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L'Apôtre saint Jean est saint Jean l'Evangéliste

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Du Forum Catholique (Jean-Paul Parfu) :

L'Apôtre saint Jean est saint Jean l'Evangéliste

St Jean l'Apôtre était originaire de Galilée. Il était, avec St Jacques le Majeur, l'un des Fils de Zébédée et de Marie Salomé. Comme St Paul un peu plus tard, qui était originaire de Tarse dans l'actuelle Turquie, le futur St Jean devait faire des études à Jérusalem et avait dû être repéré par le Grand-Prêtre, en raison de son intelligence et de sa spiritualité.

Jean Ferrand a écrit un magnifique post sur le sujet, que je reproduis intégralement ci-dessous, et auquel je renvoie en bas de page. St Jean l'Apôtre et St Jean l'Evangéliste sont une seule et même personne, conformément à la Tradition. (...)

"Le roman du prêtre Jean", par Jean Ferrand

"Plus qu’une nouvelle biographie de Jésus, le livre de Petitfils est un roman, je n’ose pas dire un roman-feuilleton, qui entend montrer qu’en réalité l’apôtre Jean n’était pas l’apôtre Jean mais un disciple secret, un prêtre du Temple de Jérusalem, portant le même nom de Jean (puisque les écrits qu’il nous a laissés sont placés sous ce vocable).

Ce prêtre se serait trouvé par hasard au Jourdain, au moment du baptême de Jésus. Ou plutôt, il aurait fait partie de la délégation « des prêtres et des lévites » (Jn 1,19), descendue de Jérusalem pour interroger Jean-Baptiste, et il se serait secrètement rallié à sa cause ainsi que, subséquemment, à celle de Jésus.

Il devient disciple de Jésus dès le Jourdain et le suit à Cana, où il rencontre pour la première fois Marie. Il assiste au miracle, descend à Capharnaüm, puis remonte presque aussitôt à Jérusalem pour la première Pâque du ministère public. Il approuve l’action de Jésus qui purifie le Temple de ses marchands. Naturellement, il est sur place pour l’entretien de Jésus avec Nicodème. Mais il ne le suit plus dans le reste du ministère judéen puis galiléen. Il aura en permanence ses antennes auprès de lui pour le renseigner sur les faits et sur son enseignement. Quels furent ses informateurs, toujours placés aux premières loges ? Les apôtres sans doute.

Quand Jésus monte à Jérusalem pour les fêtes juives, naturellement Jean, le prêtre de Jérusalem, redevient un témoin visuel.

La dernière Cène se déroulera dans sa maison, à Jérusalem. Car, sans aucune preuve, l’auteur admet que le jeune homme portant une cruche, le soir de Pâque, et suivi par les apôtres Pierre et Jean, fut Jean, le futur évangéliste, et la maison où il les conduisit celle de son père. En tant qu’hôte, et disciple préféré, ce Jean aurait assisté au dernier repas à la droite de Jésus. Treizième apôtre, si l’on peut dire, au milieu des apôtres. Mais curieusement, le même évangéliste Jean ne reproduira pas le récit de l’institution de l’eucharistie.

Enfin, il sera un témoin direct de la Passion, bénéficiant par son état d’entrées chez les grands prêtres. Avec les saintes femmes, il soutiendra Marie au pied de la croix, alors qu’aucun des Douze ne sera présent. Et de la bouche même de Jésus, il la recevra en héritage. Alors que Jean, fils de Zébédée, mourra peu après la persécution d’Agrippa, comme le veulent certaines traditions, Jean l’évangéliste, lui, s’expatriera à Ephèse, Eglise fondée par Paul, et y mourra très âgé du temps de Trajan, non sans nous avoir donné l’Apocalypse, l’Evangile et trois épîtres.

La dossier semble bien ficelée, et la démonstration bien cadenassée. Cette thèse n’oublie qu’une chose : les évangiles synoptiques, pas plus que la plus ancienne tradition, n’ont jamais eu conscience de ce dédoublement entre un Jean l’évangéliste et un Jean l’apôtre.

