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"Internet, malgré ses défauts, réussit à libérer un peu les territoires occultés de l’information"

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D'Alexandre Devecchio sur le site du Figaro Vox

L’année 2019 vue par nos chroniqueurs - Goldnadel: «Des îlots de pensée libre existent ici et là avec grand succès!»

FIGAROVOX/ENTRETIEN - La gauche médiatique a perdu le monopole du discours. Et elle n’en est que plus hargneuse envers ses contradicteurs, explique notre chroniqueur.

31 décembre

Gilles-William Goldnadel est avocat et essayiste. Chaque semaine, il décrypte l’actualité pour FigaroVox. Son récent ouvrage, Névroses Médiatiques. Le monde est devenu une foule déchaînée, est paru chez Plon.


FIGAROVOX.- Cela fait maintenant six ans que vous chroniquez l’actualité chaque semaine pour FigaroVox. Que retenez-vous de cette expérience?

Gilles-William GOLDNADEL.- Le sentiment d’avoir contribué à un phénomène médiatique à la fois nouveau et puissant. Il me semble se caractériser et être appréhendé par beaucoup comme libre, créatif et pluriel.

La rage impuissante que certains manifestent à son endroit-ceux qui pensaient détenir pour toujours le monopole du discours médiatique -m’amuse autant qu’elle valide mon jugement. FigaroVox est important.

Que retenez-vous plus particulièrement de cette année 2019? Si vous ne deviez citer que trois événements?

De manière très subjective, j’en retiens trois événements très négatifs: le phénomène Greta Thunberg qui caractérise de manière caricaturale la montée en puissance du gauchisme climatique autoritaire mâtiné d’un jeunisme propre à toutes les idéologies totalitaires. L’impérialisme de la dictature des mollahs iraniens qui ne rencontre aucun esprit critique en Europe. Et enfin, pour ne pas terminer l’année en beauté, cette décision de la Cour d’appel dans l’affaire Halimi (qui me concerne personnellement en tant qu’avocat de la sœur de la victime) qui effectivement relève littéralement de l’irresponsabilité pénale de la justice française.

Vous êtes bien sombre! Ne jugez-vous pas, par exemple, que les idées conservatrices sont mieux représentées qu’avant?

Je reconnais que dans ces débats pluralistes, place est à présent faite à des tenants des idées conservatrices. Le public au demeurant les réclame à cor et à cri. Il est rare néanmoins qu’ils deviennent éditorialistes… Et puis la censure veille, depuis le CSA jusqu’aux «Sleeping Giants».

L’omerta existe encore-ainsi je suis tricard sur le service public pathologiquement allergique à tout pluralisme-et l’église cathodique encore en majesté sur les médias mainstream est capable de focaliser sur les événements qui l’arrangent et de minimiser tout ce qui la dérange. Heureusement Internet, malgré tous ses défauts, et notamment «la fâcheuse sphère» telle que je l’appelle, réussit à libérer un peu les territoires occultés de l’information.

L’année a aussi été marquée par l’émotion des Français, et même du monde entier, devant le toit en feu de Notre-Dame. Cet incendie, traitée par tous les médias comme un événement hautement symbolique, semble avoir réveillé dans le pays quelque chose de profond...

Lorsque j’ai assisté à ce spectacle dantesque de la cathédrale en feu, j’y ai vu, je l’avoue, comme un mauvais signe céleste. Je vous rappelle que nous craignions alors que l’édifice tout entier ne s’effondre à nos pieds. Alors oui, j’ai vécu ce moment comme l’enfer de l’écroulement de la France catholique. Tel que décrit de manière plus politique par Jérôme Fourquet dans son Archipel Français.

Pour vous dire le vrai, je n’aurais jamais pensé vivre cet instant comme un enfer, moi le petit juif normand pour qui l’église en majesté d’avant Vatican II n’avait pas toujours été bonne fille. Enfant, les cloches qui sonnaient me donnaient le bourdon. Et me voilà qui me retrouve à signer la pétition en faveur de la France des clochers… Car je crois aux racines chrétiennes de la France qu’on voudrait arracher, raison pourquoi j’y tiens.

Cette année, vous avez été plus que jamais présent sur tous les plateaux. Vous avez même votre propre télévision sur le Web: «Goldnadel TV». Pourquoi cet activisme insatiable? Qu’est-ce qui vous motive encore?

Les autres, notamment ceux qui me lisent, pourraient peut-être mieux le dire que moi-même. Il me semble que c’est le sentiment de révolte et d’inquiétude devant la folie grandissante du monde et que j’ai essayé de résumer l’an dernier dans mon livre Névroses Médiatiques .

