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Poursuivre, malgré tout

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Grâce au concours de mains amies que je remercie, belgicatho a poursuivi son activité durant ces dernières semaines malgré des circonstances qui m’ont amené à déserter le poste de veille que je m'y suis assigné. Fort heureusement, le blog a pu être maintenu en activité par l’ami très fidèle qui y travaille jour après jour, avec une constance admirable ; une jeune collaboratrice enrôlée pour la circonstance ainsi que d’autres précieuses et opportunes contributions ont fait le reste.

Un premier fait peu réjouissant m’a tenu écarté du blog. Il illustre la terrible problématique dans laquelle nous nous trouvons plongés en ces temps de dépeuplement de nos églises et d’extinction des vocations : c’est ainsi que présidant une fabrique d’église, je me suis retrouvé confronté avec la politique de restructuration de nos paroisses par des clercs prompts à supprimer des messes et à fermer des églises. Comment faire face à des décisions prises par un « soviet pastoral » qui décide de fermer votre église un dimanche sur deux, sans la moindre concertation préalable ? Bien sûr, on sait que la situation risque d’être encore plus grave dans les années à venir mais faut-il pour autant mener une politique de restructuration qui anticipe prématurément les scenarios du pire et dont toute forme d’espérance semble être bannie ? Atteint par ces mesures, il me faut avouer que le choc a été rude et que j’en ai été fortement ébranlé, au point de remettre en question mes engagements, y compris sur ce blog.

IMG_3849.JPGFort heureusement, un voyage d’une douzaine de jours au pays des tsars m’a tenu éloigné de mon ordinateur tout en me permettant d’échapper à ces préoccupations lancinantes, mais aussi de découvrir des réalités plus réjouissantes. Là-bas, j’ai expérimenté que rien de tout ce qui est humain n’est irréversible. La disparition de l’univers bétonné de l’URSS a permis à tout un peuple de renouer avec son histoire, avec sa culture et, surtout, avec sa foi. Ainsi les guides qui nous ont fait découvrir une myriade d’églises et de monastères nous-ont-ils partagé leur expérience de convertis : éduqués par des parents communistes, « formatés » par le système, ils se sont fait baptiser après la chute du régime soviétique. Nous avons été éblouis par ce riche patrimoine religieux relevé, restauré, voire reconstruit ; les églises dynamitées sous Staline, converties en entrepôts, en gymnases, en patinoires, en musées de l’athéisme, retentissent à nouveau des mélodies harmonieuses de la liturgie orthodoxe. Au sommet des dômes bulbeux, les croix étincellent. Dans les sanctuaires, les foules dévotes se pressent pour se recueillir devant les icônes et les tombeaux des saints. Il estIMG_4439.JPG impressionnant de voir des enfants vénérer les images sacrées comme si la tradition ne s’était jamais interrompue. Le nombre de religieux et de religieuses, souvent jeunes, circulant dans les enceintes des monastères suscite lui aussi l’étonnement. Voilà donc le résultat de tant d’efforts insensés pour tenter d’éteindre définitivement la foi, durant plus de trois générations, de 1917 à 1989 ! Cela m’a réjoui, bien sûr, mais surtout ému et touché lorsque, nous glissant au milieu des fidèles, nous nous laissions porter par leur prière et par leurs chants, dans cette atmosphère mystique profonde propre à la liturgie byzantine. La prégnance du surnaturel y est si forte qu’elle irradie dans l’univers profane et le transsubstantie en quelque sorte, rendant les réalités célestes tellement présentes que celles de l’ici-bas en perdent leur évidence. Ai-je besoin d’insister sur le contraste saisissant que constitue ce trésor vivant de spiritualité liturgique et artistique quand on le confronte avec la pauvreté de ce qui nous est « offert » à l’Ouest depuis le Concile Vatican II ?

Au retour de ce voyage se pose immanquablement la question de savoir si un tel retournement de situation est concevable chez nous. Si, effectivement, le dogme de l’irréversibilité de l’évolution de la société, de la culture, de la morale, est bien ancré en Europe occidentale, les changements survenus à l’Est manifestent la précarité des choses humaines. Mais il faut faire la différence entre un régime persécuteur imposant ses contraintes par la force à toute une population, et un processus de décomposition interne à la société, bénéficiant de l’adhésion de ses membres. Se libérer d’un joug extérieur et renouer avec ses racines est une chose, revenir de ses abandons, de ses reniements, de ses complicités et de ses acquiescements, est une toute autre affaire…

Par quels processus devrons-nous passer pour qu’un renversement analogue à ce qu’on peut observer dans les pays d’ancienne démocratie populaire se produise chez nous ? Dieu seul le sait mais la route promet d’être longue, très longue. En attendant, il nous faudra poursuivre la tâche entreprise même si elle se révèle ingrate et fastidieuse alors que la nuit se prolonge et se fait de plus en plus opaque. Ce combat excède nos forces et il ne peut être mené qu’avec la grâce que Dieu veut bien nous accorder. Merci de prier pour cela.

YW

Commentaires

  • Merci pour ce message plein d'espérance.
    Le Renouveau paraîtra immanquablement car le Christ a déjà vaincu la mort et il trouvera au milieu de son peuple des prophètes et des saints qui l'aideront à réveiller la foi de la multitude.

  • Ce combat excède nos forces et il ne peut être mené qu’avec la grâce que Dieu veut bien nous accorder.

    Vous le dites vous même et, comme nous tous, vous ne comprenez pas ce que vous dites, le tout de ce que vous dites... Votre foi qui est confiance devrait vous éviter toute déprime; vous vous engagez mais la Providence veille sur les conséquences, sur les résultat. Donc, à Dieu va.

  • Nous devons en effet prier dans ce sens. L'exemple russe et l'Histoire même montrent que rien n'est irréversible. La chape de plomb de la pensée unique "politiquement correcte" et cathophobe finira tout comme le régime des Soviets. L'Eglise est passée par des moments plus difficiles.
    Quand à nos églises, gageons que Dieu préfère voir le nombre de fidèles augmenter que le nombre de bâtiments pour les accueillir. Tous les bâtiments finissent par s'effondrer un jour, notre foi, elle, est éternelle...

  • Yves, humainement je partage tes inquiétudes; comme chrétien, je m'en remets entre les mains du Seigneur. Il nous faut ces temps de purification.
    Tout n'est pas noir, même dans nos sociétés occidentales de notre vieille Europe.
    Le bon pape Jean XXIII aimait nous encourager à savoir lire les signes des temps.
    Seigneur, envoie ton Esprit, qu'il renouvèle la face de la terre. Ouvre mes yeux Seigneur aux merveilles de ton amour !

  • A parler franchement je ne crois à aucun retournement de situation en Occident. Car ce qui est en cause est plus profond que tout ce qu'envisagent les catholiques fidèles. Ce qui est en cause, c'est la mentalité même de l'homme occidental. L'augustinisme nous a fait un tort considérable. La spiritualité orientale est tout autre. Un des commentaires évoque le "bon pape Jean"... alors que sa responsabilité dans le désastre est éclatante et terrible. Un autre commentaire entend en appeler à la seule grâce de Dieu... attitude facile et un peu lâche. Avec de pareils soldats du Christ on peut être sûr de n'aboutir à rien. Et que de déviations doctrinales et liturgiques dans l'Église de Rome ! non pas seulement depuis Vatican II, mais depuis... le Ve siècle environ avec le Filioque. Et que d'équivoques chez Benoît XVI !
    Il nous faudra, je le crains, boire le calice jusqu'à la lie. Mais courage nous dit Jésus : "J'ai vaincu le monde".

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