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"Chrétiens, repositionnez-vous" : c'est ainsi que le cardinal Ouellet cède au monde

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De Roberto Marchesini sur la Nuova Bussola Quotidiana :

NOUVEAUX PARADIGMES

" Chrétiens, repositionnez-vous " : c'est ainsi que Ouellet cède au monde

Pour le cardinal Ouellet, l'ère du christianisme est terminée, il faut se repositionner sous la bannière du pluralisme et sans exclusivité. Une capitulation devant le monde anti-évangélique.

25 janvier 2024

Nous vivons une époque très intéressante, où il nous arrive de lire des choses extraordinaires. C'est la première chose qui m'est venue à l'esprit en lisant un article du cardinal Ouellet dans la prestigieuse revue théologique Communio.

L'article, bien que complexe, est digne d'intérêt et de réflexion. Après un paragraphe d'introduction, il commence par un coup d'éclat : "L'ère du christianisme est terminée". Une affirmation qui fait frémir ou rire aux éclats, selon le point de vue. Comment l'ère du christianisme peut-elle prendre fin ? Toute l'histoire est chrétienne, puisque le Christ est l'alpha et l'oméga. Certes, le cardinal a attiré notre attention.

Une nouvelle ère s'est ouverte, explique-t-il, dans laquelle les chrétiens doivent se repositionner par rapport à leur environnement s'ils veulent transmettre l'héritage culturel et spirituel du christianisme. Le christianisme est étranger à cet environnement, il est accueilli avec indifférence, voire hostilité, même dans les pays traditionnellement catholiques". Relisons calmement. "Le christianisme est étranger à cet environnement ; il est accueilli avec indifférence ou même hostilité, même dans les pays traditionnellement catholiques. De quel "environnement" s'agit-il ? Peut-être le monde ? Dans ce cas, il n'y aurait rien d'étrange : "Si le monde vous hait, sachez qu'il m'a haï avant vous. Si vous étiez du monde, le monde aimerait ce qui lui appartient ; mais comme vous n'êtes pas du monde, et que je vous ai choisis dans le monde, c'est pour cela que le monde vous hait" (Jn 15, 18-19). Donc, si le monde déteste le christianisme (ce qui est tout à fait naturel), "les chrétiens doivent se repositionner" ? Et que signifie "se repositionner" ?

Il l'explique un peu plus loin : "Nous devons réfléchir à l'avenir du christianisme dans un contexte qui attend des chrétiens qu'ils adoptent un nouveau paradigme pour témoigner de leur identité. C'est pourquoi nous devons regarder la diversité culturelle et religieuse avec une disponibilité au dialogue et offrir la vision chrétienne en toute liberté et avec le souci de la fraternité humaine".

Ainsi, le monde (en supposant que c'est ce que signifie le "contexte") demande au christianisme d'"adopter un nouveau paradigme". L'expression fait froid dans le dos et est "expliquée" comme suit : "Pour cela, nous devons regarder la diversité culturelle et religieuse avec une volonté de dialogue et offrir la vision chrétienne librement et avec le souci de la fraternité humaine". Pourquoi "devons-nous" ? Depuis quand l'Église doit-elle répondre aux attentes du monde ? Et puis : l'apostolat a toujours été ouvert au dialogue (bien que presque toujours unilatéral), libre (et payé cher) et attentif à la fraternité humaine. Ce n'est pas un " nouveau paradigme " : c'est ce que les chrétiens ont toujours fait.

C'est peut-être dans la suite que l'on perçoit ce que le cardinal Oullet entend par " nouveau paradigme " lorsqu'il affirme que " les repères rationnels traditionnels ne peuvent plus prétendre à l'exclusivité ". Le changement d'époque, en bref, envisage le pluralisme comme un élément constitutif de toute société dans le monde globalisé". Là encore, nous sommes confrontés à un non sequitur. Le fait que "le changement d'époque envisage le pluralisme comme un élément constitutif" est important jusqu'à un certain point. Et on ne voit pas pourquoi la revendication de l'exclusivité des "points de référence rationnels traditionnels" ne serait plus recevable. Il suffit de jeter un coup d'œil à la déclaration Dominus Jesus pour se rendre compte qu'elle est non seulement possible, mais nécessaire.

