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L'essentiel des discours du Pape à Strasbourg

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Publié ce jour par le blog « chrétiens dans la cité » de Denis Sureau (qui dirige par ailleurs le bimensuel « L’Homme Nouveau ») :

« Voici les points essentiels des discours du Pape François au Parlement européen et au Conseil de l’Europe :

Une Union européenne vieillie et technocratique

Le Pape François constate que l’Union européenne donne « une impression générale de fatigue et de vieillissement » : « les grands idéaux qui ont inspiré l’Europe semblent avoir perdu leur force attractive, en faveur de la technique bureaucratique de ses institutions. » Les questions techniques et économiques dominent tout. Or « une Europe qui n’a plus la capacité de s’ouvrir à la dimension transcendante de la vie est une Europe qui lentement risque de perdre son âme ».

Personne et transcendance

Le Pape a organisé son message autour du concept de « l’homme comme personne dotée d’une dignité transcendante ». Or la dignité fondatrice des droits de l’homme est bafouée, a-t-il dénoncé, lorsque « les êtres humains sont traités comme des objets dont on peut programmer la conception, la configuration et l’utilité, et qui ensuite peuvent être jetés quand ils ne servent plus, parce qu’ils deviennent faibles, malades ou vieux. » Ou encore « quand manque la possibilité d’exprimer librement sa pensée ou de professer sans contrainte sa foi religieuse ».

L'individualisme fonde la culture du déchet

Les droits humains dévient lorsqu’ils sont coupés des devoirs ou ne tiennent pas compte du bien commun. Un droit individualiste « conduit à être foncièrement insouciant des autres et à favoriser la globalisation de l’indifférence qui naît de l’égoïsme, fruit d’une conception de l’homme incapable d’accueillir la vérité et de vivre une authentique dimension sociale. » Reprenant l’un de ses thèmes de prédilection, il ajoute : « De l’individualisme indifférent naît le culte de l’opulence, auquel correspond la culture de déchet dans laquelle nous sommes immergés. »

Contre l'avortement et l'euthanasie

« L’être humain risque d’être réduit à un simple engrenage d’un mécanisme qui le traite à la manière d’un bien de consommation à utiliser, de sorte que lorsque la vie n’est pas utile au fonctionnement de ce mécanisme elle est éliminée sans trop de scrupule, comme dans le cas des malades en phase terminale, des personnes âgées abandonnées et sans soin, ou des enfants tués avant de naître. »

Le christianisme contre la violence

« Une Europe capable de mettre à profit ses propres racines religieuses […] peut être plus facilement immunisée contre les nombreux extrémismes qui déferlent dans le monde d’aujourd’hui, et aussi contre le grand vide d’idées auquel nous assistons en Occident, parce que c’est l’oubli de Dieu, et non pas sa glorification, qui engendre la violence". »

Contre le silence honteux et complice sur les persécutions de chrétiens

« Nous ne pouvons pas ici ne pas rappeler les nombreuses injustices et persécutions qui frappent quotidiennement les minorités religieuses, en particulier chrétiennes, en divers endroits du monde. Des communautés et des personnes sont l’objet de violences barbares : chassées de leurs maisons et de leurs patries ; vendues comme esclaves ; tuées, décapitées, crucifiées et brûlées vives, sous le silence honteux et complice de beaucoup. »

Mise en garde contre l’uniformisation générale

Les institutions de l’Union européenne doivent « conjuguer l’idéal de l’unité à laquelle on aspire, à la diversité propre de chacun, valorisant les traditions particulières, prenant conscience de son histoire et de ses racines, se libérant de nombreuses manipulations et phobies. » Cela implique « d’éviter les manières globalisantes de diluer la réalité : les purismes angéliques, les totalitarismes du relativisme, les fondamentalismes anhistoriques, les éthiques sans bonté, les intellectualismes sans sagesse. »

