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La dérive totalitaire de la démocratie

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Nous reproduisons ci-dessous un billet de Philippe Maxence paru hier sur le site de l'Homme Nouveau. Il s'agit d'envisager la démocratie dans ce qu'elle peut avoir de totalitaire. Et que dire dans ce pays où nous avons quelques mesures d'avance sur l'Hexagone? On le voit bien lorsque même l'archevêque de Malines-Bruxelles n'est plus libre de s'exprimer sans recevoir les foudres des représentants des élus au pouvoir. Et que dire de ce battage d'opinion qui fait rage actuellement pour nous imposer le politiquement et culturellement correct au sujet de l'homosexualité, mise sur le pavois ce week-end. Malheur à nous si nous osons encore affirmer que le mariage, comme le dit le dictionnaire, consacre l'union entre un homme et une femme. On a vu aussi comment il a été rendu compte dans les médias de la récente Marche pour la Vie organisée à Bruxelles. Combien de temps supportera-t-on encore qu'un blog comme celui-ci ose aller à l'encontre de la pensée dominante? Et combien de temps pourrons-nous encore "tenir" alors que tout conspire contre ce que nous pensons et ce que nous aimons?

Résultat de l'élection présidentielle oblige, la presse s'est plu à voir dans la transition pacifique entre un Président de droite et son successeur de gauche, la preuve que notre pays était une « démocratie pacifique ». C'est, surtout, la preuve que les mots supportent tout !

Pacifique, une démocratie qui considère comme un droit la suppression des enfants dans le ventre de leur mère ?

Pacifique, une démocratie qui se prépare à éliminer ses vieillards et ses malades, comme le prévoit la panoplie électorale du nouveau Président ?


Dans Evangelium Vitæ, le pape Jean-Paul II a qualifié très justement une telle démocratie : totalitaire. Le passage en question de cette encyclique est particulièrement fort. Il semble pourtant que nous l’ayons oublié, comme si l’évolution du système politique dans lequel nous sommes était normale. Le propos de Jean-Paul II mérite pourtant d’être relu et analysé. Parlant des conséquences du relativisme, le pape écrivait :


« Le “droit” cesse d'en être un parce qu'il n'est plus fermement fondé sur la dignité inviolable de la personne mais qu'on le fait dépendre de la volonté du plus fort. Ainsi la démocratie, en dépit de ses principes, s'achemine vers un totalitarisme caractérisé. L'État n'est plus la “maison commune” où tous peuvent vivre selon les principes de l'égalité fondamentale, mais il se transforme en État tyran qui prétend pouvoir disposer de la vie des plus faibles et des êtres sans défense, depuis l'enfant non encore né jusqu'au vieillard, au nom d'une utilité publique qui n'est rien d'autre, en réalité, que l'intérêt de quelques-uns.


Tout semble se passer dans le plus ferme respect de la légalité, au moins lorsque les lois qui permettent l'avortement ou l'euthanasie sont votées selon les règles prétendument démocratiques. En réalité, nous ne sommes qu'en face d'une tragique apparence de légalité et l'idéal démocratique, qui n'est tel que s'il reconnaît et protège la dignité de toute personne humaine, est trahi dans ses fondements mêmes : “Comment peut-on parler encore de la dignité de toute personne humaine lorsqu'on se permet de tuer les plus faibles et les plus innocents ? Au nom de quelle justice pratique-t-on la plus injuste des discriminations entre les personnes en déclarant que certaines d'entre elles sont dignes d'être défendues tandis qu'à d'autres est déniée cette dignité ?”. Quand on constate de telles manières de faire, s'amorcent déjà les processus qui conduisent à la dissolution d'une convivialité humaine authentique et à la désagrégation de la réalité même de l'État.


Revendiquer le droit à l'avortement, à l'infanticide, à l'euthanasie, et le reconnaître légalement, cela revient à attribuer à la liberté humaine un sens pervers et injuste, celui d'un pouvoir absolu sur les autres et contre les autres. Mais c'est la mort de la vraie liberté : “En vérité, en vérité, je vous le dis, quiconque commet le péché est esclave du péché” (Jn 8, 34). » (n. 20).


