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Belgique : les interrogations du nonce apostolique

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De La Libre (Bosco d'Otreppe) de ce 16 juin, pp. 34-35; extraits :

"Je m’interroge : le financement des cultes rend-il l’Église vraiment libre ?"

Nonce apostolique, Franco Coppola est depuis cette année le "diplomate du Pape" en Belgique. Son rôle est capital : il contribuera à nommer une génération de quatre nouveaux évêques. Il interpelle le catholique sur son rapport à Dieu, à l’argent et à l’avenir. (...)

L’ambassadeur du Pape, qui entretient des relations aussi bien avec l’État (auprès duquel il défend la liberté religieuse) qu’avec l’Église locale, aura la lourde tâche, en moins de deux ans, de conseiller le Pape en vue de la nomination de quatre nouveaux évêques (devraient en effet partir à la retraite - si le Pape le permet - Mgr Hudsyn dans le Brabant wallon, le cardinal De Kesel à Malines-Bruxelles qui fête ses 75 ans ce 17 juin, Mgr Harpigny à Tournai et Mgr Warin à Namur). (...)

Vous voici en Belgique, avec ses églises vides et sa crise des vocations. La Belgique inquiète-t-elle le Vatican ?

Je suis présent depuis quatre mois, je constate la difficulté qu’a l’Église de transmettre la foi, et le fait que les Belges ne semblent pas (je dis bien semblent) avoir besoin du catholicisme pour vivre. Je ne voudrais cependant pas souligner des causes ou des conclusions trop hâtives.

Vous avez été dans des pays où l’Église n’était pas reconnue par l’État. En Belgique, celui-ci la finance. Est-ce un modèle à revoir, alors que les Belges semblent ne plus avoir besoin du catholicisme ? Est-ce que cette situation rend l’Église suffisamment libre ?

C’est une question délicate et je souhaite rester prudent, mais je ne suis pas certain que cela la rende très libre. Je vous confie une réflexion. Dans la Bible, lorsque le petit David doit affronter le géant Goliath, le roi Saül lui offre son armure. David la prend avant de la retirer : elle lui assure une belle protection, mais elle est trop lourde pour lui, le bloque et entrave ses mouvements. Il préfère s’armer de sa seule fronde.

Que voulez-vous dire ? Que les catholiques devraient se départir de toute armure financière pour être plus audacieux et plus libres de secouer l’époque contemporaine ?

Les moyens financiers sont une garantie, mais ils sont aussi un poids et une tentation : celle de l’autosuffisance. Or, l’Église doit vivre et avancer en faisant confiance en Dieu, pas en se reposant uniquement sur des garanties financières. J’aime beaucoup une phrase d’un ancien archevêque de Paris qui disait que l’Église doit vivre d’une façon qu’on ne peut pas expliquer, sinon par la foi. Elle doit donc se jeter à l’eau, comme l’apôtre Pierre dans l’Évangile qui veut rejoindre Jésus qui marche sur les eaux. Si elle ne regarde que les dangers et les risques qu’elle prend en se jetant à l’eau, elle coulera. Si elle garde les yeux rivés sur Jésus, elle avancera. J’ajoute également un point suite à votre question. Les catholiques ne doivent pas être dans une position frontale face à l’époque dans laquelle ils vivent. Lorsqu’il rencontre les pèlerins d’Emmaüs qui ne croient pas en sa résurrection, Jésus "fait route avec eux" pour discuter et les comprendre davantage. Voilà l’attitude de l’Église, elle doit se faire compagnon de route, comprendre les problèmes, les défis et la fatigue de nos contemporains. Vous savez, quelque chose me marque en Belgique. Tout y est bien organisé par rapport à des pays d’Afrique ou d’Amérique du Sud que j’ai pu connaître. L’aisance matérielle y est réelle pour de nombreuses personnes, l’entraide est développée… Une chose m’interroge cependant : pourquoi tant de personnes y recourent-elles à l’euthanasie ? Ce n’est pas un jugement, mais une vraie question pour moi, et qui affleure comme une note étrange dans le beau tableau que la Belgique offre à voir. Je crois que sans donner une réponse, l’Église doit se faire compagnon de route du pays dans lequel elle est, et chercher à comprendre : pourquoi cela ?

