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MPT : la réponse de l'abbé Grosjean à Thierry Peltier

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Sur Mediapart, l'abbé Grosjean répond à la lettre de Thierry Peltier que nous avons répercutée sur belgicatho pour y susciter un débat franc et ouvert sur la question (voir ICI, , et encore ICI, et encoresans oublier cette note, ni celle-ci) :

En Actes et en Vérité

Thierry est un catholique belge, qui a publié sur médiapart une « Lettre ouverte à l’Abbé Grosjean et à ceux qui le suivent », me reprochant la façon dont j’ai pu prendre part, avec de nombreux autres prêtres, et à la suite de nos évêques, au débat autour de la loi Taubira. Nous avons prévu de nous voir bientôt, pour un dialogue franc. En attendant, voici ma réponse. 

Cher Thierry,

J’ai bien lu votre longue lettre. Je vous remercie de votre franchise et je voudrais vous répondre avec la même franchise. Non pas seulement pour moi dans l’échange personnel que je vous ai proposé, ou pour ceux qui partagent vos questions, mais aussi pour tous ceux qui ont pu se sentir blessés ou incompris par la publication de votre message.

Tous vos arguments ne révèlent au fond qu’une seule chose : c’est que la caricature permanente qu’on a tenté de faire peser sur le débat du mariage pour tous, depuis le début, a fini par susciter de vraies incompréhensions. Même entre nous, entre frères chrétiens. Je ne vous demande pas d’être d’accord avec moi dans ce débat ; mais je vous demande juste, en frère, de faire l’effort de dépasser les mensonges les plus absurdes et d’essayer de me comprendre…

Pour mieux éviter de répondre à nos questions, une majorité politique mal à l’aise a tout fait pour nous diaboliser. Je le déplore, mais c’est ainsi. En revanche, qu’un catho cède à cette diabolisation, c’est bien le comble. Et pour tout vous dire, cela me blesse profondément. Comment pouvez-vous me faire tenir des propos que je n’ai jamais eus ? Me prêter des intentions qui sont si loin de ce dont j’ai témoigné ? Jamais je n’ai traité les homosexuels en bouc émissaire ; au contraire, je n’ai cessé de rappeler que chaque personne devait être aimée et respectée. Où avez-vous lu ces mots que je n’ai jamais dits ? Vous évoquez le procès du Christ : à sa suite, nous avons été jugés par un pouvoir sans justice, qui ne voulait pas entendre. Ne vous faites pas procureur à votre tour sans répondre à sa question ! « Si j’ai mal parlé, montre où est le mal... Mais si j’ai bien parlé, pourquoi me frappes-tu ? »

Jamais non plus je n’ai rêvé que l’Eglise impose sa loi à la société, jamais je n’ai méprisé la démocratie. Au contraire, j’ai seulement demandé, parmi tant d’autres, un peu de démocratie… De quel droit a-t-on pu nous dénier, à nous, prêtres et « cathos de base », pour reprendre votre expression, la possibilité de parler avec tous de l’avenir de notre pays ? Sous prétexte qu’il faut refuser le pouvoir au christianisme, qui ne le demandait pas, on a refusé la parole aux chrétiens... Comment pouvez-vous à votre tour tomber dans ce triste piège ? Lorsque les chrétiens, parmi d’autres, parlent du mariage civil, ne sont-ils pas concernés ? Doivent-ils être écartés du débat ? Souvenez-vous, Thierry, de ceux qui demandaient à l’Eglise de rester dans ses sacristies lorsqu’elle prenait fait et cause pour les pauvres, les exclus, les minorités… Serez-vous avec eux aujourd’hui pour limiter la démocratie, ce dialogue libre où tous ont leur part ? N’est-ce pas au fond le plus haut service que l’Eglise puisse rendre au cœur de l’espace public et dans les médias : continuer d’interpeller et d’éclairer les consciences, pour défendre le bien commun et les droits de la personne humaine ?

