Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Les prisons belges : un vivier pour les islamistes radicaux ?

IMPRIMER

Comment les prisons de Belgique fabriquent des islamistes radicaux (source)

L’information est de toute première main. Qui mieux qu’un ancien détenu peut décrire la situation dans les prisons, dont on dit qu’elles sont si propices à la radicalisation ? Mais un ancien détenu non musulman, alors. The Washington Post a longuement discuté avec un bandit belge autochtone qui a passé dix ans derrière les barreaux. Stéphane Medot, ancien braqueur, a testé plusieurs de ces prisons en Belgique, là où les islamistes radicaux Abelhamid Abaaoud et Brahim Adeslam, kamikazes à Paris, et Ibrahim et Khalid el-Bakraoui qui se sont fait sauter à Bruxelles, ont aussi passé du temps.

C’est en prison qu’Abdelhamid Abaaoud a rencontré Salah Abdeslam – frère de Brahim – capturé à Bruxelles le 18 mars dernier.

Les islamistes radicaux dans les prisons belges : récit d’un témoin

Pour Stéphane Medot, cette réalité n’est pas anodine. A 37 ans, il peut invoquer une véritable expérience des modes opératoires des recruteurs pour Allah. Il en a été le témoin direct. D’une prison à l’autre, elles étaient semblables : les prisonniers se livrant au prosélytisme profitaient des heures de promenade pour parler aux autres détenus. Les petites fenêtres des cellules étaient aussi mises à profit pour parler et échanger des objets.
 
Cela commençait par de petites faveurs interdites : un téléphone portable, un peu d’amitié pour des jeunes qui « se sentent seuls » et cherchent à s’intégrer. Puis venait le Coran, et avec lui le discours plus religieux. Petit à petit, les plus impressionnables se laissaient convaincre, s’engageant à ne plus boire d’alcool et s’intéressant de plus en plus aux « injustices » dont parlaient les aînés. Irak, Palestine, condition des immigrés en Europe, tout y passait pour créer du ressentiment.
 
Face à ces trafics et ces endoctrinements, rapporte Stéphane Medot, les gardiens belges se trouvaient démunis. Incapables de comprendre l’arabe, leur surveillance se limitait aux aspects matériels. Ils avaient adopté le parti pris du « laisser faire », selon l’ex-détenu que ce soit vis-à-vis de la musique lancinante affectionnée par les prisonniers islamiques, ou des discussions politiques.

En revanche, les musulmans imposaient leur loi. A l’heure de la prière, tous éteignaient leurs téléviseurs pour ne pas déranger les « croyants » : en prison, « si vous n’êtes pas musulman, vous ressentez le besoin de vous adapter aux règles », assure Medot.

Approbation dans les prisons de Belgique pour les attentats islamistes

Lui qui était derrière les barreaux au moment des attentats de Londres, de Madrid, de Toulouse et de Montauban a vu de nombreux prisonniers musulmans célébrer les actions de leurs « frères ». Il assure aussi que les discussions autour des attentats du 11 septembre 2001 aboutissaient généralement à des protestations de solidarité de la part de prisonniers qui étaient nombreux à dire : « Les Américains ont volé le pétrole (du Proche-Orient), c’est une revanche, une revanche juste. »
 
Incarcéré dans la même prison que Nizar Trabelsi pendant plusieurs mois, Stéphane Medot a pu constater à quel point le militant d’Al-Qaïda était perçu comme un héros par des détenus coreligionnaires. Ce n’était pas son passé de footballeur professionnel qui justifiait leur admiration, mais son rôle dans un attentat manqué à la voiture piégée contre une base de l’OTAN à Kleine Brogel en Belgique, supposée servir de lieu de stockage à des missiles nucléaires.
 
