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Les chrétiens d'Irak entre héroïsme et épouvante

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Une dépêche de catho.be relayant l'Aide à l'Eglise en Détresse

L'assassinat d'un chrétien dans la ville nord-irakienne de Kirkouk a déclenché l'épouvante parmi les fidèles du pays. Ce simple travailleur a été retrouvé décapité et mutilé le 16 mai dernier, car sa famille, sans ressources, n'avait pas réussi à trouver les 70.000 euros de rançon exigés. En Irak, la violence contre les chrétiens est toujours à l'ordre du jour. Il ressort des informations fournies par l'Église catholique que depuis 2004, il y a eu dans le pays toute une série d'attentats contre des églises, sept assassinats de prêtres, ainsi que plusieurs enlèvements d'évêques.

Lors d'un entretien avec l'oeuvre internationale catholique de bienfaisance "Aide à l'Église en Détresse", l'archevêque chaldéen catholique de Kirkouk, Mgr Louis Sako, a déclaré qu'il admirait que la foi de ses paroisses soit en permanence vigoureuse, malgré tant de violence. "Au cours de toutes ces années, je n'ai jamais entendu parler de la conversion du moindre chrétien à l'Islam, malgré les multiples menaces", a affirmé Mgr. Sako. En revanche, des musulmans viennent régulièrement dans son église pour se faire baptiser. "Mais je n'ai pas le droit de les baptiser. Il n'y a pas de liberté de culte !"

L'archevêque chaldéen catholique d'Erbil, Mgr Bashar Warda, estime que la décapitation du jeune chrétien à Kirkouk visait à intimider les chrétiens. "Désormais, chacun paiera immédiatement la rançon." Il suppose que des islamistes se cachent derrière ce crime, et a appelé les ecclésiastiques musulmans d'Irak à faire comprendre à leurs fidèles qu'un tel meurtre est un crime contre l'humanité et contre la foi. "Il est inconcevable que dans certaines mosquées, la haine contre les fidèles d'autres religions continue d'être prêchée", insiste-t-il.

L'archevêque syro-catholique de Mossoul, Yohanna Petros Mouche, a en revanche déclaré à "l'Aide à l'Église en Détresse" ne pas croire que des motifs strictement religieux résident derrière la violence dans le pays. Pour les bandes criminelles, il est plutôt question d'argent. Mgr Mouche a toutefois accordé que les bandits pouvaient être instrumentalisés par des courants politiques radicaux. "Certains disent même que les criminels sont payés par les partis", a-t-il ajouté.

Doutes quant à la possibilité d'un dialogue avec l'islam

Une délégation de "l'Aide à l'Église en Détresse" se trouve actuellement en Irak, pour s'informer de la situation de l'Église dans le pays. Au cours de l'entretien avec l'oeuvre de bienfaisance, tous les chrétiens irakiens interrogés ont exprimé des doutes quant à la possibilité que le dialogue interreligieux avec les musulmans porte des fruits. Un prêtre, qui pour des raisons de sécurité ne souhaite pas être nommé, a déclaré après le meurtre: "Les musulmans nous parlent constamment de cohabitation paisible. Mais quelque chose comme ce meurtre arrive, et aucun ecclésiastique musulman ne le condamne. Que devons-nous en penser?" Un autre prêtre a ajouté: "Il n'y a pas de dialogue interreligieux. Quand nous voulons parler avec des chefs musulmans, ils viennent, prêchent et repartent. Mais ils ne nous écoutent pas."

"Nous ne pouvons être sûrs des musulmans que si nous leur montrons que c'est nous qui avons le contrôle", a dit le maire d'une agglomération chrétienne à "l'Aide à l'Église en Détresse". Les chrétiens de son village, situé près du fief terroriste nord-irakien de Mossoul, se protègent par des murs de béton, des barrières routières et des gardes armées contre les terroristes et les criminels. "Les bandes armées sont un grave problème à Mossoul et aux environs", déclare le maire. "Nous supposons qu'il y a en Irak des courants politiques qui paient ces criminels pour qu'ils fassent la chasse aux chrétiens." Il estime, comme Mgr. Warda, que certaines mosquées iraquiennes ne prêchent que l'intolérance. "Si j'abandonnais le christianisme, personne ne me poursuivrait pour me couper la tête. C'est la différence avec l'Islam."

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