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Quand nos ados boudent la foi

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9782712212742.pngSur "Spiritualité 2000", le père Jacques Sylvestre rend compte du livre de Jean-Marie Petitclerc intitulé "Quand nos ados boudent la foi" :

« Pour vous, parents, grands-parents, j’ai écrit ces pages ». (Jean-Marie Petitclerc)

« Parvenu à l’adolescence, votre « jeune » décroche et prend ses distances avec toute pratique religieuse, il ne semble même plus s’intéresser à la question de Dieu. Pourtant nombre d’entre eux, devenus adultes, continuent de vivre des valeurs que vous leur avez transmises: ouverture à l’autre, générosité, solidarité et fraternité. Ce que parents et grands-parents cherchez à transmettre n’est plus évident. » Pour reprendre le mot de François, le pape: « C’est comme si ces adorables ados disaient : « nous sommes progressistes. Nous allons dans le sens du progrès, là où va tout le monde ». (18/11/13)

Jean-Marie Petitclerc, auteur de «Quand nos ados boudent la foi », partage dans ce livre de quatre-vingt quelques pages, le fruit d’une trentaine d’années d’accompagnement des jeunes. Éducateur, prêtre et salésien, l’auteur a consacré sa vie à l’accompagnement des jeunes. C’est un regard plein d’espérance qu’il porte ici sur les « nouvelles générations ».

Qui peut encore soutenir : « J’ai La foi ». Expression peu usitée aujourd’hui. La foi n’est pas un objet que l’on pourrait posséder ou perdre. Transmettre la foi à nos adolescents, mission impossible, direz-vous! Comment rejoindre les jeunes dans leur vécu actuel?

Faut-il réinventer une pastorale de la rue? L’important ne serait-il pas avant tout de nous intéresser à ce que les jeunes aiment et de nous rapprocher d’eux?

On ne naît pas ado, on le devient vers 14 ans, contestataire, révolutionnaire, dépendamment des milieux côtoyés. L’absence de Dieu au foyer, à l’école et dans la société, définit pour une part ce milieu, et d’autre part la présence dans l’environnement de croyances diverses: islamisme, judaïsme, hindouisme, boulisme et que sais-je encore. Ce qu’il faut réaliser, c’est que ces religions ou spiritualités diverses sont des plus ostentatoires: vêtements, signes religieux, lieux de rassemblement plus fréquentés que les nôtres, tout catholiques que nous sommes. De quoi interpeler les jeunes.

La foi et les ados ? Indifférence ou rupture ? Deuil de l’image d’un Dieu tout-puissant ou d’un parent idéal, divorce entre la vie et la foi sont pour une part causes de cette indifférence, voire même d’un refus systématique. Quel âge difficile pour la foi, tellement confrontée à d’oppositions et d’innombrables questionnements!

Autrefois la vie s’organisait autour de la religion: fêtes, dévotions, etc. Aujourd’hui, les ados vivent dans un monde organisé et planifié autour de leurs désirs. Nos « jeunes » noient dans la drogue leurs rêves d’une société idéale. Ils fuient toute réalité même religieuse tellement décevante. Ils ne voient pas que l’Église-institution, cible des libres-penseurs, a presque été mise en veilleuse avec l’arrivée du pape François.

Plus que jamais l’Esprit est à l’œuvre en ces temps. Le suicide en progression croissante dans notre monde en changement, deuxième cause de mortalité chez les ados, devrait nous alerter et nous sortir de notre indifférence ou respect incongru de l’évolution des ados.

S’il y a des deuils à faire, tout adulte que nous sommes, nous devons en prendre conscience, mais il importe plus encore de les charger d’espérance. Toute crise prélude à un changement. Le deuil le plus crucial pour l’ado est certes celui de l’image de soi. Il ne se reconnaît plus, ne se comprend plus et rejette d’emblée toute image ou icône qu’on voudrait lui proposer.

L’évangile dessine deux esquisses de l’ado : l’enfant prodigue qui part au loin dissiper l’héritage de ses pères, et le fils spontanément docile aux volontés de ses géniteurs, mais en fait à sa tête. L’ado veut grandir, découvrir sa personnalité; pour ce faire, il lui faut couper le cordon ombilical en tous domaines, sauf peut-être le pécunier.

Tel est en somme l’ado qu’il nous faut malgré tout accompagner dans la foi, de la dépendance à l’autonomie, du rêve au projet, et préserver de s’enliser dans une utopie, de se révolter ou poursuivre le rêve d’un autre. Le regard des copains a parfois trop d’importance pour l’ado qui veut grandir et être reconnu dans sa personnalité.

