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Quand un évêque belge considère que "l'euthanasie n'est pas nécessairement un mal en soi"

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De Jonah McKeown sur le National Catholic Register :

L'évêque belge : L'euthanasie n'est pas nécessairement un mal en soi

Le prélat belge a déjà suscité la controverse en prenant des mesures et en exprimant des points de vue qui semblent en contradiction avec l'enseignement de l'Église.

9 octobre 2023

L'évêque Johan Bonny d'Anvers, en Belgique, a semblé rejeter l'enseignement de l'Église catholique sur l'euthanasie dans une récente interview, déclarant qu'il ne croit pas que la pratique, contrairement à l'enseignement de l'Église, soit "mauvaise en tant que telle".

Dans une interview accordée le 28 septembre au journal belge La Libre, Mgr Bonny a déclaré que l'enseignement de l'Église selon lequel l'euthanasie est un mal intrinsèque est "une réponse trop simple qui ne laisse pas de place au discernement".

"La philosophie m'a appris à ne jamais me contenter de réponses génériques en noir et blanc. Toutes les questions méritent des réponses adaptées à une situation : un jugement moral doit toujours être prononcé en fonction de la situation concrète, de la culture, des circonstances, du contexte", aurait déclaré Mgr Bonny. 

Mgr Bonny a poursuivi en déclarant : "Nous devons apprendre à mieux définir les concepts : "Nous devons apprendre à mieux définir les concepts et à mieux distinguer les situations.

"Nous nous opposerons toujours au souhait de certains de mettre fin à une vie trop prématurément, mais nous devons reconnaître que la demande d'euthanasie d'un jeune homme de 40 ans n'est pas équivalente à celle d'une personne de 90 ans confrontée à une maladie incurable", a-t-il déclaré. 

Selon le Catéchisme de l'Église catholique, "l'euthanasie intentionnelle, quels qu'en soient les formes et les motifs, est un meurtre" et "gravement contraire à la dignité de la personne humaine et au respect dû au Dieu vivant, son Créateur" (n° 2324). Cet enseignement a été réaffirmé en 2020 dans le document du Vatican Samaritanus Bonus, qui dénonce fermement l'euthanasie comme un "acte intrinsèquement mauvais, dans toutes les situations ou circonstances [...] un grave péché contre la vie humaine". 

Le bureau de l'évêque Bonny n'a pas répondu à une demande de CNA vendredi pour plus d'informations sur les opinions de l'évêque. 

Le prélat belge a déjà suscité la controverse en prenant des mesures et en exprimant des points de vue qui semblent en désaccord avec l'enseignement de l'Église, en particulier en ce qui concerne ses nombreux appels à une plus grande acceptation des relations homosexuelles au sein de l'Église. 

Mgr Bonny et les autres évêques flamands de Belgique ont introduit une bénédiction des couples de même sexe en septembre 2022, bien que le bureau de doctrine du Vatican, avec l'approbation du pape François, ait confirmé que l'Église n'a pas le pouvoir de donner des bénédictions aux unions de personnes du même sexe. L'évêque Bonny s'est ensuite adressé en mars, en tant qu'invité de marque, à la très controversée assemblée allemande de la Voie synodale, qui s'est ouvertement opposée à plusieurs points de l'enseignement de l'Église.

Le suicide assisté n'est pas la même chose que l'euthanasie, bien que les deux expressions soient souvent utilisées de manière interchangeable. Selon le code d'éthique de l'American Medical Association, l'euthanasie implique nécessairement "l'administration d'un agent létal par une autre personne à un patient", ce qui signifie que la personne qui pratique l'euthanasie (par exemple, un médecin) est directement responsable de mettre fin à la vie du patient. 

Le suicide assisté, quant à lui, tel que défini par le bioéthicien catholique William May, consiste à mettre les moyens de se suicider à la disposition du patient, qui passe ensuite à l'acte de son propre chef. Dans de nombreux cas, un médecin ou un autre professionnel de la santé habilité sera autorisé à prescrire au patient une dose létale de médicament, que le patient s'administrera lui-même. 

La Belgique et ses voisins néerlandais ont été les premiers à proposer et à développer l'euthanasie et le suicide assisté, et les médecins qui s'opposent personnellement à cette pratique doivent toujours y envoyer des patients. Selon la loi belge, l'euthanasie est autorisée lorsqu'un "état médicalement futile de souffrance physique ou mentale constante et insupportable" résultant d'une affection grave et incurable causée par une maladie ou un accident ne peut être soulagé.

L'euthanasie des enfants a été légalisée en Belgique en 2014, après l'avoir été pour les adultes en 2002. La loi belge permet aux mineurs de tout âge en phase terminale de demander l'euthanasie, bien que le consentement des parents, ainsi que l'accord des médecins et des psychiatres, soient requis. En 2016 et 2017, trois mineurs ont eu recours à la procédure et ont été euthanasiés, selon un rapport du gouvernement, bien qu'un rapport ultérieur affirme qu'aucun mineur n'a eu recours à la loi sur l'euthanasie du pays en 2020 ou 2021.  