En bref, Son Éminence utilise des tonalités et des phrases importantes - "l'ère du christianisme est terminée", "les chrétiens doivent se repositionner", "nouveau paradigme"... -, mais on ne sait pas très bien où il veut aller. Il n'est pas bon d'utiliser le terme "supercazzola" (bistouriquette) lorsque l'auteur est un cardinal ; cependant, il semble que ce soit le cas. Et tonitruant. Au milieu de tous ces slogans, qui ne sont pas faciles à déchiffrer, une image claire et précise me vient à l'esprit : une enseigne accrochée à un magasin. Sur ce panneau, une inscription : "Fermé pour faillite". Je l'ai compris ainsi : "S'ils veulent transmettre l'héritage culturel et spirituel du christianisme", les chrétiens doivent cesser de transmettre l'héritage culturel et spirituel du christianisme ; s'ils veulent "témoigner de leur identité", ils doivent cesser de témoigner de leur identité. Le sel de la terre doit perdre sa saveur pour être jeté et foulé par les hommes (Mt 5,13).

En conclusion, l'article prend un ton normatif : "Cette nouvelle situation doit être acceptée comme permanente". Il est difficile de savoir à quelle situation le cardinal fait référence : à la haine du monde pour le christianisme ? À un obscur "nouveau paradigme" ? Au fait qu'un prince de l'Église s'exprime comme le comte Mascetti ? Une chose est claire : "Cette nouvelle situation doit être acceptée comme permanente". C'est ainsi que les choses sont, c'est ainsi qu'elles doivent être.

Ce qui est encore plus inquiétant, c'est que l'article a l'intention de lancer une conférence qui se tiendra au Vatican les 1er et 2 mars, avec la participation du pape François (et du cardinal Fernández), intitulée "Image de Dieu de l'homme et de la femme. Vers une anthropologie des vocations". Si les prémisses sont celles indiquées par Ouellet, il n'y a pas de quoi être serein.

Quelqu'un, à ce stade, citera Lénine et demandera : "que faire ?" Pour ma part, je n'ai aucun doute : "Celui qui persévérera jusqu'à la fin sera sauvé" (Mt 24, 13).

Commentaires

  • Que penserait-on d'un parlementaire socialiste qui dirait: "L'ère du socialisme est terminée"? Nul doute que ses collègues lui dirait d'aller voir ailleurs, non? Evidemment, dans l'Eglise actuelle, on n'y regarde pas de si près et même les propos les plus fous ont droit de cité. Apostasie que ne ferait-on pas en ton nom?

  • Il est possible de vous renvoyer à cette phrase de Jean Guitton qui, en l'occurrence, savait de quoi il parlait et savait à quoi s'en tenir : "l'Eglise catholique est morte dès le premier jour du Concile. Elle devrait s'appeler l'Eglise oecuménique."

    D'une certaine manière, non seulement Hans Kung, mais aussi les théologiens catholiques (dont Congar et Rahner, qui ont été parmi les principaux inspirateurs du Concile) qui ont donné naissance, au lendemain du Concile, à la revue Concilium, ne disaient pas autre chose.

    Certes, nous sommes ici en présence d'un oxymore, d'après lequel moins on est identitairement catholique et plus on l'est fraternitairement, sous la conduite d'une conception de la fraternité qui est plus consensualiste qu'évangélique..

    Mais il se trouve que le travail de sape qui est à l'oeuvre depuis cinquante ans AVANT la première année du pontificat de François consiste précisément à donner une consistance à cet oxymore, même si cette consistance est destructrice ou, en tout cas, obstructive, à l'égard de la Tradition.

  • Il arrive un niveau d' absurdie qu'aucun mot ne peut plus qualifier...
    Le cardinal Ouellet va finir par tenter de nous persuader que dorénavant, la pomme de Newton s'élèvera dans les airs après s'être décrochée de la branche! Comprenne qui pourra mon propos.

