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Beauraing : traverser l’épreuve de la pandémie guidé par la Vierge au Cœur d’or

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D'Adélaïde Patrignani sur Vatican News :

Prière à Notre Dame de Beauraing - images saintes

À Beauraing, traverser l’épreuve de la pandémie guidé par la Vierge au Cœur d’or

En Belgique, dans le diocèse de Namur, les sanctuaires de Beauraing restent ouverts, avec des propositions adaptées aux mesures liées au confinement. Le message délivré par la Vierge Marie au siècle dernier revêt aujourd’hui une signification particulière, comme l’explique l’abbé Joël Rochette, vicaire général du diocèse de Namur et recteur des sanctuaires de Beauraing.

Dans le village belge de Beauraing, en région wallonne, la Sainte Vierge apparaît une trentaine de fois à cinq enfants, entre novembre 1932 et janvier 1933. Elle leur délivre un message centré sur la prière, l'amour de son Fils, la conversion des pécheurs, et demande qu’on vienne là en pèlerinage. Son Cœur d’or lui vaut le nom qu’on lui donne désormais. 

Le sanctuaire, érigé au lendemain de la Seconde guerre mondiale, a reçu la visite de saint Jean-Paul II le 18 mai 1985. Chaque année, de nombreux pèlerins de Belgique, de la France voisine et d’ailleurs se rendent dans ce haut-lieu de prière. Aujourd’hui, pandémie oblige, la mission du sanctuaire a dû être repensée dans ses modalités pratiques, mais ses portes restent ouvertes aux personnes venant de manière individuelle. Beauraing constitue un repère spirituel important dans un pays éprouvé par le coronavirus, qui a déjà fait près de 8500 victimes, pour 11 millions et demi d’habitants. 

L’abbé Joël Rochette, vicaire général du diocèse de Namur et recteur des sanctuaires de Beauraing, nous explique d’abord quelles propositions sont faites depuis le début de la pandémie.

Entretien avec l'abbé Joël Rochette

Évidemment les mesures qui ont été prises par le gouvernement ont durement affecté les activités des sanctuaires, dans la mesure où les célébrations religieuses publiques sont interdites, ainsi que tous les rassemblements, ce qui veut dire que tous les pèlerinages ont été annulés, qu’il n’y a plus de célébrations, ni à l’intérieur ni à l’extérieur. Mais cependant nous avons décidé de laisser le site ouvert, les personnes peuvent venir prier. Nous avons adapté ces mesures et la manière d’accompagner les personnes en continuant de diffuser le chapelet, à l’heure traditionnelle des apparitions, à 18h30. Nous avons décidé aussi d’avoir des propositions innovantes: il y a des vidéos sur le site, des chapelets qui sont organisés, dans la mesure où les personnes peuvent envoyer une petite vidéo avec un “je vous salue Marie”, on les regroupe, et puis on diffuse cela, par les réseaux sociaux bien entendus, par la messe diffusée également… Bien des manières différentes de rejoindre les personnes puisqu’elles ne peuvent pas, dans la majorité des cas, se déplacer pour aller aux sanctuaires.

Il y a aussi des pèlerins qui viennent encore aux sanctuaires, comment sont-ils accueillis?

Il y a du passage, oui, des personnes qui viennent prier, qui viennent également confier des intentions dans une boîte aux lettres que nous avons déposée là. Il est toujours possible de venir acheter un cierge et de le faire brûler. Donc il y a encore un peu passage dans les sanctuaires, mais très peu, en tous cas pour l’instant, parce que les déplacements sont encore très limités dans le pays.

La Belgique est très éprouvée par cette pandémie. Avez-vous le sentiment que le sanctuaire remplit une mission particulière de soutien à la population?

Oui, je le crois vraiment. Dans la mesure où il est resté ouvert, les gens savent qu’on peut toujours y faire un petit passage, mais surtout parce que ce sanctuaire est un lieu permanent de prière, il est connu pour cela. On sait qu’on peut confier des prières à la Vierge Marie, qu’on peut également communiquer avec les responsables du sanctuaire, avec les religieuses, avec toute une série de personnes qui forment comme une communion de prière. Les gens savent qu’ils peuvent s’adresser au sanctuaire pour porter leurs souffrances, leurs peurs, leurs deuils également. Une prière à Notre-Dame de Beauraing a d’ailleurs été diffusée dans tout le diocèse de Namur par notre évêque, une prière qui s’inspire de la prière du Pape à l’occasion de la pandémie, et qui insiste pour confier au Cœur de Marie – puisque la Vierge de Beauraing s’appelle la “Vierge au Cœur d’or” – toutes les souffrances et les peines que nous vivons, comme aussi les espérances, et peut-être l’approfondissement de notre foi que nous vivons en ce moment.

Quelle est l’actualité du message de la Vierge au Cœur d’or, la Vierge de Beauraing?

