pape, ceux qu'il favorise, ceux qu'il réprouve et ceux qui pourraient lui succéder

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    Un article de Sandro Magister sur Settimo Cielo (traduction de diakonos.be) :

    Enquête parmi les préférés et les réprouvés du Pape Bergoglio. Avec un successeur en lice, ou plutôt deux

    La vérification est simple. Il suffit de comparer dans un tableau synoptique les actes posés par le Pape François concernant la Communauté Sant’Egidio avec ceux concernant le monastère de Bose et les Chevaliers de Malte pour constater combien ses critères de gouvernance sont contradictoires, combien ses sympathies sont inconstantes et combien ses décisions sont indéchiffrables.

    Entre le Pape François et Sant’Egidio, l’idylle est au beau fixe, en revanche avec le fondateur de Bose, Enzo Bianchi, l’amour d’un temps s’est mué en aversion, et avec les Chevaliers de Malte, c’est je t’aime moi non plus. Sans que le Pape François n’en explique jamais les raisons.

    *

    Avec les Chevaliers de Malte, on peut le déduire facilement rien qu’en observant les nominations erratiques des cardinaux auxquelles le pape a confié la responsabilité de l’Ordre. Au cardinal patron Raymond L. Burke, désigné à ce poste en 2014 après avoir été démis, lui, un canoniste de valeur, de ses fonctions de Préfet du tribunal suprême de la Signature apostolique, le Pape a préféré en 2017 le délégué spécial Giovanni Angelo Becciu, qui sera à son tour scandaleusement démis de toutes ses charges et même dépouillé de ses « droits » de cardinal et remplacé à l’Ordre de Malte par le cardinal Silvano Tomasi. Le tout sans que François n’ait jamais fourni la moindre justification sur la chute en disgrâce des deux premiers, le second d’entre eux ayant même été condamné « a priori » par le Pape des mois avant que ne s’ouvre au Vatican le procès contre lui, d’ailleurs toujours dans les starting-blocks, un procès dont la régularité juridique a été a contestée à plusieurs reprises et dont l’avenir reste incertain.

    Mais ce n’est pas tout. Alors qu’au début, le Pape avait obligé de façon péremptoire le Grand Maître de l’époque, le britannique Matthew Festing, à démissionner, alors qu’il était un défenseur acharné, tout comme le cardinal Burke, de la dimension spirituelle et de la fidélité doctrinale de l’Ordre, pour favoriser le parti des opposants internes emmenés par le Grand Chancelier, l’allemand Albrecht Freiherr von Boeselager, de tendance plus « laïque », aujourd’hui les rôles se sont inversés et François, en s’accaparant toutes les décisions et en imposant l’obéissance à tous, pousse à présent pour renforcer l’aspect religieux de l’Ordre et sa subordination au Saint-Siège, contre Boeselager et les siens qui revendiquent au contraire davantage de laïcité et d’autonomie.

    Là aussi, sans que le Pape n’ait jamais expliqué le pourquoi de cette volte-face, recevant en audience tantôt l’un, tantôt l’autre des prétendants et faisant mine à chaque fois de donner raison à son interlocuteur du jour.

    *

    Concernant le fondateur du monastère de Bose, la rupture de l’amourette entre lui et le Pape François n’aura pas été moins brutale, et là encore, demeure à ce jour inexpliquée.

    En 2019, le Pape François avait nommé Enzo Bianchi consulteur du Conseil pontifical pour l’unité des chrétiens. Mais ce n’était là que la face visible d’une solidarité de longue date entre eux deux, une relation cimentée par le formidable réseau de relations que le fondateur de Bose entretenait avec des cardinaux et des évêques parmi les plus appréciés de Jorge Mario Bergoglio et plus encore avec des chefs d’Églises orthodoxes et protestantes en bons rapports avec le Pape actuel, avec en tête le patriarche œcuménique de Constantinople Bartholomée et le primat de la communion anglicane Justin Welby.

