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Le pape des médias a encore frappé

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Benoît XVI parlait du « concile des médias » masquant Vatican II. En va-t-il de même, en partie du moins, pour la « Francescomania » qui construit le mythe révolutionnaire du pape actuel ? Lu sur le blog du chanoine de Beukelaer (JPSC) :

« Dieu n’est pas un magicien avec une baguette magique »: Ci-dessous l’article paru ce jour en p.8 du quotidien bruxellois « le Soir » en p.8, sous la plume d’Elodie Blogie.  Fort bon article, mais qui me fait sourire. Ce que le pape François a énoncé – sans doute dans un langage plus accessible que ses prédécesseurs – n’est en rien une nouveauté. Déjà Pie XII enseignait dans son Encyclique « Divino afflante Spiritu » (1944) que la Bible n’était pas un livre de science, mais un récit inspiré pour nourrir notre foi. Comment se fait-il donc que, aujourd’hui encore,  tant de personnes (et de journalistes) imaginent un enseignement « révolutionnaire » quand le Pape dit cela?    

« Quand nous lisons le récit de la Création dans la Genèse, nous risquons de prendre Dieu pour un magicien, brandissant sa baguette magique. Mais ce n’est pas ainsi.  » Voilà ce qu’a déclaré le pape François lundi lors d’une assemblée plénière de l’Académie pontificale des sciences. Intervenu alors qu’il présidait l’inauguration solennelle d’un buste de Benoît XVI devant les membres de l’Académie, il s’est exprimé sur la question sensible de la création. «  Dieu n’est pas un démiurge mais le Créateur qui confère le don de l’être à tous les éléments, a-t-il encore poursuivi. Le Big Bang, auquel on attribue aujourd’hui l’origine du monde, ne contredit pas l’intervention créatrice de Dieu, mais il l’exige. L’évolution de la nature n’est pas en contradiction avec la notion de Création ; elle suppose la création des êtres qui évoluent en elle.  »

Ces déclarations semblent à première vue étonnantes. En réalité, depuis Vatican II, l’Eglise catholique récuse ce que l’on appelle le concordisme, c’est-à-dire l’idée de faire coïncider théories scientifiques et textes religieux. Le créationnisme n’est donc plus à l’ordre du jour depuis longtemps. En 1996, Jean-Paul II avait ainsi approuvé la théorie de l’évolution, sans ambiguïté.

Quels rapports dès lors entre sciences et foi ? Deux positions existent. D’une part, comme le préconisait Georges Lemaître, le scientifique belge précisément à l’origine de la théorie du Big Bang, il s’agit de distinguer clairement deux domaines qui ont leur autonomie. Le chanoine belge, professeur à l’UCL, a d’ailleurs été président de l’Académie Pontificale des Sciences jusqu’à sa mort.

Une seconde position consiste à mettre en garde contre toute confusion, mais en invitant tout de même à jeter des ponts «  par une lecture philosophique des contenus scientifiques », nous explique un théologien. Ainsi, s’il n’est pas question de remettre en cause les théories scientifiques, le théologien peut se poser la question du sens.

Pour Stijn Van den Bossche, théologien, la non-opposition entre création et Big Bang, difficilement compréhensible pour le novice, n’a donc rien de novateur : «  La notion de création est une notion strictement théologique qui considère le monde comme un don, qui donne un sens au passage du rien au tout. La théorie de l’évolution ne contredit pas la doctrine catholique sur la création du monde.  »

Rien d’absolument novateur donc dans le discours de François. «  Parce que c’est François, on pense à chaque fois qu’il révolutionne l’Eglise », souffle un expert. Un seul point interpelle : l’apparent lien de nécessité (« exige ») entre la réalité du Big Bang et l’intervention créatrice. Deux réalités qui ne devraient pas être mises au même niveau, selon un professeur de l’UCL. «  Georges Lemaître n’aurait pas approuvé…  »