Ouvrons Matthieu, Marc et Luc, à l’épisode de la Sainte Cène, prélude de la Passion. Nous voyons Jésus attablé avec les douze apôtres, et apparemment personne d’autre. « Le soir venu, il était à table avec les Douze. Et tandis qu’ils mangeaient, il leur dit : ‘En vérité je vous le dis, l’un de vous me livrera’. » (Mt 26,20-21). ‘L’un de vous’ ne peut désigner que l’un des douze, et non pas un éventuel treizième. « C’est l’un des Douze, qui plonge avec moi la main dans le même plat » renchérit Jésus dans saint Marc (14,20). « Lorsque l’heure fut venue, il se mit à table et les apôtres avec lui » souligne Luc (22,14). Il ne reste pas de place pour un convive supplémentaire, fût-il l’hôte des lieux. Le disciple bien-aimé qui, à la demande de Pierre, se penche sur la poitrine de Jésus pour demander le nom du traître, dans saint Jean (cf. Jn 13,25), ne peut donc qu’être Jean le fils de Zébédée, et par ailleurs, nous le savons par les synoptiques et par les Actes, ami inséparable de l’apôtre Pierre. S’il ne se nomme pas dans le quatrième évangile, c’est par discrétion, toute la tradition l’a compris ainsi. Pas besoin d’aller chercher un problématique deuxième Jean.

Les évangiles synoptiques sont porteurs de la plus ancienne tradition apostolique, celle de Matthieu, Pierre à travers Marc, et Paul à travers Luc. Il faudrait peut-être y ajouter le diacre Philippe, s’il fut vraiment le traducteur de Matthieu araméen en grec, après consultation avec Luc et lecture du second évangile, celui de Marc. Philippe, on doit le reconnaître, était lui aussi un témoin hors norme de la primitive Eglise.

Mais les synoptiques s’accordent fort bien avec le quatrième évangile, pour le récit de la Cène, si l’on fait l’économie d’une hypothèse risquée, celle d’un quatorzième convive.

La plus ancienne tradition reçue dans l’Eglise ignore l’existence d’un deuxième Jean, doublure de saint Jean. Eusèbe de Césarée qui a collecté consciencieusement dans son Histoire Ecclésiastique les plus anciens récits, les citations des auteurs les plus proches des origines, ne connaît jamais qu’un seul Jean qui fut à la fois apôtre, évangéliste, épistolier et auteur de l’Apocalypse. (Il ne connaît pareillement qu’un seul Jacques le mineur, à la fois ‘frère du Seigneur’, apôtre, premier évêque de Jérusalem, et auteur d’une épître ; mais cela est un autre problème). L’identité de Jean l’évangéliste et de Jean l’apôtre est affirmée dans les termes les plus nets.

« En ce temps-là, à ce qu’on rapporte, l’apôtre et évangéliste Jean était encore en vie : à cause du témoignage en faveur du Verbe divin il avait été condamné à habiter l’île de Patmos. » (H.E. III, 18, 1). « En ces temps-là, demeurait encore en vie, en Asie, celui qu’aimait Jésus, Jean, à la fois apôtre et évangéliste, qui gouvernait les Eglises de ce pays, après être revenu, à la mort de Domitien, de l’île où il avait été exilé. » (H.E. III, 23, 1). Et cela est répété, maintes fois. « Et maintenant, indiquons les écrits incontestables de cet apôtre [Jean, dont il vient d’être parlé longuement dans le chapitre précédent]. Et tout d’abord il faut certainement recevoir l’Evangile selon Jean qui est reconnu par toutes les Eglises sous le ciel. » (H.E. III, 24, 1). « On dit que ce fut pour cela que l’apôtre Jean fut prié de transmettre dans son évangile le temps qui avait été passé sous silence par les évangélistes précédents et les actions faites par le Sauveur durant ce temps, c’est-à-dire avant l’emprisonnement du Baptiste. » (H.E. III, 24, 11).

Sans doute, au chapitre XXXIX du même livre, Eusèbe rapporte-t-il les propos de Papias signalant qu’il y aurait eu deux Jean à Ephèse, l’un classé parmi les apôtres et l’autre parmi les presbytres. Eusèbe précise même qu’on vénérerait deux tombeaux de Jean à Ephèse (ce que d’ailleurs la tradition ultérieure n’a jamais confirmé). Eusèbe aurait tendance à attribuer l’Apocalypse à ce second Jean, si le premier, l’apôtre, était bien l’auteur de l’évangile.

