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L’Eglise est-elle un des derniers bastions phallocrates ? Débat.

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Hier, 8 mars, était la journée onusienne dédiée aux « droits de la femme ». Le site web des diocèses francophones de Belgique, « cathobel » (anagramme de « Belgicatho », à moins que ce ne soit l’inverse), relate à cette occasion un débat ertébéen sur le thème rebattu de la place des femmes dans l’Eglise. Ce compte rendu est signé Sarah Poucet :

« Dans la séquence du « Parti pris de la matinale de la Première », Eric de Beukelaer, vicaire général du diocèse de Liège et Caroline Sagesser, historienne et chercheuse au Crisp, ont débattu de la place des femmes dans l’Église et du voyage papal en Irak.

Dans cette séquence, tous deux se sont accordés sur les changements réalisés dans l’Église concernant la place des femmes. Cependant, Caroline Sagesser a relevé une obstruction fondamentale à l’égalité des sexes: l’interdiction de l’ordination sacerdotale des femmes. L’historienne a expliqué que garder une telle obstination au 21ème siècle desservait l’Église catholique. De même pour la société belge, avoir des postes financés par des fonds publics qui ne sont pas ouverts aux femmes, pose problème.

Si Eric de Beukelaer se dit favorable à la discussion, il appelle cependant à « laisser du temps au temps, pour permettre à la théologie d’avancer ». Et d’ajouter : « le débat sur l’ordination de femmes touche à l’image symbolique de l’homme et de la femme dans l’Église ».

Concernant le voyage papal en Irak, le vicaire général s’est réjouit de cette initiative, symbole du « style François ». Cette visite est « un soutien aux chrétiens d’Orient dont le nombre a chuté en une génération de 90%, et puis c’est un défi lancé à tous les fondamentalismes religieux. » a-t-il souligné. De son côté, Caroline Sagesser a noté un voyage « courageux de la part d’un homme qui a 84 ans et une santé fragile » et « un message important pour la paix entre religions » . Elle regrette tout de même qu’à Ur, le pape n’ait pas pu avoir de juifs à ses côtés malgré une demande du Vatican, pour célébrer la paix entre ces trois religions abrahamiques.

Retrouvez l’intégralité du Parti pris diffusé ce lundi 8 mars sur Auvio. »

Ref. L’Eglise est-elle un des derniers bastions phallocrates ? Débat.

L’accession des femmes au sacerdoce catholique (ou orthodoxe) n’est-elle qu’une question de temps comme l’article du site interdiocésain le donne à penser?

Sur ce sujet, un blogueur bien connu, l’abbé Dominique Rimaz (1), ne tourne pas autour du pot: « Jésus est un homme, dès lors le prêtre est un homme ».

Mais encore ?

« Dans un contexte où les femmes, avec les hommes, recherchent avec raison une égalité nécessaire, il est tout à fait légitime de poser cette question. A toute bonne question, il y a également des bonnes réponses.

Sans aucune discrimination, l’Eglise catholique avoue humblement: « elle n’a pas le pouvoir de conférer l’ordination sacerdotale aux femmes».

A la messe et lors de la confession, le prêtre agit  «in persona Christi», dans ou en la personne de Jésus. Et Jésus est un homme. L’ordre, dans ses trois degrés (diacre, prêtre et évêque) est un sacrement. Ce dernier implique toujours un signe. En tant que tête de l’Eglise, Jésus est un homme; dès lors le prêtre est un homme.

Avec les Eglises orthodoxes, l’Eglise catholique romaine soutient cela par « l’exemple, rapporté par la Sainte Écriture, du Christ qui a choisi ses Apôtres uniquement parmi les hommes; la pratique constante de l’Eglise qui a imité le Christ en ne choisissant que des hommes; et son magistère vivant qui, de manière continue, a soutenu que l’exclusion des femmes du sacerdoce est en accord avec le plan de Dieu sur l’Eglise».

En 1994, saint Jean Paul II avait donné une réponse définitive, qui appelle l’assentiment de l’intelligence et de la volonté: «Je déclare (…) que l’Eglise n’a en aucune manière le pouvoir de conférer l’ordination sacerdotale à des femmes et que cette position doit être définitivement tenue par tous les fidèles de l’Eglise».

Cette doctrine n’a pas été exprimée par la modalité de l’infaillibilité pontificale, mais elle est de nature infaillible.

Le prêtre n’est pas le sommet de la vie chrétienne. Par contre, la sainteté est un appel pour tous et pour chacun. La Vierge Marie, comme premier principe de vie de l’Eglise (le second étant celui de Pierre, la hiérarchie), les femmes sont invitées à la prendre comme modèle éminent ».

______

(1) Dominique Rimaz est prêtre à Fribourg, spécialiste de la communication de l’Eglise et aumônier de Catholic Voices. Après une licence en théologie morale à Fribourg, il a poursuivi ses études à Rome, avec une licence en communication à l’Université pontificale de la Sainte-Croix.

