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De Kesel : un cardinal dans l'air du temps

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C'est bien ainsi qu'apparaît notre archevêque : consensualiste, acquis à la sécularisation et au pluralisme ambiants, ouvert à de nouvelles avancées (reconnaissance des couples homosexuels, ordination d'hommes mariés, accompagnement de l'euthanasie ...).  Il incarnerait le catholicisme belge, dixit l'abbé Lobet. Le leur, pas le nôtre.

Lu sur Libération :

31 mai 2021

Jozef De Kesel, le cardinal belge à la gauche du pape François

Le cardinal de Bruxelles, 73 ans, publie un ouvrage sur la place du christianisme en Europe, à contre-courant d’un catholicisme identitaire et de reconquête. Reconnaître des couples homosexuels, ordonner des hommes mariés, autoriser l’accompagnement des personnes qui demandent l’euthanasie ne lui font pas peur. … «Il est discret jusqu’à l’effacement», confirme, en parlant du primat de Belgique, le théologien Benoît Lobet, doyen de la cathédrale de Bruxelles, l’un de ses proches. «Discret, oui mais déterminé», corrige son éditeur en France, Michel Cool.  … Vu de la France catholique qui a battu le pavé, en 2013, contre la loi Taubira, et manifesté à l’automne, en priant parfois à genoux dans les rues, pour la reprise des messes pendant l’épidémie, Jozef De Kesel apparaît sûrement comme un dangereux moderniste, voire pire… «En Belgique, de telles manifestations sont même impensables», relève le théologien Benoît Lobet. Déchirée par son conflit linguistique, la société belge privilégie depuis longtemps le consensus. Si, pendant la pandémie, les responsables religieux ont protesté contre les jauges imposées par les pouvoirs publics dans les lieux de culte (uniquement quinze personnes, une mesure plus stricte que côté français), il n’y a pas eu de recours judiciaire ni de bras de fer entre les évêques et le gouvernement comme en France… «La désobéissance civile, c’est pour défendre le bien commun. Non pas pour ses propres intérêts», tacle De Kesel. 

Article complet

La conclusion de l'article est éloquente :

«De Kesel incarne le catholicisme belge», résume Benoît Lobet. Sa nomination en 2015 comme archevêque de Malines-Bruxelles a clos une tentative de restauration identitaire menée par son prédécesseur, André Léonard, choisi, en 2010, par le très conservateur Benoît XVI. La parenthèse a été vite refermée. Comme le cardinal allemand Reinhard Marx, De Kesel se situe même à la gauche du pape François. Pour lui, ordonner des hommes mariés est envisageable «s’il y a de bons candidats». A Rome, François a, pour le moment, fermé cette possibilité. En Belgique, des prêtres peuvent aussi accompagner des personnes demandant l’euthanasie. Il ne s’agit pas, précise le prélat, d’être d’accord avec l’acte même ou d’y assister. «Mais nous ne pouvons pas, plaide-t-il, laisser tomber la personne quand elle a pris cette décision.»

Commentaires

  • Les analyses du Cardinal de Kesel sont en termes "d'identitaires" (exemple : ceux qui prient à genoux en France pour qu'on ouvre les messes durant le confinement, ou ceux qui manifestent pour que les enfants aient un père et une mère) et "d'ouverts".

    On est si loin de Jésus qui parlait de "l'union de la Vérité et de l'Amour" (Traduire l'union du Verbe de Dieu et de l'Esprit Saint dans le coeur des fidèles)".

    C'est frappant. C'est si "mondain". Mais les fidèles votent avec leurs pieds et partent. Ils sentent que l'Esprit Saint est ailleurs

    Il y a quelques années, juste après mon renvoi de professeur de religion dans le Hainaut, un inspecteur m'avait posé la question suivante : "Comment arrivez vous à intéresser les jeunes avec des thèmes comme la Trinité et la vie après la mort. Ce sont des thèmes secondaires. Ce qui les intéresse, ce sont des thèmes comme "la démocratie, la tolérance".

    Tout est dit. Et la réponse est dans l'évangile : "Matthieu 24, 29 "les étoiles (ceux qui doivent donner le sens de cette vie) tomberont du ciel sur la terre"

  • Il passera, comme le reste.... et ne laissera pas de trace

  • Oui, et Dieu et le prochain demeureront.

    Mais quelle tristesse.
    Et il faut remarquer en passant que, 5 ans après, Monseigneur de Kesel nous donne la vraie raison du renvoi des 35 séminaristes de son diocèse accueillis par Monseigneur Léonard.

    Vous pensiez que c'était un acte de charité vis à vis de la France qui "ne pouvait être privée de ses précieux séminaristes" (motivation officielle).

    Que nenni !

    La vraie raison est enfin donnée par Benoît Lobet : "Nous avons arrêté l'éphémère tentative réactionnaire de Monseigneur Léonard".

  • Il passera bien, sûr , mais après avoir fait beaucoup de dégâts qu’il faudra réparer avec une grande énergie, soutenue par l’Esprit Saint .
    Prions le Seigneur !

