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Les grands principes qui guideront notre futur archevêque dans l'exercice de sa charge

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De Bosco d'Otreppe sur le site de La Libre via News.dayFR :

« Pour les catholiques, le problème n’est pas d’être peu nombreux, mais d’être insignifiants »

Jeudi prochain, vous rencontrez le Pape à Rome. Comment lui décririez-vous l’Église en Belgique ?

Je dirais que c’est une Église qui traverse une transition forte, mais avec des signes d’espérance et une vitalité bien présente. On ne peut pas le réduire à certains clichés en disant que les églises se vident. Ce n’est pas mon expérience.

Où voyez-vous ces signes ?

Comme ici à la cathédrale de Malines, autour d’un nouveau curé, je vois se déployer de nombreuses communautés vivantes. Lorsqu’une communauté de croyants lit et écoute l’Évangile, lorsqu’elle célèbre la messe et vit concrètement la solidarité et la fraternité, elle bénéficie des fondements qui lui permettront de grandir. En 2006, la paroisse Sainte-Croix à Ixelles a lancé une messe familiale avec une petite chorale. Quelques années plus tard, elle organise une maison des jeunes. Ces initiatives étaient très petites au départ et ne rassemblaient pas grand monde. Puis ils se sont déroulés. Aujourd’hui, l’Église peut construire humblement des lieux de rencontre, de prière et de fraternité sans chercher à être plus nombreux, mais en prenant soin de vivre profondément ce que l’Évangile invite.

N’oublions pas non plus que l’Église et les croyants ne sont pas seulement ceux qui vont à la messe tous les dimanches. Les personnes qui viennent de temps en temps brûler une bougie sont aussi des pratiquants. Vous devez en tenir compte. Quand je vois le nombre de cierges qui brûlent dans la cathédrale, dans la grotte de Lourdes ici à Malines, je me dis qu’il y a encore une pratique. Ce n’est peut-être pas spectaculaire, mais cela nous évite de tomber dans le défaitisme et nous invite à construire humblement.

Charles de Foucauld, ce prêtre ermite qui a vécu dans la pauvreté dans le désert algérien au début du XXe siècle, est une figure dont parlait souvent votre prédécesseur le cardinal De Kesel. Vous l’admirez aussi. Son exemple et sa posture illustrent-ils la ligne que vous souhaitez donner à l’Église ?

Je ne veux pas imposer ma propre spiritualité à l’Église, mais Charles de Foucauld m’inspire certainement. Il a vécu des relations de fraternité, dans la simplicité et la fidélité. Il voulait parler de Dieu, mais surtout veillait à être le témoin et l’exemple, à travers son quotidien, de la vie de l’Evangile. Comme le dit le pape François, le problème pour les catholiques n’est pas d’être peu nombreux, mais d’être insignifiants. L’Église doit être le signe de l’amour de Dieu pour les hommes.

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L’historien français Guillaume Cuchet, qui a étudié l’avenir du catholicisme en Occident, affirme que lorsqu’un groupe devient minoritaire, il doit nécessairement passer par un renforcement identitaire s’il veut survivre. Le suivez-vous ?

Tout dépend de ce que vous mettez derrière le terme identité. Certains courants veulent revenir à une identité qui se confond avec une idéologie nationaliste ou un repli sur soi. Notre profonde identité chrétienne nous empêche de nous replier sur nous-mêmes, dans un groupe ou une nation. Ce serait contre nature.

En Belgique, un archevêque a toujours assumé une stature publique, un rôle quasi politique en intervenant dans le débat de société. Est-ce un rôle que vous assumerez ou l’Église devra-t-elle désormais se retirer du débat public ?

Non, elle ne doit pas le fuir, mais doit toujours l’aborder avec humilité et se rappeler qu’elle est là pour proposer l’Evangile, pas pour défendre une idéologie. C’est très différent. On reproche parfois aux évêques belges de ne pas réagir assez, mais s’ils devaient le faire à chaque fois que quelque chose va à l’encontre de l’enseignement de l’Église, ils pourraient publier un communiqué de presse chaque semaine, sinon chaque semaine. jours. Et ils seraient discrédités. Il faut donc être capable de réagir, mais avec sagesse. Il est également bon que les évêques soutiennent et encouragent les chrétiens engagés dans la politique ou dans la société. Prenez les débats très brûlants autour des questions de genre et de l’éducation à la vie affective et sexuelle à l’école. Nous devons rencontrer les parents et les enseignants qui travaillent sur ces questions, afin que nous puissions promouvoir une vision de l’Homme qui soit pour nous la plus respectueuse de sa dignité et de sa vérité.

Vous n’excluez donc pas de parler d’un sujet comme l’avortement, par exemple ?

Non, car on ne peut pas banaliser l’avortement. Je dis cela à titre personnel, non pas pour condamner ou ramener à la maison, mais parce que j’ai rencontré trop de personnes, mères et médecins, qui souffraient de grandes souffrances liées à un avortement. Cependant, notre parole ne sera crédible que si nous nous rapprochons des réalités les plus douloureuses. Cela n’aurait aucun sens de s’opposer à l’avortement si nous ne nous engageons pas concrètement à soutenir les mères qui rencontrent des difficultés dans leur grossesse.

On dit que vous êtes soucieux du consensus, de l’unité. Mais quand on entend le pape qui s’oppose à certains aspects du monde contemporain, quand on lit la vie des saints catholiques, on se dit qu’ils se distinguent avant tout par une forme de radicalité. Comment concilier les deux ?

En suivant l’exemple de Jésus qui parlait avec autorité, mais qui s’approchait de tous. Rechercher l’unité n’est pas rechercher un dénominateur commun qui créerait un consensus. C’est réfléchir ensemble pour distinguer comment être fidèle à l’évangile. C’est prendre conscience que personne ne connaît toute la vérité et que l’Église doit aussi écouter le monde contemporain. C’est en se laissant interpeller au XIXe siècle par la cause ouvrière que les catholiques ont pu mieux comprendre l’Évangile. Il ne faut pas croire qu’il suffit de donner ou d’apporter au monde contemporain : il faut aussi en recevoir.

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