« Saint Benoît-Joseph Labre, la seule gloire française
du XVIIIème siècle, mais quelle gloire ! »
Verlaine (1844 – 1896)
SAINT BENOIT-JOSEPH LABRE
Comme l'Eglise est bonne, en ce siècle de haine
D'orgueil et d'avarice et de tous les péchés,
D'exalter aujourd'hui le caché des cachés
Le doux entre les doux à l'Ignorance humaine.
Et le mortifié sans pair que la Foi mène
Saignant de pénitence et blanc d'extase, chez
Les peuples et les saints qui, tous sens détachés,
Fit de la Pauvreté son épouse et sa reine,
Comme un autre Alexis, comme un autre François
Et fut le Pauvre affreux, angélique, à la fois
Pratiquant la douceur, l'horreur de l'Evangile !
Et pour ainsi montrer au monde qu'il a tort
Et que les pieds crus d'or et d'argent sont d'argile
Comme l'Eglise est bonne et que Jésus est fort !
(Paul Verlaine – « Souvenirs » 1881)
Une très belle notice est consacrée à ce saint fêté aujourd'hui et qu'un sénateur français désignait ainsi : « Un exemple de paresse et d’obscurantisme sanctifié sous prétexte qu’il était mort en état de crasse » (au moment de la canonisation de Benoît Labre en 1881 par le pape Léon XIII).
Commentaires
Je me rappelle avoir lu à son sujet qu'au moment de la période difficile de la révolution française, il avait été recueilli dans la région lyonnaise par les Vianney, parents du futur curé d'Ars. On imagine la "photo" du petit Jean-Marie en compagnie du vagabond Benoît-Joseph.
@ michel ... Ai trouvé ceci sur wikipedia : « Il se rend alors à Paray-le-Monial, puis à l'approche de Lyon, à Dardilly, Pierre Vianney, le grand-père de Jean-Marie Vianney, offre son hospitalité à ce vagabond. »
Il est assez logique que ce soit plutôt le grand-père du curé d'Ars, car Benoit-Joseph Labre est décédé en 1783, six ans avant la Révolution française, donc dans une période déjà certainement travaillée par l'anticléricalisme voltairien.
Verlaine (artésien lui aussi) écrivit effectivement ce poème au saint pouilleux, vagabond, SDF! né à Amettes en 1748, mort à Rome en 1783, canonisé en 1881.
C'est un sonnet de deux quatrains et deux tercets, il a été publié dans "AMOUR" dédié à son fils Georges Verlaine, son intitulé est:
"Saint Benoit-Joseph Labre
JOUR DE LA CANONISATION"