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Les dieux ont soif

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Lu sur le site « Chiesa » de Sandro Magister (extrait) :

 (...) L'islam n’est pas la seule religion qui se livre à des actes de répression et de persécution systématiques des autres confessions.

 Par exemple, parmi les 20 pays ayant le taux d'intolérance le plus élevé, on en trouve un dont la religion dominante est le bouddhisme : c’est le Myanmar (Birmanie).

Un autre pays ayant un niveau d’intolérance à peine inférieur est lui aussi à dominante bouddhiste : c’est le Sri Lanka.

 En Occident, le bouddhisme est synonyme de paix, de compassion, de sagesse, de fraternité œcuménique. C’est le cas, en particulier, de sa personnalité la plus universellement connue, le Dalaï Lama.

Mais la réalité est bien différente. La liberté religieuse est lourdement réprimée non seulement au Myanmar et au Sri Lanka mais également, même si c’est dans une moindre mesure, dans d’autres pays à dominante bouddhiste tels que le Laos, le Cambodge, le Bhoutan, ou la Mongolie.

Le Sri Lanka sera l’une des étapes du voyage que le pape François a inscrit dans son agenda pour le mois de janvier prochain.

Dans ce pays, les bouddhistes représentent 70 % de la population, les hindouistes 12,6 %, les musulmans 9,7 % et les chrétiens 7,4 %, ces derniers étant catholiques pour la plupart.

Pendant 25 ans, jusqu’en 2009, une guerre civile a ensanglanté le pays, le gouvernement central s’employant à écraser la rébellion des Tamouls, au nord de l'ile.

Les Tamouls sont en majorité hindouistes mais la guerre était plus politique que religieuse. Après le cessez-le-feu, toutefois, il y a eu chez les bouddhistes un développement des tendances les plus intolérantes qui, au nom de l'identification entre le bouddhisme et la nation, agressent et persécutent comme des ennemis les gens qui appartiennent à d’autres croyances.

Le rapport d'Aide à l'Église en détresse fournit un compte-rendu très détaillé des violences perpétrées entre 2013 et 2014 contre des musulmans et des chrétiens par les organisations bouddhistes les plus fanatiques, avec l'appui de fait du gouvernement central.

Même constat dans le chapitre consacré au Sri Lanka par le volumineux "Livre noir de la condition des chrétiens dans le monde", publié ces jours-ci en Italie et en France et supervisé par Jean-Michel di Falco, Timothy Radcliffe et Andrea Riccardi.

Mais le cas du Myanmar est encore plus grave, et de beaucoup. Dans ce pays la timide floraison de la démocratie qui a vu l’entrée au parlement, en 2012, de l'indomptable combattante de la liberté qu’est Aung San Suu Kyi n’a pas du tout été accompagnée d’une baisse de l'intolérance religieuse. Bien au contraire celle-ci – d’après le rapport d'Aide à l'Église en détresse – "a augmenté de manière dramatique avec la montée en puissance du nationalisme militante bouddhiste".

Dans ce pays, comme au Sri Lanka, d’anciens conflits à caractère ethnique se sont transformés, au cours des années récentes, en agressions et en persécutions à caractère religieux, qui sont le fait d’organisations bouddhistes fondées et dirigées par des bonzes, en plus de celles qui sont menées par les forces armées gouvernementales.

La persécution s’en prend particulièrement aux musulmans de l'ethnie Rohingya ainsi qu’aux chrétiens des ethnies Kachin et Chin, au nord du pays, et à ceux des ethnies Karen et Karenni, à l'est. On ne compte plus les mosquées et les églises détruites, les villages mis à feu et à sang (voir photo), les centaines de milliers de personnes contraintes de fuir.

On entend parler de tortures et de conversions forcées au bouddhisme, dont sont victimes même des enfants, qui sont envoyés dans des écoles créées afin de transformer leurs élèves appartenant à d’autres religions en petits bonzes au crâne rasé et à la tunique orange. L'importation de bibles et de livres religieux est illégale. Les gens qui ne sont pas bouddhistes sont exclus de toute carrière dans les administrations d’état.

Au Myanmar les bouddhistes représentent 80 % de la population, les chrétiens 7,8 %, les musulmans 4 %. Ces derniers, qui appartiennent à l’ethnie Rohingya, se sont vu interdire par les autorités de l’état de Rakhine, au Myanmar occidental, de mettre au monde plus de deux enfants par couple.

Ref. Ces pays où Bouddha saisit lui aussi l’épée

JPSC

Commentaires

  • Il me semble que ce ne sont jamais les dieux qui ont soif, mais bien les César qui mettent ces dieux à leur service. Toute religion qui vire à la théocratie, à un mélange de temporel et de spirituel, est une religion qui se dénature. Car quand les intérêts d'un César priment sur ceux de Dieu, dans une théocratie (ou pire encore dans une athéocratie) c'est la porte ouverte à toutes les dérives et conflits. Dieu est unique et ses intérêts sont uniques, mais les César sont évidemment multiples et leurs intérêts sont multiples et antagonistes.
    .
    Et, sauf erreur de ma part, toutes les religions sur Terre se sont dénaturées dans l'une ou l'autre forme de théocratie. Avec, selon moi, le seul catholicisme romain comme exception notable. C'est probablement pour cela que c'est aussi la religion la plus persécutée par tous les César du monde, au nom de leurs dieux multiples.

  • " Il me semble que ce ne sont jamais les dieux qui ont soif, mais bien les César (...) ".
    Bien d'accord et c'est à se demander ce qui avait poussé Anatole France, laïc notoire, à embrigader les dieux dans un titre de roman qui décrit les horreurs de la Terreur révolutionnaire pourtant très athée.
    On peut se demander aussi ce qui a poussé l'auteur du présent article à choisir ce titre d'un roman qui ne décrivait que des horreurs laïques, alors qu'il ne signale que des horreurs religieuses, fussent-elles étrangères à l'islam et au christianisme.
    Cette maladresse formelle mise à part, il était tout de même grand temps de signaler que le bouddhisme aussi, malgré sa réputation de pacifisme et de compassion largement répandue par le New Age (et sa source théosophique due à Helenia Blavatsky), a connu et connaît encore de nos jours, dans certaines régions, des comportements parfaitement criminels et discriminatoires.
    Au fait, connaissez-vous l'origine de la célèbre vallée des 2000 temples bouddhistes de Bagan au Myanmar (Birmanie) ? La plupart, sinon tous, ont été édifiés à grand frais (souvent ruineux pour eux et pour leur famille) par des personnages ayant acquis une certaine fortune, afin d'échapper au cycle infernal des réincarnations : une sorte de politique des indulgences qui aurait fait les délices d'un certain Luther, s'il s'en était trouvé un parmi les disciples du Bouddha.
    C'est pourquoi la plupart de ces temples sont à l'abandon, ne servant à aucun culte, leur constructeur ayant déjà payé sa dette au karmah.

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