Le nombre de décès déclarés pour cause d'euthanasie en 2022 s'élevait à près de 3 000, soit 2,5 % de l'ensemble des décès en Belgique, selon le même rapport. 

Au lieu du suicide assisté ou de l'euthanasie, l'Église catholique soutient les soins palliatifs, c'est-à-dire l'accompagnement des patients vers la fin de leur vie par des méthodes telles que la gestion de la douleur, sans rien faire pour accélérer le processus de la mort. 

L'enseignement catholique stipule que les patients et les médecins ne sont pas tenus de faire tout ce qui est possible pour éviter la mort, mais si une vie a atteint son terme naturel et qu'une intervention médicale ne serait pas bénéfique, la décision de "renoncer à des moyens extraordinaires ou disproportionnés" pour maintenir un mourant en vie n'est pas de l'euthanasie, comme l'a noté saint Jean-Paul II dans Evangelium Vitae.

Le pape François a condamné l'euthanasie tout au long de son pontificat, et plus récemment en septembre de cette année, en la qualifiant notamment de "péché contre Dieu". Il s'est également montré ferme sur la nécessité de fournir des soins palliatifs aux personnes très malades et mourantes.

Aux États-Unis, sept États et le district de Columbia autorisent le suicide assisté, c'est-à-dire que le médecin fournit au patient un moyen de se suicider. L'euthanasie, en revanche, reste interdite sur l'ensemble du territoire américain (à l'inverse, le Canada a légalisé l'euthanasie en 2016).

Commentaires

  • « Le même orgueil de la maîtrise, animé des meilleurs intentions, est à l’origine de l’acharnement thérapeutique et de l’euthanasie au nom menteur. Dans le premier cas, on refuse une mort qui nous échappe et que la vie exige. Dans le second cas, on refuse une vie qui nous échappe et que la mort envahit. L’euthanasie prive le malade de sa vie. L’acharnement thérapeutique le prive de sa mort. L’un et l’autre refusent l’existence en ce qu’elle passe le savoir de l’homme.



    Le suicide apparaît alors autant refus de la vie que refus de la mort. La mort est par excellence ce qui vient mettre un terme à ma maîtrise, et je prétends ici la devancer par ma maîtrise même. La mort est une inconnue, et j’entends ici en faire le résultat défini de ma planification. La mort renvoie à une transcendance, et je cherche à la mettre ici au niveau de mes attendus. Le suicide est une tentative pour se ressaisir. On se tranche la gorge pour avoir le dernier mot. On se tire une balle pour garder toute sa tête. On saute du treizième étage pour ne pas être crashé en avion. On vide le tube de somnifères pour ne pas être surpris par le sommeil. On se pend pour ne pas dépendre. On se tue, enfin, pour ne pas mourir. Celui qui est suffisamment mort à soi-même, et qui n’attend sa délivrance qu d’un vrai Sauveur, ne peut pas se tuer. Mais à mourir, il est prêt, pour témoigner encore en faveur de la vie.

    ……..

    Le mourant que l’on ne reconnaît pas comme vivant, que l’on exclut de la société, ne peut que hurler pour que l’on l’achève. Son cri ne peut qu’ébranler le médecin impitoyable qui ne peut alors que se changer en tueur à gages ayant un contrat sur son propre client ( d’autant qu’il faut libérer des lits dans l’hôpital et que ne pas précipiter la mort de celui-ci, c’est peut-être hâter celle de celui-là, qui attend sur le seuil ).

    Le mourant doit retrouver sa place de vénérable au cœur de la société et de la famille. Pareil à l’aïeul africain qui, sentant sa fin venir, supplie les mânes de ses pères, convoque les siens, leur demande s’il doit à quelqu’un quelque chose, s’il a commis une offense qu’il aurait oubliée et qu’il lui faudrait réparer, implorer leur pardon, sourit une dernière fois à l’arrière-petit-fils, et le chef de la tribu et le grand sorcier admirent et tombent à genoux.

    ………………………………………

    Les soins palliatifs peuvent encore être une manière de mépriser le mourant, si nous les prodiguons en le toisant de toute notre hauteur florissante. La vérité c’est que la vraie santé n’est pas en nous, et que le don le plus haut ne vient pas de nous. La vraie santé est d’être bien portant au sens où l’on porte bien sa croix.

    Le plus haut don vient du mourant lui-même, qui nous réveille de notre somnolence. Il descelle nos sépulcres blanchis. Il ouvre les tombeaux de notre embourgeoisement frileux. Et c’est moins nous qui l’accompagnons, que lui qui nous accompagne, nous rappelant l’exacte valeur de la vie et nous précédant dans la mort. Il part nous préparer une place. Il est notre avant-garde ».

  • Le texte qui précède est extrait du livre de Fabrice Hadjadj " Réussir sa mort".

  • Texte magnifique sur un sujet que notre culture de mort, paradoxalement , occulte.Merci.

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