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Le seul prêtre auprès des dernières brebis d'Afghanistan

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De Marie-Lucile Kubacki sur le site de LaVie.fr :

Giovanni Scalese, seul prêtre en Afghanistan auprès des dernières brebis

[Interview] Quelques heures après la prise de Kaboul par les Talibans, le missionnaire barnabite italien Giovanni Scalese a appelé à prier pour l’Afghanistan, pays que de nombreux chrétiens ont déjà quitté. Entretien avec Francisco Silva, supérieur des barnabites à Rome.

Propos recueillis et traduits de l'italien par Marie-Lucile Kubacki

16/08/2021

« Priez pour l’Afghanistan »suppliait le samedi 14 août Giovanni Scalese, dernier prêtre sur place, au micro de Vatican News, le média officiel du Saint-Siège, ajoutant vivre « des jours de grande appréhension, dans l’attente des événements ».

Dans ce pays où réside une poignée de chrétiens – presque tous étrangers – et où tout converti démasqué risque la mort, l’aumônier, religieux barnabite, et des religieuses assuraient jusqu’ici une discrète présence, tournée vers la charité et le service des plus démunis. Alors que beaucoup sont déjà partis, le supérieur des barnabites, Francisco Silva, à Rome, revient sur cette mission.

Avez-vous des nouvelles de Giovanni Scalese ?

Le père Scalese est toujours en Afghanistan, au service de la petite communauté chrétienne restée sur place. Hier soir, je lui ai parlé au téléphone : il est tranquille, serein, même s’il sait qu’il court des risques. À l’heure actuelle, presque tout le personnel de l’ambassade italienne est parti. La situation est assez calme. On craignait quelque chose de plus violent, qui ne s’est pas produit. Le père Scalese m’a dit qu’il resterait à Kaboul tant qu’il n’aurait pas une idée claire de la situation, de son travail.

Il y a aussi des communautés religieuses sur place…

Il y avait deux communautés de sœurs : une composée de plusieurs congrégations féminines de différentes nationalités – des sœurs qui peu à peu sont rentrées dans leur pays –, et une communauté religieuse, des missionnaires de la charité, qui s’occupe d’un groupe d’enfants handicapés, exclus de la société. Leur situation est actuellement en discussion ; je ne peux pas trop en parler.

J’ai dit personnellement au père Scalese, par écrit il y a quelques jours, puis hier au téléphone, que nous comprenons le moment difficile qu’il traverse à la mission de Kaboul, et que nous avons conscience de la responsabilité qu’il porte : le pasteur n’abandonne pas son troupeau tant qu’il y a une brebis. C’est une responsabilité à vivre dans tous les moments, y compris les plus durs et douloureux, avec ceux qui nous sont confiés.

Je lui ai exprimé mon soutien et lui ai répété hier que toute la congrégation et moi-même sommes à ses côtés, par la prière, la communion quotidienne, afin que la mission et son travail puissent connaître des jours meilleurs.

D’où vient la mission des barnabites ?

C’est le pape Pie XI, à la fin des années 1920, qui nous a confié cette mission en Afghanistan. Il a choisi les premiers barnabites à partir là-bas : ils étaient deux au début, puis il n’en est resté qu’un, en raison de l’accord bilatéral entre le Saint-Siège et l’Italie, et après discussion avec l’Afghanistan.

Ce prêtre était l’aumônier de toute la communauté chrétienne présente dans le pays, constituée essentiellement de fonctionnaires d’ambassades, mais aussi d’entrepreneurs qui se rendaient en Afghanistan à une époque où l’activité se développait. La beauté de cette situation était que le gouvernement afghan lui-même avait voulu – en geste de reconnaissance, parce que l’Italie avait été le premier pays à reconnaître l’indépendance de l’Afghanistan – offrir la possibilité aux chrétiens présents d’avoir un aumônier.

Et depuis ?

Depuis, notre présence n’a quasiment pas connu d’interruption. Il y a toujours eu un aumônier, barnabite, même dans les moments les plus difficiles, dans les années 1990. En Afghanistan, le supérieur de la mission sui juris était alors le père Giuseppe Moretti, qui a décidé de rester sur place aux côtés des quelques chrétiens encore présents.

Puis, il y a eu une attaque au siège de l’ambassade d’Italie – qui est également le siège de la mission – à Kaboul, durant laquelle il a été blessé à l’épaule par un fragment de missile. La Croix-Rouge et les services de santé se sont occupés de lui et il a été transféré au Pakistan avant d’être rapatrié en Italie, en attendant la fin du conflit. Puis la mission a pu rouvrir et notre présence a perduré jusqu’à aujourd’hui.

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