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"Il faut sortir de son canapé" - Des jeunes catholiques français restaurent des croix au bord des routes

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De Luke Coppen sur le Pillar :

Il faut sortir de son canapé" - Des jeunes catholiques français restaurent des croix au bord des routes

19 avril 2024

Il est clair maintenant que quelque chose d'intéressant est en train de remuer en France, le pays autrefois connu comme "la fille aînée de l'Église". 

Des membres de SOS Calvaires érigent une croix. Avec l'aimable autorisation de SOS Calvaires.

Lors de la veillée pascale de cette année, le nombre de baptêmes d'adultes a augmenté de 30 % et plus de 7 000 personnes ont reçu le sacrement, soit le chiffre le plus élevé depuis que la conférence épiscopale française a commencé à compiler ces données il y a plus de 20 ans.

Cette semaine, les organisateurs du pèlerinage annuel de la Pentecôte à Chartres ont clôturé les inscriptions à ses "chapitres" pour adultes plus d'un mois avant l'événement, qui devrait établir un nouveau record de fréquentation en 2024.

En décembre prochain, les yeux du monde entier se tourneront vers Paris pour la réouverture au culte de la cathédrale Notre-Dame, cinq ans après qu'elle ait été presque détruite par un incendie - une image appropriée, peut-être, d'un nouveau renouveau catholique français.

Il existe également d'autres signes de renouveau. L'un d'eux est la croissance de SOS Calvaires, une organisation qui rassemble des volontaires dans tout le pays pour restaurer les crucifix de bord de route (connus en France sous le nom de "calvaires").

Arthur Caillé, directeur général de l'association

Le directeur général de l'association est Alexandre Caillé, jeune, moustachu et éloquent. Lors d'un entretien par courriel avec The Pillar, il a expliqué pourquoi les jeunes sont attirés par SOS Calvaires, ce que cela représente de restaurer des croix de chemin, et les projets intrigants du groupe à l'extérieur de la France. 

Pour ceux qui vivent dans des pays à majorité catholique, les croix de chemin font partie de la vie quotidienne. Mais pourriez-vous expliquer ce qu'elles sont pour les personnes qui ne connaissent pas cette tradition ?

Un calvaire est une croix que l'on trouve au bord d'une route, à un carrefour ou près d'un champ. Chaque croix a une signification. Une croix peut être placée pour prier, pour remercier d'une guérison ou d'un soldat revenu vivant de la guerre, pour demander la protection d'un village ou une bonne récolte dans les champs... 

Il y a toujours une raison à la présence d'une croix (ou d'une statue ou d'un oratoire) dans nos campagnes.

La plupart des calvaires que l'on voit en France datent du 19ème siècle. Mais certains sont beaucoup plus anciens, même si beaucoup ont été détruits pendant la Révolution française.


Qu'est-ce qui a inspiré la création de SOS Calvaires et comment est-elle financée ?

L'association a été fondée en 1987 par un homme qui voulait restaurer une petite chapelle abandonnée avec quelques amis. Une fois la rénovation terminée, ils n'ont pas voulu la laisser là. Voyant tout ce patrimoine chrétien tomber en ruine, ils ont fondé l'association pour restaurer les croix, les statues et les oratoires qui tombaient en ruine.

Les travaux de restauration sont rendus possibles grâce aux dons de particuliers. 

SOS Calvaires compte aujourd'hui 300 membres répartis dans 65 antennes à travers la France. Comment est-elle parvenue à cette croissance alors que tant d'organisations sont en perte de vitesse ? Et pourquoi attire-t-elle autant de jeunes membres ?

Je pense que l'association attire pas mal de jeunes membres parce que, tout d'abord, le bureau de l'association est géré par une équipe jeune, dynamique et engagée. 

Nous devons également le développement de notre association aux personnes qui ont assumé le rôle de responsable d'agence et qui sont un véritable lien pour nous. 

