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Eric de Beukelaer et les propos de Mgr Bonny : non aux "postures tribales", oui au dialogue

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Lu sur le blog de l'abbé Eric de Beukelaer :

(...) « Je suis effaré ». « Il faut réagir ». «Ces propos créent confusion et division ». Vu toutes les réactions lues et entendues de la part de nombre de catholiques censés,  il est clair que les propos sur l’homosexualité que Mgr Bonny a tenu, au cours d’une interview donnée récemment au quotidien flamand « De Morgen » ne laissent pas indifférents. D’autres catholiques, ont réagi à l’inverse en applaudissant des deux mains. Et puis, il y a tout ceux qui – ni vraiment « pour », ni totalement « contre » – m’ont glissé : « Ce n’est tout de même pas très prudent comme déclaration ». Tout cela, je l’ai lu et entendu. Par contre, j’ai peu rencontré d’arguments de fond. Une fois encore, chacun semble avoir réagi en « tribu », pour se rassurer par une posture, sans trop chercher à entrer en dialogue.  Or, qu’a dit l’évêque d’Anvers ? Je me suis renseigné à la source : Il n’a en rien remis en cause le sacrement du mariage, ni même parlé de bénédiction pour des couples homosexuels. Il a simplement posé la question d’une forme de reconnaissance au sein de la communauté catholique de la réalité que vivent des couples homosexuels stables et fidèles. La question fut discutée lors du récent Synode sur la famille. Dans le rapport intermédiaire de ce Synode, fut ainsi saluée « la réalité positive » vécue au sein de couples non-sacramentels (n°36) et le soutien réciproque au sein de couples homosexuels, qui peut constituer « une aide précieuse pour la vie des partenaires » (n°52). Ces passages ne furent pas retenus dans le rapport final, car ils n’obtinrent pas les votes de 2/3 de l’assemblée – mais ils n’en recueillirent pas moins plus de la moitié des suffrages des pères synodaux. Il ne s’agit donc pas d’une opinion défendue par quelques cathos bobos. Au contraire, ici se retrouve quelque chose du traditionnel principe d’Oikonomia, cher aux chrétiens orthodoxes : On ne transige pas avec l’exigence de l’Evangile, mais il faut tout faire pour que pareille exigence n’éloigne pas les hommes du Christ. Si vous avez dans votre famille ou vos proches quelqu’un qui est remarié après divorce, allez-vous continuer à le fréquenter tout en niant le nouveau couple qu’il a formé ? Admettons qu’il s’agisse de votre enfant, inviterez-vous son nouveau conjoint à Noël ? Si oui, il s’agit d’une forme de reconnaissance. Pas d’une approbation, mais bien d’une reconnaissance de l’autre avec son parcours cabossé – comme chacun de nos parcours. Et si votre fils ou fille est homosexuelle et tente de former un couple avec un partenaire du même sexe, inviterez-vous ce dernier à Noël ? Si oui, il s’agit d’une forme de reconnaissance. Avant de prétendre que JAMAIS vous ne feriez cela – même pour votre enfant et même à Noël – permettez-moi une première réflexion : J’ai rencontré plus d’un catholique classique tenant un tel discours… jusqu’à ce que cela arrive dans sa propre famille. Et une seconde observation : Je connais plusieurs catholiques en couple hétéro, qui vivent en cachette une double vie homosexuelle. Je ne condamne nullement ces derniers, mais est-ce préférable à ceux qui assument leur orientation sexuelle ? Bref, la piste lancée par Mgr Bonny est ouverte à la contradiction, mais à condition que cela se fasse dans l’écoute, le dialogue et le débat avec d’éventuelles contre-propositions concrètes. C’est ce que souhaite notre Pape. Pas une Eglise divisée en petites tribus ultra-modernes : entre « tradis », « modérés » et « progressistes », chacun sa route, chacun son destin. Non – un peuple de disciples du Christ, qui ensemble interrogent les chemins que l’Esprit nous invite à prendre.

Commentaires

  • Il me semble qu’on peut souscrire à une bonne partie de ce qu’écrit Eric de Beukelaer, mais son plaidoyer « pro Bonny » ne me convainc pas vraiment.

    En réponse à la question posée par le « Morgen » L’Eglise donnera-t-elle sa bénédiction à des couples croyants holebis ? voici ce que répond textuellement l’évêque d’Anvers : «Personnellement, je trouve que dans l’Eglise il devrait y avoir plus d’ouverture pour la reconnaissance de la qualité de fond ( en ndls :qualité du contenu, du fond) d’un couple holebi. Cette forme de vie à deux doit alors répondre aux mêmes exigences que le mariage religieux. Les valeurs de fond sont pour moi plus importantes que la forme institutionnelle. L’Éthique chrétienne défend la relation durable ou l’exclusivité, la fidélité et le soin pour l’autre sont centraux. À côté de cela il y a encore l’ouverture pour la vie nouvelle, ou du moins la responsabilité que les partenaires prennent pour être généreux dans ce que l’on donne aux enfants et aux jeunes. Il faut accepter que ces critères-là puissent être présents dans une diversité de relation et il faut chercher à donner une forme à ces relations. »

    La question est de savoir si la relation homosexuelle cesse d’être un péché parce qu’elle devient durable : c’est absurde, et dans la même ligne que la tentative de faire admettre des divorcés-remariés à la communion eucharistique, qui est l’acte le plus intime d’union à la parole et à la personne du Seigneur.

    Que des personnes ne se résument pas à leur péché (occasionnel ou continu) c’est autre chose que chacun de nous sait très bien prendre en compte dans ses relations humaines. Les curés aussi, j’espère. Mais que l’Eglise se mêle de reconnaître, sous une forme ou une autre, « la qualité de fond » d’une relation « holebi » me paraîtrait, pour le moins, une source d’ambigüité et de confusion. Pour ne pas dire plus.

  • E. de Beukelaer a fait une étonnante confusion entre le rapport intermédiaire (par rapport auquel il est difficile d'imaginer que je pape, au minimum, n'en ait rien su, et au "mieux" l'ait confirmé sous une forme ou sous une autre) et le document final (dont certains paragraphes, quoique fort en retrait par rapport à la formulation du rapport intermédiaire, n’ont pas obtenu la majorité requise, pour des raisons difficiles à discerner et sans doute différentes selon les votants : parce que encore trop ouvert pour certains ? parce que plus assez ouverts pour d’autres ? Ces paragraphes de la version finale ont été toutefois maintenus).

  • Pour paraphraser Manon Roland sur l'échafaud : "Miséricorde, que d'erreurs on
    commet en ton nom !"

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