Si nous ne prenons pas en compte le fait que nous sommes bien dans cette situation d’une « démocratie totalitaire » ou d’une « dérive totalitaire de la démocratie », il sera difficile d’ajuster la réplique catholique à l’enjeu de la situation. À méditer.

Commentaires

  • La fausse démocratie qui nous est imposée est une invention machiavélique. Elle émane en effet du despotisme éclairé de la franc maçonnerie, dont un des principes de base est « diviser le peuple pour mieux régner sur lui ».

    Au 19è siècle, les francs maçons avaient inventé une autre forme de fausse démocratie. Selon d'autres principes francs maçons, seuls les élites, les notables, les puissants, pouvaient voter, et seuls les hommes pouvaient voter. Mais cela ne respectait pas leur principe de division du peuple, qui risquait donc de s'unir et de se liguer contre leurs despotes.

    Ils comprirent donc que donner le droit de vote au peuple pouvait être un moyen puissant de division de celui-ci, puisqu'ils créeraient des partis politiques toujours dirigés par les mêmes notables francs maçons. Ils créèrent donc, non pas une démocratie, mais une particratie ou une ploutocratie.

    Et depuis lors, ils dorment sur leurs deux oreilles. Le peuple est divisé en permanence, et s'entre déchire. Les notables peuvent donc continuer à s'engraisser, sans risquer qu'un peuple désuni ne se retourne contre eux. Ils ont même réussi à interdire le referendum populaire.

    En Belgique, l'union n'a jamais fait la force, c'est au contraire la désunion artificielle du peuple qui a toujours fait la force de ceux qui l'exploitent et le manipulent.

  • Nous vivons en effet sous la dictature de la "pensée unique", d'une forme de "tolérance" qui ne tolère plus qu'elle-même, alors que, au moins nominalement, la liberté d'expression est un droit inscrit dans la constitution... Nous avons le devoir, en tant que Chrétiens, de continuer à exercer ce droit, en dépit des intimidations diverses.
    Remarquons quand même que ces intimidations prennent rarement une tournure violente, contrairement à certains pays...

  • Quelle belle utopie, ce en quoi on veut nous faire croire ! Le réalisme voudrait nous faire comprendre que le pouvoir politique est nécessairement de nature oligarchique.Pas la peine de nous rebiffer, c'est dans l'ordre des choses, simple question de bon sens à mon avis. Le tout est de savoir construire une société dans laquelle les puissants seraient les bons. Et de redéfinir la puissance humaine, qui ne peut avoir, en matière de pouvoir, de légitimité que divine. Autrement quel homme, à quel titre, pourrait s'estimer suffisamment compétent et au-dessus de la norme pour prendre en main de telles responsabilités ? Mais il y a du chemin à faire, d'abord réaliser que les intérêts perso des prétendants au gouvernement n'ont aucune part au schmilblick. Et on en est loin.

  • J'avoue n'avoir pas tout lu.
    mais céder à l'envie de vous partager ce texte de Soljenytsine qui me nourrit et me fait réfléchir sur la situation d'aujourd'hui qui ne s'est pas améliorée par rapport à 1978 ! ...http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMDictionnaire?iddictionnaire=1680

    Aussi poser une question : comment faire de la "résistance" quant à cette pensée unique qui prône l'élimination des indésirables et des vieillards comme un progrès, l'autorisation des unions contre nature comme une liberté civique etc...!?
    Parfois je me dis que regretter, dénoncer, s'indigner , maudire n'est pas la solution .... cela ne provoque pas la conversion mais la défensive et la cristallisation des oppositions bien réelles...
    C'est fatigant, dangereux et peu efficace...

    La véritable résistance, ne serait elle pas dans l'Espérance envers et contre tout qu'à travers cette culture de mort totalisante, il y a des hommes et des femmes affamés d'amour écorchés vifs et blindés ...contre qui la meilleure arme n'est peut-être pas le bouclier du "non négociable" mais la bienveillance et le choix de ne pas les suivre en toute liberté et sérénité... ?

    C'est tout aussi éprouvant et difficile, sans efficacité prouvée mais cela ne nous raccroche -il pas à Celui hors de qui nous ne pouvons rien faire ?

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