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Quand l'euthanasie était à l'ordre du jour de l'Allemagne nazie

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De Stéphen Vallet sur le site de l'Homme Nouveau :

Les anormaux ou l'archipel de l'euthanasie

Les éditions Flammarion viennent de publier un livre du journaliste et historien allemand, Götz Aly, intitulé Les Anormaux. Au terme d'une enquête de plusieurs années, l'auteur y présente l'extermination des personnes handicapées, physiques ou mentales, des personnes âgées ou des inaptes au travail, enfants compris, à travers un plan reposant sur l'euthanasie (Aktion T-4). Faisant appel à des témoignages et aux récits de survivants, Götz Aly demande que l'on n'efface pas de la mémoire allemande ce génocide des plus faibles.

Un programme discret, mais pas secret

Depuis 1945, les atrocités nazies n’ont jamais cessé d’être dénoncées. C’est même devenu un passage obligé de l’enseignement, soucieux de former les jeunes consciences afin que de tels crimes ne se renouvellent pas. Et pourtant ! Soixante-neuf ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale une certaine discrétion entoure toujours tout un programme d’assassinats mis au point par l’État national-socialiste. Les historiens le connaissent, mais le grand public l’ignore généralement.

L'Archipel de l'euthanasie

À cet égard, le livre de Götz Aly, un journaliste et historien allemand, fera certainement date. Au terme d’une longue enquête, il a mis à jour un véritable archipel, comme il l’écrit en réemployant l’expression de Soljénistyne à propos du Goulag. Un archipel de chambres à gaz destinées exclusivement à l’élimination des handicapés mentaux et physiques ainsi qu’à la suppression définitive des délinquants, des personnes âgées ou des inaptes au travail. Un vaste programme d’euthanasie organisée, sous prétexte que certains coûtent trop cher à la société ou que leurs parents ne seront pas « heureux », s’ils continuent à vivre. Sans oublier les critères raciaux ou de bonne santé… Au total, « environ 200 000 Allemands furent victimes entre 1939 et 1945 des meurtres par euthanasie ». Un chiffre qui ne prend pas en compte, par exemple, les Russes assassinés par les nazis pour les mêmes raisons.

Bourré d’informations, de témoignages et de documents, le livre fait froid dans le dos. Au-delà de ce qu’il décrit, il montre que le corps médical allemand, même parmi ses membres les plus anti-nazis, était favorable à un tel programme euthanasique. Une situation qui n’est pas sans rappeler celle dans laquelle nous vivons. Les mêmes arguments, le même appel à la compassion, la même terrible réalité, chambres à gaz ou SS exceptés. L’horreur qui se profile avec la même bonne conscience.

Les anormaux, Götz Aly, 

Flammarion,

312 pages, 22 €.

Commentaires

  • Ces dérives inhumaines en Europe plongent leurs racines bien plus loin, dans le 19ème siècle païen et anticlérical. Avec ses théories raciales et son darwinisme social, qui tendaient à faire croire aux gens que l'homme n'était jamais qu'un animal comme un autre. Et que l'on pouvait donc le traiter comme tel, sélectionner les meilleurs et les plus productifs, euthanasier les malades et les inutiles.
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    Mais qui était alors ce "on", qui pourrait décider comment et qui sélectionner ou euthanasier parmi les hommes ravalés ainsi au rang d'animaux ? C'est ici qu'interviennent les élucubrations malsaines d'un Nietzsche et de ses adeptes, dont Hitler. Il fallait inventer des "surhommes" ou des "élites", soi-disant éclairés par les lumières de leur raison, qui auraient l'autorité et le droit de sélectionner les "bons" et euthanasier les "mauvais", les "sous-hommes".
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    Toutes les pratiques de sélection eugéniste ou d'élimination euthanasiste supposent de donner à certains hommes le droit de vie ou de mort sur d'autres êtres humains. Un exemple est le droit à l'avortement, droit de vie ou de mort donné à la propre mère de l'enfant.
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    Nos sociétés se vantent d'avoir aboli leur droit de vie ou de mort sur des criminels jugés et condamnés. Elles l'ont réintroduit massivement contre des innocents, ne bénéficiant plus d'aucune protection de la même société et ne bénéficiant même pas d'un avocat pour défendre leur droit à la vie.
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    Ces sociétés païennes ont ravalé l'homme "non élite" au rang d'animal. Mais elles en arrivent parfois à protéger mieux certains animaux que ces "sous-hommes".

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