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Le pape à venir : plutôt Jean-Paul III que Jean XXIV

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De Stefano Fontana sur la Nuova Bussola Quotidiana :

Le pape à venir : plus Jean-Paul III que Jean XXIV

8-11-2021

Il ne confondra pas ses opinions personnelles avec l'enseignement constant de l'Église ; il accueillera les critiques sérieuses de ceux qui partagent la responsabilité de l'Église ; et s'il parle durement aux autres, il ne rabaissera ni sa propre dignité ni celle des autres. Dans la papauté de l'avenir vue à travers les yeux du biographe de Karol Wojtyla, Weigel, on peut voir à contre-jour une réaction au système François. Plus un Jean Paul III qu'un Jean XXIV.

Le livre The Next Pope de George Weigel, publié l'année dernière en Amérique par Ignatius Press et maintenant en Italie par Fede & Cultura, est arrivé en Italie. Le théologien et biographe de Jean-Paul II tente de préfigurer ce que devrait être et ce que devrait faire le successeur de François, celui que ce dernier, de son côté, a déjà appelé "Jean XXIV". Le livre aborde tous les aspects d'une sorte d'"agenda papal", en se concentrant non seulement sur les choses à faire, mais aussi et surtout en précisant le sens du ministère pétrinien par rapport aux différentes sphères de la vie de l'Église et du monde, et surtout par rapport à l'évangélisation, ou nouvelle évangélisation, un concept que Weigel aime reprendre à Jean-Paul II.

La figure de ce dernier est très présente dans le livre, comme l'un des points de référence fondamentaux pour le nouveau pape. Cela est sans doute dû à la familiarité de Weigel avec un pontife dont il a écrit une biographie détaillée, mais cela tient aussi à la vision que Weigel exprime des besoins de l'Église aujourd'hui. En parcourant les différents chapitres du livre, le lecteur est de plus en plus convaincu que, tout bien considéré, l'esprit et le cœur de Weigel sont davantage faits pour un Jean XXIV que pour un Jean Paul III. Soyons clairs, l'auteur exprime une grande estime pour Jean XXIII et évalue positivement, même si ce fut trop hâtif, son ouverture à l'Esprit en convoquant le Concile, et place aussi bien Jean Paul II que Benoît XVI dans la continuité de celui-ci. Selon lui, c'est précisément cette continuité qui doit être reprise par The Next Pope et relancée, raison pour laquelle il n'est pas sans fondement de lire dans le livre le souhait, jamais déclaré mais indiqué en filigrane, d'un Jean-Paul III.

Lu de cette façon, le livre est aussi une description implicite des grandes lignes du pontificat actuel qui, par rapport aux besoins d'évangélisation que le prochain pape devrait faire siens, montrent leurs côtés sombres. Les exemples sont nombreux.

Weigel, en tant que wojtylien convaincu, parle encore d'évangélisation et même de nouvelle évangélisation. Ces concepts, surtout le second, sont clairement dans le moule de Jean-Paul II. Des concepts qui, pourtant, sont aujourd'hui négligés, voire abandonnés. Les réitérer et en faire une extrême nécessité de l'Église de demain, c'est lier le discours non pas à François mais précisément à Jean-Paul II. L'expression "nouvelle évangélisation" peut revêtir deux significations. Dans un premier sens, elle signifie "différente de ce qu'elle était auparavant", dans un second sens, elle signifie "celle de la première évangélisation lancée et relancée". Le premier sens est celui de François, le second celui de Jean-Paul II. Mais il est clair que Weigel l'utilise dans ce second sens et, par conséquent, ne peut s'empêcher de signaler indirectement les obscurités du premier sens. C'est seulement le fait qu'il parle de "nouvelle évangélisation" alors que plus personne dans l'Eglise de François n'utilise cette expression et que se répand plutôt l'idée que de telles revendications seraient entachées de prosélytisme, ce qui traduit un choix clair.

Dans le chapitre "Le prochain pape et le ministère pétrinien", la tendance à parler de Jean-Paul III pour parler indirectement de François est évidente. Voir les expressions suivantes : "Le nouveau pape devra veiller à ne pas parler de manière à confondre ses opinions personnelles avec l'enseignement constant de l'Église" (p. 46) ; il devra également "accueillir et répondre aux questions sérieuses et aux critiques de ceux qui partagent le soin et la responsabilité de l'Église" (p. 43) ; "Son témoignage peut échouer lorsque le pape s'adresse aux autres avec une telle dureté qu'il diminue sa propre dignité chrétienne et celle de ceux qu'il critique" (p. 47). Chaque lecteur verra dans ces déclarations des indications sur la papauté à venir, mais aussi des observations sur l'actuelle, les références étant trop évidentes.

Dans le même chapitre et dans le suivant, il est dit que le nouveau pape devra confirmer la prévalence de l'Église universelle sur les Églises particulières et "devra rappeler les Églises locales rebelles, dont l'intérêt pour leur propre situation les met de facto en état d'apostasie ou de schisme" (p. 51). Le nouveau pape est également invité à éviter le "protagonisme papal". Il est précisé que " la doctrine est libératrice et que le catholicisme peut et doit être caractérisé tant par la clarté doctrinale que par la manifestation de la miséricorde " (pg. 55). Ces observations peuvent aussi être facilement interprétées comme un contraste avec les choix et les orientations prises par François.

Dans le livre de Weigel, on trouve aussi un certain nombre de points litigieux : une évaluation plutôt sommaire de Vatican II, un éloge insuffisamment motivé du discours Gaudet mater ecclesia de Jean XXIII, une évaluation édulcorée de la chute de l'État pontifical en 1870, quelques truismes sur la réforme de la Curie romaine, et surtout l'idée que la fonction du pape dans le monde ne serait que de nature "morale", comme il est dit à plusieurs reprises. Cependant, certaines positions claires et utiles sont également prises, comme la condamnation de l'Ospolitik, la centralité de la mission évangélisatrice, la condamnation sans information adéquate du paupérisme et de l'interventionnisme dans les problèmes sociaux.

Un livre sur François qui ne le nomme pas, qui n'aspire pas à un Jean XXIV, mais qui pense à un Jean Paul III.

Commentaires

  • Ce sera un François 2...

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