N’oublions que l’évangélisation, surtout de l’adolescence, comporte avant tout un ensemencement suivi de la germination. (Mc. 4. 30+) Cela prend du temps et des manières, et par-dessus la présence du divin Maître dans le témoignage et la prière. Pour le jeune ado, comme pour tous, l’annonce de l’évangile doit être annonce d’une bonne nouvelle, manière de vivre dans la joie, et la grâce en est une de résurrection. Aider l’ado à élaborer sa propre manière de croire, lui servir de repère pour construire sa propre vie et tisonner sans cesse le foyer où se forme l’avenir, la famille plus

Au terme de son ouvrage, Jean-Marie Petitclerc nous laisse avec cette pensée : « On ne peut transmettre l’amour aux jeunes en tenant de grands discours sur l’amour; on ne peut le faire qu’en aimant les jeunes. On ne peut transmettre l’espérance; on ne peut le faire qu’en partageant son espérance avec les jeunes. Il en va de même pour la foi. On ne peut transmettre la foi qu’en croyant en les jeunes, en leur faisant confiance. ».

« N’ayez pas peur », crie du Seigneur dans la tempête, (Lc 8.22) et invite Jean-Paul II, le jour de son intronisation. Le paralytique de l’évangile eut besoin de quatre brancardiers pour le descendre aux pieds de Jésus (Mc 1 : 1-12). Qui peut-être et veut être brancardiers des ados? Nul n’a pouvoir face à nos ados qui boudent la foi, mais tous ont l’autorité, c’est-à-dire une constante relation avec eux à condition d’être crédibles et non moins soucieux de ce que vivent nos ados. Surtout, ne leur proposons pas ce que nous ne faisons pas. Notre façon d’être et d’agir sera témoignages et vraies sources d’évangélisation s’ils sont prégnant de cette joie de vivre.

Jean-Marie Petitclerc : Quand nos ados boudent la foi. Médiaspaul 2013.

Commentaires

  • Il ne faut surtout pas craindre d'éduquer nos jeunes à la foi chrétienne, même si nombre d'entre eux s'en éloigneront surtout sous la pression de leur environnement (Avant, c'était le contraire, l'environnement faisait pression pour qu'ils aillent à la messe régulièrement). Il leur en restera toujours quelque chose. Souvent, les jeunes devenus adultes reviennent à la religion, par exemple, lors d'un évènement marquant comme la disparition d'un proche.

  • @ jlc ... C'est exact. Il est même, paradoxalement, plus rassurant de voir plus de personnes âgées à la messe que de jeunes. Car ces personnes âgées ont en effet vécu et elles savent mieux que les jeunes ce qu'est la vie et ce qu'est le monde. Et elles discernent donc mieux que les jeunes ce que sont les choses fondamentales et les choses superficielles ici-bas.
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    Cela fait quarante ou cinquante ans qu'on nous dit qu'on ne voit guère que des personnes âgées dans les églises. Mais ces personnes âgées d'aujourd'hui étaient donc jeunes il y a quarante ou cinquante ans. Et les personnes âgées dans quarante ou cinquante ans seront les jeunes d'aujourd'hui.
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    Tant qu'il y aura des personnes âgées qui retrouveront leur foi de petit enfant, mais une foi mûrie et renforcée par les épreuves de la vie, on pourra être confiant. Prendre au sérieux les personnes âgées et leur témoignage, c'est plus important qu'il n'y paraît parfois dans notre société du jeunisme.
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    S'il n'y avait plus de personnes âgées, s'il n'y avait plus de sages dans nos églises, c'est alors que nous pourrions nous poser des questions. Aimons-les et respectons-les, elles le méritent, elles ont beaucoup à nous donner, même si elles sont très humbles.
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    Ce sont les sociétés qui méprisent les personnes âgées qui sont malades. L'Église n'est pas malade, elle sait où se trouve l'essentiel.

  • Bonsoir JLC, bonsoir Job.

    J'ai l'impression de ne pas partager votre (relatif) optimisme.

    Dans la société ?
    On dirait que les valeurs transmises ne sont pas celles qu'on inculquait naguère (quand j'étais gamin).
    Visitez un commerce de BD...
    Et après ça, produisez un petit effort de mémoire SVP. Vous aurez compris.

    "Faute de quoi la génération nouvelle campera en barbare dans la ville qu'elle t'aura prise. Et quelle joie des barbares tireraient-ils de tes trésors ? Ils ne savent point s'en servir, n'ayant point la clef de ton langage. (...)
    Me hantait donc cette image d'une génération installée en intruse dans la coquille de l'autre. Et m'apparaissaient essentiels les rites qui dans mon empire obligent l'homme a déléguer ou recevoir son héritage." A. de St-Ex. Citadelle LdP p. 415

    Et dans l'Eglise ? Mille excuses, Pauvre Job.
    Elle n'a jamais eu pour vocation d'être un club de 3 X 20.

