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Une solidarité ecclésiale toute nouvelle : la grève des prêtres

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Samedi soir, se rendant à l’une des rares messes « dominicales » célébrées dans le vaste doyenné de Haute-Meuse, une paroissienne a la mauvaise surprise de lire, affiché sur le porche de l’église, cet avis surréaliste : « Il n’y aura pas de messe le samedi 26/11 à Boncelles et dans aucune paroisse de l’Unité Pastorale. Messe dimanche 27/11 à 14h30 au Sart-Tilman. Pas de messe non plus dans toutes les paroisses du Doyenné Haute-Meuse en solidarité avec les familles touchées par la crise de la sidérurgie. »  À n’en pas douter, cette annonce aura choqué plus d’un(e) fidèle.  Pour témoigner sa sympathie aux victimes d’une crise économique, voilà donc un clergé qui décide, sans doute collégialement (et peut-être motu proprio…), de « faire grève », lui aussi !  Par quelle aberration des prêtres croient-ils faire passer un message évangélique de solidarité en invitant leurs ouailles à ne pas prier ?

Pareille initiative est en totale contradiction avec le principe même d’une demande qu’exprime la prière centrale de la messe: "Donnez-nous aujourd’hui notre pain quotidien." De tous temps, et particulièrement en période d’épreuves, personnelles ou collectives, l’Église n’a cessé d’inviter les fidèles à la prière. Passe encore que les (rares) jeunes prêtres l’ignorent, mais leurs aînés seraient-ils à ce point frappés d’amnésie ? Ignoreraient-ils que, naguère encore, l’Église organisait des rassemblements eucharistiques ou des saluts, parfois des processions, pour invoquer la protection du Très-Haut, en cas de grands périls, d’épidémies, de guerre, de sécheresse prolongée ? Ignoreraient-ils que, durant la terrible offensive Von Rundstedt, dans nos Ardennes, de pieuses implorations montaient vers le Ciel ? N’ont-ils jamais entendu parler des Rogations, ces occasions de prières collectives destinées à renforcer – et non à abolir ! – le lien social, la solidarité envers le prochain ? Il est vrai que, « grâce à » la disparition des vêpres, ils ne connaissent plus les belles invocations : Deus, in adiutorium meum intende – Dieu, songez à me secourir. – Domine, ad adiuvandum me festina – Seigneur, hâtez-vous à venir à mon aide…

En 2003, l’ « athéologue » Michel Onfray lançait cette imprécation : « Reviens, Voltaire ! » (Libération, 3-XII-2003) ; cinq ans plus tard, Philippe Val publiait son Reviens, Voltaire, ils sont devenus fous (Grasset). À chacun son « patron ». Pour ma part, je pasticherais volontiers ces auteurs :  Reviens, Jésus, ils sont devenus fous.  Qu’en pense Son Excellence Monseigneur Aloÿs Jousten, révérendissime évêque de Liège ?

Mutien-Omer Houziaux.

Commentaires

  • C'est effectivement ahurissant. Voilà un prêtre qui décide de faire grève de l'eucharistie, quand des hommes sont dans la détresse. Considère-t-il que c'est Dieu qui serait responsable de la fermeture, et non M. Mittal ?

    Après les chauffeurs des TEC qui prennent en otages les usagers par des grèves sauvages, où va-t-on si un prêtre prend en otages ses paroissiens par une grève sauvage ? C'est une forme de violence envers ses paroissiens qu'on attend peu de la part d'un prêtre. Heureusement pour nous que Jésus n'a pas décidé de faire grève au cours de la mission que lui avait confiée son Père.

    S'il tenait à faire une forme d'action de solidarité, pourquoi donc n'a-t-il pas plutôt fait une sorte de grève du zèle pour Dieu, en organisant deux fois plus de messes afin de prier encore plus pour les travailleurs licenciés ? Évidemment, cela aurait été plus dur, mais sans doute plus témoin de l'Évangile que de se croiser les bras. La foi, l'espérance et la charité sont des vertus chrétiennes qui se marient mal avec le croisement de bras.

  • Cher Monsieur Houziaux,

    Je me suis empressé dès hier midi de faire part de mes considérations sur cette preuve flagrante de manque total de charité chrétienne dans le chef de nombre de représentants du clergé.

    Plutôt que de les supprimer, c'est bien le moment de dire des Messes, afin que des solutions soient trouvées qui viennent en aide à tous en particulier aux familles éprouvées par ces pertes d'emploi.

    Il existe dans nos missels une Messe adéquate dénommée : "Messe en toutes circonstances", Messe dans laquelle le texte de l'introït est des plus exhaustifs, comme je l'ai écrit sur le Forum Catholique.

    Hélas le modernisme ne tient plus compte de ce qui faisait "la foi du charbonnier" !

    Oremus.

  • Rectification : lisez "Messe en toutes nécessités".

  • Où la "solidarité" va-t'elle se nicher. C'est devenu à la mode de faire grève par solidarité. Alors ces prêtres qui considèrent leur apostolat comme une profession, comme un métier comme les autre, voire comme un service à la clientèle comme la poste, la télé, les transports en commun s'y mettent aussi. Ou bien quelque théologien "modern style" a-t'il inculqué à nos prêtres que le Très-Haut n’avait plus rien à voir là-dedans.

  • Faire la "grève de l'eucharistie" par ... solidarité. On croit rêver.

    L'Eucharistie ne peut être instrumentalisée par des prêtres pour servir des objectifs qui n'ont rien à voir avec sa signification profonde. Il y a bien d'autres moyens pour manifester sa solidarité avec un drame social.

    Il semble aussi que l'on soit loin ici de la fameuse "hiérarchie pyramidale" tant décriée par certains mais plutôt dans l'anarchie de la part de certains clercs.

  • En fait, pour l'avoir entendu de la bouche même d'un religieux verviétois, leur point de vue, absurde, est le suivant: ce geste de solidarité a autant de valeur qu'une messe. Logique si on a perdu le sens de ce qu'est en réalité l'Eucharistie.

  • Une paroissienne du Sart-Tilman me parle spontanément de cette « action », que l’évêque n’a pas ignorée, en précisant qu'elle s’intitulait « Jeûne Eucharistique ». Admirez la dérision du jeu de mots : il ne s’agissait évidemment pas d'inviter les gens à respecter le jeûne préalable à la réception de la sainte communion mais d'user de termes religieux pour parler de la grève des messes. Le clergé gréviste renonça, parait-il, à aller jusqu’à remplacer ces messes par une manifestation de rue,car on craignait une trop faible mobilisation des « fidèles ». Il eût cependant été plaisant de voir, par exemple, un évêque qui n'approuve pas la procession liégeoise de la fête-Dieu prendre la tête de cette procession d’un nouveau genre…

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