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Pape François : Non seulement un chrétien peut faire de la politique, mais il le doit !

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Les chrétiens ont le devoir de s’engager en politique mais il ne faut pas créer des partis d’inspiration chrétienne, a affirmé le Pape à un groupe de laïcs italiens. Lu sur le site « aleteia », sous la plume d’Elisabeth de Baudüin :

 « Non seulement un chrétien peut faire de la politique, mais, si c’est sa vocation, il doit s’engager dans cette voie qui constitue l’une des formes les plus hautes de la charité. C’est ce que le Pape a affirmé, le 30 avril 2015, aux quelque 4 000 membres des Communautés de vie chrétienne italiennes et de la Ligue missionnaire des étudiants italiens présents salle Paul VI, à l’occasion de leur congrès national (Frascati, 30 avril-3 mai 2015). 

Deux mouvements de laïcs chrétiens qui puisent à la même source

Les communautés de vie chrétienne (ou CVX) sont une association internationale de laïcs catholiques de spiritualité ignacienne, qui compte près de 130 000 membres présents dans 59 pays. Fondée par des jésuites italiens, la Ligue missionnaire des étudiants (Lega missionnaria studenti) regroupe les élèves et anciens élèves des écoles et instituts dirigés par des jésuites. Les branches italiennes de ces deux mouvements distincts mais qui puisent à la même source (non seulement jésuite mais mariale), sont en lien et collaborent.  

On ne peut se contenter de regarder depuis le balcon

Certes, faire de la politique est difficile et c’est même une forme de martyre, a poursuivi le Pape. Cela comporte également le risque de se salir les mains. Mais on ne peut rester les bras croisés à se contenter de « regarder depuis le balcon » prospérer la culture du rejet ! En rappelant au passage, sur les terres de la démocratie chrétienne, que « fonder un parti politique catholique n’est pas la voie », le Pape jésuite aura sans doute fait grincer quelques dents… Mais le Christ Lui-même n’a-t-il pas appelé à la séparation des pouvoirs, en disant : « Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu » ?

Le rapport entre foi et service du bien commun

« J’avais écrit un discours (traduit en français par l’agence Zenit), sans doute ennuyeux, comme tous les discours… », a par ailleurs confié le Pape, qui a choisi de le laisser de côté pour répondre amplement aux questions posées par quatre participants à cette rencontre. L’un d’eux, Gianni, de la CVX de l’Aquila (ville des Abruzzes, à l’ouest de Rome, gravement touchée par un tremblement de terre en 2009, ndlr), communauté engagée dans la vie politique et sociale locale, l’a interrogé sur le rapport entre la foi et l’appartenance à l’Église et l’engagement au service de l’intérêt général. Voici la réponse complète de François :

L’Église n’est pas un parti politique

Parfois, on entend dire : « Nous devons fonder un parti catholique ». Ce n’est pas la voie. L’Église est la communauté des chrétiens qui adore le Père, marche sur le chemin du Fils et reçoit le don de l’Esprit Saint. Elle n’est pas un parti politique. [Fonder un parti politique uniquement catholique] est inutile et n’aura pas la capacité de s'impliquer, parce que l’Église n’est pas appelée à cela. Mais [alors, me demanderez-vous] un catholique peut-il faire de la politique ? [Non seulement il peut, mais] il doit ! Un catholique peut-il se mêler de politique ? Il le doit !

Rechercher le bien commun sans se laisser corrompre

Le Bienheureux Paul VI, si je ne me trompe pas, a dit que la politique est une des formes les plus hautes de la charité, parce qu’elle recherche le bien commun. Mais Père [me direz-vous], faire la politique, ce n’est pas facile, parce que dans ce monde corrompu, à la fin, on ne peut plus avancer… Que voulez-vous dire par là ? Que faire de la politique relève un peu du martyre ? Oui, oui : c’est une forme de martyre, un martyre quotidien : rechercher le bien commun sans se laisser corrompre. Rechercher le bien commun en réfléchissant aux voies et aux moyens les plus utiles [pour y arriver]. Rechercher le bien commun en travaillant aux petites choses, toutes petites, de rien du tout. (…) Faire de la politique est important : la petite et la grande politique.

On peut devenir saint en faisant de la politique

Dans l’Église, il y a de nombreux catholiques qui ont fait une politique « bonne » (en d’autres termes, qui ne se sont pas sali les mains en faisant de la politique, ndlr). Et même qui ont favorisé la paix entre les nations. Pensez aux catholiques de l’entre-deux-guerres : Gasperi en Italie, et en France, Schumann, dont la cause de béatification est en cours. On peut devenir saint en faisant de la politique ! Ce n’est pas la peine de citer davantage [d’exemples à ce sujet] : deux suffisent, parmi ceux qui [ont voulu] faire avancer le bien commun. 

Demander pardon et se relever

Faire de la politique relève du martyre et s'apparente à un vrai travail « martyrial » (traduction littérale de « martiriale »), parce qu’il faut porter quotidiennement cet idéal de construction du bien commun. Et également porter la croix de tant d’échecs et de tant de péchés. Parce qu’il est difficile dans le monde de faire le bien au milieu de la société sans se salir un peu les mains ou le cœur. Mais il faut demander pardon pour cela, demander pardon et continuer [à faire le bien]. Et ne pas se décourager. « Non, Père, je ne veux pas faire de politique parce que je ne veux pas pécher. » Eh bien, demande au Seigneur de t’aider à ne pas pécher et si tu te salis les mains, demande pardon et relève-toi.

Face au dieu argent et à la culture du rejet, s’impliquer

Lutter pour une société plus juste et plus solidaire. Quelle solution ce monde globalisé offre-t-il aujourd’hui pour la politique ? C’est simple : au centre, l’argent. Pas l’homme et la femme, mais l’argent, le dieu argent. L’argent au centre. Tous au service du dieu argent. Et ce qui ne sert pas au dieu argent, on l’écarte. La culture du rejet, c’est ce que le monde globalisé offre aujourd’hui. Ce qui ne sert pas, on le rejette. On rejette les enfants, en n’en faisant plus ou en les tuant avant la naissance. On rejette les personnes âgées parce qu’elles ne servent plus. Mais maintenant que le travail manque, on se tourne vers eux pour qu’ils nous aident avec leur retraite ! (…) On écarte les jeunes : en Italie – dites moi si je me trompe – 40% des jeunes de moins de 25 ans sont sans travail. On écarte, on rejette… Mais on va vers la destruction ! Et moi, catholique, je regarde de mon balcon ? On ne peut pas regarder ainsi depuis son balcon ! Il faut s’impliquer, donner le meilleur de soi-même. Si le Seigneur nous appelle à cette vocation, allons-y, faisons de la politique ! Cela nous fera souffrir et peut-être pécher, mais le Seigneur est avec nous. Demandons pardon et relevons-nous. Mais ne laissons pas cette culture du rejet nous écraser tous, écraser la création, qui est chaque jour un peu plus détruite. 

Ref.Pape François : Non seulement un chrétien peut faire de la politique, mais il le doit !

On discerne mal pourquoi un parti politique ne pourrait se réclamer de la doctrine sociale de l’Eglise: ceci n'a strictement rien à voir avec la distinction entre les pouvoirs de l'Eglise et ceux de l'Etat  et, sauf erreur, Alcide De Gasperi en Italie, et Robert Schuman en France, dont la cause de béatification est en cours, appartenaient tous deux à des partis d’inspiration chrétienne.

JPSC

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