Je prône le combat culturel contre l’église cathodique colonisée par une gauche chaque jour plus extrême et intolérante.

Je paierais rançon pour être indifférent aux affaires du monde. Après tout, je suis un privilégié d’un âge assez avancé. Mais j’y ai renoncé. Depuis six ans dans ces colonnes, je prône le combat culturel contre un adversaire que j’ai identifié: l’église cathodique colonisée par une gauche chaque jour plus extrême et intolérante. Dans le cadre de ce combat, tous les moyens médiatiques sont les bienvenus y compris cette chaîne Goldnadel TV dont le succès m’étonne moi-même. En dehors de mes propres interventions éditoriales, nous recevons des personnalités très diverses ainsi que des chroniqueurs de talent tels que Jean-Patrick Grumberg, Yves Mamou ou encore Guy Millière.

Cette exposition n’est-elle pas paradoxale pour quelqu’un qui dénonce une certaine pensée unique et omerta médiatique?

C’est bien parce que ce que je dénonce existe que je suis contraint à pousser l’activisme jusqu’à avoir créé une chaîne privée! Je vous prie de croire que mes activités d’avocat sont suffisamment chronophages pour ne pas avoir trop à tromper je ne sais quel désœuvrement… L’idéologie dominante de l’église cathodique existe encore, même si elle a du plomb dans l’aile et a perdu son magistère moral et intellectuel. C’est bien pour cela qu’elle n’est plus en état d’excommunier avec ses malédictions magiques excluantes d’autrefois («extrême droite!» «facho!» etc..) et que des îlots de pensée libre existent ici et là avec grand succès, à son grand désarroi.

Internet, malgré ses défauts, réussit à libérer un peu les territoires occultés de l’information.

Mais les hirondelles qui me portent telles que les Grandes Gueules de RMC ou des chaînes telles que CNews (toutes réellement pluralistes) ne font pas le printemps de la liberté médiatique.

En matière de bataille culturelle, n’avez-vous pas l’impression de vous battre contre des moulins à vent?

Il est vrai qu’il s’agit d’un combat avec des hauts et des bas. Mais je n’ai pas l’impression d’être Sisyphe. Si je veux résumer les choses, il me semble que contre une idéologie névrotique largement pavlovienne ayant décérébré depuis des décennies les esprits, c’est largement le combat du réel contre le virtuel. Et quelles que soient les difficultés, la réalité est plus forte que le virtuel quand bien même celui-ci contribue-t-il hélas à modifier le réel.

Certains médias de gauche prétendent que les «néo-réacs» ont gagné la bataille des idées. Est-ce réellement le cas?

Quand les médias de gauche disent cela, c’est surtout pour constater qu’ils ont perdu le monopole du discours.

C’est la gauche qui a perdu la bataille des idées car elle n’a plus d’idées.

Ce dont ils ne sont pas toujours remis. Ceci étant, je pense que c’est la gauche qui a perdu la bataille des idées car elle n’a plus d’idées. Ou plutôt que ses idées se sont fracassées sur le roc de la réalité. Pour ne prendre que les exemples les plus cruels: que vaut aujourd’hui l’affirmation que l’immigration serait une chance pour la France? Qui croit encore que la critique de l’islamisme serait raciste? Qu’il n’existerait pas un antisémitisme islamique effrayant? Sans parler de ses mythes d’hier idéalisant le communisme ou le tiers-monde ou niant l’insécurité pour cause d’irénisme judiciaire? C’est d’ailleurs pour cela que la gauche ayant vu son antiracisme dévoyé, déconsidéré, a vogué vers d’autres thématiques où elle peut à nouveau asséner gratuitement son esthétisme moral: principalement le féminisme, le genre et le climat.

J’observe que, parallèlement, sans doute parce qu’elle perd pied, la gauche se radicalise, émet des interdits et pour tout dire a remplacé l’extrême droite d’hier dans le domaine de l’intolérance violente et bas du front.

Pour le dire autrement, si elle a perdu la bataille des idées, avec son pouvoir médiatique et artistique restant et dominant, elle peut encore gagner, en modifiant la réalité, une bataille de l’émotion autrement plus payante au comptant.

Que doit-on souhaiter pour la France en 2020?

Un ciel médiatique avec une église cathodique moins impérieuse, constellé de chapelles libres et pluralistes. Et plus largement, que les idées que je défends l’emportent. Une identité du peuple français souverain qui n’aurait rien de honteux mais qui ne prendrait pas le pas sur cette identité humaine à laquelle je crois profondément.

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