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Quand la liturgie romaine a perdu son latin…

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«  Le Cardinal Antonio Cañizares Llovera, Préfet de la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements, a accordé un entretien à « Famille Chrétienne » (n. 1861, du 14 au 20 septembre 2013) dans lequel il parle des nouvelles traductions liturgiques. Voici ce qu’il déclare :

F.C. : D’autres pays ont-ils déjà accompli ce renouvellement ?

Cardinal Cañizares : La première grande langue vernaculaire qui dispose déjà d’une nouvelle traduction du Missel romain est l’anglais, ce qui est considérable étant donné l’importance de cet idiome au niveau mondial. Le résultat est vraiment excellent. Au prix de changements assez importants, le Missel désormais en vigueur est devenu le symbole de cette nouvelle étape (...) au sujet des traductions liturgiques. Songez, par exemple, que dans la version anglaise qui a été employée des dernières décennies, on avait traduit pour les fidèles la formule « et cum spiritu tuo » (en français, « et avec votre esprit », qui est la réponse des fidèles à la demande formulée par le prêtre : « Le Seigneur soit avec vous ») par « and also with you » (« et avec vous aussi »), ce qui est, disons, à la foi beaucoup plus banal et inadéquat...

F.C. : Comment les changements ont-ils été reçus ?

Cardinal Cañizares : Les évêques anglophones (Grande-Bretagne, Etats-Unis, Australie...) nous ont fait savoir que, dans leurs pays, les fidèles ont accueilli avec enthousiasme la nouvelle traduction et qu’ils y ont adhéré spontanément. Les épiscopats de ces pays ont agi avec la pédagogie pastorale qui convenait dans ce genre de circonstances : un an avant la mise en œuvre du nouveau Missel en langue anglaise, ils ont fait distribuer par les curés des livrets permettant aux fidèles de découvrir et d’assimiler progressivement la nouvelle traduction. Je ne doute pas qu’avec un tel précédent, les prêtres et les fidèles des pays francophones fassent preuve de la même adhésion spontanée et de cet enthousiasme.

Et voici comment dans « La Croix » du 16 octobre 2013 Nicolas Senèze présente les faits : « Le nouveau Missel anglais demeure contesté » :

Introduite en novembre 2011, la nouvelle version anglophone du Missel romain suscite l’opposition d’une grande majorité de prêtres. Depuis fin novembre 2011, les catholiques anglophones utilisent une nouvelle traduction du Missel romain qui se veut plus fidèle à l’original latin. Ainsi, dans les dialogues avec le prêtre, les fidèles anglophones ne répondent plus « Et aussi avec vous » (« And also with you »), après l’invitation du prêtre « Le Seigneur soit avec vous », mais « Et avec votre esprit » (« And with your spirit »).

De même, dans le Gloria, ils ne chantent plus « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix pour son peuple sur la terre », mais « paix pour les hommes de bonne volonté ». De la même manière, le Credo est désormais récité avec le pronom personnel « Je » et non plus « Nous ». 

D’autres changements souhaités par Rome sonnent plus étrangement aux oreilles francophones, et laissent présager les changements de la prochaine version française. Toujours dans le Credo, c’est désormais l’adjectif « consubstantiel » («consubstantial ») qui traduit le latin consubstantialem, plutôt que « un avec le Père » (« one in Being with the Father »), là où le français a choisi « de même nature », traduction toujours contestée. Rejet de la nouvelle traduction par 51 % des catholiques anglophones. Même si les évêques anglophones avaient préparé leurs fidèles aux changements, le passage au nouveau Missel ne s’est pas fait facilement. « Franchement, cela n’a pas été simple au début. Je prononçais depuis plusieurs décennies les mêmes phrases et il a fallu effacer toutes ces habitudes », reconnaissait ainsi un paroissien interrogé en décembre 2011 par « La Croix ». D’autres critiquaient « un retour à l’ancien temps, au cours duquel Dieu était trop glorifié, trop lointain ». Selon une enquête réalisée en décembre 2012 par l’hebdomadaire catholique anglais « The Tablet », un an après l’introduction du nouveau Missel, c’est d’ailleurs le style « trop formel » et « pompeux » qui provoque le rejet de la nouvelle traduction par 51 % des catholiques anglophones. Un chiffre qui s’élève à 63 % en Europe. 70 % des prêtres rejettent même ce nouveau texte, notamment en ce qui concerne le « consubstantiel » (67 %) ou la préférence du « for many » (« pour beaucoup ») plutôt que « for all » (« pour tous ») pour traduire le « pro multis » des paroles consécratoires sur le vin (là où le français a choisi « pour la multitude »). Aujourd’hui, 81 % des prêtres anglophones se disent en faveur du retour à l’ancienne traduction, 61 % demandant « une révision urgente ».

On imagine sans peine qui a inspiré Nicolas Senèze et dans quel but : faire naître dans l’esprit des fidèles de France l’idée selon laquelle une nouvelle version du Missel serait mal accueillie et qu’il vaut mieux en rester à ce qu’on a. Ce qui est d’ailleurs la position de notre épiscopat en même temps qu'une nouvelle offensive contre Rome. Réf.  sur "Pro liturgia"  NOUVEAU 16/10/2013 : 

JPSC 

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