    Puis, tout à coup, les foudres de François se sont abattues sur Bianchi, culminant dans le décret du 13 mai 2020 le condamnant à « se séparer » d’esprit et de corps de Bose, signé par le cardinal Secrétaire d’État, Pietro Parolin, mais approuvé par le Pape « en forme spécifique », le rendant définitif et sans appel.

    Mais Bianchi ne s’est pas facilement plié à ce « diktat ». Et ses partisans ont également résisté, en attribuant dans un premier temps la trame de la répudiation à des courtisans du Pape, sans plus de précision. Mais un an plus tard, le 15 juin 2020, même le partisan le plus fidèle de Bianchi et du Pape Bergoglio, l’historien de l’Église et chef de file de ce que l’on appelle « l’École de Bologne », Alberto Melloni, accuse pour la première fois directement le Pape François d’être à l’initiative de la rupture.

    Aujourd’hui, il y a un nouveau prieur à Bose, Sabino Chialà, élu le 30 janvier dernier avec la bénédiction du Vatican. Mais Bianchi ne s’est pas résigné à la perte de son premier amour. Il continue à écrire, à tenir des conférences, à cultiver son réseau international et œcuménique d’amitiés. Et il a acheté, à une dizaine de kilomètres de Bose, à Albiano d’Ivrea, une grande ferme qui, une fois restaurée, l’hébergera en compagnie de la dizaine de moines restés avec lui.

    *

    Quant au cas de la Communauté Sant’Egidio, Settimo Cielo en a déjà fourni les traits essentiels dans cet article du 12 octobre dernier :

    > Conclave en vue, opération Sant’Egidio

    Ce n’est un mystère pour personne que la Communauté milite pour faire élire Pape, lors du futur conclave, le cardinal Matteo Zuppi, actuel archevêque de Bologne et figure de proue du mouvement depuis ses origines. Tout comme il n’échappera à personne que si Zuppi était élu Pape, ce serait avant tout Andrea Riccardi, le tout puissant fondateur et chef de la Communauté, qui serait aux manettes.

    Cette perspective ne déplaît naturellement pas au Pape François, vus les petits gestes amoureux qu’il multiplie envers la Communauté de Sant’Egidio et ses responsables, à l’opposé des mesures punitives qu’il réserve en revanche à presque tous les autres mouvements d’Église, qui lui déplaisent plus au moins.

    Par exemple, la limite de 10 ans maximum de présidence imposée par le Pape François aux responsables des mouvements par un décret du 3 juin dernier, François l’a appliquée pour le leader de Communion et Libération, Julian Carrón, brusquement contraint à abandonner sa charge. Mais le Pape se garde bien de l’appliquer à Marco Impagliazzo, qui préside sans interruption la Communauté de Sant’Egidio depuis 2003, c’est-à-dire depuis presque vingt ans.

    Le Pape François a adopté une même disparité de traitement également en ce qui concerne les pages obscures de l’un ou l’autre mouvement d’Église. Avec certains mouvements, François a agi de manière implacable, par des enquêtes, des mises sous tutelles et des condamnations. Mais pas avec Sant’Egidio, qu’il a toujours épargnée. Parce que derrière les apparences, l’histoire de cette Communauté a également été marquée par des luttes de pouvoir, des frasques sexuelles, des hiérarchies internes extrêmement rigides, des mariages forcés et ensuite déclarés nuls dont Settimo Cielo a fourni un compte-rendu judiciaire, sans parler de la mise au placard de l’un ou l’autre membre de haut rang de la Communauté, aux parcours pas toujours impeccables.

    Il n’en demeure pas moins que jamais la Communauté de Sant’Egidio n’a été plus puissante qu’aujourd’hui, grâce aux coups de chance dont ont bénéficié ces dernières semaines deux de ses membres les plus éminents, Zuppi et Riccardi.