En prison, le Tunisien Trabelsi jouait un rôle de formateur, enseignant l’arabe à ses voisins de cellules en faisant circuler de petits livres d’apprentissage. Sa cellule résonnait de mélopées coraniques mais aussi d’enregistrements de tirs d’armes à feu. Tout au plus lui demandait-on de temps en temps de baisser le volume…

Comment les « héros » terroristes fabriquent des émules

Du côté des familles des jeunes détenus, l’idée que leurs fils trouvent un intérêt à la religion, qu’ils cessent de boire et de se droguer est perçue comme une planche de salut. Ce ne sont donc pas elles qui s’en plaignent. Le discours sur « l’islam religion de paix et de tolérance » joue-t-il aussi son rôle auprès des gardiens ? Il est en tout cas politiquement incorrect de dénoncer la violence de l’islam, ce qui désarme les autorités – à moins que celles-ci ne se désarment délibérément…
 
Elles cherchent aujourd’hui à empêcher les entreprises de radicalisation en prison. Au cours de cette dernière année, le ministère belge de la justice a commencé à mettre en œuvre des mesures pour changer le système pénitentiaire en profondeur, avec des zones isolées qui seront réservées aux individus les plus radicalisés. Mais il faudra attendre le 11 avril pour que ces nouveautés prennent effet, et reste à savoir si elles peuvent être efficaces alors qu’à l’heure actuelle, selon Sieghild Lacoere, seuls cinq détenus sont clairement concernés. Et seules 40 places sont prévues.
 
L’isolement, c’est sans doute une bonne idée, mais reste à savoir comment repérer tous les prisonniers effectivement dangereux et, ensuite, à trouver les moyens matériels pour les tenir à l’écart alors que les prisons belges sont déjà surpeuplées. Sur les 11.000 détenus, selon les statistiques officielles du ministère de la justice, 20 à 30 % sont musulmans. Stéphane Medot s’est dit sceptique. A supposer qu’on identifie tous les prisonniers radicalisés, il y a fort à parier, dit-il, que leur isolement les radicalisera davantage. Que faire lorsque, ayant purgé leur peine, ils se retrouvent dehors ?

Anne Dolhein

Commentaires

  • Pourquoi se plaindre alors que nos gouvernements font tout pour faire rentrer les musulmans dans leur pays et y foutre la merde…

    FERMONS NOS FRONTIERES...

  • Voilà une attitude bien chrétienne !

  • Je vous cite :"Il est en tout cas politiquement incorrect de dénoncer la violence de l’islam, ce qui désarme les autorités – à moins que celles-ci ne se désarment délibérément…"
    Voilà le noeud du problème ! Reconnaître clairement que le ver de la violence est inscrit dans le coran et les hadiths.

    Je fais moi-même les frais de cette problématique au coeur de mon métier d'enseignant !

    Si j'éditais un "essai" sur un thème de société, et que dans cet écrit, je soutenais l'idée de tuer telle ou telle partie de la population, pour l'une ou l'autre raison,... je suis certain que je serais traîné en justice par le "centre pour l'égalité des chances".

    Pourquoi le coran est-il admis dans nos sociétés "christianisées" protégeant le respect de TOUTE personne humaine et réprouvant les comportements qui s'y opposent.

    Tant que le monde politique ne s'informe pas des vrais dangers et / ou n'ose pas prendre de courageuses positions en cette matière, le radicalisme islamiste a de beaux jours devant lui !

  • Il y a un radicalisme musulman, bien entendu !
    Mais il y a aussi un radicalisme chrétien, un radicalisme juif, un radicalisme bouddhiste, un radicalisme provenant de la laïcité ... Mais tous ces "radicalismes" sont minoritaires ! Et sont à combattre non par la violence mais par la persuasion ...

  • Pour comprendre l' Islam : Annie Laurent ( associationclarifier.fr ).
    Lumineux , haut niveau mais néanmoins facile à lire . Plein d'espérance ,malgré tout ( le mystère de Marie dans le Coran , de nombreux musulmans, des femmes surtout, la prient ).
    Et effectivement, les chrétiens devront allier la " prudence du serpent à la candeur de la colombe ". ( matth. 10, 16 ) ....... ( de la haute voltige psychologique....... ).

