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Pandémie et choix de société : "Nous sommes en colère !"

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De Véronique de Stexhe sur le site de la Libre Belgique (Opinions)

La colère nous submerge devant les choix de société qui sont faits depuis des mois

 
Comment justifier ce que j’ai vu à City 2 ces dernières semaines ? Comment justifier que l’on puisse aller si nombreux dans une grande surface de vêtements ou d’alimentation alors que nous sommes interdits de théâtres, de cinéma, de restaurants, de concerts, et quasiment de lieux de culte ?

Une opinion de Véronique de Stexhe, bibliste.

Mesdames et Messieurs les experts, Mesdames et Messieurs du gouvernement,

Nous sommes en colère !

Oui, la colère nous submerge devant les choix de société que vous faites depuis des mois sans entendre, sans tenir compte de ce que nous essayons de vous dire sur tous les tons, et de manière pacifique.

Devrons-nous entrer en résistance comme nos pères ou nos mères qui se sont battus pour préserver nos libertés ?

Où sont les Résistants aujourd’hui ?

Alors que lors de votre dernière intervention du vendredi 5 mars vous n’avez cessé de nous rappeler nos responsabilités, vous nous annoncez une fois encore le maintien d’un ensemble de restrictions qui nous déresponsabilisent.

Sous prétexte de nous protéger, vous limitez nos libertés les plus élémentaires, celles qui sont essentielles à la vie quel que soit l’âge, quel que soit le milieu, quelle que soit l’orientation philosophique ou spirituelle.

Depuis des mois, nous sommes privés de tout ce qui donne sens à nos vies.

L’homme ne vit pas seulement de pain et, pour reprendre les mots d’un ancien professeur, il y a une manière de se "nourrir" qui donne la vie et une manière de se "nourrir" qui donne la mort.

Comment justifier ce que j’ai vu à City 2 ces dernières semaines ? Comment justifier que l’on puisse aller si nombreux dans un grand magasin d’ameublement et de décoration bien connu aux abords de Bruxelles, ou bien dans une grande surface de vêtements ou d’alimentation alors que nous sommes interdits de théâtres, de cinéma, de restaurants, de concerts, et quasiment de lieux de culte ?

Dans ces lieux de consommation matérielle, nous croisons des foules de personnes agglutinées devant des vitrines, devant une cuisine équipée, ou bien dans des escalators bondés, comme si toutes ces "choses" pouvaient nourrir nos désirs de vivre, de joie, de plénitude !

Cette seule forme de nourriture, Mesdames, Messieurs, elle finit par nous donner la nausée.

En revanche, se retrouver avec nos proches, ou pour un concert, une soirée théâtrale, au cinéma ou à l’église, en respectant les distances sociales, ça c’est nourrissant. Nourrissant de beauté, de rêve, d’amour, de créativité. En un mot : nourrissant de vraie vie.

Et puisque nous parlons de vie, parlons aussi de la mort ; cette mort qui semble nous guetter tous et qui s’insinue en nous plus qu’avec le virus. Cette mort affreuse de ceux qui se retrouvent seuls pour l’affronter. Cette mort que nous ne pouvons plus célébrer, entre croyants ou non-croyants. Nous ne pouvons plus accompagner nos proches hospitalisés mais nous ne pouvons plus non plus nous retrouver ensemble pour leur rendre hommage et partager une dernière fois tout ce qu’ils ont été pour nous.

Après des mois d’attente, de 15 personnes, nous sommes passés à 50 !

50 personnes qu’il faut choisir pour enterrer un proche. Prêtres et chorale comprise.

Que ce soit au crématorium ou à l’église, 50 personnes et les autres en visioconférence.

50 personnes dans des espaces immenses qui peuvent, pour certains, accueillir 1 000 personnes ! Comment en sommes-nous arrivés là ?

De plus, pas un mot n’a été dit pour les célébrations hors funérailles. Pas un mot pour ces milliers de citoyens pour qui la célébration des cultes est une nourriture essentielle. Comme si l’article 19 de la Constitution garantissant la liberté de culte était balayé d’un revers de la main !

Mesdames, Messieurs, ne nous prenez pas pour des moutons, qui obéiraient sans broncher à une succession de mesures qui varient au gré des peurs des uns et des conseils des autres.

Le risque zéro n’existe pas. Quand allons-nous nous décider à résister au joug de l’illusion du risque sanitaire zéro ?

La vie est risquée, l’amour est risqué, la foi est risquée. Ne plus prendre de risque fait de nous des morts-vivants. Est-ce cela que nous souhaitons ?

Mesdames et Messieurs, écoutez-nous ! Nous avons plus de 60 ans et nous vous demandons d’arrêter de détruire des vies pour nous protéger. De prendre des mesures équilibrées qui puissent préserver nos libertés fondamentales en tenant compte de notre appétit de vivre. Nous voulons choisir notre "nourriture", celle qui nourrit la beauté partagée, les relations, la foi. La vie tout simplement.

Laissez-nous célébrer la vie et célébrer la mort en ouvrant nos espaces de culte ou autres lieux de réunions essentiels, afin de pouvoir de nouveau, de façon organisée, prier, chanter, pleurer et aussi nous recueillir autour de nos défunts, sans devoir faire des choix inhumains pour respecter ce nombre arbitraire (et inadapté) de 50 personnes, chorale comprise !

Mettons fin, ensemble, à ce système qui nous enferme et qui nous enterre vivants !

Commentaires

  • Oui, mettons fin à ces mesures gouvernementales.
    Mais allons plus loin: cherchons le pourquoi de ces mesures, et le but poursuivi par celles-ci.
    C'est seulement ainsi que nous en sortirons.

  • merci pour cette "sainte colère"!...L'incohérence des "décideurs" est ahurissante. et tragique .

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