Un discours équilibré sur l’immigration

« L’Europe sera en mesure de faire face aux problématiques liées à l’immigration si elle sait proposer avec clarté sa propre identité culturelle et mettre en acte des législations adéquates qui sachent en même temps protéger les droits des citoyens européens et garantir l’accueil des migrants ; si elle sait adopter des politiques justes, courageuses et concrètes qui aident leurs pays d’origine dans le développement sociopolitique et dans la résolution des conflits internes – cause principale de ce phénomène – au lieu des politiques d’intérêt qui accroissent et alimentent ces conflits. Il est nécessaire d’agir sur les causes et non seulement sur les effets. »

Ref. L'essentiel des discours du Pape à Strasbourg

JPSC

Commentaires

  • Réflexions de Philippe Lamberts, député européen (Ecolo)


    Le Pape François vient de terminer son discours en plénière.

    Un discours attendu, sans véritable surprise : celles-ci sont venues déjà dès le début de son pontificat. Il s'est donc tenu à la ligne qu'on lui connait, et on peut s'en réjouir. En voici les idées qui m'ont le plus frappé :


    Il met au centre de son discours la dignité transcendante de l'être humain, refusant qu'il soit considéré comme un simple rouage de la machine économique (l'homo economicus, vu comme une ressource - le travailleur - une destination - le consommateur voire comme une marchandise - l'esclave). Et cette dignité est celle de chaque être humain : il affirme l'urgence de la lutte contre toute discrimination, contre les inégalités, contre la pauvreté, contre la solitude à laquelle sont abandonnés trop de nos concitoyens, en particulier âgés et jeunes... Il plaide pour le droit à un travail digne, et pour de nouvelles façons de configurer le travail, en évitant que les exigences de flexibilité ne compromettent la dignité et la stabilité du travail. Il s'insurge contre une Europe qui laisserait la Méditerranée se transformer en cimetière et nous appelle à la fois à être une terre d'accueil et à agir sur les causes premières des migrations, la misère et la violence.

    Il réaffirme aussi son parti pris pour l'écologie : la nature est à notre disposition, mais nous devons en être les gardiens, pas les exploiteurs. Nous devons, dit-il, non pas défigurer la Terre mais au contraire l'utiliser pour le bien commun, dénonçant au passage le scandale du gaspillage alimentaire et plaidant pour les énergies alternatives.

    Il nous rappelle qu'au delà de sa devise "unité dans la diversité", l'Europe se doit de défendre la démocratie, en particulier contre des intérêts économiques et financiers affranchis de toute règle et de toute frontière. Il nous rappelle que l'être humain est un être relationnel : que les droits humains individuels sont indivisibles des responsabilités/des devoirs que nous avons les uns envers les autres, si nous voulons former une société. Pour lui, la culture des droits humains est à la fois personnelle et commune.

    J'ai particulièrement apprécié le passage où François considère qu'être parlementaire, c'est prendre soin de la fragilité et qu'avec plus de pouvoirs viennent plus de responsabilités, en particulier à l'égard des plus fragiles dans nos sociétés.

    On dira peut-être que chacun trouve midi à sa porte. En ce qui me concerne, François est le Pape qui beaucoup plus que ses prédécesseurs se montre capable de remettre l'Eglise catholique au cœur du combat pour la justice sociale, pour la protection de notre environnement et pour la démocratie, en bref, pour la dignité humaine.

  • Delen

    Dans le désordre, Golnish, Mélanchon et la mère Denis ont également leur opinion sur le sujet.

  • Pour la mère Denis, ce sera un peu difficile, car elle est morte le 17 janvier 1989 !

  • http://www.france5.fr/emissions/c-dans-l-air/videos/NI_32251?origin=ftvsite_homepage

  • Beaucoup d'approximations aussi dans ce reportage. D'où tient-il, par exemple, que le cardinal Pell aurait été écarté? Ce genre d'erreurs décrédibilise la fonction journalistique et jette la suspicion sur ce qu'elle prétendrait démontrer.

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