  • Les luttes intestines entre les responsables d'Eglise font énormément de dégâts et ce n'est certainement pas cela l'esprit de l'évangile . Mgr Leonard et Mgr Kessel doivent être des pasteurs d'unité et non de division mais c'est surtout leur entourage qui ne devrait pas prendre des positions pour ou contre . Bien souvent chacun avec son tempérament fait ce qu'il peut quand il occupe la fonction . Quelle tristesse ce goût du pouvoir !

  • Désolé, mais vous mettez sur un même plan deux attitudes qui n'ont pas grand chose en commun. C'est confortable, mais revient à confondre la vérité et l'erreur. Monseigneur Léonard défend la foi qu'il a reçue de l'Eglise tandis que Mgr de Kesel croit opportun de se rallier à l'esprit du monde d'aujourd'hui. Mgr de Kesel est donc bien dans l'esprit de Vatican II qui a cru convertir le monde en se jetant dans ses bras. Funeste erreur qui disparaîtra sans doute, du moins j'ose l'espérer, mais qui aura fait des dégâts considérables dans les anciennes chrétientés. Le pontificat actuel ne fait évidemment rien pour que cesse cette catastrophe.

  • Effectivement, il ne faut pas tout mettre sur le même plan, ni confondre la vérité et l'erreur.
    Partant de ces bons principes qui sont plutôt des truismes, il ne faut pas mettre sur le même pied ce que Vatican II a réellement dit dans ses textes avec ce que certains en ont fait en invoquant "l'esprit du Concile" pour donner corps à leurs propres fantasmes.
    Et il ne faut pas confondre l'ouverture au monde avec "se jeter dans ses bras".
    Même s'il est vrai que certains évêques tombent volontiers dans cette confusion, espérant ainsi rattraper les brebis qui s'égaillent.

  • C'est vrai, le Concile Vatican II est saint et son interprétation authentique nous est donnée par saint Paul VI, saint Jean-Paul II, Benoît XVI (pour sa partie doctrinale) et François (pour sa partie pastorale).

    Le fameux "esprit de Vatican II" est en fait "mai 68 plage". C'est la pensée de la génération des boomers qui est en partance vers sa retraite, avec le coronavirus en avertissement et qui dit : "Souviens-toi que cette vie terrestre n'est qu'un passage". .

  • Admettons à titre d'hypothèse que Vatican II ait été victime d'un hold up consistant à lui faire dire le contraire de ce qui se trouve dans ses textes. C'est ce que suggérait Benoît XVI quand il opposait l'herméneutique de la continuité à l'herméneutique de la rupture. Le pape émérite essayait par cette astuce de distinguer la bonne interprétation de Vatican II d'une interprétation erronée. Je suis prêt à reconnaître qu'il y a du vrai dans cette façon de voir, mais cela entraîne que les textes conciliaires étaient suffisamment confus pour se prêter à une telle interprétation. En outre, l'Eglise ne semble plus vraiment être en mesure de sanctionner ceux de ses clercs qui propagent des idées hétérodoxes.
    Vous mentionnez aussi l'expression "ouverture au monde". Elle est aussi ancienne que Vatican II lui-même et a donc été abondamment utilisée. J'avoue n'avoir jamais su ce qu'elle signifiait sinon "se jeter dans ses bras".

  • Bonjour Claude Charles,

    Pas besoin de chercher une cause dans les textes de Vatican II qui seraient confus. Je me rappelle d'une discussioau début des années 80 avec un prêtre soixantuitard. Il me disait : "Heureusement, Vatican II a supprimé les idioties de Vatican I dont cette histoire d'infaillibilité".

    J'avais 16 ans. Je suis allé voir dans Vatican II (Dei verbum) et j'ai vu un texte clair qui disait l'inverse et qui confirmait l'infaillibilité.

    Comment est-ce possible ? Ce prêtre me mentait-il effrontément à un jeune ?

    REPONSE : Pas forcément. Il suivait "l'esprit de Vatican II" et n'avait peut-être même pas lu les textes.

    C'est comme pour la Bible et les dérives qui en sortent chez les Protestants. Vatican II contient un texte trop long, trop verbeux. De plus, il n'y a pas de canons explicatifs à la fin. Ainsi, si un prêtre refuse d'être éclairé par la Tradition et le Magistère vivant des papes, on peut faire dire à Vatican II ce que l'on veut.