    Pardonnez-moi, je "monte à semence".

  • @ Etienne ... Je me suis peut-être mal exprimé. Je voulais surtout me réjouir de constater que des 3x20 (les plus sages d'entre nous, vous êtes d'accord ?) se rendent toujours à la messe dominicale en Belgique, depuis deux ou trois générations, malgré le climat cathophobe et malgré les dérives doctrinales et liturgiques d'après Vatican II dans ce pays.
    .
    Cela ne signifie pas que je considère la messe comme une réunion réservée aux 3x20. Je suis évidemment triste pour tous ceux qui ne se rendent pas à la messe (ou qu'aux grandes occasions) mais je ne veux pas pour cela dédaigner ceux qui s'y rendent fidèlement. Souhaiter le retour du fils prodigue n'entraîne pas le dédain du fils aîné.
    .
    Je pense aussi que bon nombre de catholiques "fils prodigues" ne reviennent plus ou plus qu'occasionnellement à la maison du Père, car ils n'y retrouvent plus toujours sa présence et son amour, étant données les réformes brutales qui leur ont été imposées sans ménagement après Vatican II. Mais cela n'enlève rien au mérite des 3x20 "fils aînés" qui maintiennent leur présence fidèle.

  • Nos ados boudent la foi? Non, ils l'ignorent! Des cours de religion qui n'en sont plus, des catéchèses sans contenu, des célébrations transformées en spectacles... voilà ce qu'on leur sert! Où est la colonne vertébrale du christianisme? Où est l'apologétique? Où sont les grandes vérités sans lesquelles ont ne comprend plus rien? Inutile de tourner autour du pot: tout est à reprendre à la base. Ouvrons les yeux une bonne foi pour toutes: nous sommes dans un pays de mission et il est grand temps qu'on ne fasse plus semblant d'être en terre chrétienne. Qu'en pensent nos évèques, successeurs des apôtres? Saint Paul, revenez-nous!
    Jean-Pierre Snyers (jpsnyers.blogspot.com)

  • JLC. Je partage votre point de vue. Petit témoignage: J'ai élevé mes enfants, dans une famille chrétienne convaincue, surtout par l'exemple et le partage de la pratique de la foi.
    Dieu, Jésus, Marie ont toujours été au centre de tout.
    Que de bonheurs! Dieu gâte ceux qui l'aime et l'adore en vérité.
    Cependant, un temps, mes enfants et moi nous nous sommes éloignés de l'Eglise et de ses prêtres. C'était après la communion solennelle de mes enfants, et divers troubles familiaux. Nous avons été en effet happés par la pression de notre environnement. Grâce à Dieu, par Marie (c'est toute une histoire) j'ai été repêchée, alors que je m'engloutissais tout doucement dans le monde! Automatiquement j'ai entraînés mes enfants à ma suite, au sein de l'Eglise. C'est ça la famille! Encore une fois par grâce de Dieu. Il a mis sur mon chemin un saint prêtre, qui a réellement fait grandir ma foi. Il était dynamique, entreprenant dans ses activités, plein de zèle et droit dans la foi. Un véritable pasteur. Toujours à l'écoute de tous, ses homélies étaient fortes et justes. C'est grâce à lui, son esprit jeune (de cette jeunesse qui ne vient que de Dieu). Convaincue dans la foi, j'ai convaincu mes enfants. Par la force de l'Esprit saint. J'ai témoigné auprès de mes enfants des valeurs évangéliques de ce prêtre. "Venez et voyez" leur ais-je dit. D'abord ma fille est venue, puis elle a entraînés ses frères. Ils ont vu d'autres jeunes, attirés aussi par le zèle de ce prêtre. Depuis nous sommes tous très ancré dans l'Eglise, dans la Foi. Dieu, par Marie et l'Esprit-Saint est ancré au sein de notre famille. Si nous voulons des jeunes dans la foi, il faut que les parents et grands-parents donnent l'exemple, pratique leur foi mais SURTOUT dans la joie, le dynamisme et montrent aux jeunes générations ce que c'est que la véritable jeunesse de l'Enfant de Dieu. Celle de Jésus. Rien à voir avec celle que nous montre ce vieux et laid Esprit du monde (jeunisme)! C'est une grâce à demander. Aimer Dieu est un bonheur, une libération, et notre exemple convaincra nos petites têtes blondes. Prions le Seigneur de nous guider. C'est en nous voyant heureux, porté par Dieu, avec Dieu, que les plus jeunes et même d'autres adultes nous suivrons. Rayonnons notre amour pour Dieu autour de nous.
    Je crois triste d'avoir à en arriver à dire pour nos jeunes "... il leur restera toujours quelque chose." en les voyant sombrer tout doucement. C'est de l'optimisme béat d'après mon humble avis. Car le temps passe, et la foi que l'on laisse mourir tout doucement, fini par devenir une si faible flamme, que même le petit quelque chose qui reste et bien il disparaît! Comment? Parce que nos jeunes ne sont plus en contact qu'avec des athées. Ils les fréquentent, finissent par vivre avec eux, et c'est toujours le mal qui fini par entraîner le bien, si le bien n'est pas soutenu! Le poids du mal est si lourd!!! Il faut pour y arriver l'Eglise, ses prêtres, les parents et autres générations "jeunes depuis plus longtemps"!
    C'est dans cette optique que je n'aime pas le mot "vieux" pour des êtres humains dotés d'une âme. Cela casse l'énergie que nous pouvons avoir jusqu'au dernier jour de notre existence. Il y a beaucoup d'exemples dans la vie des saints. Nous ne sommes pas des chaises, des tables, des objets qu'on jette au feu quand c'est devenus vieux, laids et délabrés. Il y a en nous une jeunesse éternelle. Retrouvons là pour la partager avec nos jeunes.

