Nous savons gré à Christian Laporte (LaLibre) d'avoir rétabli la vérité concernant l'ancien évêque de Bruges qui, d'après certains médias, avait "trouvé refuge à la Nonciature" :
De l’influence d’une manchette de journal sur une décision, à moins que ce ne soit l’inverse : samedi, le "Laatste Nieuws" annonçait en pleine page une que l’ancien évêque de Bruges, Roger Vangheluwe, avait trouvé refuge à la nonciature apostolique à Woluwe-Saint-Pierre. Selon le premier quotidien flamand, l’évêque déchu y bénéficiait de tous les égards et de tous les services nécessaires pour mener une vie calme et confortable.
Prise comme telle, l’information était on ne peut plus choquante et donnait un nouveau coup de poignard moral au neveu de l’ex-évêque, déjà très perturbé d’avoir dû lire la semaine dernière dans "Knack" que le dossier à charge de Roger Vangheluwe allait être prescrit. Le journal populaire flamand précisait toutefois que le très controversé prélat était sur le point de quitter le quartier du Chant d’Oiseau pour une destination incconnue à l’étranger, sous le contrôle des services diplomatiques du Vatican.
L’on attendait donc une réaction du nonce apostolique Mgr Giacinto Berloco. Elle est tombée samedi après-midi sous la forme d’un communiqué transmis initialement aux seuls médias catholiques.
On a pu y lire que "la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, compétente pour juger les délits les plus graves commis contre les mœurs, a examiné le cas de Mgr Roger Vangheluwe, ancien évêque de Bruges. La Congrégation a décidé que, même si les faits d’abus sexuels commis sur la personne de son neveu sont prescrits selon les normes du droit canonique, Mgr Vangheluwe doit quitter la Belgique et entreprendre une période de traitement spirituel et psychologique".
Et d’ajouter que "Mgr Vangheluwe, qui depuis sa démission a vécu dans des endroits différents, sans une adresse fixe, est déjà parti de Belgique pour se soumettre à ladite décision".
Une manière de désamorcer la bombe médiatique mais aussi de ramener l’information à sa juste dimension : contrairement à ce qu’affirmait le journal flamand, la nonciature a fait savoir que l’ancien évêque n’a jamais logé sur place mais qu’il y avait effectivement été reçu par le nonce dont une des missions est d’accueillir l’ensemble des évêques. Avec une dimension évidemment très particulière dans ce cas-ci. En d’autres termes, l’ancien évêque n’a certainement pas eu droit à tous les honneurs dûs à des évêques "réglos" !
Ce que confirme le P.Tommy Scholtes, sj, le rédacteur en chef des Médias catholiques. "S’il est passé par l’ambassade du Saint-Siège, c’est aussi pour y être interrogé dans le cadre de l’enquête. Mais on ne peut certainement pas parler de lieu d’asile jouissant de Dieu sait quelle immunité diplomatique ou autre !" Et le commentateur religieux d’ajouter que le départ à l’étranger n’est pas synonyme non plus de fuite : "Il y a certes aussi prescription sur le plan canonique, mais cela n’empêche pas qu’il sera sanctionné, à commencer par cet exil qui complète sa mort civile en Belgique. Beaucoup trouvent anormal qu’il ne soit pas réduit à l’état laïc. Rien n’est décidé, mais le fait de devoir quitter la Belgique et tous les liens qu’il y avait est déjà une lourde punition. Cela dit, Roger Vangheluwe, suivi par le Vatican, sera toujours disponible le cas échéant."
De son côté, Me Walter Van Steenbrugge, l’avocat du neveu abusé par l’ex-évêque a dit à "La Libre" être de plus en plus étonné par l’enchaînement des événements : il a dû apprendre la prescription judiciaire par la presse et voilà que l’employeur de l’auteur des abus commis sur son client procède aussi de la sorte pour dire que le dossier est prescrit canoniquement.