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Au pied de la Passion

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Un ami nous communique ce poème de Ronald Barakat paru ce samedi-saint 4 avril 2015 dans le grand quotidien libanais « L’Orient-Le Jour » :

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Seigneur Jésus, perché au pied
De Ta Croix, j'embrasse Tes pieds;

Tes pieds aux saints itinéraires
Qui ont parcouru mon calvaire ;

Tes pieds qui ont marché, marché,
Pour piétiner tous mes péchés ;

Qui ont chaussé le mal du monde
Chargé d'un palmarès immonde ;

Qui ont usé son triste état
Tout au long de leur Golgotha ;

Qui ont erré dans nos dédales
Sans autre appui que des sandales ;

Qui ont titubé et chuté
Sous les huées des cœurs butés,
Qui se sont remis sur la plante,
Ont repris leur procession lente ;

Pour arriver, seuls et meurtris,
Sous les coups de fouet et les cris.

Seigneur, le remords me ronge
De n'avoir pas vécu le songe

Dès le début de Ta Passion
Pour renforcer ma contrition ;

D'avoir raté Ta sainte veille
D'angoisse, quand l'humain s'éveille ;

D'avoir raté la trahison
Bien enfermé dans ma prison ;

Et ce cher baiser qui Te livre
Pour quelques deniers, quelques livres ;

D'avoir raté le jugement,
Les moqueries, le reniement ;

Ce piteux interrogatoire,
Ce lavement des mains notoire ;

Le choix criant d'un Barabbas
Par une foule tout en bas ;

Et le fouet qui casse l'échine,
Et le couronnement d'épines ;

Et l'humanité sur le dos
Par ce monumental fardeau ;

Par cette insoutenable poutre
À laquelle j'ai passé outre ;

Retenu par mon avenir
Et l'interdit d'intervenir.

Seigneur, j'ai manqué de voir même
Le clou transpercer Tes pieds blêmes ;

Sous les coups cruels du marteau ;
J'aurais dû arriver plus tôt.

Tes pieds martyrisés ruissellent
De pluie, de sang et d'étincelles ;

Et du flux jailli de Ton flanc
Qui ont paré mon cœur de blanc.

Et voici que le Verbe ultime
A résonné dans les abîmes ;

M'a fait trembler sous Ton talon...
Et j'ai senti le temps si long.

Puis j'ai senti Ton pied qui glisse
Sur mon front devenu si lisse ;

Et lorsque j'ai rouvert les yeux
Resplendissait le Fils de Dieu.

Et j'ai couru toucher les plaies
De Tes pieds, pour les trouver vraies.

Cloué sous les clous de Ta Croix
Seigneur, ma liberté s'accroît :

Tes pieds ont délié Tes paroles
Enveloppées de paraboles ;

Ils ont foulé aux pieds mes maux
Sur les lourds sentiers infernaux.

Au haut du mur de ma demeure,
Ton crucifix brille à toute heure.

Ma main s'étend pour supplier
Et parvient à peine à Tes pieds.

Mais voici qu'au bout du périple
Je rejoins soudain les disciples ;Et je te vois, Seigneur, plier
Les genoux, pour laver mes pieds.

Ronald

BARAKAT
« Amours et lueurs » (à paraître)

 JPSC

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