    Alors au travail. Joyeusement.

  • Ces 3x20 ont en général eu une éducation très structurée, organisée (lundi, jour des courses; mardi, jour du lavage; mercredi, jour de....; dimanche, jour du Seigneur)) Cela leur donne une stabilité, une structure de vie qui, quoi qu'en disent tous les détracteurs aujourd'hui, promoteurs de plaisirs immédiats et autres, permet à l'adulte un équilibre et une certaine sagesse de vie.

    Actuellement, nous sommes en pleine "dispersion". Il est devenu pratiquement impossible de garder une discipline de vie aussi rigoureuse (au positif du terme). Nous sommes donc devant une jeunesse constamment ballotée à droite, à gauche,instable... Dans ce contexte déjà, il est très difficile des les voir à la messe dominicale.

    Dans cette situation, le clergé (du moins en majeure partie) se croit obligé, pour attirer ces jeunes, de faire "jeune". Mais là il y a une erreur énorme. Les 'messes pour les familles', pour les enfants du caté, pour jeunes, etc... sont un vrai désastre. Et le pire est que ces prêtres, entendant les remarques prises sur le vif ( c'était chouette, on ne s'est pas ennuyé aujourd'hui, c'était super cool,... ), croient bien faire et ne veulent pas entendre qu'ils se trompent.

    Pourtant ils se décrédibilisent et jettent un total discrédit sur la foi. Les jeunes n'aiment pas qu'on les prennent pour des enfants,qu'on leur fasse faire "des rondes" pour le notre Père, frapper dans les mains pour faire cool, mais souvent ils ne l'expriment pas car ils n'ont pas le recul nécessaire pour analyser la situation. Ou plutôt, ils l'expriment en fuyant dès qu'ils le peuvent ces messes souvent devenues du "n'importe quoi".

    Quand donc les prêtres comprendront-ils que ce n'est pas courir derrière les jeunes qu'ils doivent faire (ceux-ci courront toujours plus vite et l'église sera toujours à la traine)voulant sans cesse les imiter dans leur musique, leurs attitudes, mais plutôt en se mettre à l'avant, leur proposant quelque chose qu'ils ne connaissent pas : une foi profonde, une sagesse puisée dans la prière, des belles liturgies,... Nous aspirons tous au 'Beau',jeunes et vieux, mais encore faut-il le leur proposer pour savoir que cela existe et que c'est possible. Non, le Beau n'est pas (et ne peut pas être) réservé à une élite!

  • A pauvre Job.

    Bonsoir.

    Votre réponse à ma réaction est nuancée et, dans notre échange de vues, elle tient la route. N'empêche.

    - Le problème n'est pas de savoir qui - de vous ou de moi - emporte la palme dans un débat personnel. Nous sommes d'accord là-dessus.
    - La question est de savoir si notre génération a été capable ou incapable de passer son "feu sacré" à la génération suivante.

    Sur cette question-là, il me semble que nous avons un pourcentage effrayant de fils prodigues qui ne reviennent pas vers leur Père. Que ce soit le cas d'une minorité plus ou moins consistante (ou inconsistante)... Aux yeux de qui cela serait-il vraiment consolant ?

    Les opérateurs, de l'aggiornamento chez nous... Que notre Dieu miséricordieux leur pardonne d'avoir - en son nom - vidé l'enfant avec l'eau du bain;

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