La vérité, Thierry, c’est que nous avons seulement voulu prendre part au dialogue. Et qu’on nous l’a refusé. A l’appel unanime de nos évêques, nous voulions dire cette chose si simple : qu’on ne peut pas légiférer sur la famille sans prendre d’abord en considération le bien du plus petit. Le chrétien n’est-il pas dans son rôle lorsqu’il témoigne ainsi ? Et en l’occurrence, je pense, comme des millions de français, que le bien du plus petit c’est de grandir entouré de son père et de sa mère, parce que la vie ne vient pas de nulle part et que la fécondité de l’homme et de la femme est fondatrice de la vie d’une famille. Quelle haine voyez-vous là-dedans ? Quel désir de pouvoir ? Quel extrémisme condamnable ?

Bien sûr, je le sais comme vous, la famille est toujours un lieu de fragilité. Ne vous inquiétez pas pour moi, je connais la réalité aussi bien que vous... Balzac disait que le prêtre est celui qui vit le plus l’expérience de la misère sociale, de la misère humaine cachée derrière les façades. Ces enfants qui souffrent, ces parents qui galèrent, ces couples qui se déchirent, je les accompagne chaque jour, comme mes milliers de confrères de tous les coins de France. Ce n’est pas aujourd’hui qu’on apprendra à l’Eglise ce que vivent les hommes et les femmes, vous savez… En quoi cela devrait-il nous empêcher de rechercher le meilleur pour un enfant ? Deux personnes homosexuelles ne vont pas faire souffrir l’enfant qu’elles éduqueront, bien sûr ! Mais, malgré tout leur amour sincère et généreux, ne manquera-t-il pas quelque chose à cet enfant ? Ne lui manquera-t-il pas quelqu’un ? Son père, sa mère… ? Est-il si coupable de poser simplement cette question ?

Je crois avoir tenu mon rôle de chrétien en la posant. Cela nous a valu bien des épreuves ! Je n’en ai jamais parlé, cher Thierry, mais à vous je voudrais vous le dire : j’ai été moi aussi durement attaqué dans cette période difficile, avec une violence inconnue jusqu’alors. A l’occasion de notre rencontre prochaine, je pourrais vous montrer les messages quotidiens que je reçois, comme mes frères prêtres du Padre Blog  et tant de citoyens, chrétiens ou non, engagés dans ce débat. Messages de violence et de haine, insultes gratuites, menaces en tous genres…! Le pouvoir n’aura cessé de jouer avec le mensonge, en présentant l’inquiétude simple et respectueuse de millions de citoyens en une preuve d’homophobie honteuse. Le résultat est là : au lieu de nous rassembler, ce faux progrès nous laisse profondément divisés. Des personnes homosexuelles ont souffert de ce débat et je les comprends ; elles n’ont pas été les seules…

Vous le savez, un prêtre donne sa vie pour témoigner de l’amour inconditionnel de Dieu pour chacun tel qu’il est – et rien d’autre. Il renonce à l’argent, au pouvoir, au confort. Cette vie est ma joie de chaque jour ! Mais je sais aussi que ce que nous portons et ce que nous sommes est depuis l’origine signe de contradiction. Le Christ lui même a vécu le mystère douloureux d’un cri d’amour qui n’est pas reçu. Qui suscite même parfois la haine… Il n’est donc pas étonnant que ceux qui le suivent puissent vivre la même expérience.

Je voudrais simplement qu’aucun de mes frères dans la foi ne cède à ce rejet, sans avoir au moins essayé de comprendre ; parce que nous avons en commun l’essentiel. Et l’essentiel, c’est la Parole, que vous citez. « Celui qui voit son frère dans le besoin sans se laisser attendrir, comment l’amour de Dieu pourrait-il demeurer en lui ? » Comment aurions-nous pu savoir les plus petits de nos frères dans le plus grand besoin qui soit, le besoin d’un père, d’une mère, sans nous laisser toucher par cette ultime pauvreté ? Voilà comment, pauvrement nous aussi, mais avec toute la sincérité de notre foi, et toute notre conviction de citoyens, nous avons essayé d’aimer « en actes et en vérité ».