Enfin, je pense que dans la société actuelle, les jeunes sont à la recherche de sens, d'enracinement et d'ancrage dans nos territoires. D'ailleurs, nous avons aujourd'hui 85 antennes dans toute la France et près de 4 000 bénévoles qui œuvrent à la restauration de ce patrimoine unique.

Que ressent-on lorsque l'on fait partie d'une équipe qui restaure une croix de chemin ? S'agit-il d'une expérience spirituelle ou d'un travail physique intense ?

Les jeunes d'aujourd'hui demandent ce genre d'effort. C'est ce qu'ils attendent, malgré ce que l'on peut penser. Ils ont besoin d'un idéal, de valeurs fortes, de défis.

Restaurer un calvaire est une aventure. Il faut d'abord se lever de son canapé, sortir dans le froid et la pluie pour frotter des pierres, arracher des ronces, faire revivre une partie de son histoire. Ce n'est pas donné à tout le monde.

Ce travail peut être difficile et physiquement éprouvant. Pour certains, il peut aussi s'agir d'une véritable expérience spirituelle, d'une découverte ou d'une redécouverte de l'histoire de la Croix et de la religion chrétienne associée à ce puissant symbole. Pour d'autres, c'est une prière. Un acte de charité, un don de soi pour le bien commun, mais surtout pour Dieu.

SOS Calvaires a attiré l'attention des médias en France. Elle a également reçu le soutien de personnes peut-être inattendues, comme le YouTubeur Baptiste Marchais. Pourquoi pensez-vous qu'il a capté l'imagination des gens ?

La restauration du patrimoine est de plus en plus populaire. C'est quelque chose d'inhabituel, qui sort de l'ordinaire, qui demande des efforts. C'est séduisant. 

En fait, nous avons été contactés par ce YouTuber il y a quelques années maintenant. Nous étions heureux de partager cette expérience unique de redressement d'une grande croix entre deux routes. Nous savions que ce YouTuber allait générer de la publicité et montrer à beaucoup de monde le travail de l'association. 

Sa vidéo a joué un rôle important dans la croissance soudaine de notre association, avec des demandes de création de nouvelles branches, etc.

En 2023, les équipes de SOS Calvaires ont érigé cinq croix celtiques sur cinq sites chrétiens irlandais importants. D'autres initiatives verront-elles le jour en dehors de la France ?

L'installation de cinq croix celtiques en Irlande a été un événement exceptionnel. Un an plus tôt, nous avions également érigé un khatchkar en Arménie. Ces petites missions à l'étranger étaient des occasions spéciales. 

À l'avenir, nous aimerions créer des antennes internationales, par exemple au Luxembourg ou en Espagne. Mais pour l'instant, nous nous concentrons sur la France. Il y aura certainement d'autres projets spéciaux à l'étranger.

Pourquoi est-il important que SOS Calvaires soit une association apolitique, non liée à un quelconque mouvement catholique ?

La mission de notre association est de rassembler le plus grand nombre de personnes autour de la croix, quels que soient leur âge, leur niveau social, leurs croyances religieuses ou leurs idées politiques. C'est un patrimoine qui appartient à tous et qui fait partie de notre vie quotidienne. 

Il est évident que le patrimoine ne fait pas partie de la politique en tant que telle. C'est un héritage de nos ancêtres que nous devons préserver, honorer et transmettre aux générations futures. 

Il est également important que notre association ne soit pas rattachée à un mouvement catholique particulier, car notre objectif est de restaurer et de sauvegarder cet héritage chrétien unique, avec le plus grand nombre et pour le plus grand nombre, sans séparer les différents mouvements religieux.

Commentaires

  • En France on en fait la publicité ...en Belgique dans beaucoup de communes ce genre de comités de restauration du " petit" patrimoine religieux aux croisées des chemins ou dans les villes existe depuis des années sans faire de bruit ....on pourrait aussi leur rendre hommage..

  • Très juste remarque et très bonne idée

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