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Ethique familiale et sexuelle : le manifeste de l'évêque d'Anvers

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L'évêque d'Anvers, Mgr Johan Bonny - dont on a déjà pu apprécier certaines prises de position par le passé (ici et -  est souvent cité comme successeur possible (ou même probable) de Mgr Léonard à l'archevêché de Malines-Bruxelles. Il est donc intéressant de prendre connaissance de ses positions sur des matières aussi délicates que le sont les questions de morale familiale et sexuelle d'autant qu'il a cru opportun de les rendre publiques à un mois de l'ouverture du synode sur la famille. Voici ce qu'on peut lire aujourd'hui sur La Croix (Céline Hoyeau) (extraits) : 

Famille, l’évêque d’Anvers plaide pour un aggiornamento de l’Eglise

(...) Après le cardinal Walter Kasper, à l’ouverture du consistoire en février, l’évêque d’Anvers plaide à son tour pour un aggiornamento de l’Église catholique sur la morale familiale et sexuelle. À un mois du synode très attendu sur la famille, qui se tiendra à Rome du 5 au 19 octobre, Mgr Johan Bonny a rendu publique jeudi 4 septembre un texte audacieux de 24 pages, traduit en cinq langues, dans lequel il exprime ses « attentes personnelles » et ses arguments en faveur d’une évolution du magistère. (C'est ici : LETTRE DE MGR BONNY SYNODE SUR LA FAMILLE)

Que ce soit sur l’accueil des divorcés remariés, des jeunes vivant en couple sans être mariés ou toutes autres « situations irrégulières », l’Église doit, à ses yeux, « quitter son attitude de défense ou antithétique » et « chercher à nouveau le chemin du dialogue ». (*) (...) 

Prenant acte de « l’incompréhension croissante » et de « l’indifférence progressive » entre les croyants et l’enseignement moral de Rome, il met en avant trois facteurs qui ont contribué à établir un « terrain particulièrement conflictuel ». Un manque de collégialité, d’abord, hérité de la publication de l’encyclique Humanae Vitae. Relevant que tous les textes du concile Vatican II ont été approuvés par un consensus quasi général, il regrette que la décision du pape Paul VI, allant à l’encontre de l’avis des experts, ait généré « des ruptures qui ne se sont plus jamais guéries ». (*)

Il estime que la conscience personnelle doit retrouver « sa juste place dans une réflexion saine en théologie morale ». Concernant la loi naturelle, regrette-t-il, l’Église s’est cantonnée à un seul pan de la Tradition, privilégiant une conception statique. Il propose au contraire d’élargir les références à la Tradition dans son ensemble pour répondre aux défis actuels.

Dans cette ample réflexion théologique et pastorale où il cite abondamment le pape François, Mgr Bonny invite l’Église à entrer dans un compagnonnage, y compris avec les cercles plus éloignés d’elle. Et pour ce faire, à « oser aller du vécu à la doctrine ». La question des divorcés remariés est bien évidemment emblématique. Sur ce point, l’évêque d’Anvers rejoint d’autres théologiens et pasteurs pour appeler à étudier comment ouvrir « sous certaines conditions à des divorcés remariés l’accès à la communion », en s’inspirant de la tradition juridique de l’Orient chrétien, « avec la possibilité d’un règlement exceptionnel au nom de la miséricorde ». (*)

(...) Sur la participation à l’Eucharistie, il souligne qu’elle est à la fois « signe d’unité » et « moyen de grâce ». En ce sens, « des divorcés remariés ont aussi besoin de l’Eucharistie pour croître en alliance avec le Christ… » Plus largement, il demande « que l’Église puisse reconnaître le bon et le valable également dans d’autres formes de vie commune que le mariage classique ». (*)

Ce qui implique aussi un changement de langage. Mgr Bonny invite à revoir les textes du magistère dont les termes peuvent être « blessants » et qui demandent « plus de respect et un jugement plus nuancé ». (*) (...) En d’autres mots, « l’Église doit réapprendre à parler comme une mère », affirme-t-il, citant là encore le pape François.

