Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Liturgie de la messe vernaculaire : de la traduction des paroles de la consécration

IMPRIMER

Océane Le Gall

ROME, mercredi 2 mai 2012 (ZENIT.org) – Traduire correctement le « pro multis » de la prière de la consécration, pendant la messe, est une question « d’amour » et de « respect » pour la parole de Dieu, explique le P. Federico Lombardi, s.j., dans son éditorial hebdomadaire du Centre de télévision du Vatican (CTV) dont il est le directeur.

Mais de quoi s’agit-il ? Il s’agit des paroles de la consécration prononcées pendant la messe, par le prêtre, sur le vin, au Nom du Christ (à la première personne) : cette prière consécratoire parle du sang versé par le Christ « pour la multitude », selon la traduction liturgique en français. Or, l’allemand dit « für alle », c'est-à-dire « pour tous », mais pour être fidèle au latin « pro multis » - proche de l'Evangile - il faudrait traduire par « für viele », « pour beaucoup ».

Pour le directeur du CTV, la demande de Benoît XVI constitue « une leçon d’amour et de respect vécu pour la Parole de Dieu, de réflexion théologique et spirituelle essentielle et de très haut niveau, pour vivre plus profondément l’Eucharistie ».

Il explique le contexte de cette intervention personnelle du pape : c’est après Pâques, alors qu’il prenait quelques jours de repos à Castelgandolfo, près de Rome, et en vue de la parution prochaine d’une nouvelle traduction en allemand des livres liturgiques catholiques, que Benoît XVI a décidé d’écrire personnellement aux évêques germanophones.

Sur un ton « fraternel mais ferme », précise-t-il, le pape demande aux évêques une traduction plus fidèle des paroles prononcées par le Christ lors de l’institution de l’Eucharistie.

Le P. Lombardi explique que la traduction de la formule latine « pro multis » par « pour beaucoup » au lieu de « pour tous » est plus fidèle au texte de l’Evangile. 

Il précise que cette clarification linguistique du pape ne s’adresse pas uniquement « à quelques spécialistes raffinés » mais qu’elle « permet de comprendre ce qui est important pour le pape et dans quel état d’esprit il affronte ses priorités ».

Pour Benoît XVI, explique le P. Lombardi, les paroles de l’institution de l’Eucharistie sont « absolument fondamentales » : elles sont « au cœur de la vie de l’Eglise ». Or, continue-t-il, par la formule « pour beaucoup », « Jésus s’identifie au Serviteur du Seigneur, annoncé par le prophète Isaïe ».

« Et en répétant ces paroles, ajoute-t-il, nous exprimons mieux une double fidélité » : « notre fidélité à la parole de Jésus, et la fidélité de Jésus à l’Ecriture. »

« Il ne fait aucun doute que Jésus est mort pour le salut de tous », poursuit le P. Lombardi, mais  « il faut expliquer aux fidèles la signification profonde des paroles de l’institution de l’Eucharistie » : « le Seigneur se donne « pour vous et pour beaucoup » », c’est pourquoi «  nous nous sentons directement concernés et, dans notre gratitude, devenons responsables du salut promis à tous. »

Le Pape, conclut le P. Lombardi, avait « déjà abordé cette question dans son livre sur Jésus » de Nazareth, et il « donne un exemple de catéchèse, profond et passionnant, sur une des formules les plus importantes de la foi chrétienne ».

Zenit a récemment publié un entretien avec le P. Denis Biju-Duval sur cette question la « responsabilité » pour le « salut promis à tous » à propos de son livre « Faut-il encore se soucier du salut des âmes? L'urgence de l'évangélisation » (éd. de l’Emmanuel) (cf. Zenit du 27 avril 2012).

La question est en effet de savoir si la liberté, le bien et le mal, le jugement, la damnation et l’enfer existent…ou si, de toute manière, comme le dit la chanson, «  nous irons  tous au paradis » : c’est la thèse des modernistes.

Voir également :

Journal du Vatican / "Pour beaucoup" ou bien "pour tous"? La bonne réponse est la première

Commentaires

  • Vous me permettrez de ne pas être d’accord avec le point de vue développé dans cet article, fût-il – ce qui reste à démontrer – celui du pape.
    Les récits évangéliques de l’institution de l’eucharistie utilisent l’expression «… versé pour la multitude» - peri pollôn (Mt 26, 28), ‘uper pollôn (Mc 14, 24). Mais Jésus ne parlait pas grec – et encore moins latin – mais araméen ou hébreu. Et, comme le signale très justement une note de la TOB (note j, sous Mt 26, 28), en utilisant ce mot, Jésus «proclame la valeur universelle de son sacrifice pour la multitude, c’est-à-dire, selon le sens sémitique de la formule, pour l’ensemble des hommes (cf. Es 53, 12)».
    Les paroles du Seigneur au cours du dernier repas font écho à d’autres, prononcées auparavant: «… le Fils de l’homme est venu… donner sa vie en rançon pour la multitude» (anti pollôn). Là encore, une note de la TOB (note f, sous Mc 10, 45) est éclairante: «Litt. pour de nombreux, pour beaucoup. L’expression a ici un sens large: Jésus meurt en faveur de et à la place de (pour) la foule des hommes, comme le Serviteur d’Esaïe pour l’ensemble du peuple. Cf. Es 53, 11-12; Mc 14, 25 par.»
    Et ce n’est pas tout: «L’amour du Christ nous étreint, à cette pensée qu’un seul est mort pour tous…» (‘uper pantôn). C’est saint Paul qui l’affirme avec force dans la 2e Epître aux Corinthiens (5, 14).
    Niera-t-on que le Christ a livré sa vie pour que tous les hommes soient sauvés? C’était sans nul doute sa volonté la plus profonde: «Quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes» (pantas) (Jn 12, 32).
    Dire cela, ce n’est pas affirmer que «nous irons tous au paradis», mais que le Christ a versé son sang pour qu’aucun ne soit perdu. Et, pour notre part, si nous ne pouvons évidemment pas affirmer que tous seront sauvés, nous pouvons - comme nous y invite H. Urs von Balthasar - prier et "espérer pour tous".
    Que le pape Benoît, lorsqu’il célèbre en italien, dise donc, comme ses prédécesseurs l’ont fait des milliers de fois sans avoir le sentiment de «manquer d’amour et de respect pour la Parole de Dieu»: «… questo è il calice del mio sangue per la nuova ed eterna alleanza, versato per voi e per tutti, in remissione dei peccati».

  • @ Fiodor

    Le texte latin normatif dit, me semble-t-il "pro multis"(pour beaucoup, pour la multitude) et non "pro omnibus" (pour tous).

    Bien sûr le sang versé par le Christ est pour que tous soient sauvés mais nous ne sommes pas des robots. le mystère du mal joint à notre liberté et la parole sur le jugement divin nous éclairent sur la profondeur du drame de l'humanité.

    Nous mêmes regardons avec compassion mais aussi effroi vers Celui que nous avons transpercé.

    Certes, ne soyons pas jansénistes: par son sang non pauci sed multi seront rachetés, mais nous ne connaissons pas le nombre exact des élus...

Les commentaires sont fermés.