Abbé Pierre-Hervé Grosjean +

Padreblog.fr 

Commentaires

  • Belle réponse et quelle mauvaise foi dans la réaction du contradicteur qui veut pour préalable, que l'abbé Grosjean soit d'accord avec lui...

    De nouveau, nous nous trouvons dans la polémique stérile entre des gens qui n'ont pas la même vision ni la même connaissance (sauf celle qui leur arrange) de l'enseignement de l'Eglise.

    Ceci dit cette polémique nous éclaire sur les positions des uns et des autres et montre à quel points ces positions sont irréconciliables.

    Une interpellation sur cette division du peuple chrétien m'apparait nécessaire.

  • Aujourd'hui, les croyants vivent dans un monde pluraliste. Nous ne sommes plus en chrétienté, c'est un fait. Nous nous retrouvons dans la même situation que les chrétiens des premiers siècles de l'histoire de l'Eglise. Comment nos ancêtres dans la foi auraient-ils réagi? Ils ont témoigné de leur foi et de leur morale, parfois jusqu'au martyre, dans un empire romain marqué par l'idolâtrie et la décadence morale. L'attitude profonde des premiers chrétiens est donc à l'opposé du politiquement correct de notre société actuelle.
    Face aux questions éthiques de notre temps, le chrétien doit se laisser guider par le pape et les évêques. Or la hiérarchie nous demande de nous opposer au mariage unisexuel. Bien entendu, dans le débat avec nos adversaires, nous respectons la bonne foi de ces derniers, mais aux erreurs objectives de ce temps, nous développons des arguments de saine anthropologie.
    Ce qui est grave, ce n'est pas que des gens de même sexe vivent ensemble. Il y a toujours eu et il y aura toujours des gays et des lesbiennes. Ce qui est effrayant c'est l'adoption par des couples unisexuels, la PMA, la GPA etc. Tout enfant est né d'un homme et d'une femme. Il a besoin pour se construire du pôle masculin et du pôle féminin. On me rétorquera que dans les faits, ce n'est pas toujours le cas. Mais lorsqu'un des pôles est absent (à la suite d'un décès par exemple), il reste toujours présent dans la conscience de l'enfant. Tout le monde veut savoir qui est son père et qui est sa mère.
    L'avenir de la civilisation mais aussi le salut des âmes exigent de notre part un témoignage clair et sans concession.

  • Merci pour votre intervention Père Simon. Puissiez-vous être nombreux prêtres à nous éclairer et rappeler surtout que le salut des âmes exige de la part du chrétien un témoignage clair et sans concession. Sans concession parce qu'il n'y qu'une vérité; celle de Dieu. L'amour doit être plein de concession, de miséricorde, mais la Vérité! c'est autre chose!

    Cependant je voudrais juste revenir sur l'une de vos remarques:

    "Ce qui est grave, ce n'est pas que des gens de même sexe vivent ensemble. Il y a toujours eu et il y aura toujours des gays et des lesbiennes. Ce qui est effrayant c'est l'adoption par des couples unisexuels, la PMA, la GPA etc."