S’il dit exprimer ses « attentes », en « (son) nom propre », Mgr Bonny ajoute aux arguments de ceux qui souhaiteraient voir évoluer l’Église, au premier rang desquels le cardinal allemand Walter Kasper, dont il fut un proche collaborateur au Conseil pontifical pour l’Unité des chrétiens. (...)

Toutefois, à l’approche du synode, d’autres grandes figures d’Église ont avancé, ces dernières semaines, des arguments opposés. Derniers en date, le cardinal Marc Ouellet (1) et le cardinal Gerhard Müller qui viennent chacun de publier un livre rappelant, entre autres, que l’indissolubilité du mariage est « absolue ». Bien conscient des divisions qui existent sur ces questions parmi les évêques, Mgr Bonny se garde d’un ton revendicatif, espérant vivement que le synode se donnera le temps de la réflexion.

(1) Mystère et sacrement de l’amour, Cerf, 428 p., 29 €.

(*) Les "gras" sont de belgicatho

Commentaires

  • Mgr Kasper et Mgr Bonny ensemble au Conseil Pontifical pour l'Unité des Chrétiens ? Mais avec quels chrétiens ont-ils parlé d'unité ? Les protestants ?
    .
    Or, le protestantisme est une nébuleuse d'hérésies chrétiennes les plus diverses. Comment les catholiques peuvent-ils faire sans plus l'unité avec des hérétiques, qui se sont eux-mêmes volontairement et brutalement coupés de l'Église du Christ. Des populations catholiques entières ont été forcées de se convertir à ces hérésies, sur ordre de leur Prince devenu leur nouveau Pape. En volant, tuant, emprisonnant ou faisant fuir tous ceux qui n'étaient pas d'accord d'abandonner leur foi catholique.
    .
    En outre, dans cette nébuleuse ne règne aucune unité de doctrine. Sur ce point, les centaines de courants protestants sont autant divisés entre eux qu'ils le sont avec l'Église catholique. Comment arriver même à dialoguer et avec qui ? Qu'ils démontrent d'abord qu'ils soient capables de faire l'unité entre eux avant de venir frapper à la porte de l'Église catholique, qu'ils n'arrêtent pas de vilipender. Leur anti papisme virulent semble d'ailleurs être le seul point d'unité, avec leur littéralisme biblique, sur lequel ils sont tous d'accord.
    .
    Et quels furent les résultats concrets obtenus par Kasper et Bonny, en se frottant à cette nébuleuse hérétique ? N'ont-ils pas eux-mêmes contracté le virus du matérialisme, du relativisme et du rationalisme protestants ?

  • "L’Eglise demande tant d’attention et de compréhension pour les situations ‘extraordinaires’ que les couples ou familles ‘ordinaires’ vont presque se sentir un groupe oublié": une réflexion entendue par Mgr Bonny qu'il rapporte lui-même dans son manifeste.

    Mgr Bonny ne risque-t-il pas, en prenant la plume comme il le fait, de blesser encore un peu plus les familles et les couples qui essaient de vivre l'enseignement moral de l'Eglise en y voyant le repère sûr qui les oriente vers le plan de Dieu sur eux, et donc vers le bonheur? Alors que notre monde contemporain baigne dans le relativisme, le mouvant, le mensonge, et finalement l'échec?

    Son texte est plein de nuances; difficile donc de le critiquer ou de le rejeter en bloc. On dira simplement qu'il est dicté par une vision collégiale, autoréférentielle et évolutive de l'Eglise.

    Le chrétien de base que je suis aurait espéré un texte plus inspiré, plus convaincu de la sainteté de l'Eglise Mère et enseignante et de l'infaillibilité pontificale. Plus prophétique: l'homme est capable de Dieu, pourquoi manquer d'ambition? Et, oui, je me sens membre d'un groupe oublié de certains pasteurs.

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