Un entretien réalisé par Xavier Sartre sur Vatican News (17 septembre 2024) :
Les églises prises pour cibles en Nouvelle-Calédonie
S’il y a bien quelque chose qui demeure un mystère, c’est la raison pour laquelle six églises ont été incendiées à travers l’archipel de Nouvelle-Calédonie depuis mi-juillet. La seule chose de sûre pour l’archevêque de Nouméa, «c’est la volonté de nuire», compte-tenu du nombre de départs de feu. La piste accidentelle est exclue d’emblée par les enquêteurs. Mais pourquoi en vouloir à ces lieux de culte? Là aussi, difficile de le savoir, les incendiaires, qui demeurent inconnus, ne laissant pas d’explication à leur geste.
Les jeunes manipulés
De nombreux témoignages font état de jeunes impliqués plus généralement dans les violences qui ont suivi l’adoption par l’Assemblée nationale à Paris d’une loi redéfinissant le corps électoral néo-calédonien. Mais là aussi, Mgr Calvet souligne qu’ils étaient encadrés par des adultes. «Certains se sont faits manifestement utilisés dans des choses qu’ils ne comprenaient pas», incapables d’expliquer le discours qu’ils répétaient ou le sens de leurs actions, «sans pouvoir mettre deux idées bout à bout» poursuit-il. «Il y a des jeunes qui n’ont pas compris la société dans laquelle ils étaient, donc pour eux c’était comme une fête. Il y avait aussi énormément d’alcool, du cannabis en quantité, dans certains c’était même orchestré».
Face à ces attaques, la question primordiale est la protection des églises. «J’ai dit aux paroissiens, explique l’archevêque, que ce n’était pas moi en tant qu’évêque qui peut les protéger». Message reçu par les fidèles qui, «très rapidement se sont organisés pour défendre pacifiquement leurs églises et assurer le gardiennage des bâtiments de la paroisse» poursuit Mgr Calvet qui a demandé par ailleurs que le Saint-Sacrement ne soit plus gardé dans les églises qui sont à risque. «À tour de rôle, ils font des rondes, parfois en certains endroits, 24 heures sur 24».
Nécessité de résoudre les problèmes institutionnels et politiques
Dans ce contexte, les politiques ne semblent pas à la hauteur de la situation, estime l’archevêque de Nouméa. «Il y a eu une perte de contact avec une certaine réalité de la part des politiques qui se sont uniquement focalisés sur des questions uniquement institutionnelles et qui ne voulaient rien dire d’autre et qui, par peur de se contredire, répétaient la même chose. Pendant ce temps-là, les questions économiques ont été oubliées et elles vont maintenant se rappeler durement» détaille-t-il.
Un espoir demeure toutefois aux yeux du chef de l’Église catholique de l’archipel, celui d’une meilleure connaissance de la doctrine sociale de l’Église de la part des chefs coutumiers et des responsables politiques pour aider à sortir par le haut de cette crise.