    Quand même... pour ma part c'est tout aussi grave d'arriver à une société qui accepte le MARIAGE des gays et des lesbiennes! C'est bien de là que naissent toutes les dérives que vous citez, ces "engrenages: enfants adoptés, PMA, et GPA, et Dieu sait quoi encore ... à venir! Nos gouvernements créent des lois qui déclarent, de leur propre chef, comme NORMES de vie l' "union entre homosexuels" sous un lien sacré du "MARIAGE" (bénédiction en église et même à la maison communale), alors qu'ils avaient déjà le Paks" qui légalisait très respectablement leur union et leur donnait tous les droits voulus au point de vue juridique, et respectabilité humaine tout à fait légitime.
    Cela ne leur suffit pas. Ils veulent vraiment que leur union soit reconnue comme NORME de vie. Leur existence est "NORMALE" (création), mais ne peut être en aucun cas, être considérée comme "norme de vie" dans la société. Or, seul le mariage à l'église, voire à la commune, rend leur union "norme de vie". De là toutes ces portes pernicieuses qui s'ouvrent créant le chaos général, la déstabilisation dans la Foi, la désobéissance aux lois de vie de Dieu, et la destruction de la société et du sens réel de la FAMILLE, le respect du couple et des enfants qui deviennent otages de l'Homme.

    Reconnaissons que l'Esprit du mal se réjouit en ce siècle!
    Tout d'abord il avait mains mise sur les âmes dans le monde.
    Puis, Dieu pour nous sauver, a donné au monde ses apôtres (les prêtres)de siècle en siècle.
    L'Esprit de l'Ennemi ancestral est arrivé, en grande partie en ce siècle tout particulèrement, à les désavouer devant le peuple de Dieu. Des loups sont rentrés dans la bergerie!
    Il ne lui reste plus qu'à atteindre le coeur de la bergerie; Jésus; LA FAMILLE, LA SOCIETE faite de toutes ses "petites âmes" pour qui il a donné sa vie. Dieu chérit particulièrement ses "petits" enfants, tous un en son fils. Les voilà massacrés partout dans le monde au nom de l'orgueil humain (nous sommes tous enfants de Dieu!!
    Voilà donc arrivé la dernière action maléfique de l'Esprit du mal, (dont personne n'aime entendre parler et dont la plus grande force est celle de faire croire qu'il n'existe pas!!!).

    Le tout est de savoir; Allons-nous nous laissé tous massacrer?
    Allons-nous laisser nos frères et soeurs se faire massacrer, sans chercher à les tirer avec nous vers le haut? Au large! ... au lieu de descendre avec eux vers le bas!
    Allons-nous lâchement essayer de sauver "notre" peau. Est-ce vraiment cela l'Amour?

    Jésus n'est-il pas mort pour TOUS nous sauver?

    Que tous les protagonistes de la mort spirituelle y réfléchissent et se resaisissent.

    Que les protagoniste de la Vie et de l'Amour vérité se réveillent.

  • "Thierry est un catholique belge, qui a publié sur médiapart une « Lettre ouverte à l’Abbé Grosjean et à ceux qui le suivent », lui reprochant la façon dont il a pu prendre part, avec de nombreux autres prêtres, et à la suite de nos évêques, au débat autour de la loi Taubira"

    Je voudrais encore juste m'insurger contre ce fait lamentable chez des personnes dites catholiques, (qui en fait ne le sont pas ou plus!!!), c'est de se permettre de reprocher à des prêtres, des évêques honnêtes, voire même le Pape si l'idée leur en prenait, de dire là où est le mal et de clamer ce qui aux yeux de Dieu est bon et correct. C'est leur devoir!!

    Comment voulons-nous une Eglise unie avec de tels faux et mauvaix catholiques revenchards.

    Le prêtre, l'Evêque, le clergé tout entier se doit de dire la vérité de Dieu. Plaire à Dieu quitte à être méprisés des hommes.

    Nous catholiques, contentons-nous, humblement de garder notre place et de ne nous en prendre qu'à ceux qui ne traduise pas la volonté de Dieu. Nous en connaissons!!!!

    Pourquoi prier pour les vocations sacerdotales quand on est dans un monde où le peuple exige que les prêtres et religieux descendent à leur suite au lieu de monter? Qui veut encore devenir prêtres, religieux et religieuses dans une telle anarchie.

    Je suis honteuse de voir une Belgique, voire une Europe, voire même d'autres continents devenir à ce point supporters du Diable au lieu de l'être de Dieu!

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