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RDC : le poto-poto congolais à son comble

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Lu sur le blog de la journaliste Colette Braekman :

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« Malgré l’espoir suscité par les promesses de Tshisekedi, le Congo connaît le désenchantement. Deux mois après sa nomination, le nouveau Premier Ministre n’arrive pas à former son gouvernement et l’Etat frôle la faillite.

En décembre dernier, le président Tshisekedi mettait fin à l’accord de coalition conclu avec son prédécesseur Joseph Kabila et lançait une nouvelle formule, l’Union sacrée, ralliée par de nombreux transfuges des FCC, (Front commun pour le Congo) séduits par la perspective de nouveaux postes ou par des arguments sonnants et trébuchants. Le chef de l’Etat était désormais doté d’une majorité forte de 391 députés sur 500, tandis que la communauté internationale, Etats Unis et Union européenne en tête, se réjouissait de voir Kabila et les siens mis sur la touche alors qu’ils avaient été accusés de contrôler et de bloquer le nouveau pouvoir apparu après les élections contestées de 2018.

Deux mois après la nomination d’un Premier Ministre au profil rassurant (jeune, technocrate, réformateur et… katangais) Jean-Michel Sama Lukonde, les espoirs se sont singulièrement attiédis : le nouveau gouvernement, qui aurait du être de format réduit et entreprendre les réformes que la majorité kabiliste était accusée d’avoir bloqué, n’a pas encore été mis sur pied. Si la presse congolaise attribue sobrement ce retard à « la gestion des ambitions » la réalité est plus simple : les soutiens historiques de M. Tshisekedi, dont son propre parti l’UDPS espèrent bien être récompensés de leur fidélité, tandis que les nouveaux venus, qu’il s’agisse de kablistes ayant réussi leur « traversée » ou de partisans des anciens ténors le katangais Moïse Katumbi ou Jean Pierre Bemba ex candidat à la présidence, entendent eux aussi toucher le prix de leur ralliement. Comment gérer toutes ces ambitions, faire place, comme promis, à un quota de femmes, et ne pas dépasser un plafond fixé à 50 ministres ? Jusqu’à présent, le « rubik cube » de la politique congolaise roule toujours et l’ancien gouvernement, celui du kabiliste Ilunga Ilunkamba expédie les affaires courantes. Mais en réalité, c’est le cabinet présidentiel, où se retrouvent de nombreuses personnalités de la diaspora, qui tient les rênes du pays. Un cabinet pléthorique, désormais pointé par ceux qui savent faire les comptes et en particulier l’ODEP (Office de gestion de la dette publique) : 1.091 conseillers, tous à charge du Trésor, ce qui a entraîné un dépassement budgétaire de 113%. En 2020 cependant, au vu de la hausse des cours du cuivre et du cobalt et de la découverte de nouveaux gisements d’or, les recettes n’étaient pas négligeables et les rentrées fiscales et douanières s’étaient élevées à 3,4 milliards de dollars. Mais le coût de l’Etat pèse lourd sur le Congo : les dépenses de rémunérations et de fonctionnement des institutions politiques ont coûté 3, 2 milliards de dollars. Ce qui signifie que, pour une population de 100 millions d’habitants, l’Etat n’a pu accorder que 125 millions de dollars à ses investissements publics soit 1,6% du produit intérieur brut …

Même dans les rangs de la majorité, la grogne s‘exprime : la ministre des affaires étrangères, Mme Tumba Nzeza, qui appartient au parti de Tshisekedi, a déclaré que, faute de budget de fonctionnement, 60 ambassades et représentations diplomatiques étaient menacées de fermeture !

Ce qui n’empêche pas le chef de l’Etat, qui préside désormais l’Union africaine, de multiplier les voyages et d’additionner des promesses qui suscitent de plus en plus de scepticisme. Ainsi par exemple, la mesure de gratuité de l’enseignement, qui avait suscité un immense espoir auprès de millions de parents, s’avère pratiquement impossible à mettre en pratique, faute de budget.

Violence généralisée dans l’Est du pays

Déçus par des autorités nationales qui avaient promis le changement et l’ « avènement du social » les Congolais constatent aussi la dégradation de la situation sécuritaire, de plus en plus en plus dramatique dans l’Est du pays où sévissent plus de 120 groupes armés, qui ont fait plus de 3000 morts dans la seule province de l’Ituri. A Beni, la société civile exige le départ de la Monusco jugée inutile, les manifestations se multiplient et ce week end à Goma, les pierres de lave arrachées au volcan Nyiragongo ont été jetées dans les rues afin de paralyser la circulation. Selon le Haut commissariat aux droits de l’homme, les violences dans l’est du pays ont augmenté de 20% et le Programme alimentaire mondial évalue à 27,3 millions le nombre de Congolais vivent dans un état d’insécurité alimentaire permanent.

A cette situation sociale et sécuritaire difficile s’ajoute le mécontentement des Kivutiens, qui s’inquiètent de la dégradation de l’état de santé de l’ancien directeur du président Vital Kemerhe, qui se voit toujours refuser traitements appropriés ou évacuation sanitaire. Mis en cause dans l’affaire des chantiers des « cent jours » du président, Kamerhe, président d’un parti très implanté au Kivu, l’UNC, Union pour la nation congolaise, avait été condamné à vingt ans de prison pour détournements mais depuis lors certaines des charges retenues contre lui sont tombées et il est apparu que les maisons préfabriquées dont le budget avait disparu avaient réellement été construites. Par ailleurs, deux « piliers » du régime Kabila, le général John Numbi et Kalev Mutomb, ancien chef de l’agence nationale de renseignements, ont préféré disparaître que se présenter devant les juges. Il est vrai que le juge Yanyi, un magistrat réputé pour son intégrité, qui avait été saisi de l’affaire Kamerhe, a trouvé la mort dès les premiers jours de son enquête, alors qu’il avait juré qu’il irait jusqu’au bout et mettrait à jour toutes les complicités…

Ref. Le temps du désenchantement au Congo

De Kasavubu à Tshisekedi, qui dit mieux ? Congo belge où es-tu…

JPSC

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