Commentaires

  • Réflexion juste.

    D'autant plus que, l'emploi ecclésiastique étant devenu une carrière bien rémunérée, voici que la génération des boomers qui a rompu la transmission de la foi (malgré ou avec l'usage d'un cours de religion laïcisé), nomme ses propres clones aux postes de décision.

  • "Les catholiques ne doivent pas être dans une position frontale face à l’époque dans laquelle ils vivent". Ceci est la seconde raison pour ne pas devenir prêtre. S'il n'y a pas de combat frontal (ou non) des idées, il n'y a rien. Il ne s'agit pas d'être réactionnaire, mais d'éviter le politiquement correct. Pour cela, il faut la liberté nécessaire pour le faire et le financement étatiste continue justement pour entraver cette liberté. C'est le piège à cons. "Voilà l’attitude de l’Église, elle doit se faire compagnon de route, comprendre les problèmes, les défis et la fatigue de nos contemporains". C'est cela. On croirait entendre Adamo. Comprendre les problèmes, c'est fait. Faire passer le Message, c'est autrement plus compliqué sans cette liberté de pouvoir contredire sans conséquence. Mais vu l'état actuel de l'Eglise, il est peut-être trop tard. Si on lui supprime ses financements, que nous restera-t-il?

  • D'accord pour mettre fin au financement public des cultes! Mais alors, qu'on nous rende le patrimoine dont nous avons été spoliés à la Révolution française, ou en tout cas, la partie qui peut être restituée.

    C'est impossible ? Il y a prescription ? Voyez ceci : la Belgique (enfin, la Communauté française) demande la restitution d'une oeuvre d'art volée par les armées révolutionnaires dans la cathédrale de Tournai. Même époque, même victime, même fait.

    https://www.lalibre.be/belgique/2011/10/28/la-communaute-francaise-demande-a-la-france-de-restituer-une-oeuvre-de-rubens-452LRWS2GVDKZBSSA7X6QYWSQY/

  • Le nonce ne semble pas comprendre la signification des mots qu'il utilise. "L'autosuffisance" est précisément ce qui mettrait fin à la dépendance du financement étatique.
    La solution est dès lors évidente : la restitution des biens confisqués et la fin des subventions annuelles. Faute d'oser réclamer la première, on s'accroche aux secondes en s'alignant sur les détenteurs du pouvoir.

  • En Allemagne on doit déclarer " fiscalement" son appartenance à l'un ou l'autre culte ...
    En France c'est les paroissiens qui mettent de leur poche
    En Belgique l'état finance
    Au final c'est la même chose partout....

  • Les chrétiens ont été durant de nombreuses années des créateurs de richesse, d'œuvres d'art, et d'autres valeurs, amenant un plus, un mieux à la société.
    Cela est une évidence pour tout un chacun. Oui. Cela a été établi et reconnu.
    Mais certains politiques se sont donnés des missions de vider les tiroirs jusqu'à l'anéantissement des donateurs dirait-on après coup et avec bonne conscience, en plus.
    Il est donc "normal" pour un gouvernement qui a pris des biens et valeurs à un organisme de respecter ses engagements écrits lors de la mainmise de son patrimoine et savoir-faire.
    Bin oui ! Un budget pour l'Eglise est un dû.

  • Petit ajout puisque les commentaires sont fermés sous l'article

    Regardez le clergé "installé" dans nos chapelles et paroisses on est loin de Saint Régis sj....qui savait se " bouger" ...

  • A lire cet article, le nonce proclame que les croyants de Belgique sont acheté mais il ne sait pas qu'ils se sont déjà vendus. L'église belge n'a pas besoin de cet aiguillon financier pour avoir l'échine souple, elle est déjà aimablement soumise aux diverses pressions et opinions.

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