***

Sur cette même question on lira avec profit l’article consacré par « Cathobel » au point de vue exprimé par Mgr Luis Ladaria, préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi : « Pour Mgr Ladaria, l’ordination sacerdotale des femmes est impossible », 

JPSC

Commentaires

  • Si Eric de Beukelaer dit, s'agissant de l'ordination des femmes, qu'il faut "laisser du temps au temps", cela signifie qu'il a déjà capitulé à ce sujet comme la plupart des hiérarques religieux d'aujourd'hui, terrorisés qu'ils sont d'être perçus comme conservateurs. Qu'ils se souviennent de la Parole de N.S. : heureux êtes-vous si on dit du mal de vous à cause de moi...

  • J'ai été particulièrement surpris par le ton impérieux de Madame Sagësser, qui dévoile le caractère totalitaire de sa pensée ("comment peut-on encore, au XXIème siècle..."), en menaçant l'Eglise par les cordes de la bourse.
    Derrière la masque de l'amour de la multiculturalité d'une certaine gauche, on peut y voir qu'en réalité toute conception qui se distingue de sa propre vision (indifférenciation des sexes en l'occurrence) y est méprisée, avec une invitation sérieuse (ici plutôt une injonction voire une menace) à s'adapter aux standards de la modernité.
    L'Eglise devrait défendre sa vision de l'homme, et même annoncer sa perspective évangélique : pour ce faire, il faut sortir de la dialectique de la défense (le père De Beukalaer a constamment été sur la défensive), et proposer la vision de l'Eglise, qui pose la complémentarité homme-femme.
    Peut-être faudrait-il commencer par assumer cela, et oser affirmer (ici à Madame Sagësser) qu'on a le droit de penser différemment.

  • Votre commentaire est très pertinent. Je m'étonne juste que vous soyez surpris de ce ton péremptoire...

  • Il n'y a absolument aucun fondement biblique qui pourrait permettre d'entrevoir la possibilité d'ordonner des femmes "prêtres", et il n'y en a aucun non plus dans la Tradition. Mais, qu'à cela ne tienne, il en est de ceux pour qui renier l'Ecriture et 2000 ans de christianisme n'a pas d'importance. Seul compte pour eux le fait d'être en symbiose avec les hommes de ce 21è siècle. Coller à l'esprit du monde, se taire sur l'essentiel et sur ce qui dérange pour se contenter de discours convenus, passe-partout autant que dégoulinants de tiédeur, semble être leur nouveau credo. Quant à savoir ce que Dieu pense des "tièdes", je songe à une parole du livre de l'Apocalypse qui, elle, est tout sauf ambiguë...

  • Cher Dorian, Je ne partage pas votre analyse. D'abord, je ne me suis pas senti sur la défensive. Simplement, je pense que genre de sujet mérite la nuance. Se borner à une péremptoire "complémentarité hommes/femmes" en rappelant la doctrine, est trop court et, selon moi, peu lucide. L'honnêteté intellectuelle invite à reconnaître que le manque de femmes à des postes de responsabilité dans l'Eglise n'est pas étranger à la défaillante gestion par un certain nombre de responsables d'une série de graves scandales récents au sein du clergé. Que certaines (dont nombre de théologiennes profondément catholiques) en viennent à demander l'ordination sacerdotale, ne rejoint pas mon avis, mais en théologie, refuser de discuter, n'est jamais un signe de confiance et de courage. Le Magistère a d'excellent arguments pour sa position, mais ses contradicteurs possèdent également des points à faire valoir. Au Moyen Age, il y avait les "controverses" respectueuses du point de vue de l'autre. Ceci dénotait une confiance en l'oeuvre de l'Esprit. Quant à Caroline Sägesser, je ne partage pas votre vision du caractère "totalitaire" de sa pensée. C'est une femme intelligente et intellectuellement honnête. Que nous ne soyons pas toujours d'accord, fait partie du débat en société. Attention à "l'esprit des réseaux sociaux" qui consiste à ne parler qu'à ceux qui nous confortent et à "diaboliser" ceux qui nous dérangent par leurs propos... Ceci rejoint d'ailleurs l'Evangile du jour. Bien à vous. EdB

  • Monsieur l'abbé,

    "Au Moyen Age, il y avait les "controverses" respectueuses du point de vue de l'autre.".

    Nous pourrions nous poser la question suivante : est-ce encore le cas en 2021 ?

    Je fais partie des catholiques qui constatent une incapacité des autorités religieuses à dialoguer avec les fidèles de base. sur un certain nombre de sujets (actuellement, la limitation du culte à 15 personnes et ce qui apparaît comme un manque d'implication de leur part alors que des fidèles prennent des initiatives. A d'autres moments, les décisions de dissoudre la FSA, le sort réservé à l'abbaye de la Cambre et tant d'autres sujets qu'il serait trop long d'énumérer).
    Comme vous êtes proche de ces évêques, pourriez-vous les inviter à se tourner paternellemnt vers les fidèles (autres que ceux qu'ils ont l'habitude de fréquenter, hors de leur zone de confort ...) plutôt que de se contenter de communiqués de presse et d'interviews qui n'apportent pas grand'chose.