  • Dans la mesure où des évêques ne sont plus fidèles à l évangile, ils devraient demander d être décharges de leur mission de successeurs des apôtres avant d entraîner des fidèles dans leur funeste enseignement

  • J'ai lu entièrement les Actes du Concile Vatican II.
    Les textes n'ont ni supprimé ni prôné ce qu'on dit. Ils ne se sont pas rendus au monde. Ils ne sont pas confus. Seulement, en matière de liturgie, ils ont laissé des choix et on a opté localement pour la facilité.
    Je me conforme à l'avis de Benoît XVI qui a dénoncé le dévoiement de l'enseignement de ce concile.
    Posons- nous la question : et si ce concile n'avait pas eu lieu ?
    L'Eglise aurait-elle évolué vers plus de sécularisation et plus de laxisme ? Je crois humblement que oui. Elle aurait subi l'ouragan de mai 68 qui s'est abattu sur toutes les institutions de la société. L'air du temps l'aurait corrompue de la même façon. Il faut se souvenir de cette époque : les gens, comme fous, jetaient aux orties ce qu'ils avaient respecté ou adoré auparavant. Ce n'était pas de la faute du Concile...auquel ils ne s'intéressaient que de très loin. Par la suite, les clercs, en fait très ébranlés par la révolution sexuelle sans vouloir se l'avouer, se sont crus autorisés à tout casser en se référant indûment au concile.
    C'est ce qu'on a appelé 'l'esprit du concile" qui était en fait un ébranlement de la foi par le mouvement de la société.

  • Pourquoi perdre son temps à imaginer une uchronie ?

    Il suffit de compter les milliers de clercs défroqués durant les années qui ont suivi ce concile, et compter aussi les centaines de milliers de fidèles excommunautarisés par leur propre clergé.

    A partir de quoi, on sait de source parfaitement sûre, que ce "concile pastoral" a été le plus retentissant échec de toute l'histoire de l'Eglise (et de toutes les histoires des religions).

  • A Arnaud Dumouch,
    Votre explication est encore plus grave que la mienne car alors on peut utiliser le mot de trahison pour qualifier le comportement des clercs de l'époque. De plus cette trahison s'est perpétuée dans au moins certains séminaires puisqu'elle est encore manifeste dans les Eglises de France, de Belgique, d'Allemagne, d'Italie,... et qu'elle dispose de relais efficaces jusqu'au Vatican. On a beau savoir que l'Eglise du Christ finira par triompher, on ne peut s’empêcher de considérer que l'avenir s'obscurcit. Il est vrai que le monde d'aujourd'hui sombre dans la folie (voir par exemple le délire qui s'est emparé des campus américains, du moins dans les disciplines de science "humaine").

  • Bonjour Claude Charles,

    J'essaye pour ma part de travailler à ce que soit produit un jour et de manière simple des canons de ce qui doit être tenu par la foi depuis Vatican II. Pastoralement, ce serait un éclaircissement fantastique. Car ce qui se conçoit bien s'énonce clairement. J'ai trouvé 9 propositions. Si vous en trouvez d'autres, écrivez moi a.dumouch@hotmail.com

    1° L'homme est par nature un être libre et la liberté religieuse est une condition de sa nature. C'est un nouveau "préambule de la foi". Ancien dogme complémentaire : « Sa liberté est pour le moment diminuée par de l’ignorance et de la faiblesse, en vue d’un apprentissage de l’humilité ».

    2° L'Ordre des évêques est un ordre indépendant, radicalement non réductible à l'Ordre des prêtres, quoiqu'en disait saint Thomas d'Aquin (Supplementum). S’il ne donne rien de plus que le sacerdoce quant à l’eucharistie, il porte la plénitude de la grâce sacramentelle pour perfectionner le peuple de Dieu.

    3° Le mariage (qui est fondé sur le consentement mutuel des époux) est ordonné de manière indissociable à la croissance de leur amour réciproque et au don de la vie (et non à la procréation et à l'assouvissement du désir, comme l'enseignait saint Thomas d'Aquin, Supplementum) (Gaudium et Spes 50,3).

    4° Les religions autres que le christianisme ne donnent pas le salut (il est donné par l’union vivante de charité avec Dieu fondée sur la foi et source d’œuvres (Concile de Trente, session VI). Mais elles possèdent en elles des "semences mises par l'Esprit Saint" qui disposent les âmes des non-chrétiens au salut (Lumen Gentium 16).

    5° Nul n’entrera dans la Vision béatifique sans la plénitude du message du Christ contenu dans la foi catholique (Symbole du Quicumque). Mais les christianismes séparés, bien qu’ils souffrent de déficiences sur tel ou tel point, peuvent certainement produire la vie de la grâce et on doit reconnaître qu'ils donnent accès à la communion du salut (Unitatis Redintegratio, 3).

    6° En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’être associé au mystère pascal, ce qui ne veut pas dire que tous seront sauvés en fin de compte (c’est le seul dogme à forme solennelle du Concile Vatican II, voir Gaudium et Spes 22, 5, repris de Pie XII Mystici Corporis 186).

    7° Le sacrement de l'eucharistie a pour but l'union par la charité de Dieu et de l'homme (et non seulement la glorification de Dieu).

    8° L’infaillibilité pontificale s’exerce de manière extraordinaire, solennelle ou ordinaire (Lumen Gentium, 25 et reprise des définitions du Concile Vatican I, Dei Filius 3, 1870).

    9° L'Ecriture sainte n'est pas dictée par Dieu mais inspirée par Dieu à de vrais auteurs humains qui ont écrit avec leurs mots et leur faillibilité. L'Ecriture est infaillible sur la doctrine du salut et sa révélation progressive, pas sur le reste. (Constitution dogmatique Dei Verbum).

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