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France : un projet bioéthique injuste et dangereux

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De Marie-Lucile Kubacki sur le site de La Vie :

Les évêques dénoncent un projet bioéthique “injuste” et “dangereux”

« Notre modèle de bioéthique devrait être revu en fonction d’une écologie globale »

Au delà des questions de forme, l’Église a le vertige sur le fond, devant ce qui s’apparente à « un changement anthropologique radical ». Si l’ouverture de la PMA aux femmes seules et aux couples de femmes a eu tendance à focaliser l’attention, les sujets de préoccupations des évêques sont plus larges et plus nombreux : élargissement du diagnostic préimplantatoire aux anomalies chromosomiques telles que la trisomie 21, fabrication d’embryons chimères homme-animal, légalisation de fabrication d’embryons transgéniques, procédé du « bébé médicament », devenir des embryons surnuméraires, pouvoir du projet parental, recours à un tiers donneur et à la notion d’anonymat…

Pour le Comité bioéthique des évêques, c’est la fraternité a été oubliée dans la réflexion. « Il n’existe de progrès dans une société que si la fraternité grandit, poursuit Pierre d’Ornellas. C’est elle qui donne sens à nos libertés par lesquelles nous devenons responsables du bien de tous. Sans la fraternité, l’égalité et la liberté peuvent devenir des idées folles. Et il est juste et responsable de savoir se priver de libertés individuelles au profit de la fraternité. » Et d’interroger : « La fraternité postule que chacun s’engage dans la solidarité afin que tous puissent avoir accès aux soins et à l'accompagnement des soignants. Cela invite à une juste sécurité sociale. Mais alors pourquoi demander à des citoyens de contribuer à financer des actes techniques qui ne sont pas des soins ? Pourquoi organiser les soins de telle sorte que des malades risquent de ne plus être prioritaires dans l’accès aux techniques qui soignent, si ces techniques sont appliquées pour des personnes qui ne sont atteintes d’aucune pathologie ? »

L’éthique ne peut se résoudre à élaborer un équilibre toujours instable entre diverses valeurs fondamentales.
– Mgr d'Ornellas

Les questions ne s’arrêtent pas là. Sur la suppression de l’obligation de promouvoir les recherches contre l’infertilité : « Pourquoi ce projet de loi ne favorise-t-il pas le traitement de cette pathologie alors que sa prévalence a tendance à augmenter, sous l'influence de plusieurs facteur comme les facteurs environnementaux ? », demande-t-il. Sur les embryons-chimères, un procédé jugé transgressif par le Conseil d’État : « Certains ont appelé à un référendum sur la condition animale et se sont insurgés sur cette possibilité. Ne faudrait-il pas faire un référendum sur la condition humaine ? » Sur la « fuite en avant » : « Quel serait le critère objectif qui assurerait de façon pérenne un juste équilibre entre des intérêts particuliers et contradictoires – parents, enfants, donneurs, etc. ? À première vu rien ne semble arrêter le déplacement du curseur. Des députés sont aujourd'hui explicitement favorables à la GPA. N’est-il il pas vrai que le curseur irait très vraisemblablement vers la légalisation en France de cet esclavage des femmes ? Cela engendre une inquiétude et, comme le dit le Conseil d’État et le CCNE, une angoisse chez bon nombre de citoyens, voire une frustration ou une colère. Certains se demandent : où cette folie va t elle s’arrêter ? »

Infertilité : la douleur oubliée

La notion de projet parental, leitmotiv des discussions de la commission spéciale, est quant à elle qualifiée d’« abus de pouvoir » : « Tout est conditionné au projet parental qu’il a fallu absolument inscrire dans le projet de loi, alerte le président du groupe bioéthique de la CEF. Mais ce projet parental donne une puissance aux adultes sur celui ou celle qui sera conçu, de sorte que ces adultes ont le droit selon leur volonté, de le priver de certains de ses droits, ou de changer la destination de l’embryon humain conçu par FIV. Soit il demeure promis à devenir un enfant, soit il est voué à la destruction, pour la recherche scientifique. »

De manière plus large, la CEF veut alerter sur une certaine conception de la loi, qui se résumerait à poser des équilibres sous forme de compromis plus ou moins judicieux et jamais satisfaisants, entre divers intérêts. « L’éthique ne peut se résoudre à élaborer un équilibre toujours instable entre diverses valeurs fondamentales, sous le poids des diverses demandes sociétales, sous l’exigence des besoins immédiats de la recherche scientifique, sous la pression des groupes industriels bénéficiant du “gigantesque marché de la procréation”, car la tentation de pousser le curseur en allant un peu plus loin dans l’usage des techniques est latente », martèle Pierre d’Ornellas. Et de relever : « Cette tentation se dit de façon très simple : quand le curseur va un peu plus loin il est taxé de progressiste. Quand il est plus attentif aux valeurs éthiques et qu’il revient un peu en arrière, il est – comme cela a été dit explicitement au sujet du Sénat – réactionnaire. »

Pour l’Église, outre la dignité humaine, c’est la notion de progrès et de sens de l’Histoire qui sont en jeu dans cette révision du projet de loi. Et l’heure où le monde vit un virage écologique drastique, l’Église aimerait que la bioéthique ne soit pas laissée en marge de la transition.

Commentaires

  • Cette réaction de l'Eglise est la bienvenue mais me laisse perplexe.
    La description de ce changement majeur de paradigme telle qu'on peut la lire dans cette tribune de la CEF me semble gravement incomplète. En effet, les propos y restent dans l'immanence (ex: "Un projet injuste et dangereux", « Il n’existe de progrès dans une société que si la fraternité grandit" "Cette révision est un véritable changement anthropologique", "C’est la notion de progrès et de sens de l’Histoire qui sont en jeu..." Voilà un discours que pourrait tenir une personne humaniste athée.
    Messieurs les évêques, par pitié, soyez immanents ET transcendants dans vos déclarations! Parler à temps et à contre temps du SACRE de la vie humaine plutôt que de sa dignité (mot fourre-tout à présent), parlez de PROFANATION quand vous évoquez les manipulations sur les embryons. Si vous ne dites pas au Monde CE qu'il est en train de faire envers Dieu et l'Homme qu'Il a créé à Son image et à Sa ressemblance, qui le lui dira???

  • oui, qui?
    Très juste!
    Les évêques auraient-ils peur de ne pas être écoutés s'ils prononcent les mot de la foi Catholique?

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