  • « A supposer qu’on identifie tous les prisonniers radicalisés, il y a fort à parier, dit-il, que leur isolement les radicalisera davantage. »
    Sauf si cet isolement est bien utilisé pour confronter le prisonnier à ses démons. Il est sûr qu’un isolement total peut devenir invivable comme nous le montre le Norvégien Breivik qui, après avoir provoqué la mort de 77 personnes en 2011, porte maintenant plainte pour traitement inhumain à cause de son isolement.
    D’un autre côté il ne faut pas être psychologue pour conclure que la liberté totale d’échanges entre de délinquants qui n’acceptent pas leur culpabilité ne peut que favoriser un sentiment de révolte collectif. Ensemble ils se confortent mutuellement et se trouvent des justifications pseudo-religieuses ou autres.
    Comme en Belgique le grand public est très mal informé au sujet des conditions de détention et encore moins en ce qui concerne les efforts de réhabilitation des détenus, s’il y en a, nos politiciens n’ont aucun argument électoral pour réformer le système et laissent pourrir la situation jusqu’à ce qu’elle explose, au propre comme au figuré.
    Après avoir travaillé et vécu de nombreuses années dans un environnement où les contacts sociaux étaient forts limités tout comme les possibilités de distraction et de communication, je pourrais dire que cet isolement relatif avait un côté positif. Mais il avait été librement choisi et les quelques personnes fréquentées s’efforçaient de maintenir de bonnes relations.
    Aussi je me suis souvent demandé pourquoi, grâce aux moyens de communication modernes, on ne restreindrait pas certains délinquants à ne pouvoir contacter que des personnes capables de témoigner d’une perception plus équilibrée de la vie. Au lieu d’un isolement total ils pourraient se mettre en relation verbale, écrite ou visuelle avec des volontaires ayant reçu la formation adéquate pour être capable de préserver leur saine vision du monde. Nos sociétés ont un nombre grandissant de pensionnés qui ont une bonne expérience des contacts humains et qui ont dû souvent eux-mêmes surmontés de nombreuses épreuves, parfois après avoir été victimes de faits criminels ou de sérieuses négligences.
    Devant le risque d’être totalement isolé, le prisonnier finirait probablement par comprendre que chaque conscience attentive est un don du Père-Créateur qui mérite d’être respecté et pris en considération.

  • Très belle proposition, Kerkefas, Il suffit de contacter un aumonier qui vous donnera un nom, une adresse. Par la suite, selon les possibilités, pour mettre un visage , on peut visiter ....Je ne suis capable que d'assumer un ou deux prisonniers à la fois mais j'ai vu de beaux cheminements ,.....Deo Gratias , c'est Lui qui fait le côté difficile du travail. ;-)

  • Merci pour la suggestion. Elle m’a déjà permis de découvrir le site des aumôneries qui offre des renseignements précieux sur la réalité des prisons. Ce site montre que le système pénitentiaire est en fait sur la ligne de front des problèmes sociaux et que ceux-ci réclament un surcroît de spiritualité et de charité. Un véritable contact humain est certainement préférable à un échange virtuel mais, comme vous l’évoquez, il faut pouvoir le concilier avec ses autres responsabilités.

  • A Kerkefas,
    Quand j'étais jeune je réussissais à aller à la prison, une fois par semaine . Aujourd'hui ,c'est une fois par an . Pas la même personne évidemment mais les détenu(e)s aiment répondre aux lettres en telephonant . Et on peut remplir la lettre avec toutes sortrs de cartes, images, glanées ici et là . J' écris comme à un fils ou à une fille adoptifs .. Un jour , une jeune détenue m' a dit : " On a droit à une douche tous les deux jours, alors, après la douche, pendant que mes cheveux sèchent, je relis tes lettres "
    Par contre, il est prudent de ne pas donner son adresse, d'avoir une poste restante. Dans mon cas c''est le couvent des Carmes, non loin d'ici..qui a accepté. Et l'aumonier ne m' a donné que des " cas faciles " mais qui reçoivent peu de visites.

Les commentaires sont fermés.