Il est probable que cette légende proviendrait du fait que l’apôtre Jean, dans ses épîtres, se prévalait seulement du titre de ‘presbytre’, (cf. 2 Jn 1 ; 3 Jn 1), au lieu de se dire apôtre. Dans les souvenirs, on aurait eu tendance à distinguer deux personnages. Les propos de Papias sont très isolés, ambigus. Peut-être même sont-ils mal interprétés par Eusèbe.

Ces deux Jean éventuels en Asie, et ces deux tombes à Ephèse, ne confirmeraient en aucune façon la thèse du dédoublement de Jean telle que l’expose Petitfils. En effet, la thèse voudrait que l’apôtre et fils de Zébédée, Jean, fût mort précocement en Palestine au moment de la persécution d’Agrippa, ou peu après, et enterré à Jérusalem, tandis que le disciple bien-aimé Jean, eût vécu en Asie et serait mort à Ephèse. C’est très différent.

Si Petitfils accordait quelque crédit à ces propos de Papias, il faudrait qu’il distinguât trois Jean, et non deux, seulement !

Irénée affirme nettement que l’apôtre et l’évangéliste Jean ne font qu’un. Habituellement il le désigne sous le vocable de ‘disciple du Seigneur’, ce qui pour nous serait ambigu. Mais tout montre qu’il l’identifie à l’apôtre Jean, qui le soir de la Cène a reposé sa tête sur la poitrine de Jésus. « Revenons à la preuve tirée des Ecritures de ceux d’entre les apôtres qui ont mis par écrit l’Evangile, Ecritures dans lesquelles ils ont consigné leur pensée sur Dieu, non sans montrer que notre Seigneur Jésus-Christ était la Vérité et qu’il n’y avait pas de mensonge en lui. » (Adv. Hae. III, 5, 1). Irénée fait manifestement allusion à l’évangile de saint Jean. (Cf. Jn 14,6). Et il le place sous le nom d’un apôtre. « Mais l’Eglise d’Ephèse, fondée par Paul et où Jean demeura jusqu’au temps de Trajan, est aussi un témoin véritable de la tradition des apôtres. » (Adv. Hae. III, 3, 4). Ce propos d’Irénée, cité par Eusèbe (H.E. III, 23, 4), montre bien qu’il identifiait Jean avec les apôtres.

Irénée voyait toujours dans l’évangéliste le disciple qui avait reposé sa tête sur la poitrine du Seigneur. Dans son esprit, cela ne pouvait être que Jean, le fils de Zébédée et l’un des Douze. S’il avait pensé autrement, ou s’il eût su quelque chose d’autre, on ne voit pas pourquoi il ne l’aurait pas exposé clairement. Aurait-il lui-même été trompé ? C’est bien peu vraisemblable.

Irénée ne cite pas moins de 237 fois l’évangile de Jean dans l’Adversus Haereses. Pas une seule fois il ne laisse transparaître une opinion différente au sujet de son auteur.

La thèse de l’auteur, Petitfils, est bien peu compatible avec la foi catholique qui nous enseigne que l’Eglise est bâtie sur les apôtres et sur leurs successeurs, et non pas sur un éventuel disciple, présent à la dernière Cène. Aurait-il reçu le sacerdoce comme les autres ? S’il était présent le jour de la Pentecôte serait-il devenu à cette occasion un éventuel treizième et secret apôtre, chargé lui aussi d’évangéliser le monde ? Le fait est que la tradition ne garde aucun souvenir de cet apôtre fantôme. Après la résurrection, les disciples ont complété le collège des Douze, en élisant Matthias. Ils n’ont pas tenu compte d’un hypothétique deuxième Jean.

Mais l’argument majeur allégué par Petitfils pour prouver que l’évangéliste Jean était un prêtre du Temple de Jérusalem, peut-être même un grand prêtre, tout au moins un hiérarque important, est la lettre que Polycrate, évêque d’Ephèse, adressa, à la fin du second siècle, à Victor, évêque de Rome, et que cité Eusèbe de Césarée. « De grands astres se sont en effet couchés en Asie, qui se relèveront au dernier jour, à la parousie du Seigneur, lorsqu’il viendra du ciel avec gloire et qu’il cherchera tous les saints, Philippe un des douze apôtres qui repose à Hiérapolis, ainsi que deux de ses filles qui ont vieilli dans la virginité ; et son autre fille, après avoir vécu dans le Saint-Esprit, est ensevelie à Ephèse. Jean, lui aussi, celui qui a reposé sur la poitrine du Seigneur, qui a été prêtre [hiéreus] et a porté le petalon [insigne du grand prêtre], qui a été martyr et didascale, repose à Ephèse. » (H.E. III, 31, 3).

