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Ukraine : vers la partition ?

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De Christophe Geffroy dans le n° 258 (avril 2014) du mensuel « La Nef » (extraits):loup_deguise_en_agneau1.jpg

« Très peu le mentionnent, mais la crise ukrainienne est avant tout la conséquence de l’effroyable échec du communisme soviétique, c’est une donnée qu’il ne faut pas perdre de vue. D’abord l’URSS créa un grand nombre de « républiques » en son sein, souvent sans vraie justification historique et ethnique, le but étant surtout de « casser » la résistance des peuples notamment en les « mélangeant » ; ensuite le joug communiste fut tel que toutes ces « républiques », même les plus artificielles, ont immédiatement profité de l’explosion de l’ex-Union Soviétique en 1991 pour se soustraire à son autorité. Et le pouvoir d’alors ne sut ni gérer cette transition – le mouvement incontrôlé des « indépendances » conduisit la Russie à se couper de 25 millions de Russes – ni la libéralisation politique et économique qui s’en suivit. Ainsi, pour reprendre les termes de Soljénitsyne, il s’opéra un « incroyable pillage de la richesse nationale livrée à des prédateurs » (1) – ces fameux oligarques qui pèsent toujours d’un si grand poids –, tandis qu’une nation comme l’Ukraine s’émancipait avec des frontières « artificiellement tracées par Lénine » et voyait ainsi son territoire multiplié par cinq par rapport « à l’époque où Khmelnitski rattacha l’Ukraine à la Russie » (2) en 1654, avec des régions traditionnellement russes qui n’avaient jamais appartenu à l’Ukraine (comme la Crimée, russe depuis 1774) : toute la crise actuelle est déjà là prédite par Soljénitsyne dès le milieu des années 1990.

Cette crise n’aurait vraisemblablement pas atteint le stade actuel sans un autre élément : la politique des États-Unis et de l’Europe à l’égard de la Russie. (…). La politique américaine à l’égard de la Russie actuelle est-elle vraiment différente de celle menée contre l’ancienne URSS ? Tout se passe comme si la chute du communisme soviétique n’avait rien changé, il n’est que de lire les analyses des Kissinger et Brzezinski pour s’en rendre compte ! Ainsi, les États-Unis ont-ils essayé d’avancer l’Otan au plus près de la Russie, alors même que le pacte de Varsovie qui avait justifié cette alliance n’existe plus ; ils ont appuyé partout autour de la Russie les mouvements anti-russes ou soutenu des gouvernements corrompus qui leur étaient favorables ; en Ukraine en particulier, ils ont largement manipulé la « révolution orange » de 2004 en essayant de rapprocher le pays de l’Occident en attisant les rivalités entre l’ouest pro-européen et l’est pro-russe. Politique absurde qui niait la réalité historique, géographique et économique : par son commerce et son intégration notamment, l’Ukraine avait à l’évidence partie liée avec la Russie, ce qui n’empêchait pas, bien sûr, de nouer des liens avec l’Europe, mais sans vouloir aller plus vite que la musique et donc sans chercher à l’obliger à choisir entre deux partenaires inégaux.

La responsabilité des États-Unis et de l’Europe est donc lourde, en ce sens qu’ils ont indubitablement poussé de façon bien irresponsable une partie des Ukrainiens à renverser Viktor Ianoukovitch par la force, président sans doute lamentable mais élu démocratiquement, ne l’oublions pas, et ainsi à exacerber les discordes internes au sein d’une jeune nation qu’ils savaient fragile et profondément divisée (…).

Tout l’article ici : Ukraine : vers la partition ?

Poutine n’est sans doute pas un ange, mais,  sous le masque de l’ « humanisme » libéral, les USA et leurs satellites européens ne sont pas nécessairement les agneaux auxquels on pense trop volontiers. JPSC.

Commentaires

  • Le problème de l'Ukraine, comme beaucoup d'autres états à l'Est, est que ses frontières ont évolué en fonction des guerres successives. Les nationalistes ukrainiens ont été combattus par les soviétiques, encore longtemps après 1945 (Ce qui explique en partie que le dernier prisonnier de guerre allemand n'ait été libéré qu'en 1955, après la mort de Staline). Il y a donc beaucoup de ressentiment entre Ukrainiens et Russes. La solution serait peut-être de redessiner les frontières du pays selon la frontière linguistique entre Ukrainien et Russe.

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