De First Things :
L'AVENIR DE L'ÉGLISE CATHOLIQUE
UN SYMPOSIUM
par Divers
Août 2024
Le Concile Vatican II est-il en train de disparaître dans le rétroviseur de l'Église ? Le pontificat de François a-t-il soulevé de nouvelles questions difficiles sur l'exercice de l'autorité papale ? L'Église romaine est-elle sur le point de devenir non occidentale ? Les papes et les évêques peuvent-ils enseigner efficacement à une époque d'individualisme rampant et de fragmentation sociale ? En bref, Quo vadis ? Quo vadis ? Nous avons demandé à cinq théologiens catholiques de réfléchir aux défis auxquels l'Église catholique est confrontée en ces premières décennies du XXIe siècle, et de tracer la voie à suivre. (-R. R. Reno)
La gouvernance
par Christopher Ruddy
Le pape François est à la fois une cause et un symptôme de la crise actuelle de la gouvernance dans l'Église catholique. Ambiguïté doctrinale délibérée, (in)action flagrante sur les abus sexuels commis par des clercs, centralisation de l'autorité papale au nom de la synodalité, conception problématique de la relation entre l'autorité ordonnée et l'autorité laïque, signaux contradictoires envoyés à une Église allemande qui vacille au bord de l'hérésie et du schisme - ces actions et d'autres encore ont poussé le catholicisme en territoire inconnu.
Nous sommes confrontés à la triste ironie d'une Église prétendument synodale et décentralisée qui, pour ne citer qu'un exemple apparemment mineur, interdit à certains catholiques fidèles de célébrer le culte dans leur paroisse et dicte aux pasteurs ce qui peut être imprimé dans les bulletins paroissiaux et sur les sites web des paroisses.
Pourtant, François est aussi un symptôme du processus séculaire qui a indûment centralisé l'autorité ecclésiale à Rome et encouragé un culte de la personnalité papale, souvent à la demande des laïcs. Il en est résulté une conception du pape comme monarque absolu trônant au-dessus du reste de l'Église, oraculaire et isolé.
Le pape François n'est pas à l'origine de tous ces problèmes et son successeur ne les résoudra pas tous. Comment un responsable ecclésiastique peut-il, par exemple, exercer efficacement son autorité à une époque marquée par la modernité liquide et la crise de confiance ? Trois desiderata semblent particulièrement urgents : l'intégrité doctrinale, la responsabilité et la transparence juridiques, et une culture ecclésiale de la participation et de la responsabilité.
La doctrine peut sembler un endroit étrange pour commencer une discussion sur la gouvernance ecclésiale. Mais la première tâche de tout évêque - et celle de l'évêque de Rome par-dessus tout - est de prêcher et d'enseigner fidèlement. Le Seigneur n'a proclamé Pierre "rocher" de l'Église qu'après qu'il eut professé que Jésus était "le Christ, le fils du Dieu vivant". L'Église de Rome, pour sa part, a toujours été connue pour la pureté de son enseignement apostolique. John Henry Newman parlait de la papauté, par exemple, comme d'une remora - une "rupture" - contre les innovations déformantes des hérétiques. Le travail de Rome, pour ainsi dire, a été de conserver, et non d'innover :
On dit, et c'est vrai, que l'Église de Rome n'a pas eu de grand esprit pendant toute la période de la persécution. Par la suite, pendant une longue période, elle n'a pas un seul docteur à montrer ; saint Léon, son premier, est l'enseignant d'un seul point de doctrine ; saint Grégoire, qui se trouve à l'extrémité du premier âge de l'Église, n'a pas de place dans le dogme ou la philosophie. La saine doctrine n'est pas seulement l'affaire des théologiens, mais elle rend possible une bonne gouvernance ecclésiale. Lorsque le dépôt de la foi est sapé, les doctrines deviennent des "politiques" qu'un pape promeut et qu'un autre pape renverse. Le pape devient un président, et une exhortation apostolique un décret. L'Église, bâtie sur la foi apostolique, ne peut être gouvernée de cette manière.