  • Texte écrit en déc. 2013 et lu sur "Benoît et moi" :
    taper : "Benoît et moi. Le grand tournant. Monique T."
    Le cardinal Ouellet était enthousiasmé par la première année du pontificat de François !

  • Pourquoi toujours donner la parole aux anti François ??? Intégristes et qui plus est de mauvaise foi..... n'est ce pas eux qui cherchent le schisme

  • Vous avez raison, le pape François n'est que le responsable actuel de l'aggravation de la crise de l'Eglise, et il n'est pas le premier ni le seul responsable de l'apparition de cette crise de l'Eglise, dès l'entre deux guerres mondiales. C'est une grave erreur de s'en prendre autant à lui, comme s'il était responsable de tout ce qui va mal dans l'Eglise.

    Les premiers responsables de cette crise sont les philosophes et les théologiens

    - qui, dès la fin des années 1920, ont commencé à prendre leurs désirs, notamment leurs désirs de dialogue, d'inclusion, de renouveau, d'unité, pour autant de réalités,

    et

    - qui ont commencé à le faire en recourant à un état d'esprit anti-tridentiniste, puis en propageant cet état d'esprit au dedans de l'Eglise et parmi les fidèles,

    au point d'imposer ou de laisser d'autres clercs imposer cet état d'esprit aux catholiques, au moins dès la clôture du Concile.

    En ce sens, depuis le Concile, nous ne subissons pas les conséquences d'un schisme, mais les répercussions d'une véritable sécession culturelle des élites intellectuelles, qui a commencé à se produire à peu près trente ans avant l'annonce du Concile par Jean XXIII.

    François fait du bien à tous ceux qui se sont imaginés que le courant progressiste avait disparu ou s'était assagi, sous Jean-Paul II puis Benoît XVI, et à tous ceux qui se sont imaginés que l'Eglise catholique n'a pas cessé d'aller de mieux en mieux, depuis fin 1978.

    Il fait du bien à ces catholiques, dans la mesure où il contribue, depuis mars 2013, à les désillusionner, à les rendre plus réalistes.

    De même, le pape François fait un bien fou à l'Eglise et aux fidèles, puisque, grâce à lui, chacun peut comprendre ce que cela donne, sur quoi cela débouche, quand on confie les clefs du pouvoir à un cardinal argentin qui est un partisan résolu de la poursuite de l'alignement de l'Eglise catholique sur l'esprit du monde contemporain, d'un exercice despotique du pouvoir, et de la théologie du peuple.

    Sous cet angle, paradoxal, le bergoglionisme est une chance pour l'Eglise et pour les fidèles.

  • Le repositionnement dont il est question ici ressemble fort à une actualisation de celui prôné, notamment, par Hans Kung, dès le début des années 1960 et du Concile Vatican II.

    Cela en dit long sur le fait que cette vision des choses commence à dater et est tout sauf récente, en ce qui concerne sa source d'inspiration et son type d'orientation.

    C'est à se demander s'il n'y a pas dans tout cela une certaine nostalgie à l'égard des sacro-saintes "intuitions prophétiques" qui, comme chacun le sait, ont amplement contribué à ce que les paroisses, les diocèses, les séminaires et les presbytères soient remplis de chrétiens fervents, dans l'Eglise qui est en Occident.

    En réalité, le problème posé par la quintuple mystique de l'adaptation, de l'évolution, de l'innovation, de l'ouverture et de l'unité est un problème qui se pose au christianisme catholique contemporain depuis les années 1830.

    En gros,

    - ou bien l'on dit oui à une orientation indirectement inspirée par une figure géométrique intellectuelle elle-même formée par la réunion des points suivants : Kant, Hegel, Lamennais, Schleiermacher, ou par la réunion de l'adogmatisme, de l'agnosticisme, de l'historicisme, de l'idéalisme, du libéralisme et de l'oecuménisme,

    - ou bien l'on dit non à cette orientation, dans la fidélité à l'identité de l'Eglise et de la foi catholiques, et dans la résistance face aux conceptions et aux conduites qui éloignent de Jesus-Christ ou qui opposent à Jésus-Christ.

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