    Le cardinal de Bologne jouissait déjà d’une large notoriété internationale, mais le 14 janvier, il a eu en plus l’honneur de présider à Rome les funérailles d’État du défunt président du parlement européen David Sassoli, avec qui a il partagé les bancs du lycée « Virgilio » de Rome dans lequel s’est formé le premier noyau de Sant’Egidio. Naturellement, en présence des plus grands responsables politiques d’Italie et d’Europe.

    En outre, les probabilités sont grandes que Zuppi devienne le prochain président de la Conférence épiscopale italienne, qu’il revient à François de choisir parmi les évêques les plus plébiscités à la prochaine assemblée plénière de mai. Quoi qu’il soit possible que le Pape nomme quelqu’un d’autre, justement pour épargner à Zuppi le désagrément d’une présidence difficile.

    Mais comme si cela ne suffisait pas, Riccardi s’est retrouvé parmi les premiers candidats en lice à la présidence de la république italienne. C’est finalement Sergio Mattarella qui a été reconduit le 29 janvier dernier mais le secrétaire du plus grand parti de gauche, Enrico Letta, a qualifié le fondateur de Sant’Egidio, lors de l’élection, de « notre profil idéal de président » que « nous avons eu l’honneur de raconter au pays », comme « une belle personne, l’un des meilleures personnalités de notre temps ».

    Même si le palais présidentiel du Quirinal, qui était autrefois celui du Pape, est finalement passé sous le nez de la Communauté de Sant’Egidio, ses chances restent intactes, sinon renforcées, d’accéder à la chaire de Pierre.  Zuppi et Riccardi ont la réputation de vouloir poursuivre le chemin entamé par François de manière plus ordonnée et sans les déséquilibres caractériels qui ont nui au pontificat actuel. Mais c’est peut-être justement à cause de cette continuité entre eux et le Pape Bergoglio, vu le mécontentement croissant et de plus en plus large concernant la manière dont l’Église est aujourd’hui gouvernée, que le conclave pourrait bien prendre la tournure inverse.

  • L'avenir de l'Eglise après Bergoglio

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    De  Don Pio Pace sur Res Novae :

    Amazon.com: Cosa resta del papato: Il futuro della Chiesa dopo Bergoglio  (Italian Edition) eBook : Grana, Francesco Antonio: Tienda Kindle

    Francesco Grana : L’avenir de l’Église après Bergoglio

    Le dernier livre de Francesco Antonio Grana, vaticaniste de Il Fatto quotiniano, un média classé à gauche, est un livre qui est tout entier dans son titre accrocheur : Cosa resta del Papato. Il futuro della Chiesa dopo Bergoglio, « Ce qui reste de la papauté. L’avenir de l’Église après Bergoglio »[1]car le contenu est comme inexistant. C’est donc une sorte de signal au sein d’une période que Grana qualifie de pré-conclave. Une phrase, p. 231, glisse : « Les catholiques sont rapidement passés de l’enthousiasme pour Bergoglio à la déception ». Mais qui est déçu, selon Grana ? La gauche du pape, assurément : il souligne l’importance de la démission (refusée) du cardinal Marx, qui a participé à l’élaboration de la réforme de la Curie, démission qui voudrait signifier que l’Église a encore deux cents ans de retard, comme disait le cardinal Martini avant de mourir. Déception aussi de la gauche libérale : le cardinal Zuppi, archevêque de Bologne, figurait aux côtés de F. Grana, lors de la présentation de l’ouvrage à l’Université LUMSA, à Rome.

    Autrement dit, déception de tous ceux qui ont porté Jorge Bergoglio au pouvoir, qui subissent depuis lors son mode de gouvernement chaotique, despotique, colérique, et qui désormais prennent leurs distances, en prévision de l’inévitable réaction anti-style Bergoglio qui va se produire lors de l’achèvement du pontificat.


    [1] Edizioni Terra Santa,  2021.