Ainsi Jean l’évangéliste eût été « prêtre » du Temple et même hiérarque !

Remarquons tout d’abord que Polycrate dans sa lettre ne doute pas un seul instant que ce Jean fasse bien partie du collège des Douze. S’il ne le signale pas expressément, c’est que cela semble pour lui une évidence. Il croit l’avoir identifié suffisamment en parlant de celui qui a reposé sa tête sur la poitrine du Seigneur, le soir de la Cène. D’ailleurs Eusèbe, dans la suite de son chapitre, ne laisse place à aucune ambiguïté. C’est bien ainsi qu’il comprend la lettre. « Ce qui est venu à notre connaissance sur les apôtres et les temps apostoliques… » (H.E. III, 31, 6).

Rappelons brièvement le contexte dans lequel se situe la lettre.

Nous sommes en pleine querelle pascale. Victor, en véritable autocrate de la chrétienté, pleinement pape, voulait imposer à tous, sous peine d’excommunication, l’usage de célébrer la Pâque le dimanche, jour de la Résurrection, à la mode d’Alexandrie, de Rome, et de la plupart des Eglises.

Les quartodécimans, au contraire, disciples de saint Jean et d’autres apôtres, avec toute l’Eglise de la province d’Asie, entendaient célébrer la Pâque à la mode juive, c’est-à-dire le 14 nisan au soir, pleine lune du premier mois lunaire, quel que soit le jour de la semaine où il tombât. Pour eux, la Pâque c’était avant tout la commémoration de la mort du Sauveur, et ils jeûnaient ce jour-là.

Et Polycrate de revendiquer avec emphase dans sa lettre les antiques autorités dont il se prévalait.

Comme les juifs n’hésitaient pas, certaines années, à reculer d’un jour le 1er Nisan, et donc le 14, selon la règle du Badu, pour éviter que la Parascève (journée du 14 nisan) ne tombât un mardi, un jeudi ou un samedi, la pratique de l’Eglise d’Asie revenait à suivre aveuglément le calendrier assez arbitraire de la synagogue.

Voilà pourquoi Victor tenait si fermement à faire prévaloir l’usage alexandrin et romain, déjà répandu dans tout l’univers chrétien, à la seule exception de la petite province d’Asie.

Si Polycrate avait voulu dire à Victor : « Voyez, notre évangéliste Jean était un ‘prêtre’ et même un hiérarque du Temple de Jérusalem, donc il faut respecter l’usage qu’il nous a légué », le motif invoqué ne pouvait plus mal sonner ! « A plus forte raison, aurait répondu Victor, faut-il abolir l’usage d’un Temple qui n’existe plus, et l’usage de la synagogue. Les prêtres juifs n’ont plus aucune autorité sur nous, d’autant plus que leur Temple a été détruit. »

Mais ce n’est pas, manifestement, ce qu’avait voulu dire Polycrate. Il parlait d’un Temple mystique qui, aux yeux des premiers chrétiens, gardait tout son prestige. Il s’agissait de remplacer un Temple destructible par un édifice indestructible, un Temple de pierres, par un Temple d’Esprit. Et Jean lui-même y avait participé. En tant que prêtre (presbuteros, et c’est bien ainsi qu’il s’intitulait dans ses épîtres, cf. 2 Jn 1 ; 3 Jn 1), il avait été prêtre (hiéreus) du nouveau Temple spirituel et en tant qu’apôtre de Jésus-Christ il avait été grand prêtre (archi-hiéreus) du Temple de Dieu.

Ainsi l’argument principal de la thèse de Petitfils s’évanouit. Il faut s’en tenir à la tradition bien établie, et seule vraisemblable. L’auteur de notre IVe évangile canonique n’était autre que l’apôtre Jean, fils de Zébédée, et disciple préféré du Sauveur. Il a terminé ses jours à Ephèse, en Asie, où l’on vénère encore aujourd’hui son tombeau. Il est également l’auteur de l’Apocalypse, et de trois épîtres placées sous son nom." ici

Commentaires

  • Cette clarification sur l'identité de St Jean est très précieuse.
    Merci.

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