À Beauraing, la Vierge Marie a dit «Priez, priez beaucoup, priez toujours»: pas une seule fois «priez», mais elle a rebondi, deux fois, «priez beaucoup, priez toujours», et donc priez aussi dans les moments difficiles, dans les traversées du désert. À Beauraing elle a également dit «Je convertirai les pécheurs», autrement dit je les remettrai dans un chemin, un chemin d’espérance, un chemin de lumière s’ils sont dans la nuit, dans les épreuves, dans le péché. La période que nous traversons est peut-être aussi une occasion de remettre un peu de lumière dans nos vies, et Marie peut nous guider. Elle s’est présentée également à Beauraing comme la «Vierge immaculée», la «Mère de Dieu» et la «Reine des Cieux»: peut-être par ces titres nous invite-t-elle à redécouvrir une dimension un peu cachée de nos vies… Nous sommes de la terre bien sûr, et nous en mesurons toute la fragilité, toute la faiblesse, mais nous sommes aussi du Ciel. Et puis surtout, le message de Beauraing s’achève le dernier jour des apparitions, le 3 janvier 1933, par un très beau dialogue entre les petits enfants et la Vierge: «Aimez-vous mon Fils? M’aimez-vous? Alors sacrifiez-vous». C’est un message sur l’amour, l’amour à approfondir, l’amour pour le Christ, et pour la Vierge Marie, un amour qui aboutit dans le sacrifice. C’est un mot un peu difficile, mais en disant «sacrifiez-vous» elle voulait sûrement dire «donnez-vous, donnez votre vie». Peut-être qu’en ce moment très dur que nous vivons, nous devons réflechir à la manière de nous donner. Beaucoup se donnent, se dévouent pour les autres, il y a des choses admirables dans les services que nous nous rendons les uns aux autres. Mais [on peut aussi] se donner dans les moments difficiles, offrir, offrir sa vie et ses souffrances, offrir sa douleur par amour. Marie à Beauraing montrait un Cœur d’or: elle est apparue dans un jardin d’école, l’Institut Notre-Dame du Sacré-Cœur, donc une école dédiée au Cœur de Jésus, et là elle nous montre également son Cœur. Finalement le Cœur de Jésus et le Cœur de Marie c’est le Cœur d’amour du Père, et peut-être que dans ces moments difficiles nous sommes invités à revenir à l’essentiel, au cœur de notre foi, et à nous remettre dans le Cœur de Dieu.

Comment avez-vous accueilli l’appel du Saint-Père à prier particulièrement la Vierge Marie en ce mois de mai?

Avec beaucoup de joie! Cette lettre que le Pape a écrite sur le Rosaire à l’occasion du mois de mai est une lettre admirable. Nous avons d’ailleurs placé une phrase sur la première page du site internet des sanctuaires: «Contempler ensemble le visage du Christ avec le Cœur de Marie, notre Mère, nous rendra plus unis et nous aidera à surmonter cette épreuve». Alors nous, à Beauraing, qui voyons la Vierge Marie nous montrer ce Cœur d’or, nous sommes très touchés par cette phrase du Pape. «Contempler ensemble le visage du Christ avec le Cœur de Marie, notre Mère, nous rendra plus unis et nous aidera à surmonter cette épreuve»: nous croyons vraiment que Marie nous aidera à traverser l’épreuve actuelle et nous rendra plus unis. Peut-être cette épreuve nous invite-t-elle à un sursaut de communion, moins par les célébrations puisque nous ne pouvons plus y participer, mais par le cœur, par la pensée, par la prière, nous unir les uns aux autres, comme une communauté, comme un Peuple de Dieu.

Comment envisagez-vous les prochains mois au sanctuaire?

Il est difficile d’envisager déjà, en tous cas à court-terme il est clair qu’il y aura une reprise des activités, mais avec des pèlerins individuels, puisque les rassemblements ne sont toujours pas permis. À moyen-terme on espère une reprise des activités normales. En tous cas, il y a une grande espérance dans notre diocèse qui est de pouvoir se retrouver dans ce sanctuaire, qui est au cœur du diocèse, notamment pour pouvoir, une fois que l’épreuve sera passée, rendre grâce pour tous ce qui aura été vécu, pour la présence de Marie à nos côtés, pour tout ce qui aura été approfondi et découvert au cours de cette période. Nous avons aussi la perspective de développer le thème d’année. C’est un thème important, qui devait débuter ici le 1er mai. Alors il commence d’une manière étonnante, mais ce beau thème d’année est centré sur une parole de Pierre dans l’Évangile: «Seigneur, Tu sais bien que je T’aime» (Jn 21, 15). On voudrait vraiment développer ce thème-là avec les pèlerins qui vont petit à petit revenir.

Comment ce thème de l’année 2020 résonne-t-il aujourd’hui?

Ce thème de l’année est basé sur une phrase de Pierre, dans le dernier chapitre de l’Évangile de Jean. À la question que Jésus lui pose trois fois, «M’aimes-Tu ?», Pierre répond «Seigneur, Tu sais tout, Tu sais bien que je T’aime». Il faut voir que dans ce chapitre 21 de l’évangile de Jean, Pierre et ses disciples sont dans la même barque, sur la mer de Tibériade, et ils ont passé toute la nuit sans rien prendre. Cela évoque peut-être pour nous la période que nous traversons, une période difficile, où on a le sentiment de ne plus s’y retrouver, de ne plus tirer de fruit de notre vie spirituelle, de connaître l’épreuve, peut-être la nuit, et la question de l’amour est posée: «M’aimes-Tu ?», demande le Seigneur. «Tu sais bien que je T’aime», répond Pierre… Pierre qui a renié Jésus, mais qui, voyant que Jésus l’aime, est capable de Lui rendre en réponse cet amour. Nous croyons que cette phrase de l’Évangile résonne bien avec la parole de Marie à Beauraing, cette question qu’elle pose elle-même: «M’aimez-vous ? Aimez-vous mon Fils ?», et cette réponse que les enfants, jeunes à l’époque, ont fait de manière un petit peu naïve: «Oui, oui, nous t’aimons, nous aimons ton Fils». Et c’est le dialogue qui aboutit alors sur l’invitation à se donner. Il me semble que ce thème est porteur et qu’il aidera beaucoup de chrétiens sortant de l’épreuve, sortant peut-être de la nuit de la pandémie, à retrouver le chemin de l’amour du Seigneur.

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