 Ref.  Dieu n’est pas un magicien avec une baguette magique – « le Soir » p.8

Commentaires

  • Le 'créationnisme' (ou 'littéralisme') n'a jamais été à l'ordre du jour dans le catholicisme. Ce mot est un néologisme, forgé pour désigner la lecture littérale du livre de la Genèse (de la Création) par les musulmans et les protestants. Car ces gens lisent ce livre (et l'apprennent même par cœur !) comme si c'était un livre de science divine, comme s'il avait été écrit ou dicté par Dieu Lui-même.
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    Or, c'est un simple livre, écrit par un homme de son temps. Un homme certes très pieux, très inspiré et très respectable, mais ce livre est bien une création humaine. La transformer en création de Dieu n'est ni plus ni moins que de l'idolâtrie d'une œuvre humaine.
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    Cette hérésie 'créationniste' est d'autant plus grave que toute la Bible est très claire : le seul Livre écrit par Dieu Lui-même, la seule Parole de Dieu, c'est la Création. Dieu dit et ce fut créé. C'est la Création qui nous révèle Dieu, comme le dit saint François d'Assise, et pas un livre écrit par un homme, aussi respectable soit-il. Cet homme n'avait d'ailleurs pas de livre pour que Dieu se révèle à lui et qu'il le mette par écrit. C'est donc bien en lisant comme il faut le grand Livre de la Création que Dieu s'est révélé à lui. Apprenons donc à faire comme lui, à son exemple.
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    Et Jésus Lui-même nous demande de découvrir Dieu dans la Création, et surtout dans nos frères les plus humbles et les plus petits. Il ne nous a jamais demandé de découvrir Dieu dans un livre écrit par un homme.
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    En fait, en enfermant Dieu dans un livre qu'ils possèdent, c'est comme si les musulmans et les protestants pensaient avoir mis la main sur Dieu Lui-même. Dieu serait comme un génie en leur possession, qu'ils auraient enfermé dans une lampe magique que serait leur livre. Et qu'il leur suffirait de brandir et invoquer ce livre pour que Dieu se manifeste et fasse leurs quatre volontés.
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    C'est une manière diabolique de semer la zizanie entre les hommes, livre contre livre, création humaine contre création humaine, en invoquant Dieu dans son camp. Alors que le grand Livre de la Création a l'immense avantage d'être unique, comme l'est Dieu. Et un autre immense avantage est qu'il soit lisible par tous les hommes, lettrés ou non, érudits ou non. Et je crois même que les plus humble savent le mieux lire ce Livre.

  • Le conflit entre 'créationnistes' et 'évolutionnistes' est purement artificiel, idéologique, dans un camp comme dans l'autre.
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    En effet, tout évolution ici-bas résulte forcément d'une création initiale, et toute création ici-bas sera forcément suivie d'une évolution. Car rien ici-bas n'est parfait du premier coup et pour toujours. Cette perfection n'est possible que pour Dieu. 'Créationnistes' et 'évolutionnistes' sont donc à renvoyer dos à dos à leurs études respectives.
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    Tout ce que l'on voit évoluer (et notamment bien sûr le monde, la vie sur Terre et l'esprit humain) a donc forcément été créé au préalable. Pour le monde, l'on parle de treize à quatorze milliards de nos années terrestres ; pour la vie sur Terre, de trois à quatre milliards d'années ; pour l'esprit humain, de deux à trois millions d'années. Et ces trois créations fondamentales restent des mystères complets pour nous, aussi bien sur le plan du comment que sur celui du pourquoi.
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    La découverte du big bang a donc bien été un formidable appui de la science humaine à la conception monothéiste du monde. Et elle a été aussi un terrible désaveu pour toutes les conceptions alternatives d'un monde éternel, incréé ou cyclique (athéisme, panthéisme, polythéisme, bouddhisme, etc...). Mais évidemment, ces anciennes conceptions résistent et tentent de trouver des failles au big bang ou d'inventer même des autres mondes.

  • Ok pour renvoyer dos à dos créationnisme et évolutionnisme et surtout le fondamentalisme qui fait une idole de l'attachement littéral à la Parole. Mais prions l'Esprit Saint pour que Lui nous fasse découvrir dans la lecture de l'Ecriture sainte ce qui est bon pour chacun de nous, aujourd'hui. C'est alors que nous pourrons expérimenter que la Parole de Dieu est vivante et pas figée!

  • @ sébastien … Nous trouvons en effet dans les nombreux livres de la Bible des modèles de pensées religieuses, sur les divers thèmes qui préoccupent l'homme depuis toujours (la vie et la mort, le bien et le mal, la souffrance, la justice et l'injustice, ...). Mais ces livres nous font surtout découvrir l'inspiration des personnes humbles et pieuses qui les ont écrits, y compris les apôtres. Et comme tels, ils sont bien des modèles ou sources d'inspiration pour notre propre humilité et piété.
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    Mais Jésus Lui-même n'a rien écrit. C'est dire s'il se méfiait de la mise par écrit de la pensée et de la parole, c'est-à-dire, du danger de la figer et de la déifier, dans une sorte de perfection supposée. Il n'a eu de cesse de tenter de changer cela, vis-à-vis des pharisiens, qui avaient figé et déifié les écrits de leurs propres prophètes.
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    Et Jésus a aussi dit que l'Esprit saint continuerait à inspirer des gens humbles et pieux, lorsqu'il ne serait plus sur Terre. Les pensées inspirées de saint Augustin d'Hippone, de saint François d'Assise ou de sainte Thérèse de Lisieux, mises par écrit, ont autant de valeur pour les catholiques que les pensées inspirées d'Isaïe ou de saint Paul de Tarse.
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    Ne tombons pas dans le piège du pharisianisme protestant, qui a voulu figer l'inspiration divine aux seuls livres de la Bible. C'est comme s'ils avaient donné congé à l'Esprit saint. Bien qu'ils semblent Le redécouvrir avec le pentecôtisme, mais d'une manière parfois plus émotionnelle qu'inspirée.
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    Le catholicisme est vivant, d'une Parole vivante et non figée, parce qu'il sait que l'Esprit saint de Dieu ne s'est pas endormi depuis 2000 ans, comme s'il avait déjà tout dit.

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