    Les moyens informatiques actuels permettent beaucoup de choses.

    Le pape actuel dénonce le cléricalisme, il appelle les pasteurs à être proches du troupeau, c'est le moment ou jamais de mettre cela en pratique

  • Cher Monsieur l'abbé,

    J'apprécie votre sens de la mesure et de la nuance, et vous savez que cela m'a aidé à lever toute une série d'obstacles qui s'élevaient sur mon chemin de foi.
    Pour ce qui est de Madame Sagesser, après presqu'une semaine mon impression perdure : contrairement à votre discours, le sien (je ne juge que ses propos lors de cet interview) était loin d'être dans la nuance et dans l'ambiance de la "disputatio". L'argument classique de l'écrasement de l'opinion dominante "on est quand même au XXIeme siecle" est un argument "de poid", de menace, qui n'a plus rien à voir avec une confrontation d'arguments sur le plan intellectuel.
    Tocqueville est de ce point de vue le grand prophète de notre époque, en annonçant la victoire démocratique du poids de l'opinion sur l'aristocratisme intellectuel.
    Pour en revenir à votre opposante du jour, l'intelligence et l"honnetete intellectuelle n'ont jamais été un frein au totalitarisme (l'Église en a également, au cours de son histoire, été la preuve), d'ailleurs les menaces proférées (obligation morale de se confirmer au XXieme siècle avec pressions sur les revenus de l'institution) étaient assez claires.
    Je suis prêt à parier (quoique je perde souvent mes paris) que l'Église sera bientôt, au vu de l'evolution des choses, assise au banc des accusés avec votre interlocutrice au rang des plaignants, mais peut-être me trompe-je.
    Quant à sa diabolisation, vous avez raison sur le fait qu'il faille en cas d'opposition pouvoir condamner le discours, sans pour autant sombrer dans l'amertume, la colère et la haine face à la personne.
    Un chanoine a souligné ce point dans l'une des conférences de careme (Paris) : prendre acte de la personne du diable est un acte qui permet de sortir de l'erreur de la diabolisation des choses (les médias, les politiques, etc.) ou des personnes.
    Car même en cas de menace ou de persécution, il n'y a pas 36 chemins pour un chrétien, le seul possible l'a proclamé clairement : "Pardonnez les, ils ne savent pas ce qu'ils font".

    Respectueusement.

  • La question de l'ordination des femmes à la prêtrise pourrait se poser si Jésus-Christ avait accordé le ministère du sacerdoce à la Sainte Vierge Marie et aux saintes femmes qui le suivaient au même titre qu' à ses apôtres, or il ne l'a pas fait. CQFD

  • Je pense qu‘on a grand tort de ne pas voir la vie publique du Christ dans le contexte historique et culturel de son temps. Jésus est Juif et le rôle des femmes juives de son temps, comme c‘est le cas des communautés juives orthodoxes aujourd‘hui, réserve la fonction rabbinique aux hommes.
    Il n‘y a aucune raison d‘en conclure que cette règle de la tradition juive doit s‘appliquer aux chrétiens d‘aujourd‘hui. Ce n‘est déjà plus le cas chez les protestants et les Juifs eux-mêmes: dans les courants réformateur et conservateur du judaïsme des femmes-rabbins jouent un rôle important.

  • Monsieur Zwinkels,

    Je crois que la problématique est réelle pour qui confesse le Christ, Verbe incarné, Dieu né de Dieu, né du Père avant tous les siècles.
    Car sur bien d'autres points, Il n'a pas hésité à bousculer violemment les us et coutumes en vigueur à l'époque, ce qui le mena d'ailleurs sur le chemin de la Croix.
    Des lors, il me semble assez compliqué de défendre l'idée qu'il n'ait pas appelé "d'apôtresses" par simple peur du "qu'en dira-t-on".
    Le risque par ailleurs est, en relativisant ses actes, de relativiser ses paroles également, et par conséquent de relativiser la Parole même.
    Le fait que d'autres croyants pratiquent cette "égalité" ne me semble pas être un argument en soi.
    Enfin, il faut noter qu'à part la prêtrise réservée aux hommes, l'Église a au cours de son histoire reconnu de nombreuses femmes (de manière d'autant plus surprenante relativement au monde profane) : outre le rôle clé de la Vierge, des abbesses et autres Docteurs de l'Église de sexe féminin, l'Église n'a sauf erreur jamais discriminé quant au seul état qui soit réellement souhaitable pour un chrétien : la sainteté.

    Respectueusement,
    D. Merlin.

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